Georges Hébert, officier et éducateur, est un des pionniers de l'EPS moderne, au même titre que Ling, Demeny, de Coubertin et d'autres.
Au début du XXè siècle, c'est une véritable guerre intellectuelle au sein de l'école que se livrent le sport internationalisé par
Pierre de Coubertin, la gymnastique suédoise de Ling, et « l'éducation physique » de
Georges Hébert.
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Plutôt que de vous parler du livre, je vais écrire sur mon étude qui le rejoint. C'est un peu mon histoire professionnelle.
Que sont ces trois méthodes de développement du corps ?
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Tout le monde connaît le sport, qui, à cette époque, comprenait beaucoup moins de disciplines, et n'était pas pourri par l'argent ni les drogues. Il vient du monde antique grec (très belle analyse de
Jacques Ulmann ), mais aussi, au niveau des règles et du fair-play, de la chasse au renard ( source :
Norbert Elias). Il a connu l'essor que l'on sait, surtout depuis la deuxième guerre mondiale.
Mais à l'école et dans les collèges, qu'en était-il ?
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A la fin du XIXè siècle, la gymnastique était à l'honneur, et d'ailleurs on disait : » des cours de gymnastique ». Ce courant, pratiqué en salle, vient du nord et de l'est. Les Sokols Tchèques ont eu une forte influence.
Au début de ma carrière, j'ai fait faire de la rééducation à de jeunes élèves qui avaient de légères déformations de la colonne vertébrale, ou une voûte plantaire inexistante. Cela s'inspirait de la Suédoise, avec « bancs suédois », et coussinets sur la tête.
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Mais avant ça, au collège, j'ai fait, en tant qu'élève, de l'hébertisme en plateau. Qu'est-ce que c'était ch… ; euh, pénible, pardon ! Un peu entre le tai-chi et la zumba, mais sans musique, on faisait des exercices d'étirement, d'assouplissement et de musculation, tous ensembles, alignés en rangs d'oignons, et le prof nous corrigeait, et cela pendant une heure !
C'est une partie de l'hébertisme. L'autre partie m'intéressait beaucoup plus, mais je ne l'ai pratiquée qu'à l'âge adulte : c'est un parcours, généralement en forêt où l'on court et s'arrête à dix ateliers correspondant à dix familles d'exercices : courir, sauter, grimper, etc… de là sont nés les parcours de santé actuels.
Voilà.
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En conclusion, le sport a gagné sur l'hébertisme dans les années 1960, quand les enseignants d'EPS ont organisé des sorties au stade communal, on appelait ça « l'après-midi de plein-air », une fois par semaine, puis ils ont organisé des compétitions au sein d'un collège de sports enseignés qui ont eu du succès, puis inter-collèges. de là est née l'ASSU, transformée maintenant en UNSS.
Et dans les cours, le sport s'est généralisé.
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Mais les enseignants d'EPS sont susceptibles, et ayant peur d'être traités de « gros muscles » dans le corps enseignant, leurs têtes pensantes ont organisé des séminaires de ce que j'appelle « masturbation intellectuelle » aboutissant par exemple à nommer un simple ballon « le référentiel bondissant » !
Cependant un point positif est sorti de cela : l'agrégation d'EPS.
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Bref… ;
Au départ était la « gymnastique » ;
Puis vint « l'éducation physique » ;
Puis « le sport » ;
Et maintenant, on appelle ça « Education Physique et Sportive »…
Mais les enfants ne disent-ils pas :
« Tu vas en sport ? » 😊
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Une petite anecdote :
En 1980, La Réunion manquait d'enseignants d'EPS. Nommé sur « La perle de l'Océan Indien », j'ai découvert que certaines filles ne participaient pas ;
« Ah, Monsieur ! Nous gagne pas, nous l'est en zupes ! « (Nous ne pouvons pas, nous sommes en jupes ).
Petit-à-petit, nous sommes arrivés à les mettre en tenue, l'EPS a permis, entre autres, aux filles de la Réunion et d'ailleurs d'être plus à l'aise dans leur corps.