Pour effrayer l’orage qui menace la moisson, on court à sa rencontre en disant : « Le taureau premier-né, le mâle né de la matrice, né du vent et de la nuée, vient à nous en mugissant et charriant l’ondée... » On lui lance à chaque stance un « foudre d’eau », c’est-à-dire un paquet d’eau violemment projeté ; c’est le combattre par ses propres armes. On tient en main un glaive, un tison ou un gourdin ; ou bien on court sur lui, tout nu, en s’essuyant le front du haut en bas : la nudité, sans doute parce qu’elle reporte l’homme aux plus antiques traditions de sa race, lui confère une puissance surnaturelle ; mais le but de la manoeuvre accessoire n’est guère discernable. Lorsqu’elle a réussi, on fait sur un réchaud de charbons une oblation de feuilles de raifort et de gravier
Ce n’étaient point des sauvages vulgaires : ils avaient poussé assez loin la réflexion et les arts. Ils comptaient jusqu’à cent, à coup sûr, probablement jusqu’à mille et par delà, ce qui implique la possession de vastes troupeaux ; car on ne voit guère à quoi pouvait servir, sans cela, une numération aussi étendue. Ils avaient en effet domestiqué le cheval, que toutefois ils ne montaient pas, le boeuf, qui traînait leurs lourds chariots à roues, le mouton dont ils savaient traiter la laine. Le lait des vaches et la viande des bestiaux faisaient le fond de leur alimentation.
Les Védas nous reportent, comme on sait, à une phase d’existence beaucoup plus pastorale qu’agricole : aussi la magie a-t-elle fort à faire des bestiaux, soit pour leur prospérité générale, soit en vue de certains moments critiques de l’élevage.