Haaaa, la Syldavie, la Bordurie, … . Pays imaginaires qui n'en sont pas !!!
Hergé termine cette 8e aventure de Tintin en 1939 … . Et en 1939, la géopolitique européenne est un peu compliquée et n'augure rien de bien bon. Et bien nous y voilà, sous les prétextes champêtres et bucoliques de la Syldavie et de la Bordurie.
Tout ça commence pourtant tranquillement. Comme dans l'Oreille Cassée, Tintin débute son aventure en ville. Un dossier égaré, une sorte de Tournesol avant l'heure, des espions à moustache, une tentative d'assassinat : Tintin est encore dans le viseur à mettre son nez partout (proverbe syldave) !
Et puis on glisse gentiment vers l'Est, vers l'étrange Syldavie qu'évidemment, on ne connaît pas, mais qu'on soupçonne, par le dessin, d'être quelque part dans les Balkans. Les villages aux tuiles rouges et leur minaret font en effet penser à l'Albanie. Mais les sombres forets et les montagnes évoquent plutôt la Roumanie, la tranSYLvanie plus précisément. Les palais sont plutôt d'inspiration autrichienne voire polonaise. Bref, on est quelque part où ça va mal se passer, où la Bordurie, le méchant voisin, menace ! Et quand on sait que le leader de la Bordurie s'appelle Musstler, on se doute bien que la Bordurie, c'est pas des gentils !
Pour la dernière fois, Tintin navigue donc seul, sans son futur acolyte le Capitaine Haddock, qui fera son entrée dans l'album suivant. Comme souvent, la galaxie Tintin s'élargie, avec l'entrée en scène burlesque de Bianca Castafiore. le scénario se déroule, on ne sait pas forcément où l'on va, mais on file vers le fameux sceptre d'Ottokar en écartant les embuches et en rigolant bien volontiers des déconvenues de nos deux Dupondt, toujours fidèles au poste. Bref, c'est agréable.
Le dessin aussi est agréable. Si quelques scènes sont encore très dépouillées, les paysages de Syldavie sont merveilleusement bien rendus. On se croirait en Croatie parfois. le palais est très chouette. le château, annoncé dès la superbe couverture, est également très réussi.
En résumé,
Hergé nous livre, dans son Sceptre d'Ottokar, une aventure plaisante et bien illustrée. La Syldavie et la Bordurie reviendront un peu plus tard. Quand à la Castafiore, rencontrée dans une improbable foret digne des Carpates, elle aura l'occasion de poser son statut de vedette internationale à de nombreuses reprises !