Ce tome fait suite à FF 2 (Future Foundation, épisodes 6 à 11 sous-titrés "Supremor Seed") et il se déroule simultanément à FF 3 (Future Foudation, épisodes 12 à 16 sous-titrés "All hope lies in Doom"). Il contient les épisodes 600 à 604 de la série Fantastic Four, parus en 2012. Il porte le titre de "Forever" ; l'histoire a été écrite
Jonathan Hickman.
Doctor Doom, le dernier Nathaniel Richards, un Reed Richards alternatif et encore une autre personne sont en Latvérie. Les marmots de la Future Foundation sont dans les derniers étages du Baxter Building. L'anti-prêtre de la secte Other side of Zero est prêt à donner le signal. La Citadelle des Inhumains revient vers la Terre avec Black Bolt et ses 5 épouses (Medusa tire un peu la tronche). Ronan et Crystal attendent les ordres dans la Cité des Kree. Et New York subit une invasion extraterrestre. À partir de là, ça se complique méchamment. Les Fantastic Four luttent contre les extraterrestres avec l'aide des Avengers. La Future Foundation téléporte les 2 étages supérieurs du Baxter Building ailleurs sur Terre (à suivre dans FF 3). L'anti-prêtre réussit à faire rouvrir le portail vers la Zone Négative. Reed et Sue ont apporté un petit cadeau à Galactus. Franklin Richards reçoit l'aide d'un mystérieux tuteur pour jouer à dieu.
C'est clair : si vous voulez découvrir la série des Fantastic Four, il est chaudement recommandé de commencer par un autre tome que celui-ci. Si vous souhaitez pleinement apprécier l'intelligence narrative de
Jonathan Hickman sur cette série, il vaut mieux commencer par le début, c'est à dire Dark Reign - Fantastic Four. En effet son histoire s'est construite petit à petit sur une trentaine d'épisodes. Ici les pièces s'emboîtent tout naturellement les unes dans les autres pour amener vers une forme de résolution organique (même s'il ne s'agit pas des derniers épisodes d'Hickman). Certaines situations développées au long cours aboutissent à un dispositif scénaristique ponctuel (la guerre des 4 cités) ; d'autres sont au coeur de l'intrigue. Même pour les simples dispositifs, le lecteur se souvient que leur développement constituait une histoire en soi (par exemple les 4 Cités). Pour les autres, Hickman utilise des composantes traditionnelles des histoires de FF (par exemple Galactus), mais d'une manière novatrice et naturelle, dans la continuité logique des épisodes précédents. À l'issue de la lecture de ce tome, le lecteur se dit qu'il en eu pour son argent, en termes d'aboutissements, de révélations, et de très grands spectacles. le cliché usé jusqu'à la corde de l'invasion extraterrestre n'est que la mise en bouche. Très rapidement, elle apparaît pour ce qu'elle est : une menace imbriquée parmi d'autres. Hickman réussit à enchaîner les confrontations, en mettant en évidence qu'elles sont l'aboutissement des diverses intrigues précédentes. Et au-delà de leur inventivité, chaque conflit découle de la nature des personnages. Hickman ne se contente pas de faire apparaître un supercriminel après l'autre ; son histoire se développe à partir de la nature des personnages. Il n'est pas possible de la transposer aux Avengers ou aux X-Men. Elle prend ses racines dans la personnalité de Reed Richards et de ses enfants.
La mise en images est assurée par
Steve Epting (première partie de l'épisode 600, épisodes 601 & 604),
Barry Kitson (épisodes 602 & 603). le reste du numéro 600 est dessiné par Carmine di Giancomenico (une vingtaine de pages),
Ming Doyle,
Leinil Francis Yu et
Farel Dalrymple (également illustrateur de Omega the unknown). Epting est égal à lui-même avec un style réaliste à l'encrage appuyé, et un niveau de détails suffisant, sans être très élevé.
Barry Kitson est magnifique de bout en bout avec un encrage très fin, des personnages sympathiques, des visuels inventifs qui assument pleinement la démesure de ces aventures de superhéros, sans s'en moquer, sans les infantiliser. La personnalité de Sue Richards se lit aux expressions de son visage ; elle est déterminée, puissante sans être agressive, séduisante sans être réduite hypersexualisée. le lecteur souhaiterait qu'elle puisse figurer à toutes les pages. Galactus est imposant à chaque apparition, sans rester figé dans une seule et unique posture hiératique. Valeria et Franklin ont vraiment des expressions d'enfants. di Giancomenico a un style qui marie habilement l'horreur avec une once de second degré, exactement ce qu'il fallait pour cette incursion en Zone Négative. le style un peu griffé de
Ming Doyle rend très romantique le tête-à-tête entre Black Bolt et Medusa.
Leinil Francis Yu propose un Galactus imposant, mais plus convenu (tout en sériosité) que celui de Kitson. le style plus lâche et très underground de
Dalrymple se marie à la perfection avec la nature des aventures de Franklin Richards.
Ce tome correspond à ce que les lecteurs attendaient avec une impatience grandissante au fil des tomes : la, ou plutôt les grandes confrontations. Si ces dernières ont autant de saveur, c'est que
Jonathan Hickman a construit patiemment son édifice narratif en prenant comme fondation l'essence des personnages composant la famille des Fantastic Four. du coup le lecteur participe à une aventure qui a du sens et éprouve de l'empathie pour les personnages et leur implication quant à l'issue des affrontements (au lieu de se retrouver parachuté dans un concours générique et idiot de grosses baffes renforcées aux superpouvoirs). La partie graphique est de bon niveau, avec des illustrations ciselées par
Barry Kitson, et des approches graphiques alternatives bienvenues pour les courtes séquences de Doyle et
Dalrymple.