Lorsque j'ai emprunté ce roman dans ma médiathèque habituelle, l'extrême scepticisme n'était pas loin et je me voyais déjà interrompre la lecture avant la fin, assommé par l'ennui.
J'admets avoir pensé en mon for intérieur : "Mouais... Encore un "fils de..." qui fait la même chose que papa... Daube en vue, quoi !".
J'ai dû ravaler mes vilaines pensées car mon avis a changé dès les premières pages.
Non pas que le récit fasse preuve d'une originalité débordante, car les histoires fantastiques sont un peu comme les romans d'amour : tout le monde en connaît les tenants et aboutissants dramatiques, mais c'est la façon dont l'auteur s'y prend pour les amener qui fait la différence aux yeux du lecteur. Et sur ce point,
Joe Hill m'a surpris à de nombreuses reprises !
Ce dernier s'avère être un farouche "accroche-lecteur" tant l'univers développé se révèle étrange et intrigant, dense et fouillé et dénote une bonne digestion des diverses sources d'inspiration qui ont fait le succès des meilleures fictions connues de tout "fantasticophile" qui se respecte (notamment celles de papa King).
Je sais qu'il est malvenu d'apprécier - ou déprécier - un auteur à l'aune d'un tiers (a fortiori lorsqu'un lien familial lie ces deux auteurs). Mais les raisons qui m'ont fait dévorer "
Nosfera2" sont les mêmes qui m'ont fait accrocher à l'univers de
S. King depuis une bonne trentaine d'années car j'y ai retrouvé les thématiques qui ont fait les belles heures de mes lectures d'adolescent : enfants doués de pouvoirs psychiques, objets / véhicules doués d'une volonté propre, triangle familial middle-class menacé, porosité des univers entre eux, développement du côté effrayant et ténébreux des lieux communs liés à la fête et à l'enfance (parcs d'attractions, clowns, comptines et légendes enfantines chez l'un, Noël chez l'autre), débordement de l'univers fictionnel sur la structure même du découpage du roman.
A tel point, qu'on jurerait retrouver le
S. King de la fin des années '80 et ça, c'est rudement bon !
M'est avis que l'univers mental et parallèle développé dans ce roman sera repris dans la production ultérieure de J. Hill...
De même : l'allusion faite au croque-mitaine
Charlie Manx dans "
Docteur Sleep" pourrait laisser entrevoir un cross-over entre l'univers dark de J. Hill et celui du "Talisman des territoires" et "La Tour sombre".
Ma première incursion dans les écrits de
Joe Hill ne fait que commencer !