La reine d'Itaewon

J'ai cherché comment classer ce roman. J'ai été étonné de le voir classé en roman érotique alors qu'il n'y a rien de tel à mes yeux. Il est juste mentionné une chose mais c'est tout. Pas de quoi le mettre dans cette catégorie. Si la classification est telle parce qu'il est question de la communauté LGBTQIA+ en Corée du Sud, c'est n'importe quoi. Heureusement, sur le site de la librairie où j'achète mes livres, il est classé en littérature de genres. C'est bien mieux (comme quoi, les centres culturels n'ont pas toujours raisons).

On suit Anna, une femme qui part en vacances en Corée de Sud. On comprend dès le début qu'elle n'est pas hyper emballé par la vie qu'elle mène à Londres. Elle décide donc à chaque fois qu'elle part de couper son téléphone portable (quelle excellente idée! Je ferai pareil à sa place) et surtout de s'inventer une autre vie pour tout oublier. Son nouveau travail est donc journaliste. C'est dans ce cadre qu'elle va découvrir Séoul dans le quartier LGBT et surtout une boîte de nuit particulière dans laquelle se trouve la reine d'Itaewon.

Ça peut paraître anodin mais rien que le fait de se faire passer pour une journaliste nous montre bien que ça sent les problèmes. Avant même la lecture, ça m'a interpelé. Encore plus quand on sait comment Anna découvre cette boîte particulière par rapport aux autres endroits qu'elle découvre au début. le roman est court mais dit tellement. Il n'y a pas besoin de plus ni de moins. Il est même particulier et fait réfléchir à ce que l'on sait réellement de la Corée du Sud.

Le personnage de la reine d'Itaewon est juste d'un charisme dingue. Dès son apparition, on est comme la narratrice, hypnotisé. On nous parle des drags queen et des personnes trans en Corée du Sud. C'est clair et limpide. L'autrice n'y va pas par quatre chemin. le choix du journalisme permet de délier les langues facilement. Les questions sont pertinentes et les réponses plus qu'éclairantes.

Vous vous en doutez : on parle des discriminations en Corée du Sud. Non seulement de genre/orientation sexuelle mais également sociale et migratoire. Il est surtout question d'un cercle vicieux dont je n'avais aucunement conscience. On y parle des réfugiés nord coréen, de la manière dont ils sont accueillis. On mentionne le pouvoir de la corruption qui semble "normal" dans ce pays.

En bref, ce roman fait réfléchir sur beaucoup de choses. la première est la manière dont on perçoit un pays. Beaucoup de choses peuvent faire rêver mais la réalité est toujours loin d'être comme on l'imagine. Mettre en avant les minorités est une excellente chose et en si peu de pages incroyable.
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Anna, jeune femme travaillant à Londres se rend à Séoul pour ses vacances. Des vacances qui prennent un drôle de tournant quand elle finit au commissariat, devant un policier balbutiant trois mots d'anglais, refusant de lui rendre son passeport. Qu'a donc pu faire Anna pour se retrouver là-bas ?
En relisant son journal de bord et en remontant le temps, on découvre peu à peu la complexité de cette narratrice. Des vacances à Séoul ? Ne serait-ce pas plutôt une manière de fuir ses proches, son travail, le personnage qu'elle s'obligeait à respecter ? N'est-elle pas aller chercher à Séoul un moyen d'oser, de sortir des cases, de se réimaginer comme elle le voudrait vraiment ?
Insconsciemment, ses pas la mène à Homo Hill, le quartier queer de Séoul, situé à Itaewon. Là-bas, elle se fabrique une identité de journaliste pour rencontrer plus facilement la communauté LGBT de la ville. Cette communauté l'intrigue, la fascine, elle cherche à les comprendre, dans ce pays rempli de contradictions.

 
Sandrine Holin nous propose avec "La Reine d'Itaewon" un premier roman hybride. Par moment récit de voyage avec des descriptions de Séoul comme si on y était. Les sensations, les odeurs, le bruit sont retranscrits de manière très vivace. le roman devient également thriller quand notre narratrice découvre un réseau qui la dépasse de très très loin.

Un discours réaliste sur l'hypocrisie des discours officiels intégrés dans la société coréenne vient se glisser entre les pages, entrainant une réflexion importante et intéressante sur la réalité des personnes qui sortent des normes : les minorités LGBT, les réfugiés Nord-coréens, la communauté noir. Une mise en avant encore trop rare malheureusement.

L'autrice a une vraie maîtrise de sa plume. Agréable, dynamique, articulée, elle nous emmène en peu de pages à l'autre bout du globe.

Mon avis est plus mitigé que ceux des autres critiques présentes sur babelio : pas que le livre soit mauvais mais cette lecture n'a pas eu l'impact escompté.

J'ai déjà lu des livres coréens évoquant les mauvais côtés de la société coréenne donc l'effet de surprise était moindre. Mais c'est sans aucun doute une bonne porte d'entrée pour se lancer dans la littérature coréenne contemporaine. J'ai aussi beaucoup apprécié que Sandrine Holin adopte un point de vue occidental, sans tricherie de sa part. Combien de fois ai-je lu des récits qui voulaient nous faire croire à l'authenticité d'une culture étrangère en multipliant les clichés et les approximations ? Pas de ça ici, d'autant plus que la vision de la Corée du Sud est originale : une exploration des bars lgbt+ de Séoul.

Par contre, j'ai été moins convaincue par le style et par le procédé de narration : l'histoire est présentée sous la forme de la lecture d'un carnet de notes de voyage. L'intérêt du livre est déséquilibré, le début s'ouvre sur le personnage principal, Anna, au poste de police, questionnée et attendant un interprète qui ne vient pas mais le suspense retombe rapidement et l'histoire reprend au début du voyage d'Anna. Finalement, l'aspect le plus intéressant de l'histoire - le parcours de Jae eun - est vite expédié alors que l'histoire s'attarde longuement sur l'hôtel, les visites, les cauchemars d'Anna. Dommage.

Lecture réalisée grâce à la Masse Critique de Babelio et aux éditions l'Atelier des cahiers.

Le voyage étrange d'une européenne, Anna, qui décide sans raison apparente de partir pour la Corée du Sud. Comme une fuite en avant, pour s'oublier soi-même, elle devient étrangère de nationalité mais aussi d'identité. Un jeu de rôle impulsif pour la jeune femme qui se présente dès lors comme une journaliste enquêtant sur les lieux LGBT du quartier d'Itaewon de Séoul.

Entre ces ruelles lumineuses où brillent inlassablement les néons de boîtes et des bars, Anna découvre toute une faune insolite entre immigrés étrangers, trans, gays, lesbiennes. Mais aussi un univers plus illicite et sombre lié à la prostitution. L'autrice nous fait visiter cette ville tentaculaire et hétéroclite avec le regard du voyageur, un peu naïf face à un monde qu'il ne connait pas. Et de nous présenter les dangers insoupçonnés qui se glissent par mégarde sur le chemin d'occidentaux trop candides.