Marie-Annick Horel a travaillé trente-sept ans au centre pénitentiaire pour femmes de Rennes, seule prison de France exclusivement réservée aux femmes. Elle a été surveillante pendant sept ans, puis première surveillante durant vingt-trois ans et a terminé sa carrière comme major pénitentiaire. Au seuil de la retraite, elle a décidé de témoigner sur l'univers carcéral féminin. Elle a toujours ressenti de la gratitude à porter l'uniforme, mais aujourd'hui, elle a eu envie de confier ses colères et de témoigner de la réalité des détenues. « Je plaide pour une remise de l'humain au coeur de notre métier, tout en restant consciente des impératifs en matière de sécurité. ». (p. 16)
Marie-Annick Horel alerte sous le manque de moyens nécessaires à la réinsertion, indispensable pour éviter la récidive. Les femmes représentent 3,5 % des personnes incarcérées et sont les oubliées de l'administration. Les différences entre les hommes et les femmes sont énormes.
Dans les premiers chapitres,
Marie-Annick Horel témoigne de l'évolution des conditions de détention. Jusqu'en 1975, les femmes emprisonnées n'avaient pas le droit de porter un soutien-gorge ! « Au début des années 1980, il n'y a pas d'eau chaude ni de toilettes dans les cellules. » (p. 33) Il est recommandé aux nouvelles surveillantes de ne pas bavarder avec les détenues. Elle montre la discrimination entre les hommes et les femmes, qui débute dès la remise du « kit arrivant », continue pendant la peine et perdure au moment de la réinsertion, avec le manque de préparation.
L'auteure décrit aussi les conditions de travail du personnel pénitentiaire, les difficultés avec la population carcérale qui évolue au rythme de la société et celles du manque de moyens. Elle évoque, aussi, la perception de l'entourage de ce métier. Elle prouve qu'il ne peut pas être juste alimentaire. « Il faut réfléchir avant d'accepter une mission qui demande d'aimer les gens, de les respecter, même s'ils ont commis des actes graves ». (p. 16) Je serais incapable d'être surveillante, car il me serait impossible de ne pas juger une personne sur ses actes et de ne pas avoir de haine pour une mère infanticide ou maltraitante, par exemple. Pendant trente-sept ans,
Marie-Annick Horel a rempli sa mission avec empathie et humanité, sans jugement.
Avec respect et impartialité, elle parle des femmes qu'elle a croisées dans sa carrière. Elle décrit des moments qui l'ont marquée. Certains portraits sont émouvants, d'autres glaçants, chacun illustre un point qu'elle développe au sujet de la prison, « une microsociété dont le grand public ignore à peu près tout ». (p. 17) Elle décrit les unités de vie familiale, les fragilités psychiatriques, la drogue, les leviers de réinsertion, les remords, les amours, etc.
J'ai beaucoup aimé ce document passionnant sur l'univers secret du monde carcéral féminin, écrit par une femme qui n'a pas oublié son humanité aux portes de la prison et qui a tenté de faire évoluer les règles.
Marie-Annick Horel livre un témoignage franc et respectueux.
Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Tallandier pour cette masse critique.
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