Ici, on est loin de ces hommes sur-médiatisés qui arpentent les mers du monde sur le Vendée Globe ou sur la Route du Rhum.
Ici, avec Christophe Houdaille, on est dans un océan d'humilité, de solitude absolue et d'osmose totale avec les éléments de la nature.
Cet homme est bien quand il est éloigné des turpitudes de ce monde, dans ces îles australes que personne ne connait (Crozet, Géorgie du Sud,...) ou au milieu de vagues assassines du côté des quarantièmes rugissants.
Dans ce périple "sans escale", Christophe part, seul, huit mois pour une circumnavigation. Pas de fête de départ en grande pompe au départ de St Malo ou des Sables d'Olonne, pas de sponsor, pas de radio pour discuter avec le reste de la planète, et pas de bateau high-tech pour battre un quelconque record.
Son idée, c'est partir, sans forcément une idée de retour. Son bateau, le Saturnin, minutieusement préparé pour cette aventure est paré pour affronter les affres du climat.
Et dans ce livre, on est avec lui pour sentir la brise, puis le vent, la tempête, les vagues qui ressemblent à des murs insurmontables.
Et Christophe vit toutes les phases émotionnelles depuis la résignation (parfois), jusqu'à l'extase en passant l'angoisse et la peur, des sensations qui lui semblent incontournables dans ce périple où l'on ne peut pas s'accrocher à un ponton ou à une côte toute proche.
Qu'on soit marin ou pas, on se laisse facilement embarquer dans cette aventure (car il faut se laisser embarquer) dans un monde hors du temps, une planète qui ressemble en rien au monde des hommes.
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L'espoir du sommeil et d'une couchette accueillante s'est envolé. Il n'y aura pas de futur. La peur me vide les veines. Là, juste derrière moi, un mur sombre se dresse, frangé par la phosphorescence du déferlement. Le monstre liquide aux dents brillantes se rapproche, domine Saturnin; il va m'engloutir. Je suis si horrifié que l'angoisse qui m'étreint semble durer une éternité. Des flashes fulgurants transpercent mon cerveau, des images de désastre, d'épave rouge flottant sur la mer. p136
Poursuivre cette fusion avec l'océan, ne vivre que pour les milles parcourus et les déferlantes qui assaillent mon voilier [...] je communie avec la mer inhumaine ; de toute ma chair et de tout mon esprit je m'associe à sa grand messe. P138
Le décalage entre le mode de vie auquel je me suis voué et la norme d'une existence sédentaire me laisse un sentiment de malaise [...] Je suis de la mer, j'appartiens aux paysages rudes des terres balayées par le vent et non aux rues où circulent les voitures.p238
Vidéo de Christophe Houdaille