Je suis un inconditionnel de Jean-Louis
Aubert, cet album consacré à
Michel Houellebecq a renforcé ma gratitude pour son exigence esthétique.
Aussi je vous parlerai de ce mariage avec Michel Houellebeck, comme d'une belle rencontre, bien éloignée des messes médiatiques que la France Inter ou d'autres organisent
Marié pour le meilleur de lui même,
Michel Houellebecq semble se soigner, et se coiffer tous les jours, pour donner à cet ami toute l'énergie et l'élégance d'un combattant.
L'éditeur de l'Album audio, nous a fait un cadeau, en publiant leurs échanges sur la toile. On suit nos jeunes tourtereaux, tout au long de l'enfantement du petit, Les "Parages du Vide". En restituant leurs échanges par mail on rentre dans l'élaboration de l'oeuvre. C'est émouvant et l'on devine que l'admiration affichée de l'un pour l'autre, a comblé leur amitié et comblé les vides qui les opposaient.
Des photos en noir et blanc ponctuent les textes, en leur donnant une intimité; Ce sont des regards qui dialoguent, avec un minimalisme dicté par des souvenirs trop personnels pour être commentés.
Car l'essentiel est posé page 9,
"Je suis venu dans le jardin où tu reposes
Environné par le silence
Le ciel tombait, et le ciel se couvrait de rose,
Et j'ai eu mal de ton absence."
Il y peu de vers que je voudrais avoir écrit, comme ceux là.
Ils sont là, simples et si forts.
Je voudrais m'arrêter d'écrire. Relire novembre, ce novembre là. Jusqu'à sombrer pour la rejoindre. Depuis ce novembre, se confond avec le mien et je chante, je chante mes novembres, "et je voudrais que tout revienne, ce serait bien".
Après le deuil il ne reste que la souffrance, le vide, l'absurde, car c'est foutu, il a fallu que je connaisse ce que la vie a de meilleur.
Pour
Michel Houellebecq en dehors du meilleur il n'y a que le néant. le tout ou le rien, "même la mémoire est vaine" dira t-il page 36 .
Dans toutes les pages, une certaine
soif est sous-jacente.
C'est le cri d'
Amélie Nothomb, "
Soif", dieu désir d'absolu incarné par le Christ. Dans ses allusions au corps, il n'y a jamais Dieu mais l'absolu.
Dans le poème "Traversée", cette
soif inexorable, s'affiche ; " il faudra réveiller la
soif d'éternité, douteuse et pathétique", car c'est sans fin pourrions nous ajouter page15.
L'Espoir revient à travers le recours à la métaphore,
la possibilité d'une île, un lieu à part. Il n'y a plus qu'à citer les titres des textes qui suivent, "Roi de Bohème, Lise, L'enfant, le second secret," pour s'aventurer dans ce lieu à part, un confinement à la
Houellebecq, un retrait du monde ( on pense à l'Irlande).
Dans le recueil, "
Configuration du dernier Rivage", d'où sont extraits les poèmes de l'album, le lecteur retrouvera le
Houellebecq provocateur, ou l'ado mal dégrossi. Un pied de nez à ses parents, sans doute par le titre relatif à ses démangeaisons nocturne ?
"
Mémoire D une Bite", un petit florilège de phrases simples et élégantes.
"Promène ta langue. Tu Habites
dans un autre univers que nous".