Les admirateurs de
Michel Houellebecq ne seront pas déçus. L'auteur n'a rien perdu de sa verve, de son intelligence et de son humour. Un humour à la
Takeshi Kitano, proche du « menefregismo » cher aux italiens, un subtil mélange de cynisme et d'insolence, une invitation à ne pas trop se prendre au sérieux. Il ne doit pas renier la citation bien connue de Mae West : « l'amour a raison de tout sauf de la pauvreté et du mal dents ». C'est ça
Michel Houellebecq, on peut causer de religion, de philosophie ou de passions humaines mais de là à en oublier certaines préoccupations terrestres, il y a des limites.
Les thèmes récurrents de ses romans sont bien présents : la misère sexuelle, le mystère de la libido, le rôle de la femme, l'alcool, les digressions littéraires ou philosophiques (ici, Huysmans et
Nietzsche), un peu de politique…
Je pensais qu'avec son roman,
Houellebecq irait au fond des choses, qu'il confronterait véritablement la réalité de l'islam et de sa pratique à une société occidentale en crise. À l'exception des tous derniers chapitres – brillants -
Houellebecq ne fait qu'effleurer le sujet.
De l'islam, il ne retient que les aspects les plus racoleurs parce qu'ils servent ses thèmes de prédilection, cités plus haut : la polygamie ou la
soumission présumée des femmes, par exemple.
J'ai eu l'impression que l'arrivée au pouvoir des musulmans (d'ailleurs peu crédible telle qu'il la décrit) n'est qu'un prétexte commercial pour enrichir la banalité de son propos : les errances existentielles d'un vieux poivrot frustré en milieu universitaire.
David Lodge s'en était mieux sorti.