Ce tome comprend les épisodes 1 à 9 de la série "Batman - Dark knight" relancée à partir du numéro 1 dans le cadre de l'opération "New 52", débutée en 2011. le scénario est de
Paul Jenkins et
David Finch (épisodes 1 à 7), avec
Joe Harris (épisodes 6, 8) et
Judd Winick (épisode 9), les dessins de
David Finch (épisodes 1 à 7 et 9) et
Ed Benes (épisode 8), et l'encrage de
Richard Friend (épisodes 1 à 7 et 9) et Rob Hunter et Jack Purcell (épisode 8). Précédemment,
David Finch avait illustré les 3 premiers épisodes de la nouvelle aube. Ce tome contient une histoire relativement complète et indépendante.
Épisodes 1 à 7 - À bord de son Bat-plane, Batman se rend au dessus d'un building de Gotham, saute sur la terrasse en s'accrochant à sa Bat-rope, se change et arrive juste à temps pour faire son discours en temps que Bruce Wayne sur la peur, et le refus de se laisser dicter ses actions par elle. Il félicite un membre du congrès, se fait admonester par le lieutenant Forbes de l'inspection des services (l'accusant de financer un hors-la-loi, voir Batman incorporated), et se fait aborder par Jaina Hudson (une délicieuse jeune femme). Il doit écourter sa présence à ces mondanités, car il y a une émeute à l'asile d'Arkham et les internés en profitent pour tenter une échappée. En plus ils ont l'air de tous avoir bénéficié d'une augmentation de force physique significative. Les évasions prenant de l'ampleur, les associés de Batman (Robin, Birds of Prey, Nightwing..) se mettent à la tâche pour faire rentrer les évadés au bercail. Batman fait appel à l'aide d'un membre de la Justice League pour l'aider à enquêter. À plusieurs reprises, la police et Batman distinguent fugacement une jeune femme court vêtue d'une tenue évoquant un lapin blanc (en référence à celui d'Alice aux pays des merveilles). Épisode 8 - Batman est sur la piste de Jervis Tetch. Épisode 9 - Lors de la nuit des Hiboux, un Ergot (Talon, Alton Carver) a échoué et il doit être remplacé.
David Finch (aidé par
Paul Jenkins) reprend la série "Dark Knight" sur le même principe qu'il l'avait réalisée la première fois : un maximum de personnages pour avoir le plaisir d'en dessiner le plus possible. le lecteur habitué de l'univers Batman reconnaîtra les principaux personnages du Joker à Bane, en passant par Mister Freeze. le lecteur plus expérimenté détectera du Ventriloquist à Clayface en passant par Zsasz. le vrai fan n'aura pas de mal à situer Rag Doll, Reaper et l'inénarrable Great White Shark (ce n'est quand même pas donné à tout le monde). de ce coté,
David Finch prouve sa solide connaissance des ennemis de Batman. de l'autre, il faut bien garder à l'esprit que tous ces supercriminels sont en mode "Hulk", c'est-à-dire avec une masse musculaire augmentée de manière significative (sans explication très claire, autre qu'une drogue des plus efficaces). Ils sont tous en mode agressif au maximum, pour des résultats variés, de comique et grotesque (Ventriloquist), à impressionnant et contre nature (Joker), en passant par n'importe quoi (Two-Face).
En termes d'action,
David Finch est égal à lui-même : personnages virils, stoïques et très brutaux. Même Batman n'hésite à jeter un criminel du haut de plusieurs étages sur le toit d'un véhicule (pour impressionner le lieutenant Forbes. Il bénéficie d'un bon encreur en la personne de
Richard Friend qui prend le temps de faire apparaître toutes les nuances de crayonnés, à la fois dans les délimitations travaillées des formes, et dans tous les petits traits secs servant à faire ressortir les textures. Finch s'en donne à coeur joie pour le côté sexy du Lapin Blanc : en bustier et en string (ou peu s'en faut, à quelques centimètres carrés près), et en talons hauts (toujours pratique pour courir et semer Batman), avec une petite touffe blanche sur les fesses (sans oublier les oreilles de lapin). Il n'oublie pas de la dessiner dans des poses tour à tour aguicheuses, puis lascives. Jaina Hudson est traitée avec le même niveau de nuances : une jeune femme d'à peine 20 ans, avec une très forte poitrine et un visage lisse.
Tous les épisodes bénéficient de dessins avec un fort niveau de détails, y compris pour les décors qui sont présents très régulièrement (uniquement 2 ou 3 occurrences où Finch dessine des arrières plans composés uniquement de poussière, ou alors s'en remet au metteur en couleur pour meubler). Finch dessine de l'ordre de 4 ou 5 cases par page, quantité normale pour un comics essentiellement orienté action, avec 1 dessin pleine page ou 2 par épisode, ou un dessin en double page. Globalement c'est très agréable à regarder et raccord avec le personnage. Toute fois il y a quelques scènes dans lesquelles Finch y va fort en termes de violence, où le lecteur finit pas se demander si Batman n'aurait pas des superpouvoirs. Il se fait projeter contre un mur par un adversaire, sans ressentir aucune douleur ni prendre le temps de marquer une pause pour reprendre ses esprits. Dans l'épisode 4 il fait une chute de plusieurs dizaines de mètres de haut, amorties par des branches d'arbres, là aussi en donnant l'impression d'être capable de planer (malgré une cape déchirée et trouée). La violence est également exacerbée par le sang qui coule à flot, avec un rendu de la viscosité très impressionnant et très convaincant.
Si le lecteur peut se douter que la base du scénario a été conçue par Finch pour avoir l'occasion de dessiner un maximum de personnages, il était en droit d'espérer que l'adjonction d'un scénariste chevronné comme
Paul Jenkins permettrait d'étoffer l'histoire et les personnages. Première déception, la majeure partie des personnages ne dispose d'aucune personnalité propre que ce soit le lieutenant Forbes (uniquement sur le mode agressif), le commissaire Gordon (uniquement agressif), Jaina Hudson (uniquement allumeuse), ou la ribambelle de supercriminels (uniquement agressifs). Deuxième petite déception, l'intrigue est très linéaire, avec quelques raccourcis qui laissent rêveur. Les 2 personnages de la Justice League font de la figuration gratuite, l'un pour se battre contre Batman afin que Finch pusse dessiner le combat correspondant, l'autre pour être rapidement évacué parce que trop encombrant. Troisième déception : des moments pas très raccords. Ça commence avec Batman qui laisse un homme de main mourir (la tête éclatée contre un pont dans l'épisode 2) sans lever le petit doigt. Ça continue avec White Rabbit qui injecte une toxine dans le cou de Batman (épisode 3) sans aucun effet visible, sans aucune explication de ce geste, ou de l'innocuité du produit injecté. Même quand Jenkins essaye d'étoffer un peu le scénario avec le discours introductif sur la peur qui est filé sur plusieurs épisodes, il développe un point de vue d'une insipidité rare.
Au final, ce deuxième tome de Batman réalisé par
David Finch déçoit un peu plus que le premier. L'intrigue est étirée sur 8 épisodes (hors crossover "Nuit des Hiboux") pour pas beaucoup plus de substance que les 5 épisodes de "Golden Dawn", pas plus de personnalité pour les protagonistes, et des répétitions par rapport au premier tome (le comportement agressif du lieutenant Forbes).
David Finch reste en bonne forme, avec un bon degré de finition de ses dessins (nettement visible quand on les compare à ceux d'
Ed Benes), mais il se repose trop sur ses supercriminels gonflés à la testostérone, et sur un Batman plus extrême que d'habitude, au point d'en devenir fade et prévisible. Il reste de superbes visuels. En fonction de ce que le lecteur attend de ce tome : 4 étoiles pour une bonne prestation de
David Finch sur la base d'un scénario prétexte, 3 étoiles pour des dessins sympathiques qui n'arrivent pas à masquer la vacuité et l'artificialité de l'intrigue.