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3,26

sur 185 notes
Le titre annonce la couleur : très sombre, violent, dérangeant, d'une audace stupéfiante sur le fond comme sur la forme. Avec ce roman qui m'a inspiré des sentiments si contradictoires, les débuts sont difficiles mais je n'ai pas lâché car plus j'avançais, plus les personnages prenaient corps et âme et devenaient compréhensibles et attachants.
C'est l'histoire d'une famille, de quatre générations d'hommes :
- D'abord, le juge Kerrigan, pondéré et pragmatique appartenant à l'élite sociale irlandaise;
- Son fils Neil Kerrigan, jeune avocat idéaliste engagé dans la lutte pour l'indépendance du pays. Emprisonné dans les géoles anglaises, il choisira l'exil à Montréal après sa libération, et un nouveau nom Noirlac pour une nouvelle vie.
- Son fils Declan qui est l'un de ses treize enfants, clairement présenté comme raté et alcoolique.
- Son fils Milo, personnage central du roman, enfant abandonné et confié à des familles d'accueil, né d'une liaison de Declan avec une jeune prostituée indienne junkie, la touchante Awanita, seul élément féminin important du récit.
Je reviens à Milo. En racontant sa vie cabossée, l'auteure se lâche complètement et, dans des scènes hyper réalistes, n'épargne rien de ses souffrances, des violences subies, de sa bisexualité, de son apparente soumission qui est réflexe d'auto-défense. Par le biais des mésaventures de Milo, Nancy Huston crache son dégout et sa colère contre les injustices, les hypocrisies qui ont jalonné le monde et l'époque qu'elle dépeint , dont la soumission des Irlandais, l'anéantissement des Indiens d'Amérique.
On retrouve un peu de l'expérience de l'auteure dans les thèmes de l'enfant abandonné , puis celui de l'exil qu'elle exprime dans un texte magnifique reproduit partiellement en citation.
J'ai particulièrement aimé le personnage de Neil Kerrigan/Noirlac qui rêve d'écrire et se réfère souvent à la poésie de Yeats et à l'œuvre de Joyce, deux célèbres irlandais côtoyés dans sa jeunesse et à qui il voue un véritable culte.
Décembre 1923 : Débordé et dépassé par son innombrable et tumultueuse progéniture, c'est un homme amer, désespéré, nostalgique de sa terre natale, en proie à de "déchirantes frustrations littéraires" "Quand ma vie commencera-t-elle ? gémit-il in petto. Est-ce pire de connaître la grandeur et de la perdre, comme Willie Yeats, ou, comme moi, de ne jamais y goûter ?"
Le choix d'écrire une partie des dialogues en argot anglo-québécois est un peu lassant et ne vous permettra sûrement pas de progresser dans l'exercice de la langue de Shakespeare. C'est pour moi un des défauts du livre.
Roman percutant nourri de théories freudiennes, mêlant l'intime et l'Histoire, il risque de me poursuivre longtemps.
Petit conseil : ne pas se laisser impressionner par les passages crus ou cruels.
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La danse noire (titre emprunté à un tableau de Guy Oberson) de Nancy Huston, c'est la capoeira, par laquelle elle rythme son roman, le modulant avec des termes propres à cet art issu de la culture afro-brésilienne, que les esclaves apprenaient sous couvert d'une danse alors qu'en réalité, la capoeira est un art martial.

Et c'est bien cet art martial que l'écrivain franco-canadienne met en oeuvre dans son roman puisqu'elle y retranscrit la lutte qu'a été la vie du scénariste Milo Noirlac, que nous rencontrons au début du roman dans un lit d'hôpital, son amant le réalisateur Paul Schwarz à son chevet. Deux hommes qui ont mêlé leurs dernières années, se sont donnés mutuellement. Dans ce dernier tête à tête, puisque Milo va mourir, Paul imagine le film qu'ils auraient pu tirer de la vie de son ami, petit-fils d'une émigré irlandais réfugié au Canada et fils d'une prostituée indienne. le texte a donc la cadence de la danse qu'a découvert Milo à la fin de sa vie, au Brésil, le pays de sa mère. Il est donc découpé en dix parties qui illustrent chacune ce qui fait l'essence de la capoeira. Par exemple, un des chapitres s'intitule Malicia et il est indiqué : "L'essence même de la capoeira, la malicia permet au capoeiriste de voir les côtés les plus obscurs de l'être humain et de la société sans perdre sa joie de vivre". Joie de vivre donc de Milo, de sa mère et de son grand-père puisque leurs trois histoires se recoupent, se côtoient, se précèdent durant près d'un siècle, et que Paul y voit une construction parfaite pour son film : trois histoires parallèles, trois lieux (Irlande, Canada, États-Unis), trois époques (1910, 1950, 1990-2010). Trois personnes touchées de plein fouet par la dureté du monde qui ne fut pour eux que violence, pauvreté, travail, sexe, enfants en surnombre.

Les enfants sont d'ailleurs le principal souci de ces trois personnages : ils sont trop nombreux, maltraités, voire abandonnés comme Milo, ne se parlent pas, font les mauvais choix, comme Declan le père de Milo, ne se comprennent pas. Cette incompréhension est symbolisée par une originalité narrative qui structure tout le roman : la moitié du texte est en anglais, la traduction apparaissant en notes de bas de page. C'est le symbole de la quête d'identité de Neil Kerrigan, le grand-père – qu'il a transmis à son petit-fils : émigré irlandais au Canada, il se marie avec une Canadienne. Petit à petit, il semble oublier son pays pour lequel il s'est battu. Il passe donc un pacte avec sa femme : dans les enfants qu'ils auront, les garçons auront un nom irlandais et parleront anglais, et les filles auront un nom français et parleront québecois.
L'alternance entre les deux langues – et je dirais même trois voire quatre car le patois québecois et l'argot anglais n'ont rien à voir avec le français et l'anglais … – peut être fatigante au final. Pour ma part, cela ne m'a pas dérangé puisque je lis l'anglais facilement, et j'ai même d'ailleurs apprécié puisque cela permettait une immersion plus totale dans l'ambiance du roman.
Par ailleurs, en proposant un tel roman, Nancy Huston a, pour moi, réalisé un véritable tour de force. Ce devait aussi être une manière pour elle, franco-canadienne, de se réconcilier avec ses deux cultures, ses deux langues, qu'elle maîtrise à la perfection et dont elle récupère le plus beau des deux …

Autre point important, et qui a contribué à faire de ce roman un véritable coup de coeur : la littérature, et la poésie en particulier, y est centrale. Les poèmes parsèment le texte, dans leur langue originale, puisque le grand-père de Milo, Neil Kerrigan, a côtoyé Yeats et Joyce et lui a transmis sa passion de la langue, lui qui n'a jamais réussi à atteindre son idéal d'écriture. Au final, Milo y est mieux parvenu en écrivant des scénarios de films …

Car Milo est bien le coeur de tout. Cet homme qui ne s'exprime pas : "le silence battant de Milo sera la musique de fond de tout le film". Cet homme que l'on ne connaît qu'à travers les mots de son ami qui le décrit ainsi : "Absence de peur et de jalousie, ouverture d'esprit, curiosité, indifférence : tous tes traits découlent de l'attitude capoeira, qui était tienne bien avant que tu ne découvres cette danse-lutte brésilienne." On suit son évolution, ses désillusions, son parcours vers l'âge adulte. Car "être adulte, c'est reconnaitre qu'à peu près tout ce à quoi on croyait dur comme fer, enfant, était faux." Et ça fait mal. Alors Milo se résigne, il reste passif devant les coups durs de la vie, pour se protéger.

Pour conclure en quelques mots : un texte splendide, poignant, qui m'a fait voyagé en Irlande, au Canada, au Brésil, sur les traces de la très intéressante famille Kerrigan – Noirlac. Un roman qui a allié la force des mots et l'intensité des images puisqu'il est construit à coup de gros plans, d'ellipses, de coupes et de procédés audacieux (Ex : "Caméra subjective" , nous voyons la vie à travers les yeux de la mère de Milo ; ou encore quand Paul se force à se recentrer sur l'histoire principale, pour des questions de budget et éviter de lasser le spectateur avec 7h de film !). Paul Schwarz, naviguant dans l'histoire de son amant, mène le récit d'une main de maître, jusqu'au choc final, inattendu … Film ou roman ? Roman d'un film ? Ce texte est un mélange troublant entre les deux, et démonte les frontières entre les genres …

J'ai lu ce roman dans le cadre de l'opération Les Matchs de la Rentrée Littéraire de Price Minister. Je lui attribue la note de 18/20.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Ce livre me fascine...Entre poésie et cynisme, cruauté et immense amour, joie de vivre et désespoir. le récit est un film, dont les images défilent sous nos yeux par la force des mots; Encore une fois, Nancy Huston nous entraîne dans les méandres de l'âme humaine, de l'histoire d'une vie que va s'achever. le mélange des langues ( anglais, français), des mots et de la lancinante mélopée accompagnant la capoeira m'a un peu déroutée au début mais il faut, pour aimer ce livre, se laisser emporter par toutes les formes de langage.
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D'abord , il y a l'étonnement car ce roman est raconté comme s'il s'agissait d'un scénario destiné à être un film. La caméra qui filme selon différents plans, la musique, les scène qui seront coupées ou élaguées. Milo se meurt du sida sur un lit d'hôpital et son compagnon réalisateur lui raconte ce film. L'histoire de Milo celui qu'il aime. Et pour connaître qui est Milo, ce qui l'a forgé ou ce qui lui a manqué, il faut remonter son ascendance.
Direction l'Irlande où son grand-père Neil Kerrigan, fils d'un juge, rêve de poésie et d'écriture comme son ami James Joyce alors que le pays s'enflamme contre l'occupant britannique. Destiné à être avocat, Neil se rebelle et part au Canada en 1914 changeant son nom au passage. Marié et père d'une fratrie nombreuse, L'Irlande coule toujours dans son sang mais il a abandonné par dépit ses ambitions.
Milo, fils d'une Indienne prostituée Awinata qui l'a abandonné, est placé à l'orphelinat puis dans des familles. Il résiste à la maltraitance en s'abonnant à son imagination. C'est son grand-père Neil qui viendra le récupérer alors qu'il a une dizaine d'années. La complicité qui s'établie entre eux deux dérange les autres membres de la famille qui aiment rappeler à Milo qu'il est le fils d'une prostituée et d'un bon à rien. Mais Milo se construira malgré tout. Mais même en coupant les ponts, il ne pourra jamais effacer certains souvenirs qui sont ancrés en lui comme ses racines.

Ce roman brasse les langues : le français, l'anglais, le québecquois ( avec des expressions propres) et la chronologie ce qui demande une exigence mais nous fait tanguer également. Et il y a un rythme qui s'impose naturellement quand on lit, cadencé au diapason de la musique de la capoeira, une danse du Brésil. le pays de la mère de Milo.
Les mots claquent, sonnent et résonnent ! Car il y a cette mixité des origines, des douleurs, de l'écrit et du cinéma. Nancy Huston écrit sans tabou sur la drogue, la prostitution, l'exil, la solitude, les guerres petites ou grandes, l'identité sans jamais perdre son lecteur.
Puissant, ambitieux et audacieux, il s'agit d'un roman qui secoue mais qui sait également parler au coeur !

Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Plus qu'un livre, un film avant tout !
Nancy Huston nous livre ici le script de la rétrospective d'une vie, à vous d'y apposer vos images et de participer à la réalisation. En bref, un exercice de style époustouflant
L'écriture est fluide et la lecture facile malgré les "indications scéniques" et les discours en anglais parfois argotique.
Une très bon, beau roman en cette rentrée littéraire !
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Je n'avais lu qu'un Nancy Houston avant celui-ci et je ne l'avais pas trouvé inoubliable. Cette fois, j'ai été conquise par le style et l'histoire. Car ce roman est follement original dans sa forme. Paul imagine des scènes de cinéma, il nous raconte donc l'histoire de Milo en décrivant la scène qu'il imagine, avec les interrogations que cela lui évoque quant à la mise en scène. Parfois, il évoque une scène tout en disant qu'il faudra la couper, il pense aussi au budget du film donc imagine comment faire des économies. Autre originalité et non des moindres, Nancy Huston joue avec les langues. Ce roman est écrit en français avec de nombreux dialogues en anglais (toujours traduits en bas des pages) et quelques autres, plus rares, en québecois. J'ai adoré ça, mais je suppose que ça peut gêner ceux qui ne lisent pas l'anglais. Il y a de belles phrases sur l'enfance difficile de Milo, ce sont d'ailleurs les moments que j'ai préférés, des moments émouvants concernant les rebellions qui menèrent à la partition de l'Irlande, notamment quand elle mentionne ces enfants irlandais envoyés de force en Angleterre pour qu'ils deviennent de bons protestants, des moments plus étonnants où on apprend que les irlandais n'étaient pas une nation de pêcheurs et qu'au moment de la famine de 1847, ils n'ont pas pensé à manger du poisson. On sourit aussi de cette famille qui décide de faire des filles des francophones catholiques et des garçons des anglophones laïcs. Si la fin n'est pas tout à fait à la hauteur du reste, je conseille néanmoins fortement ce roman à la fois touchant et original.

Lien : http://vallit.canalblog.com/..
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Par le truchement d'une caméra imaginaire et de courts plans-séquences, Nancy Huston déroule avec d'habiles retours en arrière, le fil de vies malmenées de 1910 à aujourd'hui, d'Irlande au Québec, et évoque de façon magistrale les conflits entre anglophones et francophones à Montréal dans les années 1950, la condition du peuple amérindien et les nombreux parallèles entre les Irlandais et les Québécois. L'écriture de Nancy Huston est vraiment unique, chacune de ses oeuvres est un bijou en soi et se distingue continuellement des précédentes.
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« Danse noire » est un roman qui se lit d'une traite, sans reprendre son souffle. On est touché par les mots et on est écorché par la violence des textes. Mais lorsque le livre nous condamne à une surenchère de ce qui sera le plus monstrueux, moi je jette l'éponge… En effet ce roman ne m'a pas plu, j'ai trouvé que l'histoire n'amenait à aucun but et l'abomination ambiante m'a lassée !

L'histoire s'il y en a vraiment une, nous met en scène trois générations de la même famille. Milo qui est à l'hôpital, malade. Son grand père un ancien membre de l'IRA qui s'est exilé au Québec. Et Awinita, sa mère, une prostituée, droguée trop faible et pauvre pour réussir à survivre. En effet Milo est à l'hôpital avec son conjoint et ils tentent de faire un film de sa vie. le couple travaille dans le milieu du cinéma et nous raconte son histoire entre réalité, fantasmes, mensonges et scènes coupées !

Donc on est perdu entre le film et le livre. Scénario et roman s'emmêlent comme le français et l'anglais. A mes yeux ce roman est un fourre-tout où l'on n'arrive pas à démêler le film de la réalité. Bref trois histoires entremêlées, qui nous emmêlent, mais qui jamais nous démêle ! Ces trois générations se croisent et essayent de s'aider, mais on ressent avant tout leur besoin de sauver leurs propres vies. Comme trouver un sens à ce monde.

Malheureusement on nous abreuve d'horreurs, de viols, de drogues, de violences. Bref un bric à brac de saloperies qui s'enchainent les unes après les autres. Et qui va nous laisser avec un goût de trop plein. Presque d'ennui car on nous abreuve de toutes ces monstruosités.

A la base le roman est un roman sur les origines. le besoin de fuir ce que l'on est pour pouvoir se retrouver, se construire. Mais là où le sujet aurait pu être très intéressant je trouve qu'il est traité de façon trop virulente. On est propulsé dans une vision cauchemardesque qui n'en finit plus … D'ailleurs qu'en est il de cette fin qui nous laisse sur notre faim !

Comme d'habitude je vais me procurer un autre de ces romans car la plume ne m'a pas laissée indifférente. Peut être ai-je commencé avec un livre trop lourd pour débuter ma découverte de cette auteure. Affaire à suivre !
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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Danse noire est un roman à la forme exigeante (des passages en anglais traduits en québécois) mais justifiée : le mélange des langues est complètement cohérent avec l'histoire d'identités relatée par Nancy Huston sous la forme d'un film en cours d'écriture qui suit alternativement et sur un rythme de capoeira, l'Irlandais exilé au Québec, l'Indienne prostituée, et Milo l'enfant de nulle part, poussé malgré tout, violenté et aimé, qui se meurt sur un lit d'hôpital.
Nancy Huston est une romancière qui explore les déchirures et le langage : Danse noire est un combat dansé sombre, traversé de lumière grâce à la tendresse amoureuse du narrateur.
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Un duo qui réalise un film à trois voix, une histoire polyphonique et dissonante : voilà Danse noire. Aujourd'hui, Milo s'éteint doucement sur un lit d'hôpital. Dans le souffle d'un immense amour, Paul Schwarz, grand réalisateur New-Yorkais, projette le cinéma de sa vie sur l'écran de nos pensées. Une vie incroyable, intimement liée – dans sa distance – à celles de sa mère et de son grand-père. Trois trajectoires qui s'évitent et se répondent. Au rythme de la capoeira et des battements de coeur, sous le feu de la révolution irlandaise ou dans l'exiguïté d'une sordide chambre d'hôtel, les personnages vont et viennent, se construisent, détruisent, renoncent et recommencent.

Nancy Huston jongle avec les coeurs et les langues, dans le temps et l'espace. Je suis toujours émerveillée par sa capacité à ne pas rendre l'horreur systématiquement repoussante, à rêver des personnages si complexes que nous nous perdons dans les méandres de leur être, et à habiter ses textes grâce à une plume douce et cinglante, abrupte et poétique. de ses mots s'échappe une rare puissance. Dans un murmure, le rêve s'épanouit. Et si la vie revêt parfois les couleurs de la futilité, ce n'est que pour mieux nous frapper par sa violence et sa beauté.
Lien : http://auxlivresdemesruches...
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