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EAN : 9786060012078
128 pages
eLiteratura (01/01/2019)
5/5   1 notes
Résumé :
L'illustration de la première de couverture représente les portraits de la mère de l'autrice, Tudora-Dorina (1928-2011) et de l'autrice elle-même.
La couverture a été réalisée par Leo Orman.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Deux des poèmes de Clelia Ifrim ont été sélectionnés par la JAXA – l'agence spatiale japonaise – et déposés sur le module spatial Kibo de la Station spatiale internationale. J'ignore lesquels mais beaucoup d'entre eux le méritent.

Ici, dans « Les Godillots de la mère », l'autrice nous invite à rester pieds sur terre (ses terres ?) à suivre l'histoire de la beauté indicible d'un village roumain, quoique ! J'ai peut-être tort de croire que c'est nécessairement une histoire roumaine dans un style très japonisant, car il y a une volonté manifeste de faire ressortir l'universalité des émotions provoquées par les éléments immuables de la nature.

Des poèmes qui ressemblent à des successions de haïku, où les pruniers banc en fleurs et les grues cendrées font halte près de maisons de torchis abritant l'éternité et son mystérieux silence.

Un sublime hommage à cette mère encore et toujours perçue comme ange gardien.

J'ai traduit en français ce recueil (66 poèmes précisément) très original et très beau dans sa simplicité et j'espère de tout coeur qu'il paraîtra un jour. Il commencera bientôt (il y a un appel à projet à partir du 15 octobre) un véritable parcours du combattant afin d'être publier peut-être en Roumanie.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L’aneth sauvage

L’aneth sauvage
est toujours là-bas, dans le champ.
Il fleurit chaque année,
sans se soucier
si je suis ou non allée le voir,
ou bien si la roue en bois
trouvée dans la poussière
est restée là-bas.
L’été, les mains
ont la douce odeur de l’aneth sauvage,
une préparation finement hachée,
mélangée avec du sel,
sur une souche de bois.

Toutes les cours étaient en plein air
et les rêves des voisins ont détaché les pigeons
pris dans un piège sombre.
Ils déchiraient avec leurs propres dents
les fils des pièges
ensuite aspergeaient le sol d’eau.
C’était un geste de nettoyage des lieux –
l’eau essuyait le piège
et l’odeur de l’aneth sauvage
apaisait les pigeons.

Une femme célibataire
tournait la roue en bois
et chantait pour le pigeon délivré,
retiré du piège
le chant des fleurs d’aneth.
Puis, elle remettait la roue en place,
dans la poussière de la route
où elle l’avait trouvée
sous le soleil brûlant.
Elle prélevait un bout de fil blanc
de son chemisier
qu’elle attachait à la patte du pigeon,
lui disant,
tu me retrouveras ici sur le champ
quand l’aneth sauvage fleurira.
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Chemin de fer dans le brouillard

Brumeuse est la ville,
par ce matin d’octobre.
Le chemin de fer trace sa route
entre ville et village
entre village et montagne,
entre montagne et aigle,
entre aigle et ciel.
De brouillard est le contour de la maison,
comme un monde flottant
ne se nourrissant que dans les rêves.
Brumeuses sont aussi les mains
qui lavent les raisins blancs,
dans une assiette blanche.
Le brouillard est un mot familier,
une mousse froide,
pour le bain du matin,
pendant que l’aigle nourrit ses petits
dans le nid au sommet de la montagne,
où le brouillard atteint
les seuils flottants.
Seul le chemin de fer
trace sa route entre ville et village,
entre village et montagne,
entre montagne et aigle
entre aigle et ciel.
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Paysage urbain

Quand souffle le vent d’automne,
les nids aux sommets des arbres
ploient vers le sol,
avec un geste de cérémonie,
d’un rituel ancien et oublié.
Du doux délice de l’été
il ne reste qu’un sentiment :
les eaux à venir,
sont des petites sœurs obéissantes.
Les nids aux sommets des arbres,
ploient vers le sol,
reflètent leurs oiseaux
qui ne peuvent pas s’envoler
dans les visages de ces sœurs,
marchant dans les eaux,
dépassant les épaules.
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Maison de campagne

Au bord de l’eau asséchée,
les villageois font toujours du torchis.
Leurs pieds s’enfoncent,
jusqu’aux genoux
dans la fange
mélangée à de la paille de blé.
Ils ressemblent à des anges
descendus sur terre -
grands et minces
juste la peau et les os
avec des traces de terre sur les côtes.
Et les enfants aussi.
Ils descendent jusqu’au lit de la rivière asséchée
et apportent dans des seaux en aluminium brillant,
l’eau restante, mélangée à de la boue et du gravier.
Puis, courent dans les champs.
Forment une roue géante,
autour d’un poteau électrique
et écoutent.
L’air bourdonne au loin
et ils brisent le cercle
courant après le son électrique,
pour l’attraper.
Les briques de torchis
exposées au soleil,
offrande cérémonielle.
Quelqu’un a trouvé
quelques brins de chanvre,
jadis mis à fondre, dans le gué d’eau.
Ils seront placés dans le mur d’une maison
et emmurés là-bas.
Puis, une fine couche de chaux
couvrira le tout.
Personne ne sait
quel sera ce mur.
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Le chant de la grue cendrée

Les vêtements de la grue cendrée sont déchirés.
Altérés par la pluie.
L’armoire où elle se déshabille,
jusqu’au dernier battement d’ailes,
s’abrite derrière les nuages.
Morceaux de viande
se détachent avec le brouillard.
De temps en temps, un petit cri :
tsuru, tsuru, tsuru.
Le sang a un langage d’onomatopée.
Il en va ainsi au paradis.
Sur terre, la femme endormie
sur le trottoir d’en face,
sous une annonce bancaire,
continue de parler, seule :
tsuru, tsuru, tsuru.
Pluie, l’eau lui arrive au-dessus des chevilles.
Elle a une chaîne en argent
enroulée autour de la cheville droite –
tsuru, tsuru, tsuru.
Pluie
et l’eau lui arrive au-dessus de genoux…
comme des petites roues argentées
puis s’approche :
tsuru, tsuru, tsuru.
Plus de pluie,
l’eau lui monte jusqu’aux seins,
tsuru, tsuru, tsuru,
comme pour dire
doucement, doucement, doucement,
ne me touche pas.
Le cercle des sacs en plastique,
remplis de plumes de grue cendrée
flotte sur l’eau autour de la femme
de l’autre trottoir.
Comme une barricade.
Contre la pluie.
Contre la rue vide.
Contre la grue cendrée.
Tsuru, tsuru, tsuru.
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