Un polar qui nécessite de lire sa suite
J'ai pleinement conscience du fait que la lecture d'un seul
Indridason ne permet pas de se faire un avis objectif sur son oeuvre.
Je peux dire que ce roman est un bon polar nordique. L'auteur parvient à nous plonger dans l'atmosphère de la seconde guerre au coeur de cette île, protégée en partie de la montée du nazisme par l'occupation des forces alliées américaine et britannique. On ressent cette impression de « chape protectrice » mais sous laquelle tout n'est pas forcément rose. D'ailleurs, vous allez trouver cela étrange mais en lisant ce roman, je ne suis parvenu à m'imaginer les personnages qu'en noir et blanc.
Indridason met en avant particulièrement la question des femmes à cette époque. Même si elles ne constituent que des personnages secondaires (à l'exception de Véra et Brynhildur), on découvre comment cette présence militaire a constitué pour une grande majorité d'entre elles la possibilité de s'émanciper du joug masculin et d'espérer une vie meilleure. le talent de l'auteur réside alors dans le fait de montrer que cette émancipation était à double tranchant, encore à l'époque, dans la mesure où elle ne dépendait finalement que du bon vouloir de la gent masculine (promesse de mariage, aide financière voire prostitution, si l'on peut parler d'émancipation dans ce dernier cas). Une chose est sûre : on ne peut pas dire que les hommes sortent grandis de ce roman.
Indridason exploite également, sur fond d'idéologie nazie, la thématique habituelle de la relation père-fils à travers les personnages de Rudolf et de Felix. Rien d'original ici si ce n'est l'extrémité terrifiante à laquelle cette relation conduit le fils. Au-delà de la question nazie, c'est ici le cri d'un fils à son père qui résonne dans la dernière partie du roman ou jusqu'où peut aller un enfant pour exister aux yeux du père. Cela n'excuse en rien les actes de Felix, même si l'influence du père et de l'oncle y sont pour beaucoup.
Mais le plus intéressant à mes yeux dans ce roman, c'est la manière originale dont l'enquête est menée par Flovent et Thorson. En effet, que ce soit l'un ou l'autre, nous avons affaire à des novices en matière de meurtre et
Indridason a parfaitement réussi à mettre en avant leur inexpérience dans ce domaine. On les sent partir dans tous les sens au début du roman, piétiner à plusieurs reprises puis se poser, petit à petit, tout en choisissant leur camp (Thorson décide de lui-même de faire davantage confiance à Flovent plutôt qu'aux émissaires alliés auxquels il s'est pourtant engagé à faire des compte-rendus réguliers de l'avancée de l'enquête). Même lors des interrogatoires, on ressent cette fougue du débutant avec l'accumulation des questions, la répétition de certaines d'entre elles, ce qui finit par desservir nos deux apprentis-enquêteurs puisque leurs suspects ne trouvent, en général, qu'une seule issue possible : le silence. le duo fonctionne à merveille tant Flovent et Thorson sont complémentaires.
Mon chouchou à moi
Même si je n'irai pas jusqu'au qualificatif de « chouchou », c'est le personnage de Thorson qui m'intrigue car on le sent en recherche de lui-même. Mais plus que ce qu'il réalise dans ce premier tome, c'est surtout ce qu'il va devenir qui m'intéresse dans un monde qui lui était encore très hostile. C'est sans aucun doute la raison principale à l'heure d'aujourd'hui qui me pousserait à lire la suite de cette saga.
Au final, une bonne lecture mais dont je ne pense pouvoir apprécier la qualité qu'en lisant l'intégralité de la saga dont il fait partie.
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