Printemps 1943, les troupes alliées déployées en Islande, sur une île encore préservée des folies du monde moderne, loin des fureurs de la seconde guerre mondiale, profitent de leur isolement pour prendre du bon temps.
Les islandais, eux, vivent bon gré mal gré « la situation ».
En hiver 1942, ceux vivant en Europe du nord pour diverses raisons (travail, formation universitaire, santé ...) sont évacués par un convoi exceptionnel de Petsamo en Norvège à Reykjavik (via
Trondheim et les Orcades) . Ce rapatriement est le résultat de l'invasion du Danemark par l'Allemagne nazie : si le régime du Troisième Reich tolère ce projet, reconnaissant ainsi la neutralité de l'Islande il n'en surveille pas moins le trajet.
De retour au pays à bord du paquebot Esja, ils vont découvrir de nouvelles donnes et vont devoir s'adapter à « la situation », aux changements irrémédiables qu'elle entraîne.
A Reykjavik, le commissariat de Posthustraeti ne désemplit pas, les troubles sur la voie publique, les affaires de moeurs, accrochages entres autochtones et soldats imbibés sont de plus en plus fréquents …
Notre binôme, formé de Flovent , la recrue locale et de Thorson, le canadien, va être mis à rude épreuve. La mort d'une victime décédée suite à une agression sauvage et, la découverte d'un noyé vont leur permettre d'affiner leur coopération. Si les deux années passées depuis
Dans l'ombre ont amélioré leur complicité elles ne les ont pas encore assez aguerris aux méthodes d'investigation, parfois maladroits c'est surtout sur leur ténacité qu'il va falloir compter. Mais Baldur le médecin légiste leur apportera une aide précieuse.
Indrindason en explorant cette période mouvementée continue de nous immerger avec
La femme de l'ombre dans une Islande occupée par les Alliés, et la confrontation de ces deux cultures qui apportent son lot de changement des mentalités. le lecteur assiste au développement d'activités lucratives propre à ces périodes troubles.
Le décor principal, une zone de no man's land avec son pré, le pré de Klambatrun, coincé entre le quartier pauvre des Polarnir et les baraquements militaires, le choc de deux univers où se retrouvent
en soirée, gens du pays et militaires et, où pullulent les gargotes dont la plus prisée est celle du Picadilly, rebaptisée par les américains le Pick-a-Dolly… tout un programme !
Dans ce deuxième volet de la trilogie des ombres,
Arnaldur Indridason nous a fignolé une intrigue où l'apparente complexité temporelle permet de laisser mariner le lecteur dans un flou maîtrisé qui lui permet d'en apprécier tous les ressorts . Rempli d'anecdotes (bière made in iceland réservé aux alliés, …) , de clins d'oeil à la culture et l'histoire islandaise (nous croisons de célèbres poètes, le nom donné au paquebot, l'Esja), il nous sert un récit foisonnant, aux multiples rebondissements, agrémenté d'une palette de portraits de personnages, pris dans les affres et les échos de la Seconde guerre mondiale, les tourments de la vie et leur lot de conflits relationnels (conjugaux, amoureux).
Avec sensibilité et finesse , il traduit toute les couleurs des sentiments et des comportements que la population islandaise a pu adopté ainsi que celle des américains durant la situation.
Un voyage au coeur d'un épisode complexe de l'Histoire islandaise qui nous familiarise avec le quotidien de ses habitants.
Prête pour le passage des ombres, le dernier volet de la trilogie.