Les autres, tous, étaient peut-être habités par les mêmes angoisses. C’est dans l’action qu’ils y trouvaient remède. Ils n’aimaient pas la vie puisqu’ils se révoltaient. Heureusement que la société était mauvaise. Que feront-ils s’il y a un jour une société bonne ?
- Vous êtes déjà dans vos cercueils. Ne vous dépêchez pas de frapper. Etes-vous si pressés ? Pourquoi donc êtes-vous si pressés ? Bientôt, il n’y aura plus personne.
Moi, je m’ennuie souvent. J’ai le vertige et j’ai peur de l’ennui ; il y avait quelque temps, j’avais eu une dépression, pour être inconsciemment à la mode peut-être, due à l’ennui ou étant l’ennui lui-même.
Le passé est toujours beau et tendre et on le regrette, on s’en aperçoit trop tard.
C’était un homme cultivé. Il me parlait longuement des films qu’il avait vus. Mais je savais qu’il s’était ennuyé autant que moi.
Mes adieux furent brefs. J’offris un beaujolais au café du coin, je n’y avais même pas invité Juliette. Elle était toujours vexée. Après nous être abandonnés l’un à l’autre, nous nous étions abandonnés.
Je crois que c'est la première fois que je regardais vraiment le spectacle quotidien de cette rue.Je trouvais cela fort intéressant. Et même passionnant.Il y en avait du monde dans ce monde, tant de visages différents et tant de pensées vraiment identiques. Ou à peu près.
( Folio ,1989, p.46)
C’est humain, la peur. « C’est humain, c’est humain » et j’éclatai de rire. Le mot « humain » me faisait éclater de rire. Pour ce qui est d’avoir peur ou non, il n’y a pas de critère. Les uns ont peur, les autres n’ont pas peur. Tout compte fait, c’est plutôt rigolo. J’étais agité par la non-agitation. C’est une façon comme une autre d’être agité, mais les agités de ma sorte n’agissent pas.
« Tout a une fin. Tout a un commencement. »
« C’est la quadrature du cercle. »
« Seule la jeunesse a suffisamment d’enthousiasme pour… »
« Les jeunes sont plus lucides que nous. »
« L’expérience des vieux. »
« Les jeunes sont des cons. »
« Les vieux sont des cons. »
« Il y a des jeunes cons et des vieux cons. »
« Quand on est con c’est pour la vie. »
Tant de gens vivaient. Jusqu’à ces derniers temps, ils paraissaient assez contents ou résignés. En tout cas, ils ne se posaient pas de problèmes. Ils n’avaient pas peur de la mort ou plutôt ils ne pensaient pas qu’ils devaient mourir un jour. Moi, j’avais vécu tout le temps dans cette hantise.