Le cinéaste
François Truffaut tenait l'auteur de "
la mariée était en noir" et de "la sirène du Mississippi", qu'il a adapté pour le grand écran, davantage pour un romancier de la Série Blême que pour un écrivain de la Série Noire. Un avis sans doute justifié par le talent déployé par
William Irish pour distiller la peur et le suspense dans ses nombreuses oeuvres.
Dans ce recueil de six
nouvelles, le lecteur retrouve l'univers caractéristique de cet auteur dont la vie a été perpétuellement harcelée par un destin qui lui a rarement fait de cadeaux.
Avec "
Rendez-vous mortel", la première nouvelle qui donne au recueil son titre, un flic infiltre un gang de voleurs de bijoux et risque la mort.
Dans "Meurtres sur le showboat", un inspecteur de police en virée avec sa fiancée est témoin d'un meurtre qui l'entraîne à mener une enquête rapide, mouvementée et dangereuse.
"C'est le pied" est la nouvelle la plus longue du volume. Elle met en scène un détective privé qui joue les bons samaritains en sauvant du suicide un jeune homme amnésique et se retrouve, comme son protégé, poursuivi par des tueurs de la mafia.
"La maison de la folie" provoque l'effroi total quand une visite de courtoisie dans un manoir austère, par une nuit de brouillard, se transforme en cauchemar.
"Le bain de sang" plonge le lecteur dans l'enquête d'un flic victime d'un dégât des eaux pour résoudre le meurtre de sa voisine.
Et pour terminer, "Ma propre mort" a pour cadre la ville de Chicago durant la Grande Dépression. Un candidat au suicide criblé de dettes rate son coup mais se retrouve à la tête de 40 000$. Est-ce la fin de ses ennuis ? Rien n'est moins sûr.
Ecrites entre 1935 et 1943, ces six
nouvelles sont imprégnées du climat lourd de l'époque, que les ténèbres de la nuit, quasiment omniprésente, rendent encore plus pesant. Que ce soit dans les bars louches, les salles de spectacle, les hôtels miteux, les beaux manoirs ou les quais de gares, la pauvreté ou le hasard s'acharnent sur les individus bien souvent solitaires, et l'angoisse des lendemains et le désespoir qui les étreignent les poussent dans leurs derniers retranchements pour commettre vols, usurpation d'identité, suicides ou meurtres, incapables de lutter contre des forces qui les dépassent. La riche de son oeuvre est telle, avec bien souvent l'amour en toile de fond, porté par un style teinté de poésie, que l'on pardonnera bien volontiers l'absence parfois de logique ou les défauts de construction à celui qui est considéré comme l'
Edgar Allan Poe du XXème siècle.