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3,8

sur 972 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai eu beaucoup de plaisir à me glisser dans ce roman de John Irving, de retrouver son univers à la fois familier mais encore une fois renouvelé, et à suivre ses personnages comme toujours ô combien touchants dans cette histoire épique, voire rocambolesque, de cavale et de vengeance. Domenico, cuistot dans un village de bûcherons du New Hampshire, se retrouve jeune papa à 19 ans, puis veuf suite à une tragédie, et doit élever seul son fils Daniel. Hélas, Daniel commet à 12 ans une immense bêtise, qui leur attirera les foudres d'un dangereux personnage, qui n'aura dès lors d'autre but que de se venger et dont ils devront se cacher toute leur vie.
Le roman raconte une magnifique relation père-fils sur trois générations (sachant que John Irving a été élevé par sa mère seule, et que son roman est dédié à son plus jeune fils) , et aussi une formidable amitié entre Domenico et Ketchum, un bûcheron bourru et libertaire au grand coeur avec qui il partagea la mère de Daniel, et qui supportera Domenico dans sa cavale avec une fidélité sans limites. Ce roman raconte aussi l'écrivain que devient Daniel, sorte d'alter ego de l'auteur, et crée autour d'eux tout un monde de restaurateurs, de femmes pulpeuses, de tendres cousines, sans oublier une histoire d'ours et une parachutiste nue, car c'est John Irving. Quel incroyable conteur ! Je suis toujours émue par ses personnages plus grands que nature, éprouvés, profondément francs, vrais et humains qui nous font plonger au fond de nos tripes.
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Le lecteur d'Irving ne sera pas surpris par ce nouvel opus. On se retrouve en effet en terres connues, le Canada, le New Hampshire, l'université d'Exeter, la lutte, les ours, les femmes qui élèvent seuls leurs enfants après l'abandon de pères indignes, etc... La différence ici est une sorte de recul sur les évènements qui viennent toucher les protagonistes de ce roman d'amours infinis, et d'accidents qui modèlent l'existence. D'abord il y a la nature, les arbres, la glace, les tourments de la rivière, les saisons, le blizzard, et les troncs d'arbres guidés sur les rivières par les "draveurs" dont Ketchum, colosse au coeur tendre est un des plus emblématiques. Son ami est cuisinier, et à eux deux ils élèvent le jeune Daniel, qui deviendra plus tard Danny Angel, un célèbre romancier qui ressemble furieusement à John Irving.
Un flic débile , alcoolique et violent cherche des ennuis à Daniel et son père, ce qui les contraint de s'exiler dans le Nord de l'Amérique, jusqu'à un âge avancé ce qui n'empêchera pas ce flic du nom de Carl, surnommé Cow Boy à cause de son Colt 45, de les retrouver.
Il y a des morts tragiques dans ce roman très dense, succession d'histoires échelonnée des années 50 à nos jours, des accidents selon la logique irvingienne, de belles histoires d'amours qui naissent meurent, ou d'autres qui s'imposent comme une évidence. Ce livre est aussi celui de la tolérance entre cultures, les "natives americans", les indiens..., mais aussi les italiens, les asiatiques, et les autres... On découvre grâce à ce kaléidoscope différents types de gastronomies, et au passage le goût de John Irving pour la cuisine.
Contrairement à ce qui a pu être écrit ici ou là, ce roman est tout sauf un roman de vengeance. C'est un roman d'amours infinis et de fidélités, robustes et brutes comme la nature servie par ces hommes plus intelligents et plus tendres que l'image caricaturale du bûcheron ou du draveur laisse à penser.
Les plus : le côté picaresque, truculent, humoristique bien sûr, mais également presque shakespearien cette fois d'un roman aux personnages éblouissants, dont ces femmes extraordinaires, Daisy, Amy, Charlotte, Pam Pack de Six, Tombée du ciel, ....Surtout un montage littéraire du roman au cordeau avec un travail de conception fabuleux. On est tenu en haleine du début à la fin de l'oeuvre. L'humour omniprésent qui compense le caractère désespéré de l'existence.
S'il fallait un moins : le côté autoanalyse du travail de l'écrivain, certaines descriptions un peu longues, les analyses politiques et opinions sur Bush pas vraiment nécessaires et un peu décalées ici.
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Je fais parties des gens qui ne peuvent comprendre qu'on n'adore pas John Irving ! Chacune de mes incursions dans son univers romanesque a été la cause d'impressions durables : si quelqu'un maîtrise bien l'art du roman, c'est lui !
Dans les années cinquante, Dominic et Ketchum vivent dans un campement de bucherons "au nord du nord". Dominic, cuistot boiteux avait perdu sa femme et avait un petit garçon, Danny, ce qui ne l'empêchait pas de regarder les femmes et parfois celles des autres. A partir de cette base, nous assistons au déroulement d'une interminable vengeance, le sheriff cocufié ne lésinant pour retrouver ce père et ce fils qui se sont enfouis.
Extraordinaire roman aux multiples rebondissements, Dernière nuit à Twisted River nous promène au Canada et dans différents états de l'Amérique tandis que les personnages qui se succèdent sur trois générations rencontrent de multiples difficultés existentielles, le travail, les amours, la fuite, la mort, l'implacable vengeance et l'incapacité à vivre le deuil. le tout baigné dans des effluves de cuisine italienne !
Une imagination sans faille, un art confirmé pour planter des décors et présenter des personnages, un humour qui contrebalance souvent le tragique de certaines situations, le sens du coup de théâtre et des réparties qui arrivent au bon moment ! Voilà l'art de John Irving.
Je me souviendrai longtemps de Dominic et Daniel Baciadilupo, de Ketchum l'intraitable, de Rosie, de Cathie, de la femme qui tombe du ciel et du chien pétomane. Sans parler des ours.
A Lire quoi qu'il en soit.



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Dès les toutes premières pages, j'ai ressenti ce sentiment de plénitude, de satisfaction et d'excitation si rare finalement, qui me fait dire que je tiens là quelque chose qui va me bouleverser. Il y a de ces auteurs - comme Irving ou Paul Auster - dont on a l'impression qu'il n'y a pas de style, que l'écriture est très simple alors que ce doit être un travail de fou d'arriver à faire oublier l'écriture à ce point en tenant le lecteur en haleine.
Parfois, dans cette lecture, j'ai eu une impression d'écriture improvisée, un peu bordélique, mais c'était avant de percevoir cette structure savamment orchestrée entre la vie des protagonistes, Dominic et son fils Danny, et ce dont Danny s'inspire dans ses romans, jusqu'à la boucle finale, vertigineuse, ce pied de nez au lecteur, cette mise en abyme de l'écrivain.
Dès les premières pages, donc, le décor est donné. Twisted River, 1954, un jeune draveur meurt dans la rivière, emporté par les troncs d'arbres se lançant vers le barrage en aval. Dominic est le chef cuistot du site et élève seul son fils Danny. Nous voici immédiatement dans l'univers de Irving: une famille monoparentale, des traumatismes familiaux, sans oublier des ours et des accidents. Ici, l'ours est à l'origine de cette fameuse dernière nuit, un ours raconté au petit Danny un peu comme une légende familiale pour ne pas avoir à lui dire une vérité plus crue et qui scellera le destin du père et du fils sur les décennies à venir.
Et il y a Ketchum, cet ami de la famille qui tentera de les protéger jusqu'au bout contre la malédiction qui les suit, bourru au grand coeur, un magnifique personnage.
Il y a tant de choses à dire sur ce merveilleux roman dans lequel rien ne semble avoir été laissé au hasard, empreint de symbolismes et de faux-semblants et qui pousse le lecteur curieux à tenter d'en démêler tous les fils car tout est lié à cette fameuse nuit de l'ours, la toute première.
Enfin, la grande Histoire de l'Amérique qui se trouve emberlificoté dans la petite, les guerres du Vietnam et d'Irak et les attentats du 11 septembre.
J'en ressors avec le sentiment d'avoir grandi mais mélancolique aussi comme le sont les personnages et ce paysage final de neige et de glace.
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Dernière nuit à Twisted River commence en 1954, dans un camp de bûcherons, au nord du New Hampshire, dans le bien réel comté de Coos, pas loin de la frontière canadienne. le roman s'ouvre sur un drame : Angel Pope, draveur inexpérimenté, a perdu l'équilibre, est tombé à l'eau et a immédiatement été enseveli sous les grumes qu'il s'efforçait de diriger. Ketchum, un des anciens, a bien essayé de le rattraper, mais en vain. Dominic Baciagalupo, le cuisinier du camp, et Danny, son fils de douze ans, ont assisté à la scène. Ce terrible événement ravive le chagrin du Cuistot : Rose, sa femme, la mère de Danny, s'est noyée à peu près au même endroit. Danny, pas plus que le lecteur, ne connaîtront les détails de ce drame avant longtemps...
***
Les lecteurs qui aiment John Irving vont retrouver leurs marques dans ce roman touffu et impossible à résumer sans en dire trop, je crois. On y découvrira pas mal des thèmes récurrents chez cet auteur, développés ou effleurés, ainsi que certaines anecdotes arrangées de manière différente. On trouvera un ours (voire des ours, si on compte Ketchum comme tel !), une fausse-couche et un avortement, la mort d'un enfant, l'absence d'un parent, l'évolution des relations familiales, le sport (la course et le ski de fond pour Danny, la lutte et l'aviron pour Joe), des adultères, le New Hampshire et la Nouvelle-Angleterre, des marginaux et… une fellation dans une voiture. On suivra trois générations de Baciagalupo avec ou sans pseudonyme : Dominic, Danny et Joe. de 1954 à 2005, on s'installera au New Hampshire, à Boston, au Vermont, à Toronto (en Ontario), et de nouveau au New Hampshire puis en Ontario. Avec le Cuistot, on cuisinera italien, français, chinois, mais on gardera une prédilection pour les desserts américains. On rencontrera Ketchum, un géant mal embouché, une force de la nature, un indéfectible ami rongé par la culpabilité. On constatera que Danny est attiré par les femmes plus grandes et (nettement) plus grosses que lui. On admettra les événements les plus improbables (confondre un ours et une Indienne, voir une grande femme nue tomber du ciel, etc.) grâce au talent de l'auteur.
***
Ce roman est prétexte à une profonde réflexion sur l'écriture grâce à une belle mise en abyme et beaucoup d'éléments autobiographiques : Danny est un écrivain qui a connu le succès à son quatrième roman, qui partage sa vie entre Etats-Unis et Canada, etc. Cet écrivain est précisément en train d'écrire le roman que vous êtes en train de lire. Vous assisterez, en somme, à la genèse du premier chapitre, et c'est passionnant. J'ai beaucoup aimé ce roman de 2011 qui m'avait échappé, je me demande bien pourquoi… Je retrouve toujours John Irving avec grand plaisir : je sais que m'attendent une histoire bien ficelée, des personnages hauts en couleurs, une fine analyse psychologique, de beaux moments d'émotion et plusieurs éclats de rire ! Je me réjouis donc à l'avance de la parution de Darkness As a Bride prévue en 2022, mais le roman n'est pas encore terminé nous dit Irving dans son blog : https://john-irving.com/a-third-act/. Il est en train de travailler la troisième partie…
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Un très beau livre, complètement fou par son ambition, où l'on suit sur plus de 50 ans la vie d'un chef cuisinier , de son fils écrivain et de leur vieux pote bûcheron qui passent leur vie à fuir leur passé après une funeste nuit. Des scènes mémorables, un amour erudit de la gastronomie, la puissance de l'histoire et des non-dits qui se répètent génération après génération et même une mise en abîme du travail d'écrivain, bref, c'est plus que brillant.
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Un auteur dont j'ai tout lu ou presque depuis que j'ai découvert le Monde selon Garp et que je continue à relire régulièrement. Il y a bien 2 ou 3 titres que j'apprécie moins mais celui-ci fait partie du haut du panier avec Un enfant de la Balle, L'oeuvre de Dieu, La part du Diable et L'hôtel New Hampshire

Comme dans tous ses livres on retrouve les thèmes récurrents de la paternité, du deuil et l'intérêt et la tendresse qu'il porte à l'humain, tout en restant critique. Sans oublier les ours et la lutte bien évidemment, pour qui connait Irving tout du moins !

Cette fois-ci il nous embarque dans un camp de bûcherons du nord New Hampshire avec une vie très rude, beaucoup d'alcool et de dangers. Dominic Baciagalupo, le cuisinier et son fils Danny vont devoir fuir Twisted River et nous les accompagnons à Boston, dans l'Iowa, d'une pizzeria à une autre, d'une vie à l'autre. Danny va devenir écrivain et va raconter sa vie, à sa façon, très spéciale et sa façon d'écrire ressemble énormément à celle de John Irving.

Tant qu'ils étaient à Twisted River, le roman était une reconstitution à priori fidèle de ce qu'ont pu être ces camps de bûcherons. Dès leur arrivée à Boston, j'ai eu le plaisir de retrouver la plume déjantée qui peut faire rire tout en racontant des faits dramatiques !

Ça part dans tous les sens mais rien n'y personne n'est perdu en route ! le liant est l'histoire de l'Amérique et celle de pères, de fils, d'amis, d'ennemis, de femmes aussi qui, même importantes, ne font que passer. Avec toujours un fond de désespoir, de fatalité et de résignation.

Un roman touchant par son humanité et lucide par son analyse des comportements humains.

Challenge MULTI-DEFIS 2021 : Lecture commune
Challenge ABC 2021
Challenge PAVES 2021
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Dominic et Daniel, père et fils, habitent à Twisted River. Un lieu difficile à vivre où la nature co-habite avec les bûcherons, la nature est difficile (beaucoup de neige, beaucoup de froid), le métier est difficile (beaucoup d'accident). Dominic et Daniel aiment leur vie rythmé par le cercle des repas et de la nature. Mais voilà un accident se produit : une personne meurt . Daniel en est responsable. Dominic décide donc de fuir afin de protéger son fils. On suit leur périple dans toute l' Amérique mais aussi leur vie riche en rebondissement.

J'ai adoré l'histoire de ces deux hommes, ce lien père fils si fort. J'ai aimé ce père mortifié par le fait ne pas être assez fort pour protéger son fils, ce père inquiet pour chaque pas de son fils. J'ai aimé voir le fils devenir un homme, devenir père à son tour, être tourmenté par la vie et au final devenir le père de son père.
C'est une histoire d'homme, de famille, c'est surtout une histoire où l'on met le père au centre de tout.
On retrouve les thèmes cher à John Irving : la paternité (les liens familiaux), les ours (et oui il y en a partout).
A découvrir.
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Je viens de découvrir John Irving avec ce roman et j'ai adoré !
C'est l'histoire d'une vie, de plusieurs vies entremêlées, de fuite en avant, de vengeance.

J'ai adoré la mise dans l'ambiance immédiate du monde des bûcherons, de leur mode de vie dans les campements au milieu des bois.
Cet univers d'un autre temps, dont je ne connais absolument rien a été de l'évasion totale pour moi.

À part ça, j'adore les histoires comme ça, étalées dans le temps, qui nous racontent la vie d'une famille... mais par ailleurs ça met en exergue la brièveté de l'existence, qui dure le temps d'un feu de paille lorsqu'on la regarde dans son entièreté.

Histoire de plusieurs vies intimement liées, ces grands espaces qui me fascinent depuis l'enfance, ce "souffle americain" qui me fait rêver, tout était réuni pour me plaire !
J'ai parfois l'impression qu'on ne vient pas de la même planète, les américains et nous, tellement tout est différent.

Et c'est la première fois que je lis dans un roman une digression qui fait 39 pages !.. ou alors peut-être que John Irving est fâché avec l'immobilisme et qu'il aime faire le grand écart continuel entre passé et présent.

Les personnages sont haut en couleurs, extrêmement attachants et pour certains complètement délirants, tel Ketchum le bûcheron.

Cette histoire belle et douloureuse, souvent drôle, est une histoire d'amours, de toutes les formes d'amour ; paternel, filial, celui avec un grand A et ces étranges sentiments qui restent quand on l'a perdu, mais aussi cette amitié inextinguible, plus forte que tout et qui prend tant de place, qui génère une loyauté sans faille !

Une belle histoire d'hommes, où les femmes bien qu'essentielles ne sont que des étoiles filantes.

J'ai tellement aimé que bien évidemment maintenant j'ai envie de découvrir les autres romans de John Irving
Lien : http://mechantdobby.over-blo..
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C'est une histoire d'hommes, virile, pudique, tendre, drôle souvent, tragique parfois...

Le drame est mâtiné d'ironie, violence drapée de cocasserie.
On apprend ainsi que le taillage de pipe au volant sur route enneigée est une pratique risquée, et que ressembler à un ours peut être fatal.
... Cet ours justement, que l'on retrouve (et que l'on attend !) ça et là au détour d'une page, dans chaque roman d'Irving.

Que dire de plus ?
Rien. Car Irving se raconte difficilement.
C'est une planète à part et moi je m'y sens bien.

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