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Claude Leblanc (Traducteur)
EAN : 9782912969293
219 pages
Exils (18/10/2001)
3.46/5   12 notes
Résumé :

« Il y avait la rock'n'roll attitude, il y a désormais la "hacker attitude", un modèle social pour l'ère post-industrielle », expliquait Libération lors de la parution de ce livre au début de l'année 2001 aux États-Unis. On considérait jusqu'à présent le « hacker » comme un voyou d'Internet, responsable d'actes de piratage et de vols de numéros de cartes bancaires. L'essor du Net a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans "l'Éthique hacker", que j'ai relu pour le plaisir, le philosophe finlandais Pekka Himanen s'inspire du concept d'informationnalisme élaboré par Manuel Castells (on retrouve le texte de Castells à ce propos dans l'épilogue) pour faire un essai complet sur la façon dont la culture hacker, née dans les années 1960 au MIT, pourrait être l'esprit de cette nouvelle ère de l'information, caractéristique de la société d'aujourd'hui, la société dite « en réseau », toujours selon Castells.

C'est un défi de taille et surtout, ô combien original ! À mon avis, Pekka Himanen a très bien réussi.
Son observation et son analyse des phénomènes culturels à l'ère de l'information, dans laquelle l'économie, le travail, tout est décentralisé et va de plus en plus vite, me semble juste et demeure tout à fait pertinente.

Depuis le paradoxe du « temps optimisé », dans lequel, pour se libérer, réduire leur temps de travail et passer plus de temps de qualité à la maison et pour les loisirs, les gens même de l'élite qui utilisent les technologies pour y arriver finissent par tomber dans un état où ils ramènent avec eux la nécessité d'optimiser même leur temps libre ce qui les fait tomber dans le pire état d'esclavage, toujours occupé et obligé de courir dans tous les sens pour ne rien manquer, jusqu'à l'employé qui, pour être flexible et s'adapter à ce monde en perpétuel changement, va suivre les préceptes d'un gourou du développement personnel qui lui montre comment se « reprogrammer », exactement comme s'il était un ordinateur, tout y est pour nous faire vraiment réfléchir à notre existence, et même rire de notre mode de vie...

Pour son ouvrage, Himanen s'inspire également en grande partie de celui du sociologue Max Weber, « l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme », pour proposer son éthique hacker, qui en est comme une espèce de contrepartie.

Et pourquoi pas ? Ces inventions technologiques au fondement de notre nouvelle société – Internet, la Toile, l'ordinateur personnel et le système d'exploitation open source Linux – ont toutes été faites dans un même esprit, celui des hackers, à ne pas confondre, d'ailleurs, avec les crackers, terme que Pekka emploie pour désigner ces pirates informatiques malveillants en les distinguant de ces « grands » tels Steve Wozniak, l'homme derrière le premier ordinateur personnel et Tim Berners-Lee, à l'origine de la Toile, notamment. Cet esprit, donc, selon lui, serait notre planche de salut à nous tous pour réussir à naviguer dans ce monde devenu parfois si embêtant, éclaté, pour ne pas dire...perdu.

Contrairement à celui que l'on retrouve dans l'éthique protestante, l'esprit hacker est centré autour de la passion, du jeu, et non du travail (la plupart des programmeurs influents ont développé leurs idées en pyjama, en dehors des heures de bureau), de la créativité, du souci des autres, souci de les emmener vers l'évolution avec soi, libérer, rendre accessible au plus grand nombre possible les progrès et l'information.

Dans cette optique, il y a un renversement. Ce sont les grands hommes d'affaires tels que Bill Gates, à la tête de Microsoft, par exemple, qui deviennent les criminels, les pires exemples de pirates de l'informatique de l'histoire. Les fameuses licences de ce célèbre milliardaire, qui servent à faire de la rétention d'informations, sont associées à cette mentalité capitaliste et protestante, mentalité centrée autour du travail et de l'argent, qu'il s'agit de dépasser par l'éthique hacker, pour ne pas laisser sombrer l'humanité dans cet avenir incertain.

Bref, que de bonnes idées pour se sortir des marasmes et des états de crise...C'est un ouvrage très brillant. Éclairant. À lire... Et à relire...

Ce n'est pas dans le livre mais, aujourd'hui, on pourrait se demander...Les dirigeants de Pfizer et autres pharmaceutiques qui ont développé les vaccins contre le covid-19. Avec leurs brevets, sont-ils dans l'esprit hacker ou plutôt dans l'esprit de Microsoft ?
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L'oeuvre de Manuel Castells annonce l'avènement de l'ère de l'information ; ce n'est pas une nouvelle utopie qu'il s'agit de confondre avec un progrès (le progrès est une notion qui n'a pas de sens en soit sinon par rapport à un système de valeurs) ; ce n'est pas une nouvelle Terre Promise précise t'il dans sa postface au livre d'Himanen. L'ère de l'information selon Castells est un nouveau paradigme technologique (adaptation à l'histoire des techniques du concept de paradigme inventé par Kuhn pour l'histoire des sciences) qui est en train d'émerger en même temps que le paradigme industriel est en train de perdre son rôle moteur dans l'histoire (sans disparaître toutefois, il faudra toujours des usines ne serait-ce que pour construire des ordinateurs). le paradigme industriel émergea suite à un maîtrise de plus en plus répandue de l'énergie (vapeur, électricité, énergies fossiles…) ; le paradigme informationnel résulte de la diffusion massive des technologies de traitement de l'information. Ces deux paradigmes se traduisent par la montée en puissance de certains types de mentalités, de mécanismes et d'habitudes mentales ou habitus. Pour le monde industriel et capitaliste le sociologue Max Weber avait mis en relation son émergence avec une forme de mentalité qu'il désigna dans le concept d'éthique protestante dans son ouvrage célèbre l'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme. Dans cet ouvrage, paraphrasant le titre de Weber, Pekka Himanen croit pouvoir associer à l'émergence de la société informationnelle la montée en puissance d'un certain type de mentalité, une éthique, celui des passionnés d'informatique les hackers. Cette mentalité s'oppose à l'éthique protestante essentiellement dans son rapport au travail et son rapport à l'argent. Contrairement à la mentalité protestante, valorisant le travail pour lui même considéré comme étant consubstantiel à la condition humaine (hors du travail point de salut), l'éthique hacker ne conçoit d'intérêt pour un travail que par rapport au plaisir qu'il peut donner à celui qui le fait et aussi à l'utilité de ce travail ; pour le hacker le travail doit être un plaisir mais aussi avoir un sens. le travail n'est donc pas essentiellement relié à la nécessité de se nourrir (avoir un toit etc.). Ces problèmes là sont sensés déjà être résolus. Une autre valeur essentielle de l'éthique hacker est le souci de partager (pas forcément gratuitement mais le plus possible) l'information ; ce trait se heurte à la notion de propriété intellectuelle ou industrielle dans la forme qu'elle revêt dans l'éthique protestante. Sans nier complètement la notion de propriété intellectuelle, le hacker répugne à vendre l'information si cela doit entraver sa diffusion ; il parie essentiellement sur le fait que la diffusion favoriserait progrès et innovations. En programmation, la diffusion d'un logiciel sous licence Open Source (comme Linux) permet à tout nouvel acquéreur d'améliorer celui-ci s'il en a le talent et la motivation; libre à lui par la suite de diffuser la version nouvelle s'il estime qu'elle peut rendre services à d'autres utilisateurs.
Ce livre invite à la relecture ou la lecture du classique de Max Weber sous un angle inattendu. Les nombreux parallèles et références aux textes religieux ( de Saint Augustin aux pères du désert en passant par Saint Benoît et les pasteur luthériens) sont à la fois surprenants et ingénieux.
La question se pose maintenant de la portée ou de la pertinence de ces concepts d'éthique protestante et d'éthique hacker ; qu'est-ce qu'on va pouvoir bien faire avec ça, sinon décrire des évolutions historiques d'une manière plutôt commode quoiqu'un peu trop générale. On n'a le sentiment d'un bel exercice un peu vain et sans portée pratique. Tant mieux peut être ; Himanen est sans doute un hacker de la philosophie sociale ; il trouve du plaisir à en faire et cela lui suffit ; à d'autres de poursuivre, de contester, d'affiner. Faut-il s'inquiéter de l'utilisation idéologique possible dans l'avenir de tels concepts?
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Si je devais résumé ce livre, l'éthique hacker, en un mot : "passion".

J'avais découvert ce livre via une conférence d'Etienne CHOUARD chez ThinkerView. A en entendre le thème et la description succincte, je savais que j'allais y trouvé une réflexion fraiche et intéressante.

J'ai particulièrement apprécié la structure établie pour l'exposé : chaque partie est bien définie et se suit logiquement tant et si bien que le fil de pensée est limpide. Quant au fond et à la forme, il n'y a rien à dire, si ce n'est une correction des coquilles/mots manquants à revoir, notamment aux chapitres 5 et 6 (vu les fautes que je peux faire moi-même, je n'en tiens pas rigueur).
Sur le fond : l'intérêt que j'ai eu pour ce bouquin a été soulevé par son thème (et titre) : l'Ethique Hacker. L'idée vague que je m'en faisais a été corroborée par les premières pages, avant d'être développée plus en profondeur. Il est important de mentionner les préfaces et avant-propos qui accompagnent parfaitement la mise en bain.

En constant rappel de l'oeuvre majeure de Weber (L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme - que je n'ai pas lu mais dont la référence est omniprésente dans mes lectures actuelles) ce livre propose une lecture alternative et bien plus réjouissante de ce que pourrait être le monde d'un point de vue Hacker; vision dans laquelle je me retrouve beaucoup.
En totale opposition avec l'éthique protestante (quasi monastique), l'éthique Hacker montre la possibilité d'un paradigme totalement différents dont les qualités sont avant tout : plaisir, ouverture et altruisme.
Le plaisir de s'investir dans un projet intrinsèquement intéressant.
L'ouverture par le partage et l'échange en abolissant les barrirèes de la propriétés intellectuelles.
L'altruisme par le prisme d'un regard attentif aux autres et à leurs besoins, vers un objectif de bien commun.
Bien sûr, chacun de ces préceptes n'est pas une loi en soi et par conséquent, il existe une très large variété de "visions hackers", autant qu'il y a d'individus; Cependant, étant toutes liées les une aux autres, il est normale de les retrouver dans différentes mesures lors des exemples qui peuplent cet ouvrage. D'ailleurs, j'ai beaucoup apprécié la quantité et la précision des notes et sources qui apportent beaucoup de crédit à l'ensemble du développement.

Enfin, le rapprochement de l'étique hacker avec l'ère de l'information amène un tout autre regard sur le monde actuel (malgré un livre qui a 17 ans, et donc a vieillit très vite dans un univers où la technologie progresse plus vite que l'éducation). le paradigme de l'ère de l'information est un outil puissant pour analyser la société dans ses rapports globaux.

En tous points un livre qui fait réfléchir et qui révèlera peut-être en vous un hacker qui s'ignore et vous aidera à remettre en question les schémas de référence que votre esprit s'est construit au cours de votre vie, afin d'appréhender le monde avec un regard nouveau et bien plus : passionnant !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
En plus de renforcer la position de l'argent, la nouvelle économie a aussi donné plus de poids à la notion de propriété, élément clé du vieil esprit du capitalisme, en l'étendant à l'information à un degré jamais atteint. Dans l'économie de l'information, les entreprises gagnent de l'argent en essayant de posséder l'information grâce à des brevets, des marques déposées, des droits d'auteur, des accords de confidentialité et d'autres moyens. En fait, l'information est si bien gardée que lorsqu'on se rend dans une des entreprises de ce secteur, on ne peut s'empêcher d'avoir parfois l'impression qu'avec tous ces verrous destinés à protéger l'information, elles ressemblent à des prisons de haute sécurité.
En totale contradiction avec cette éthique protestante de l'argent revue et corrigée, l'éthique hacker des informaticiens met l'accent sur l'ouverture. [...] l'éthique hacker, telle qu'elle est définie dans le « Jargon file », comprend la croyance selon laquelle « le partage de l'information est un bien positif puissant. C'est un devoir éthique pour les hackers de partager leur expertise en écrivant des logiciels libres. »
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our les hackers, le mode caractéristique de fonctionnement administratif qui consiste à avoir des réunions sans fin, à créer des commissions pour un oui ou pour un non, à rédiger des rapports sans intérêt, etc., avant que quelque chose ne soit entrepris est au moins aussi pénible que de lancer une étude de marché pour justifier une idée avant de commencer à travailler dessus. Cela irrite autant les scientifiques que les hackers quand l'université se transforme en monastère ou en bureaucratie administrative.
Toutefois l'absence relative de structures ne signifie pas qu'il n'y en a pas. En dépit de son tumulte apparent, le hackerisme n'existerait pas plus dans un état d'anarchie que la science. Les projets hacker et scientifique ont leurs personnalités phares qui servent de guide à l'image d'un [Linus] Torvalds dont la tâche est d'aider à déterminer l'orientation et à soutenir la créativité des autres.
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La technologie sans-fil - à l'instar du téléphone portable - n'est pas en soi une technologie de liberté ; cela peut être aussi une « technologie de l'urgence ». Il arrive souvent que chaque appel devienne un appel urgent et que le téléphone mobile se transforme en un instrument de survie pour les obligations quotidiennes.
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La liberté d'expression est un moyen pour devenir membre actif de la société, recevant et articulant différentes opinions. La vie privée assure à chacun la possibilité de se créer un style de vie personnel alors que la surveillance est utilisée pour persuader les gens de vivre d'une certaine façon ou pour refuser la légitimité à des modes de vie en passe de s'implanter. L'auto-activité met l'accent sur la réalisation d'une passion personnelle au lieu d'encourager une personne à être un simple receveur passif.
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Les hackers veulent réaliser leurs passions et ils sont prêts à accepter que la poursuite de tâches intéressantes ne soit pas toujours synonyme de bonheur absolu.
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