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3,56

sur 1305 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Décidément, avec ce livre, K. Ishiguro rentre dans le cercle tres restreint des auteurs dont je veux lire absolument tout!
L'histoire est racontée du point de vue de Klara, un robot doté d'une intelligence artificielle, qui est acheté pour soutenir Josie, une adolescente malade et solitaire. Dans un futur - et la proximité de ce futur est l'une des principales questions du livre - où les machines sont programmées pour comprendre et remplacer les humains, et où les humains sont conçus pour être plus performants, on se retrouve avec une société qui est de plus en plus divisée, socialement et intellectuellement parlant.
Dans le cercle social de Josie, Klara devient rapidement la confidente de nombreux personnages, principalement parce qu'elle est programmée pour rendre service et parce qu'elle est incapable de suivre des intérêts propres. Elle est entièrement dévouée au bien-être de Josie et elle élabore un plan qui, selon elle, aidera l'enfant à retrouver la santé...
Klara et les autres IA qui ont leur propre dieu à vénérer, le Soleil, dont ils tirent leur force, leur croyance en lui et en sa capacité à accomplir des miracles n'est pas sans rappeler les croyances mythiques et parfois primitives des humains.
Ce livre a soulevé de nombreuses questions pour ma part. La vie artificielle, peut-elle un jour devenir si avancée qu'elle est capable de reproduire ce qui nous rend humains ? Si les IA existaient, les traiterions-nous comme des formes de vie ou les rangerions-nous dans le placard sans arrière-pensée ? Est-ce que le désir d' "élever" les enfants, leur demander toujours plus au détriment de leur santé et de leur bonheur sera malheureusement trop commun dans un futur proche ?
Ce que c'est d'être artificiel et ce que c'est d'être humain ? Ces deux espèces, sont-elles vraiment si différentes ? Lorsque Klara est ignorée, j'ai eu de la peine pour elle. Et, comme Klara, nous avons tous besoins du soleil.
Dans ce roman, K. Ishiguro a créé une société dystopique qui est à la fois déconcertante et familière. Nous nous enfonçons peu à peu dans ce monde, avec Klara. Comme nous ne disposons que de ses observations, notre vision du monde est limitée. Au fur et à mesure que l'histoire progresse, Klara devient plus consciente de son environnement et des interactions entre les humains, ce qui fait qu'on se pose la question de son évolution, jusqu'au où??
La plume de l'auteur est envoutante et tres particulière, j'ai été troublée par ce conte futuriste, comme c'est le cas aussi pour le précédent roman de l'auteur, Auprès de moi toujours, et je l'ai fermé en me posant encore une question : ET SI....?


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Kazuo Ishiguro, né en 1954 à Nagasaki, est un écrivain et romancier britannique d'origine japonaise. Arrivé en Angleterre en 1960, ses parents ne pensant y rester que temporairement, ils préparent l'enfant à poursuivre le reste de son existence au Japon mais ce retour ne se fera pas. Ishiguro suit ses études de littérature et de philosophie dans les universités du Kent et d'East Anglia et il reste de manière définitive en Angleterre, vivant à Londres aux côtés de sa femme écossaise. L'écrivain a reçu le prix Nobel de littérature en 2017. Klara et le soleil, son nouveau roman, vient de paraître.
Si vous avez vu la série télé Real Humans ou lu Une Machine comme moi de Ian McEwan, vous ne serez pas trop dépaysés par ce roman, mais Kazuo Ishiguro place la barre plus haut et nous offre un livre extrêmement émouvant.
Klara est une androïde, de la série AA (Amie Artificielle), créée pour tenir compagnie aux enfants et adolescents. de sa vitrine, dans le magasin, elle observe les allées et venues dans la rue et attend qu'on veuille bien la choisir. Quand Josie, quatorze ans, entre avec sa mère, c'est le coup de coeur réciproque immédiat…
Très vite il apparaît que Josie souffre d'une maladie, non identifiée mais dont l'issue risque d'être fatale à plus ou moins long terme ; fatigue intense et embellie se succèdent. Sa mère, divorcée s'inquiète, de même que Rick, son petit ami et voisin. Klara veille au grain tout en observant avec précision tout ce qui se passe autour d'elle, tentant d'apprendre en accéléré tous les ressorts de l'âme humaine, les sentiments qui nous animent, pour servir au mieux et devancer les faits et gestes de Josie. Cet intense travail d'apprentissage qui fait du robot une quasi humaine va aboutir à une proposition désespérée de la mère de Josie…
Tout est magnifique dans ce roman et il n'est pas nécessaire d'être un devin pour lui prédire un fameux succès. L'écriture, ouatée, douce, sans élévation de ton mais tellement plaisante pour cela, plonge le lecteur dans la sérénité et que dire de la profonde empathie de l'auteur pour ses personnages. le roman se déroule à une époque future mais pas si lointaine, différent peu de la nôtre à première vue, si ce n'est que régulièrement de petits détails ou situations dont on ne connaitra pas souvent la réelle signification, intriguent et inquiètent un peu sur ce dit futur ; tout du long, nous sommes intrigués. Ca c'est pour la forme.
Quant au contenu, il nous submerge par ses émotions. L'amitié mais surtout l'Amour est au centre de ce roman, l'amour dont Josie est la cible pour tous les acteurs : sa mère, son petit ami, Klara, la gouvernante, son père etc. Chacun l'aimant à sa manière ce qui rend pour Klara la tâche plus difficile pour décrypter la complexité du coeur humain « Cette chose qui rend chacun de nous spécial et unique ». Klara réduira, au-delà de ce qu'on pouvait imaginer de la part d'un robot, l'écart entre la machine et l'homme pour sauver Josie. Y parviendra-telle et à quel prix ?
D'autres thèmes se glissent dans ce livre magistral que tout le monde va lire, donc je n'insiste pas.
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Lu il y a quelques années, je me souviens de ce roman et de ce personnage Klara, plus humaine que bien des humains.

Je me souviens de sa curiosité, de sa découverte du monde.

Je me souviens de ce monde qui paraissait improbable et qui 3 ans plus tard (2 ans seulement) ne l'est finalement plus tant que cela... en tout cas pour des machines comme Klara.
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Klara et le soleil est un magnifique roman de mon point de vue.
C'est le genre de roman que vous n'oubliez pas, auquel vous repensez régulièrement, tant l'histoire, le style et le sujet vous ont interpellé.
Une fois de plus, je suis impressionnée par la qualité d'un auteur japonais, ici Ishiguro.

L'histoire est à la fois originale, improbable et si réelle à la fois. L'auteur imagine dans un futur proche, la présence d'un robot de compagnie, Klara, pour une jeune fille malade, Josie. le roman se concentre d'abord sur Klara, sa vie, puis sa rencontre avec Josie, enfin leur vie ensemble au sein du foyer familial. L'auteur décrit la solitude de Josie, son angoisse de vie, le désarroi de la mère.
C'est une histoire d'amitié, une histoire sur l'affectif dans nos sociétés modernes, la maladie et la dépendance des liens au sein de la famille.
Malgré un début de récit un peu lent, il y a un point de bascule à la moitié du roman qui donne une autre dimension à cette histoire.
Ces robots de compagnie ont tout de l'apparence de l'être humain, ils savent décrypter les émotions et apprendre de leur expérience en étant capable d'empiler des connaissances.
L'écriture est magnifique, à la fois poétique et sensible, j'aime parler de dentelle dans ces cas là, c'est du biscuit !
Je recommande vivement la découverte de cet auteur, avec ce roman ou un autre d'ailleurs.
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Ishiguro reprend dans cette fiction toxique le ton neutre et détaché d'Auprès de moi toujours. Dans un futur où tout semble familier, hors la présence d'AA (Amis Artificiels), « la mère » cherche une compagne pour sa fille Josie. Elles hésitent : faut-il prendre un B3, le dernier modèle ? Ce sera plutôt Klara, un B2 de troisième série qui fait forte impression à Josie dès le premier contact. Klara est installée dans la belle maison où « la mère » vit seule avec sa fille et la gouvernante Melania. Cette dernière, dont le prénom évoque la noirceur par opposition à Klara et son Soleil, est une femme simple, d'origine étrangère, tenue à l'écart. Elle aime Josie et se méfie de Klara. La maison est très isolée. le plus proche voisin est Rick, ami d'enfance et confident de Josie, qui vit seul avec sa mère. Ces deux-là sont pauvres. Rick est le fils « non relevé » d'un père « substitué » et l'on devine, sans guère d'indices, que dans cette nouvelle société d'autres enfants bénéficient d'une édition génétique qui demande des ressources, par exemple un père inséré, non chassé de son emploi.

Passons sur l'intrigue et sur le meilleur des mondes. le pivot est Klara, seul personnage non humain mais chargé de la narration. Elle est programmée au respect de ses propriétaires et parle avec une politesse surannée, généralement à la troisième personne. Ses mots les plus fréquents pour justifier ses initiatives sont « Excusez-moi » ou « Je suis désolée ». Experte dans la reconnaissance du langage non verbal, elle utilise une verbalisation conventionnelle qui enrobe et voile l'information que le lecteur attend. Sa mission est de protéger Josie, qui est malade, et de l'accompagner dans le passage de l'adolescence. « La mère » commence par la sous-estimer : « Ça doit être agréable de n'avoir pas de sentiments. Je t'envie ». Je réfléchis avant de répondre : « J'ai beaucoup de sentiments, j'en suis persuadée. Plus j'observe, et plus les sentiments auxquels j'ai accès sont nombreux. » Elle rit de façon inattendue, me faisant sursauter. « Dans ce cas, tu ne devrais peut-être pas être aussi empressée d'observer. » (p 130). de fait les algorithmes d'apprentissage de l'intelligence artificielle forte la font rapidement progresser. A la question « du père » : « Alors permettez-moi de vous poser cette question. Croyez-vous au coeur humain ? […] le coeur dont vous parlez. Il est possible que ce soit la partie de Josie la plus difficile à apprendre. Comme une maison avec beaucoup de pièces. Même ainsi, une AA dévouée, si elle dispose d'un certain temps, pourrait visiter chacune de ces pièces, les étudier tour à tour avec soin, et finir par les habiter comme sa propre maison » (p 275-6). de fait « la mère » et « le père », sous l'influence de l'homme qui prépare un effrayant portrait tridimensionnel de Josie, envisagent que Klara pourrait remplacer Josie si la maladie l'emportait. Dès lors ces parents qui n'admettent ni le deuil ni la solitude quittent l'humanité qui devient l'apanage de l'AA. Dans le Happy End qu'Ishiguro s'amuse à écrire après un sacrifice naïf de Klara au Dieu Soleil, Josie est guérie et abandonne sans remords Klara dans un cagibi.

Dans le style bénin propre à Ishiguro, ce roman illustre un abandon affectif et éthique de l'homme à la machine, à l'instar de l'abandon d'Ésaü à Jacob de son droit d'aînesse.

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d'un auteur bien connu et dont j'avais déjà lu quelques livres , j'étais curieux de découvrir son approche des AA. me voilà satisfait ! par une écriture douce et illustrée , l'auteur met en' scène une AA de la mise en vente jusqu'à la fin de vie ; l
essentiel se passant dans un milieu familial marqué par une maladie et une histoire sombre . l'histoire est subtile et ne tombe pas dans les chausse trappes de la science fiction de bas étage ; ici il s'agit plutôt de mettre les AA dans notre quotidien et cela est fait d'une façon attachante et poétique
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Bonne surprise !

Klara, c'est une AA, une amie artificielle, un robot destiné à devenir l'ami d'un enfant. Et on va suivre Klara depuis la boutique où elle est à vendre jusqu'à son déclin.

De la société où va vivre Klara, on n'a pas d'image précise, on devine que certains sont des privilégiés, autorisés à étudier et avoir une belle vie, protégée, à l'abri et en sécurité. Et que d'autres, soit qu'ils n'ont pas été "relevés", soit qu'ils aient eu envie de sortir de leur cage dorée, vivent à l'extérieur de ce happy few, et sont en proie aux conflits, à la survie et autres joyeusetés. C'est le cas du père de Josie, la petite fille qui a choisi Klara comme AA.

Josie vit avec sa mère, et elle est malade, comme sa soeur avant elle, Sal. Son voisin, Rick, est aussi son meilleur ami, et elle lui est restée fidèle bien qu'il n'ait pas été relevé. Mais Josie est malade, et risque de mourir. Et Klara, le robot, dotée de davantage d'empathie qu'on aurait pu s'y attendre, va tenter de tout faire pour la sauver, allant jusqu'à conclure un pacte étrange avec... le Soleil.

De lecture fluide et plaisante, tout en douceur et sans gros éclat final, Klara et le Soleil amène le lecteur à se poser de nombreuses questions sur l'intelligence artificielle et les limites de son utilisation. le robot, Klara, qui est le narrateur, est bien plus sympathique et "humain", étonnamment, que la plupart des protagonistes, exceptés peut-être le père de Josie, Rick et Gouvernante Melania.

Jusqu'à quel point l'IA peut-elle remplacer l'humain ? Voilà la question que je perçois en filigrane à travers ce roman, question que l'auteur finalement esquive.

J'ai beaucoup aimé ce roman, même si le sort de Klara m'a beaucoup émue, tant d'abnégation et de sacrifices pour... Quoi au final ? Mais après tout, ce n'est qu'un robot, à quoi bon avoir de la compassion pour un robot ? A mon sens, parce qu'on est humains, et que si on commence "à trier" qui "mérite" et qui "ne mérite pas", c'est là justement que nous commençons à perdre notre propre humanité.

Merci Klara, et merci Kazuo Ishiguro pour ces questions passionnantes que je ne me serais certainement pas posées, ou en tous cas pas de cette façon, si je n'avais pas lu ce livre.
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Connaissant l'écriture de Kazuo Ishiguro avec Nocturnes (nouvelles), Auprès de moi toujours, et le géant enfoui, je savais qu'il excelle dans l'art de l'indéfini. C'est mystérieux et prenant si on se laisse porter mais j'avoue de la frustration : je n'ai pas réussi à me saisir de ce que ce robot au prénom féminin nous décrit et il y a tellement de questions sans réponses... j'ai eu du mal à me faire mes propres images et ma propre histoire.
Kazuo Ishiguro, Nobel anglo-saxon, a gardé du Japon cette sorte d'incommunicabilité, cet "indirect", et cette capacité à créer une atmosphère envoûtante pas toujours accessible. J'y trouve un charme qui laisse une trace, il y aura donc sûrement une autre incursion dans l'univers de l'auteur.
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Sous un atour de gentil roman futuriste et un peu sentimental, Kazuo Ishiguro touche ici a beaucoup de choses qui nous regardent. Notre place dans le progrès, l'ultra moderne solitude, nos responsabilités et notre courage en temps que parent, le chantier que peut être une vie de famille, nos responsabilités devant ce qu'on crée... Klara et le soleil semble placé, poétiquement, bien au centre de nos névroses du moment. On ne peut qu'être éclairé par sa lecture.
De même son apparente simplicité d'écriture recèle une belle profondeur, un travail des images qui éclairent le récit de par l'ambiance, la fluidité de l'écriture. Je n'ai qu'un bémol sur ce point, lorsque le récit s'accélère, aux trois quart peut-être. Ishiguro retombe tout de même (et même en pinaillant) sur ses pieds pour une conclusion sans un reproche, d'un volume à recommander chaudement.
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Un roman qui laisse perplexe au début puis qui, au fil des pages, dévoile une douceur et une lumière infinies. C'est en refermant le livre que je me suis aperçu à quel point j'étais attaché aux personnages. Chapeau bas à la traductrice, la plume est absolument incroyable !
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