Arrive a la derniere page, j'ai l'impression, non d'avoir lu un livre, mais d'avoir contemple une affiche de propagande bolchevique des annees vingt, illustrant en couleurs primaires des personnages coupes a la hache.
La trame est simple: Septembre 1919. Vladivostok, occupee par un contingent japonais allie des blancs du marechal Koltchak, est en ebullition. Un soulevement populaire se prepare. Pour l'empecher, ou le mater, le train blinde no. 14-69, sous le commandement du capitaine Necelassov, roule vers la ville. Mais dans les monts Sopki attenants, des paysans se rassemblent, le pecheur Verschinine a leur tete, pour l'attaquer en route. Ils essaient de faire voler un pont, sans succes, ce sont les dinamiteurs qui se font exploser. Ils arrivent quand-meme a entasser des poutres sur la voie, le train s'arrete, et c'est l'assaut, sauvage, furieux, meurtrier, mais finalement victorieux. le train est rouge! Il entrera dans une ville en liesse. La ville est rouge!
En de courts chapitres, passant d'un environnement a un autre, pointant tres synthetiquement le temps et le lieu, Ivanov essaime les episodes, les peripeties, les anecdotes, sans aucun fond psychologique, mais riches en pathos, utilisant surtout des dialogues et des discussions entre des gens frustes, dialogues dont la saveur est peut-etre justement dans leur incoherence.
Ce petit livre, et d'autres oeuvres du meme acabit, chants a la gloire du petit peuple qui a lutte pour la victoire des bolcheviks, ont valu a Ivanov une gloire precoce, qui n'a pas dure. Non qu'il ait ete poursuivi, mais qu'on ait simplement fini par comprendre que ce n'etait pas un grand ecrivain.
Et moi j'ai lu ce livre comme un temoignage sur l'enthousiasme de beaucoup d'ecrivains pour la cause revolutionnaire en ces temps-la. Et je lui ai quand-meme trouve un certain charme…
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