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EAN : 9782909589084
189 pages
Interférences (08/10/2003)
3.83/5   3 notes
Résumé :
En pleine guerre civile, dans une ville dévastée par la famine où l'herbe pousse dans les rues et où l'on nourrit les animaux du zoo avec les cadavres des condamnés à mort, une femme de lettres surnommée "la Madone décadente", qui tenait avant la révolution un salon célèbre dans les milieux intellectuels, note au jour le jour ses impressions et des détails hallucinants de la vie quotidienne des habitants de Petrograd en l'an 1919
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Librairie Texture-94 av. Jean Jaurès-Paris 19e- En fouinant dans le Fonds "Littérature "...12 mai 2022

Pépite immense même si terriblement sombre et dérangeante !...

La découverte totale de cette auteure russe,surnommée "La Madone décadente " ou "La Sorcière ", qui fût très célèbre et active en son temps...cet ouvrage est des plus marquants et interpellant, même et ..encore plus aujourd'hui!

La préfacière et traductrice, Sophie Benech, explique parfaitement la genèse de ces textes ainsi que le parcours de cette "rebelle"...

"Aujourd'hui, nous savons que tout ce que raconte Zinaïda Hippius est vrai, qu'il n'y a pas dans ces lignes la moindre exagération : oui, le régime bolchévique a été dès ses premières heures un régime de terreur, oui, il fusillait et allait fusiller à tour de bras pendant des décennies non seulement tous ses opposants réels, mais aussi ses adversaires en puissance ou présumés, il allait exterminer des dizaines de millions d'innocents.Oui, on arrêtait n'importe qui sous n'importe quel prétexte, on se servait de chair humaine pour la culture des bacilles dans les laboratoires, on nourrissait les animaux du zoo avec les cadavres des fusillés (..)
Et il ne s'agissait pas d'un chaos provisoire dû à des circonstances historiques exceptionnelles, mais d'une terreur d'État systématique mise en place par Lénine, au nom d'une idéologie totalitaire. L'une de ces idéologies qui ont sévi durant ce siècle et qui, toutes, se sont caractérisées par un mépris absolu de la personne humaine.(p.13)"

Un journal, des notes rédigés entre 1914 et 1920, qui raconte le quotidien insupportable causé par Lénine et les bolchéviques : la Terreur qui est survenue très rapidement après la Révolution de 1917, l'approvisionnement de plus en plus problématique, la faim, le froid, le blocus mis en place par l'Europe....les emprisonnements, les persécutions,les arrestations les plus arbitraires, la paranoïa généralisée,etc...

Ce qui m'a particulièrement frappé dans les propos et les observations pleines de clairvoyance (résonnant doublement dans l'actualité présente de la tragédie ukrainienne) de Zinaïda Hippius , c'est sa colère monstre envers l'Europe, et le monde, dans son ensemble , de ne pas voir ou de ne pas avoir voulu voir les Mensonges de l'État russe et les souffrances du peuple écrasé, déshumanisé par le nouveau régime communiste...

Elle interpelle encore et encore...pourquoi L'Europe ne veut pas voir l'atroce vérité du nouveau régime ?

L'auteure a pu échapper au régime et à la mort en s'enfuyant avec son mari pour la France, pour Paris; elle continuera à agir et à s'engager de l'étranger pour ses compatriotes et à tenter de faire prendre conscience aux français et européens des réalités monstrueuses, se poursuivant dans son pays...

On est "époustouflé " de constater que ces précieux écrits rédigés dans la tourmente , la peur et des conditions aient pu arriver jusqu'à nous !
Une valeur documentaire unique....

j' en profite, une nouvelle fois, pour exprimer mes remerciements aux éditions Interférences, à leur fabuleux travail depuis plus de 30 ans, entre le fondateur et sa fille, Sophie Benech, traductrice attitrée de la maison, nous permettant d'avoir accès à des écrits indispensables, très riches littérairement comme historiquement !

"La vie ne cessait de rapetisser, de rétrécir, elle refroidissait et se terrifiait,même le temps semblait se pétrifier. (...)
Et comme,sous le régime bolchévique,il n'existe pas de coin assez intime,d'appartement assez privé où " le pouvoir " ne puisse faire irruption à tout moment, ( c'est dans les principes même de ce pouvoir) ,il ne restait qu'une chose à faire: enfouir mes cahiers dans la terre.C'est ce que j'ai fait. de bonnes âmes les ont emportés et enterrés quelque part en dehors de la ville,je ne sais pas exactement où.
Telle est l'histoire de mon livre, de mon Journal de Pétersbourg de 1914 à 1919.(p.28)"

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Avec l'avènement des bolcheviks, l'homme à commencé à disparaître en tant qu'individu.Il n' a pas seulement disparu de mon horizon,de mon champ de vision,mais on a commencé à l'anéantir de façon générale, par principe et concrètement .Petit à petit,c'est la révolution elle-même qui a disparu, puisque toute lutte avait cessé. Là où il n'y a plus de lutte, de quelle révolution peut-il être question ?
Ce qui restait s'est réfugié dans la clandestinité si profonde, si obscure,que plus aucun bruit ne parvenait à la surface. Dans les rues de Pétersbourg, dans ses maisons,il régnait les derniers temps un silence effrayant, le silence des esclaves que l'esclavage a réduit à un isolement absolu.(p.25)
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Histoire de mon journal

(..)Mais il faut dire,et c'est tout à l'honneur de l'intelligentsia russe,que la plus grosse partie des intellectuels, l'écrasante majorité, est constituée de gens "qui se sont résignés",des gens qui,au prix d'immenses souffrances et en serrant les dents,portent la croix en fonte de leur vie.Ceux-là sont seulement coupables de ne pas être des héros, ou plutôt, ils sont des héros ,mais pas des héros actifs.Ils ne vont pas activement au-devant d'une mort immédiate, la leur et celle de leurs proches;mais porter une croix en fonte,c'est aussi une forme d'héroïsme, même si c'est un héroïsme passif.(p.39)
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Préface de la traductrice, Sophie Benech

(...)
Aujourd'hui, nous savons que tout ce que raconte Zinaïda Hippius est vrai, qu'il n'y a pas dans ces lignes la moindre exagération : oui, le régime bolchévique a été dès ses premières heures un régime de terreur, oui, il fusillait et allait fusiller à tour de bras pendant des décennies non seulement tous ses opposants réels, mais aussi ses adversaires en puissance ou présumés, il allait exterminer des dizaines de millions d'innocents.Oui, on arrêtait n'importe qui sous n'importe quel prétexte, on se servait de chair humaine pour la culture des bacilles dans les laboratoires, on nourrissait les animaux du zoo avec les cadavres des fusillés (..)
Et il ne s'agissait pas d'un chaos provisoire dû à des circonstances historiques exceptionnelles, mais d'une terreur d'État systématique mise en place par Lénine, au nom d'une idéologie totalitaire. L'une de ces idéologies qui ont sévi durant ce siècle et qui, toutes, se sont caractérisées par un mépris absolu de la personne humaine.(p.13)
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La vie ne cessait de rapetisser, de rétrécir, elle refroidissait et se terrifiait,même le temps semblait se pétrifier. (...)
Et comme,sous le régime bolchévique,il n'existe pas de coin assez intime,d'appartement assez privé où " le pouvoir " ne puisse faire irruption à tout moment, ( c'est dans les principes même de ce pouvoir) ,il ne restait qu'une chose à faire: enfouir mes cahiers dans la terre.C'est ce que j'ai fait. De bonnes âmes les ont emportés et enterrés quelque part en dehors de la ville,je ne sais pas exactement où.
Telle est l'histoire de mon livre, de mon Journal de Pétersbourg de 1914 à 1919.(p.28)
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Le Bloc-notes gris

(...)Aujourd'hui, décret sur le recrutement dans l'Armée rouge de tous les étudiants qui restent encore, cette fois sans la moindre exception.Ceux qui ne sont pas bons pour le service, dans les camps! On ne laisse à Pétersbourg que ceux qui sont alités.
Ce recrutement est une mesure punitive.Les étudiants sont considérés comme une opposition latente.C'est pour les mater.
Quels sales froussards ! Il est vrai que les étudiants sont effectivement tous contre les bolcheviks, mais ils sont complètement impuissants : d'abord, ils se comptent sur les doigts de la main, et cela fait longtemps qu'il n'existe plus aucune université à proprement parler. Deuxièmement , ces malheureux étudiants, même s'ils sont employés dans des institutions soviétiques, titubent de faim, et sont totalement incapables de quoi que ce soit.( p.
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