J'écris
Ma maison dort
Mais je sais que
Je dors dans ma maison
(Et la maison sous les lierres enlacés
n'est que la coquille claire de l'été)
Dormir ne peut que m'inciter
à tenir ensorcelé le feu
que ma maison protège
Un acte est un acte
Et ma maison crache
un feu de neige.
Chemin qui me suit,
qui me donne un sillage d'empreintes.
Langue où vivent, innombrables,
les oursins du poème,
je t'aime. Ai-je besoin d'aimer
ma parole, mon visage ?
Mes nerfs, mes mots, mes rêves
vont dans mon feu
caresser ce cœur pour lequel
je garde ma demeure.
L'hiver est insolite
puisque le gel provoque
un fracas d'arbres noirs.
J'aiguise un mot « feu »,
il n'en reste ici même
qu'une lueur sans veines,
expiration d'orchidée
sous la serre chaude
de mon corps…
L'hiver, le feu, le givre
ont assiégé ma chambre.
La nuit éclate et disperse
les membres déchiquetés
que je gardais pour l'ombre.
Une voix désespérée
lacère ma chaleur.
Hommage d'E. Savitzkaya à Jacques Izoard