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4,04

sur 887 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Massilia cafoutche

Une virée dans les rues De Marseille, juste pour me trouver des raisons de relire ce premier volet de la trilogie marseillaise de Jean-Claude Izzo.

Le passé de Fabio Montale vient de se prendre une belle claque.
Le flic marseillais aux illusions perdues est proche du protocole commotion.
Manu, un ami d'enfance trempé dans les trafics jusqu'à la moelle s'est fait dessoudé. Pour le venger, Ugo, avec lequel Fabio et Manu ont fait les quatre cents coups, descend de Paris et dézingue le présumé commanditaire. Il y laisse lui aussi la peau dans une course poursuite avec la police.
C'est Total Khéops, le gigantesque désordre, le grand bordel. le mix d'IAM entremelé du blues électrifiant de Buddy Guy ou du Jazz salsa de Dizzy Gillepsie est lancé sur les platines.
Les cadavres se mettent à pleuvoir au beau milieu des chants de cigales glorifiant un cagnard impitoyable d'aisance dans le ciel bleu azur.
Leila une jeune fille avec laquelle il entretient une relation sentimentalement ambigue est également retrouvée gisante, transpersée de trois balles.
Il est temps pour Fabio de partir à la pêche dans les eaux troubles d'une voyoucratie marseillaise aux bras tentaculaires. L'exercice sera houleux, très houleux. Qu'importe, Fabio est prêt à se faire passer pour un emmerdeur et foutre le souk pour sortir de l'obscurité.
Total Khéops, monument de la série noire, est un formidable roman noir écrit à l'encre De Marseille. Des embruns emplis de poésie s'échappent des flots formés par les phrases tumultueuses de l'auteur comme un véritable catharsis au vague à l'âme qu'il éprouve pour la seule capable d'embraser son coeur. Marseille.
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F, A B, I, O BI BI BI O
Sur ma remington portative
j'ai écrit ton nom FABIO.
Fabio Montale, un nom qui sonne doux comme un chant napolitain: O sole mio, Fabio!
Ton soleil, c'est à Marseille que tu l'as trouvé, toi, le fils d'émigrés italiens.
Avec tes deux potes: Ugo et Manu, tu as fait les quatre cents coups et puis tu t'es rangé, tu es devenu flic.
Les deux autres ont mal fini, après les casses, ils ont vraiment fini par se la casser, la pipe!
Ta vie: c'est Total Khéops: un vrai foutoir comme ils disent dans la chanson d'IAM! Surtout quand tu as appris le décès de Manu dans des circonstances très louches. Tu as voulu enquêter pour connaître la vérité.
Les femmes, tu t'es arrangé pour qu'elles te quittent l'une après l'autre...
Mais quand Marie-Lou danse reggae, ça te console oh ouais!
Marie-Lou, la prostituée couleur café, tu aimes sa couleur café!
Leïla, la belle étudiante t'aime, tu la protèges de toi-même et de ton désir.
Leïla, you got me on your knees
Leïla, darling won't you ease my worried mind...
La jeune fille se fait sauvagement assassiner, arracher à un destin qui semblait si prometteur.
Ton coeur est grand, Fabio, il te faut pousser loin la barque de l'éternité pour savoir qui a tué les êtres qui te sont si chers: Manu, Leïla!

Marseille est belle sous la plume d'Izzo, elle est décrite avec tant de poésie et en même temps avec la rigueur du sociologue!
J'ai relu Total Khéops et j'ai pris le temps d'écouter les musiques qui sont citées au fil du roman: salsa, jazz, reggae, rap...
Je me suis laissée porter par les parfums du vieux port et j'ai savouré...
Un grand polar, un héros au cœur tendre, un portrait de Marseille précis et émouvant.
Tiens, je prendrais bien une petite salade de supions sur le vieux port avec un Terrane rouge de Toscane...
Et je finirais bien la soirée avec un petit Lagavulin, au doux arômes de tourbe pour fêter nos retrouvailles: mais en tout bien tout honneur, Lole est dans ta tête et ton cœur!
Ciao Fabio!
Allez Paco, sors ta guitare et joue-nous un petit air!

http://youtu.be/2oyhlad64-s
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C'est une expression que je n'ai jamais entendu dans ma ville mais qui existe. Elle a été forgée par les Impérial Asiatic Men, aussi connus sous le nom d'IAM. Elle signifie peu ou prou qu'on est face à un pharaonique bordel. Un total Khéops.

Et c'est dans ce mauvais jus antique que baigne le héros, Fabio Montale. Flic en bordure. Sur le fil. Entre deux eaux. A fréquenter le Milieu, il ne sait plus distinguer sa droite de sa gauche.

Tout lui échappe, lui file entre les doigts.

Son métier tout d'abord qu'il ne comprend plus et la politique du chiffre qui débute en ces années 90.

Puis sa ville qui s'antagonise et qui voit le Nord et le Sud, le pauvre et le riche s'éloigner toujours un peu plus jour après jour.

Ses amours n'en finissent pas de mourir en des soubresauts et des rebondissements douloureux. Son passé qui le blesse par intermittence, comme une lame furtive au creux des reins.

Chaque pas dans cette ville le renvoie à cet avant qu'il n'a pas su, pas pu retenir. Ses meilleurs amis ont avalé leurs bulletins de naissance brutalement. Manu et Ugo ont fini sur le pavé, avec des boutonnières en métal cousues à même la peau. Et lui reste là. Seul. Orphelin de l'amitié. Coupable. Sans avocat, omis d'office.

Puis autour de lui, ça continue à tomber. C'est la merde. Son présent se met aussi à lui échapper. La belle Leïla qui lui tendait les bras et qu'il ne voulait pas décevoir de son amour défectueux est retrouvée morte, violée, abattue comme un animal.

Ça déborde pour Montale. C'est le cadavre de trop à Saint-Pierre. Alors il remonte ses lignes, va pêcher au gros. Car tous ces assassinats murmurent des noms, des gros numéros dans le noir et racontent une histoire identique qu'il ne saisit pas encore.

L'intrigue, ce n'est pas ce qui m'a saisi dans ce roman.

C'est Montale. Son prisme. C'est lui le bijou. le livre de prix.

Il voit la ville et les gens d'une manière que j'ai adoré. C'est la voix de Marseille. Minérale, des phrases courtes, précises et efficaces. Violentes presque. Et puis d'un coup, derrière un virage, du beau, de la poésie, des envolées. Comme ça d'un coup, sans crier gare. C'est le Vallon des Auffes en bas des escaliers de la Corniche. C'est la calanque au milieu des roches bouillies.


Pas de panneau signalant le panorama ou le monument. Il faut mériter. Savoir errer. Se perdre. Ne pas abandonner. Ne pas juger trop vite.

Ce contraste c'est Marseille. le paradoxe sale. le ciel bleu immense au dessus d'une décharge sauvage. Une belle femme qui se noie dans un bar, dans un coin, dans un verre, dans un alcool. C'est la main qui se ferme en un poing qui casse des dents puis qui serre la main d'un ami. Chaleureusement. C'est rien. C'est tout. C'est banal et c'est merveilleux.

C'est Montale qui voit, qui vit, qui aime et a haï. Qui baise et boit, qui reprend de l'aïoli.

Il me plaît bien ce flic. Ça serait bien qu'il existe quelque part. Qu'il prenne son bateau depuis les Goudes pour se laver le coeur de la crasse marseillaise après sa journée de labeur. Et qu'il cite Louis Brauquier en mangeant des farcis.

Il livre une belle vison de cette ville, de ses gens. de sa gastronomie même. Je suis tenté de reproduire les recettes qu'il savoure. de goûter ces whisky tourbés.

Et surtout l'amour et l'amitié. Des bouées. Mais qui sont si loin au large qu'on en a les bras ankylosés et qu'on frôle se néguer. (se noyer)

Izzo c'est aussi cette faculté de mélanger dans la phrase même, dans l'encre aussi peut-être, le passé et le présent. Dans un paragraphe, on passe de l'un à l'autre sans transition brusque comme on écarte un rideau du revers de la main. C'est Montale et sa langue. Il est ce qu'il dit et ça le définit, l'influence, le maudit.

Il rumine constamment ses souvenirs, ses remords et ces derniers s'invitent constamment dans son discours. le t de présent est déjà le é de passé.

C'est la marque d'Izzo dans Montale. Ou l'inverse.

Il me tarde de lire les poèmes d'Izzo.

Isométries.
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Un polar certes, mais une immersion dans la ville de Marseille !
La cité phocéenne aux multiples ethnies, aux multiples cultures, aux multiples cultes : cette ville qui ouvre généreusement ses bras et son coeur à tous ceux arrivent d'Afrique, du Moyen Orient sans distinction, à ceux qui dealent, volent, flinguent, se prostituent et tous ceux qui jouent aux cons ! Les truands, les mafieux, les indics, les flics et les politiciens véreux avec un F.N qui prospère, les règlements de compte, les trafics divers et variés !
Oui, mais il y a Fabio Montale, fils d'immigrés ritals, assez " border-line" qui a été aussi un petit malfrat avec ses potes : Manu et Ugo mais, qui dirige maintenant la brigade de surveillance des secteurs !
Ces derniers ont été " refroidis " et, Montale cherche à trouver le ou les coupables, de plus sa protégée : Leïla, jeune étudiante à la Fac d'Aix vient d'être retrouvée violée et tuée ! Trop c'est trop : c'est le Total Khéops donc le bordel intégral : Montale au coeur tendre qui aime, qui baise, qui boit, qui déguste la cuisine marseillaise et qui pêche la dorade aux Goudes va sortir la " surmultipliée " et, va partir découvrir dans cette " jungle " : la vérité !
C'est un grand polar que Jean-Claude Izzo nous présente : une agréable découverte de cet auteur pour moi , de son style rythmé, incisif mais surtout un retour dans des lieux que je connaissais bien ! Nostalgique d'arpenter les rues, le Vallon des Auffes, le Roucas blanc, la Canebière, les quartiers Nords, les Goudes et, de savourer les spécialités culinaires savoureuses de Marseille....
L.C thématique du polar de juin : une couverture sombre.

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Waouh!
C'est violent, c'est poisseux, c'est moche; ça cogne, ça boxe et ça saigne.
Le béton est roi, la came aussi.
C'est la Marseille du milieu, des quartiers nord, des truands qui s'allient au FN pour remporter la mairie et avoir les mains libres.
La Marseille de ceux qui traînent et qui, à trop jouer aux cons, finissent aux Baumettes ou le corps criblés de balles et de piqures dans une ruelle où il ne fait pas bon vivre, depuis presque toujours quand ils ne tombent pas dans les filets de plus forts qu'eux.

Et en même temps, c'est beau, magnifique même et doux comme un air de jazz et une matinée en mer. Comme le dernier instant qui prélude au désir et à la nuit qui durera -du moins le croit-on- presque toujours.

On m'avait dit que les romans de Jean-Claude Izzo étaient aussi sublimes que noirs, qu'ils portaient entre eux autant de noirceur que de lumière. Que leur désenchantement était à la hauteur de leur poésie et je n'y croyais pas complètement.
On m'avait parlé de Fabio Montale et moi je grinçais des dents: les flics pétris d'idéaux, cabossés par la vie et qui descendent des litres de whisky pour tromper leur désespoir et leur vague à l'âme, je croyais en avoir soupé. On m'avait parlé de Fabio Montale et je ne savais pas que malgré mes préventions, je l'aimerais, avec ses fêlures, ses coups de sang et ce petit quelque chose d'indéfinissable qui pour moi le fait ressembler à Corto Maltese...
Et puis, j'aime les romans noirs et les histoires de Camorra (ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien...)

"Total Khéops" pourrait commencer comme une chanson. Une comptine qui nous raconterait la trajectoire de trois gamins de Marseille, fils d'immigrés et du Panier qui s'amourachent tous trois d'une belle gitane, sans que leur amitié n'en pâtisse. Les mômes grandissent et franchissent la ligne jusqu'à la fois de trop qui finit par les éloigner les uns des autres: l'un reste à sombrer, le deuxième fuit et le troisième devient policier.
Le premier c'est Manu, le second c'est Ugo et le dernier c'est Fabio.

Bien des années plus tard, Manu puis Ugo se font descendre et c'est Fabio par amitié autant que par fidélité aux souvenirs du beau temps d'avant qui tente d'éclaircir les meurtres.
Oui mais voilà, Montale n'a pas bonne réputation, Fabio est trop tendre avec les crouilles et les voyous et il comprend bien vite que sa hiérarchie ne le laissera pas aller au bout de ses investigations.
Et puis, un troisième cadavre: celui de Leila. Elle avait vingt ans, elle était belle et Montale l'aimait. Il se jure alors de trouver le salaud qui s'en est pris à la jeune fille: c'est une question d'honneur. de coeur aussi peut-être.
Les deux affaires se croisent pour ne faire plus qu'une et Fabio Montale se retrouve aux prises d'une histoire qui le dépasse où les chefs De La Famille s'unissent au FN et aux politiciens, où les quartiers ne sont pas loin de flamber tandis que dans les arrières salles enfumées des bistrots se décide l'avenir de Marseille.

Avec "Total Khéops", j'ai eu l'impression de me retrouver dans l'un de ces films noirs français qu'adorait mon père, ceux avec Gabin et Ventura pour la noirceur auquel viendraient s'ajouter pour leur poésie le "Quai des Brumes" et "L'Hôtel du Nord" et pour leur violence les plus récents "La French" et surtout "Shéhérazade"... Un mélange détonnant en somme bien que ces comparaisons cinématographiques soient bien impuissantes à rendre de la manière la plus fidèle qui soit l'atmosphère du roman, sa noirceur sans espoir, la complexité de ses protagonistes et sa portée engagée...

J'irai bien moi ce soir rejoindre Montale à son cabanon et partager avec lui un plat de pâtes aux fruits de mer. On ouvrirait une bonne bouteille, on oublierait les politicards corrompus qui laissent crever les banlieues et les amours; les idées nauséabondes qui sentent les années 40 et qui crachent sur les immigrés; les adolescents qui n'en peuvent plus, qui ne croient plus en rien et qui en crèvent et on parlerait de Rimbaud, de jazz et de la beauté de l'horizon. On serait bien.

On serait bien jusqu'à la prochaine affaire.
Jusqu'à "Chourmo" et sûrement jusqu'à "Solea".
Et après, bah... On prendrait la mer, le cap sur "Les Marins Perdus".



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Total Keops. Coup de poing. Coup de coeur. Total KO. Total chaos, Marseille je ne la connaissais pas, c'est le héros du livre.

Peu de pages, du concentré, des phrases courtes, sans adjectifs ni adverbes, qui te mènent de la première ligne à la fin, sans te lacher. J'y ai passé la nuit, et pas une blanche.

Noir c'est noir
Il n'y a plus d'espoir
Oui gris c'est gris
Et c'est fini, oh, oh, oh, oh.

Cela faisait un bout de temps que cela ne m'était arrivé. Merci Izzo. Merci beaucoup. Marseille t'a eu pour finir. Toi aussi.



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Je ne raconterai pas l'intrigue policière que d'autres babélionautes ont résumée avant moi, surtout parce que ce n'est pas l'essentiel. La vie de Marseille et la psychologie et sociologie des divers protagonistes font, à mon sens, la force de ce livre.
Des phrases souvent réduites à l'essentiel, nominales parfois,qui impulsent un rythme puissant et de la vie. On sent Marseille vibrer sous la plume de Jean-Claude Izzo.
Une belle écriture bien que l'auteur y mêle le langage des truands, des jeunes, des prostituées et de la police. La puissance évocatrice de cette prose m'a surprise et séduite, moi qui ne connais pas Marseille. L'auteur parvient à mettre de la poésie dans la misère et la noirceur: "le soleil lapait l'eau de pluie à même les trottoirs". Joli, non? Il truffe aussi son texte de nombreuses références musicales,:du jazz bien sûr, quoi d'autre?
Un beau roman que je vous recommande. Je vais de ce pas me procurer la suite de cette trilogie marseillaise.

PS: Je ne comprends vraiment pas pourquoi ce rôle a été donné à Alain Delon dans la série télévisée! heureusement pour le film, le rôle est revenu à Richard Bohringer.
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Une relecture donc, avec beaucoup de bonheur à l'occasion de notre semaine de vacances à Marseille.Pas pris une ride et (malheureusement) toujours actuel...

C'est le meilleur guide touristique que j'ai trouvé pour me promener dans le Panier, où Fabio Montale, le narrateur a passé son enfance aux Goudes où il se réfugie dans le cabanon légué par ses parents, et dans les cités des Quartiers Nord où il exerce comme policier. J'ai donc mis mes pas dans ceux du héros et cela décuple le plaisir de la touriste! 

"La répression du grand banditisme est à Marseille une priorité. La seconde, c'est le maintien de l'ordre dans les
quartiers nord. Les banlieues de l'immigration. Les cités interdites. Ça, c'était mon job. Mais, moi, je n'avais pas
droit aux bavures."

TOTAL KHEOPS

Fabio Montale est policier, relégué au maintien de l'ordre dans les quartiers nord. Fabio est un enfant De Marseille, de l'immigration italienne. Avec ses copains, à l'adolescence, il aurait pu devenir voyou, braquer des pharmacies. Une de leurs expéditions a mal tourné.  Il a fui, s'est engagé, Djibouti, en rentrant, policier.

Ses copains ont eu un autre destin. Quand s'ouvre Total Khéops, Manu, l'espingouin, est mort, exécuté. Ugo sous les balles de ses collègues, une bavure? Trois mousquetaires et Lole, dont ils sont tous les trois amoureux. Fabio va chercher à comprendre ce qui est arrivé à ses amis, ses frères. Et cela tournera à la tragédie...C'est un roman d'amitié, de fidélités, de trahisons accompagné de jazz et de rap marseillais, de poésie aussi. 


Thriller, guide touristique De Marseille, analyse socio-politique....cuisine méditerranéenne.. J'ai oublié la musique, les livres..et la célébration de l'amitié, de la chaleur humaine. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Ce livre fut écrit en 1995. Avant le passage à l'euro. A Marseille, la Charité vient juste d'être rénovée, le Panier est moins craignos qu'avant, mais il n'y a pas encore le Mucem.
Il faudrait avoir le plan de la ville si on veut le suivre le Fabio. En fait avec la Canebière, le port, le fort Saint-Jean, la gare Saint Charles, l'Estaque, on se débrouille déjà. Et puis il y a les Goudes, les Acoules, les calanques…Bref, c'est Marseille, la mer, la pêche, la bouillabaisse…
…Et tout ce qu'on ne voit pas quand on est touriste, les petits malfrats, les grands truands, «la voyoucratie » la Mafia ou la Camorra, on s'y perd. Et toujours ces relents nauséabonds de racisme, anti arabes, anti blacks, anti gitans, anti juifs, anti tout, et déjà le Front national (j'écris ceci en avril 2022, )
Fabio Montale est un fils d'immigré italien. Ses meilleurs potes sont fils, qui d'un portugais, qui d'un espagnol, ils jouent avec le feu. Ils se brûlent, même. C'est la Coloniale, c'est la Légion, c'est Djibouti, à droite, à gauche, toujours là où ça castagne. Mais Fabio va choisir autre chose. Flic. Comme une trahison pour Manu et Ugo.
Et les filles, ça va rien arranger.
Arrive ce qui devait arriver. C'est tout le sujet du livre que je ne vais pas raconter bien sûr.
Mais je vais vous parler de Fabio. C'est un personnage d'une grande humanité. Il est pas anti tout, lui, il aime tout le monde, surtout les filles qui le lui rendent bien. D'ailleurs, ses filles sont toutes intéressantes, Honorine et Babette, Lole, Marie Lou et Leila. Je crois que celle que je préfère, c'est Leila. Leila est le symbole de l'immigration réussie (on était en 95, n'oublions pas) un mélange d'Ulysse et des Mille et une nuits. Bref, vous verrez bien.
Et pourquoi Total Khéops ? La musique. Vous avez sûrement oublié ce groupe de rap marseillais, IAM, qui a écrit ce titre. (j'aime pas le rap) Mais j'ai aimé plein de musiques qu'il aime Fabio. du jazz, du reggae, de la pop, il met les cassettes en buvant du whisky. Et puis, il fait la cuisine, on a même les recettes et ça sent bon jusqu'ici. Sans oublier les livres, la poésie. Oui Fabio est un mordu de poésie. J'aime bien les soliloques de Fabio. Ou peut-être bien que c'est Izzo que j'aime, ses phrases percutantes, ses dialogues qui se catapultent, ses incises occitanes, cagou, engatse, ses déambulations dans Marseille. Izzo, il est mort trop tôt. Rien n'a vraiment changé depuis…
Alors, si vous aimez Fabio, courez vite chercher les deux autres volumes de la trilogie : Chourmo et Solea. Moi, j'y vais de ce pas.
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Fabio Montale, fils d'immigré italien, a grandi dans une cité de Marseille avec ses deux meilleurs copains : Manu et Ugo.

A l'adolescence, les trois garçons commettent de petits larcins. Mais suite à un braquage d'une pharmacie qui a mal tourné, Fabio décide de quitter Marseille et la voie qui mène à la délinquance. Après avoir bourlingué, il revient dans sa ville natale et devient flic.

Pas un super flic. Il est plutôt mal vu de sa hiérarchie et se retrouve, déclassé, à diriger la Brigade de surveillance des secteurs.

Il n'a plus de contacts réguliers avec Manu et Ugo. Mais quand tous les deux se font abattre dans une rue de Marseille à quelques semaines d'intervalle, Fabio Montale décide de mener son enquête.

Jean Claude Izzo évoque dans ce roman, premier d'une trilogie qu'il situe dans les années 80-90, les beautés mais aussi la laideur de sa ville natale qu'il aime profondément : les problèmes des cités, les petits caïds, le trafic de drogue, la montée de l'extrême droite, les compromissions avec les politiques, les familles napolitaines de la mafia, les règlements de compte…

Bref, un total Khéops : un immense bordel !

Izzo décrit parfaitement bien l'ambiance et l'ambivalence de la cité phocéenne. J'ai aimé son style, son écriture et son personnage principal.

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