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sur 213 notes
En guise de prologue, l'auteur nous livre des noms « ce sont ces noms que je veux dire, ne serait-ce qu'une fois, pour les appeler, pour mémoire, puis les oublier. »

Puis commence le récit avec les deux branches de la famille Fersen qui descendent de l'ancêtre Axel Fersen qui a débarqué en 1796 : la branche « noble », celle qui a réussi et occupait la propriété « Alma » à laquelle appartient Jérémie, de l'autre celle dont on a un peu honte qui était dans une maison miteuse (une cabane au fond du jardin !) masquée par un rideau d'arbres, à laquelle appartient Dominique, alias Dodo.

L'auteur a choisi d'alterner les deux histoires, comme un chant à deux voix, chacun des deux personnages étant à la poursuite d'une quête.

Dodo, défiguré par la maladie qui l'a bouffé, qui n'a pas de nez, de paupières, de lèvres, ne dort jamais, et peut lécher son oeil avec sa langue, qui vit de façon misérable, se fait souvent agresser et finit par quitter le pays pour rejoindre la France, terre de son ancêtre. Dodo qui trouve refuge dans les cimetières, et recouvre à la craie le nom de ses parents pour perpétuer leur souvenir. Ce « clochard merveilleux » s'exprime toujours au présent : « la littérature ne parle pas du passé ni du futur, elle parle du présent dans laquelle elle est écrite » a confié l'auteur…

Jérémie, dont le père a quitté l'île et n'y est jamais retourné, ne conservant qu'une pierre gésier de dodo, qui lui sert de rappel, de fétiche, et qui va retourner à Maurice pour rechercher les traces de sa famille.

« Mon père était émigré, on dit maintenant de la « diaspora » – c'est un mot que je ne lui ai jamais entendu prononcer, pas plus que le mot « exil ». Il n'en parlait pas, même s'il était imprégné de la plus profonde nostalgie pour son pays natal. Ses regrets, il ne les disait pas avec des mots. Il les extériorisait par des gestes, par des manies, par des fétiches. » P 32

Se croiseront ils ?

J.M.G. le Clézio nous raconte la quête initiatique de Jérémie (qui lui ressemble beaucoup ?) à la recherche des secrets de famille, de la terre perdue, de l'exil mais surtout de la culpabilité qui peut tourmenter les descendants des esclavagistes, ces êtres qu'on arrachait à leur terre pour les embarquer sur des bateaux et qu'on tuait à la tâche. Ils n'auront pour identité qu'un prénom et le nom du bateau qui les a amenés… traités comme des sous-humains, parfois enfermés dans un puits sans fond dont ils ne pouvaient s'échapper et sur les murs duquel, on peut encore voir les traces des ongles, dans un effort inutile pour s'échapper ; par souci de cruauté, on leur laissait voir le ciel…

Le troisième personnage est le dodo, alias Raphus cucullatus, l'animal mythique qui a régné en maître à Maurice, avant l'arrivée de l'homme qui l'a exterminé méthodiquement, détruisant son habitat pour y planter de la canne à sucre, avec une main d'oeuvre constituée d'esclaves. Ce dodo, oiseau sans aile qui pleure quand il se retrouve seul ou prisonnier et se laisse mourir…

J.M.G. le Clézio décrit la canne à sucre, l'esclavage, les Marrons, venus d'Asie qui se cachent dans la forêt, tentant de préserver un peu de culture, de respect de la Nature. Forêt qui couvrait les neuf dixièmes de l'île en 1796 et qui subsiste à l'état de poches de forêt endémique, des miettes.

Le rythme de l'écriture est lancinant, les mots reviennent comme ce morceau de Schubert que Dodo arrive encore à jouer au piano, avec ses doigts raidis par la maladie… Et qui dit si joliment : « je ne sais pas encore que le bonheur, ça ne dure pas »

Un personnage, parmi les nombreux qui font partie du roman, vient adoucir cette histoire : Aditi, jeune femme proche de la nature, enceinte à la suite d'un viol, curieuse de tout dans cette poche de forêt, qui est à la recherche de l'essentiel comme Jérémie est sur les traces de son oiseau disparu…

J'aime beaucoup cet auteur dont j'ai lu et aimé au moins une dizaine de livres, et pourtant cette lecture a été difficile, malgré la beauté du style et la manière dont il expose cette quête initiatique, autant que le côté inéluctable du destin de l'homme. Je me suis sentie coupable, j'ai eu honte d'appartenir à la gent humaine (quand on pense que cela a donné des mots comme humanité, humanisme…) capable de commettre des choses aussi abjectes, alors que ma famille n'a jamais rien eu à voir avec l'esclavagisme, la colonisation…

Lors de son passage à La Grande Librairie, J.M.G. le Clézio a dit que ses ancêtres avaient été compromis dans l'esclavage, que c'était une responsabilité collective dont il portait un peu le poids, pas de la culpabilité, car la responsabilité appartenait aussi à la Compagnie des Indes où Voltaire avait des actions, donc personne n'était innocent…

On retrouve le même récit croisé, les mêmes quêtes que dans un roman plus ancien que j'ai adoré « Etoile errante », mon premier livre de l'auteur qui a déclenché un coup de foudre pour son style… mais ici, le récit est plus dur, plus désenchanté, plus noir même parfois.

J'ai mis du temps à rédiger cette critique, alors que j'ai terminé le roman il y a plus d'une semaine, car submergée par l'émotion, la révolte et ce cri lancinant venu d'outre-tombe, dooo-do, dooo-do … en tout cas, je l'ai beaucoup aimé et j'espère vous avoir donné l'envie de le lire.
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J'ai aimé ce voyage à l'île Maurice, empreint de la nostalgie du passé colonial de l'île de France et de celle d'une saga familiale d'émigrés français dont le dernier survivant porte le nom d'un animal endémique, le Dodo, que la présence de l'homme a fait disparaître. Il demeure aujourd'hui une curiosité au muséum d'histoire naturelle et l'emblème d'une marque de bière réunionnaise qui s'affiche sur les étiquettes des bouteilles. Cet Alma de J.M.G le Clézio mêle des destins que j'ai eu du mal à suivre par moment, mais j'ai retrouvé la belle écriture de l'auteur. Un très bon moment de lecture
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Une première lecture de cet écrivain mais pas un inconnu pour moi.... A chaque fois qu'il apparaît dans une émission il y a un "je ne sais quoi" qui m'attire chez lui, peut-être cette douceur, cette nonchalance, ce débit de paroles (on pense que chaque mot est pesé, choisi, réfléchi) et moi cela me plaît. Je n'apprécie pas beaucoup les gens qui parlent beaucoup et le plus souvent pour ne rien dire.

Par contre le lire je n'avais jamais franchi le pas, toujours ce complexe d'inaccessibilité, vous pensez ! Un prix Nobel de littérature alors qu'à y réfléchir c'est justement un encouragement à le lire et depuis plusieurs mois je me mets moins de barrière et découvre de magnifiques auteurs, très accessibles, de beaux écrivains avec chacun un univers particulier.

Alors me voilà partie pour l'île Maurice, sur la trace des dodos,

cet oiseau disparu mais symbole de l'île et des causes de sa disparition. Deux récits croisés : celui de Dodo ? (Dominic) de la mauvaise branche de la famille Felsen, qui vit encore sur l'île, le visage et le corps ravagé par la maladie (la lèpre), et Jérémie de la branche noble de cette même famille mais qui s'est expatriée, qui prend prétexte de la rédaction d'un mémoire sur l'animal disparu pour revenir sur les traces de ses racines, de sa famille qui a complètement disparu également de l'île, ou le croit-il, comme l'oiseau perdu.

Mais à travers les souvenirs, les quêtes de chacun, il est question de cette île dont l'homme a détruit à des fins commerciales, industrielles une grande partie de sa nature mais aussi culturelle. La canne à sucre a été une des principales richesses de cette île mais aussi le facteur principal de sa destruction. Mais il y est question aussi de la prostitution surtout touristique, de spiritisme et croyances et surtout l'esclavagisme avec des souvenirs forts de ses tortures :

Et en haut du mur, le ciel, non pas bleu -ou s'il était bleu c'était horrible, le ciel sans couleur, pareil au carré ouvert dans le toit de la prison de Port-Louis que regardait le condamné avant que la trappe bascule sous ses pieds et que le noeud de la corde lui brise le cou.(p242)

car la famille Felsen, elle aussi a plus ou moins profiter de l'esclavage, d'une position de force, de manipuler et abuser de cette situation. Jérémie vient comprendre d'où il vient, revoir Alma, la propriété de ses ancêtres, trouver les réponses aux questions qui restent sans réponse depuis la disparition des derniers acteurs.

Dodo, lui, à force de brimades, de violence sur sa personne, lui l'être faible, sorte de vagabond vivant en marge de la société, quitte l'île et se retrouve  SDF en France où la vie sera encore plus dure mais il ne veut plus retourner sur son île, lui l'exclu, la bête humaine immonde, sorte de bête de foire. Il ne vit qu'au présent et ne parle qu'au présent (ce qui parfois déroute) mais il est dans l'instant. Il est simple dans le sens où il analyse les choses telles qu'elles sont, pas d'arrière-pensée. Il n'a plus de pays, plus de famille et comme l'oiseau Dodo il disparaîtra un jour, dans l'indifférence, comme Béchir, fils de harki, son compagnon de nuits sur les trottoirs.

Là-bas à Paris, le soleil ce n'est pas le soleil, c'est un cachet d'aspirine pour guérir les gens de leur mal de tête.(p183)

Comment ne pas penser que JMG le Clezio ne se transpose pas au travers de Jérémie, faisant le constat d'une société de consommation, inhumaine, avide d'avoir au prix de la destruction, se coupant même de branche familiale déshonorante (Dodo), comme on n'hésite pas à détruire la faune et la flore pour des aspirations mercantiles ou futiles.

Le constat est là, implacable et nous détruirons-nous un jour comme nous avons détruit cet animal, pourtant à la chair incomestible, qui n'offrait ni intérêt ni danger pour l'homme et cela a peut-être été son plus gros défaut....

Quant à l'écriture elle-même qui suis-je pour critiquer un prix Nobel de Littérature (2008) ? mais je vous donne mon humble sentiment personnel par rapport à ce récit et à mon ressenti. C'est une très belle écriture mais dans la narration, le récit foisonne de personnages, magnifique et en particulier celui d'Aditi, femme qui attend un enfant conçu lors d'un viol, proche de la nature et qui donne un peu d'espoir, mais j'ai eu parfois un peu de mal à me retrouver au milieu de tous ces acteurs. La langue, créole, l'univers mauricien qui m'est totalement étranger, les aller-retours entre présent et passé étaient parfois déroutants. Mais j'en garderai un agréable moment, bercée dans la moiteur de ce pays et avec un amer goût de destruction d'un paradis perdu.

Ce livre n'est pas un cri mais une douleur, sourde, profonde sur la perte d'un monde, d'une nature sublime, mais guère optimiste. le constat est là et comme le Dodo, quand petit à petit un monde disparaît, que nous restera-t-il ?
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D'abord, je précise que je n'aborde pas la lecture du dernier roman de J.MG. Le Clézio en néophyte. J'ai déjà lu une quinzaine d'écrits de l'auteur. D'où peut-être, pour moi, un manque de surprise, un effet de lassitude qui ne touchera pas d'autres lecteurs.

Cela étant posé, je peux commencer par dire ma grande admiration pour cet écrivain, pour son style inimitable, d'une beauté formelle et classique. La parole, est belle, déliée et poétique, à la limite du lyrisme mais pour mieux chanter la richesse et la complexité humaine.
Comme toujours chez Le Clézio ; on retrouve ses descriptions saisissantes, ses litanies de lieux et de noms à la manière d'un Jules Verne contemporain. D'ailleursLe Clézio n'est-il pas une sorte d'écrivain-aventurier que l'introspection et l'inquiétude auraient touché de leurs ailes ?

Une fois encore, Le Clézio explore sa mémoire familiale en partant du « drame » qu'il perçoit comme à l'origine de sa vocation littéraire : la faillite et l'exil en France de son parent issu d'une riche famille mauricienne. Il décale les personnages, enfourche son imagination et nous livre une histoire entre conte et réalité. Autour d'icônes familiales réinventées (Dodo, devenu le clochard exemplaire de son île, une ancêtre chanteuse lyrique, entre autres), le romancier tisse sa toile. Il prend pour prétexte la quête d'une sorte de double de lui-même dont la vie est orientée par la quête des souvenirs. Jérémie Felsen n'a gardé qu'une chose de son passé : une pierre à gésier d'un dodo (cet oiseau disparu, symbole de l'Île Maurice) que son père avait trouvé, enfant, dans les champs de canne. Avant la « déchéance » familiale, avant le départ pour l'Angleterre puis la France…
Jérémie part donc sur l'île de ses ancêtres pour enquêter sur le dodo mais aussi sur les traces de sa famille. Cette quête se transforme en dossier à charge contre la modernisation de l'île et les vices humains… Car d'autres voix vont progressivement émailler le récit. Jérémie raconte ses recherches, ses interrogations ; Dodo le hobo nous narre de sa naïveté d'enfant éternel son histoire ; les figures oubliées des pages les plus noires de l'histoire mauricienne, liées à l'esclavagisme, viennent aussi se présenter à nous, tels des fantômes à la voix d'outre-tombe.

JMG le Clézio livre une histoire plurielle sur les destins humains emportés par la grande roue de l'histoire. On retrouve son sens de la justice et ses grands thèmes : les « petits » écartelés par les riches, l'exil, la prostitution. Ceux qui ont aimé « Poisson d'or », « le Chercheur d'Or » ou « L'Africain » retrouveront tous ce qu'ils aiment chez le Prix Nobel de littérature, de nouveau creusé et approfondi, l'effet de surprise en moins.
La quête du dodo est la nouvelle pièce de ce puzzle toujours refait par l'auteur. On apprend des choses passionnantes sur le sujet, on sent que l'auteur est allé à la source se documenter. Cette chasse au trésor aurait pu s'avérer passionnante, mais le romancier refuse toute construction dramaturgique, tout suspens… Avec un tel sujet, c'est dommage. On imagine ce qu'une Tracy Chevalier aurait fait d'une telle manne… Sur ce même sujet, d'ailleurs, j'ai préféré « Sous la varangue » de Christophe Botti, bien mieux renseigné et finalement plus romanesque alors qu'il s'agit d'un texte de théâtre. On a en effet parfois l'impression, à lire Le Clézio, qu'il oublie ses lecteurs et qu'il n'écrit plus désormais que pour lui… Mais sans doute sa quête est-elle ailleurs, désormais (et notre plaisir de lecteur aussi) : c'est une quête de plus en plus personnelle en même temps qu'une quête littéraire.

En faisant parler les autres, Le Clézio s'interroge sur l'humanité et sur ce qui nous rassemble. Vers la fin du livre, Dodo, l'un des protagonistes principaux en arrive à la même conclusion qu'Alexis, le héros du « Chercheur d'or », roman écrit il y a presque 30 ans : « Les gens croient qu'ailleurs c'est différent. Mais ailleurs, c'est pareil… »
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Première approche de la littérature de JMG le Clézio avec Alma.
Le mot approche me parait le plus judicieux car il me fait penser aux approches lors des randonnées en montagne. D'abord une longue marche en fond de vallée avant d'attaquer un col et enfin l'arrivée au sommet.
Il en fut de même pour le livre de JMG le Clézio.
Une longue marche pour apprendre à découvrir Maurice , son histoire, ses paysages, ses hommes et ses femmes.
L'attaque du col plus délicate avec des allers retours entre différentes époques et divers lieux.
Enfin l'arrivée au sommet qui permet d'embrasser l'ensemble du paysage et de comprendre la diversité de l'histoire.
Voila ce que j'ai ressenti à la fin de la lecture d'Alma.
J'ai ressenti cette identité mauricienne , teinté des Pays Bas, d'Empire Britannique ou encore de France.
Une entité qui disparait comme a disparu le Dodo.
Dodo , l'animal ou Dodo le clochard, le hobo magnifique ?
Que reste t il d'Alma, des plantations , de la luxuriance de Maurice , de la vie créole ?
Il reste un peu de ce créole dans les textes de Dodo , ce clochard mis de côté mais qui perpétue l'âme mauricienne.
Roman de l'illusion alors que les temps modernes égrènent inlassablement leurs heures commerciales et mondialistes.
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Dans la lignée du "Chercheur d'or" et de "La Quarantaine", un nouveau "roman mauricien du grand Le Clézio.
Il faut entrer dans ce livre comme dans la tête d'un auteur qui pétrit depuis des années un matériau intime pour tenter de toucher l'universel.
Le Clézio n'endosse pas le JE, il se crée un narrateur, qui est en fait un double de lui-même puisqu'il reprend ses obsessions pour l"héritage familial bafoué (la maison originelle Eureka dont sa famille a été dépossédée et devenue Alma dans le roman), la difficulté des humains à vivre ensemble et l'injustice sociale (ici les différences de classe entre anciens esclaves et engagés mais aussi entre les différents milieux "blancs" de l'île Maurice) et son plaidoyer pour la planète (thème un peu plus nouveau) au travers de la quête du dodo et le soin que l'auteur prend à nommer les plantes endémiques de son île fantasme (il n'y a jamais vécu puisque sa famille s'est exilée en Europe, en France, avant sa naissance).
Il y a du Jules Verne chez Le Clézio (encore l'enfant lecteur qui sommeille en lui comme si plus on vieillissait, plus on se rapprochait de ce qui nous a fondés enfants), il liste les noms de famille mauriciens, les anciennes propriétés sucrières et les plantes ! Mais il y aussi sa touche personnelle, sa poésie à suivre des personnages en errance (ce n'est sans doute pas un hasard si un de ses précédents romans s'intitulait "Étoile errante"). C'est là où le bas blesse parfois. le roman est construit sur un double récit, le double parcours de deux personnages dont le point commun est le nom de famille. Pour ma part, je trouve que ces deux histoires s'entremêlent maladroitement, un peu comme un prétexte pour raconter deux histoires qui n'ont pas de véritables liens mais que l'auteur veut absolument rassembler. le personnage de dodo, un clochard céleste, termine son parcours en France. Je dois avouer que j'ai trouvé toute cette partie peu claire, des raisons de son voyage jusqu'à ses actions et motivations sur le sol français...
J'ai largement préféré toute la partie mauricienne du récit au côté de ce jeune homme en quête d'identité. Pourtant, même dans cette partie, la quête du protagoniste me semble faible en motivations. Pourquoi revient-il à ce moment précis? Que recherche-t-il vraiment ? Là encore, prétexte à remonter le temps, à écrire des chapitres que j'ai adoré sur la marre aux songes (lieu de recherche sur le dodo) ou sur le premier voyage d'un dodo en Europe. Mais l'ensemble ne tient pas solidement la route en terme de narration.
En résumé, des chapitres avec des fulgurances, une évocation de l'île Maurice qui parlera très fort aux Mauriciens et aux amoureux de Maurice, mais une histoire qui, à mon avis, ne tiendra pas en haleine ceux qui ne sont pas déjà des convaincus de le CLézio.
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Une lecture un peu particulière, parfois "brouillon", avec ces deux histoires qui s'entremêlent, j'ai ressenti des moments d'égarement voire de lassitude.
J'ai nettement préféré l'histoire de Dodo et tous les récits historiques.
Pour autant, l'histoire est intéressante, mais c'est la construction du roman qui n'est pas aisée ni forcément plaisante. Il faut savoir jongler entre les personnages, les époques.
J'aime cet auteur pour son style, les sujets qu'il aborde, mais je ne suis peut être pas une lectrice à la hauteur de son exigence et son art.
Malgré tout je prends plaisir à le lire et je continuerai à le découvrir.

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"Alma" c'est le genre de livre que l'on n'a pas envie de quitter, qu'on lit avec attention en retenant son souffle. C'est le dernier roman de Jean-Marie Gustave le Clézio, prix Nobel de littérature 2008.
Alma c'est l'ancienne propriété de la famille Felsen à l'île Maurice.
L'ile Maurice j'y suis allée et j'ai vu la maison familiale des Le Clézio. Je m'imagine donc le décor de cette histoire de famille, celle de blancs Mauriciens, comme la sienne.

Ce roman c'est d'abord deux destins croisés. Il y a Dominique, le perdi bande, celui qui n'a plus de visage, rongé par la maladie et qui s'exilera en France pour devenir vagabond et y mourir. Et il y a Jérémie à la recherche de ses racines et des secrets de sa famille. Il fera le chemin inverse de celui de Dominique en allant à l'Ile Maurice pour trouver des réponses sur ses origines.

Le passé de l'île c'est le Dodo, gros oiseau qui ne peut pas voler, aujourd'hui disparu et dont il cherche les traces. C'est un fossile qui était vivant à l'époque où les premiers humais sont arrivés à l'île Maurice. C'est une figure tragi-comique attachante, décrite un peu comme un humain, un peu ridicule et en même temps touchant, quand on le capture il pleure, il se laisse mourir de faim si on l'enferme, il ne peut pas vivre sans sa compagne et il est condamné.

Mais l'île est marquée par d'autres fantômes du passé car elle a été une plaque tournante de l'esclavage. D'ailleurs, Jean-Marie Gustave le Clézio commence par évoquer les esclaves en leur donnant une identité. Il explique que quand il s'agissait de baptiser des esclaves, on leur donnait pour nom de famille le nom du bateau dans lequel ils étaient arrivés, L'hirondelle, La sémillante, le Redoutable. le vol de leur nom, c'était le vol de leur existence.

Le Clézio sait aussi parler de façon admirable des gens d'aujourd'hui dans ce grand roman sur la filiation, les origines et l'ascendance qui n'est pas sans rappeler sa propre histoire.


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Le lecteur navigue entre deux personnages. L'un a l'obsession du dodo, oiseaux exterminés par l'avidité de l'homme. L'autre est rongé par une maladie qui fait de ses jours une souffrance interminable.
Pour celui qui connait l'île Maurice, cela doit être très intéressant. Moi j'ai trouvé très pénible de vaguer ainsi de souffrance en souffrance, de déchéance en désespoir. Lourd, très lourd.
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Deux personnages racontent.

Le premier, Dodo, s'exprime dans un mélange de français et de dialecte africain. Ses propos sont signalés en italiques dans le texte. Pour bien restituer ses pensées, l'auteur adopte délibérément une orthographe souvent phonétique, et une grammaire approximative : il a dû faire pas mal d'effort pour arriver à un résultat aussi crédible !

Malheureusement, quant à moi, j'aime les écritures fluides. J'ai abandonné l'ouvrage après une demi douzaine de page laborieusement déchiffrées (dans le livre, le nombre de pages en italiques, correspondant au témoignage de Dodo, semble dépasser la centaine).

Le second personnage, Jérémie, est présenté en 4ème de couverture, et je m'en tiendrai à ce résumé, même si c'est peut-être passionnant.

J'essaierai de découvrir Jean-Marie LE CLEZIO (Nobel de littérature en 2008) à travers une autre de ses ouvrages. Et je remettrai rapidement celui-ci dans une boite à livre, celle où je l'ai trouvé ou une autre.
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