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4,09

sur 796 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La vie de Pauline Dubuisson est décortiquée. On apprend à la connaître au fil des pages et on s'attache à elle.
Alors évidemment, il y a un parti pris, une empathie de l'auteur pour cette jeune femme. Il a voulu démontrer que son procès avait été indigne et à charge.
Après La Serpe c'est le deuxième ouvrage de Philippe Jaenada que je lis et j'aime cette manière qu'il a, de nous happer, de nous faire vivre la vie du protagoniste.
L'écriture de Philippe JAENADA, on aime ou pas.
C'est une écriture particulière, qui part très souvent en digression, qui nécessite une certaine concentration et une régularité dans la lecture.
Lecture suivante....


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"La Petite Femelle" est un vibrant plaidoyer pour la réhabilitation de Pauline Dubuisson, livrée à la vindicte populaire, jugée avant même d'avoir commis son crime. Et condamnée à vie (ou à mort), d'une certaine manière. Parce que la foule haineuse, en mal de sensations, a toujours besoin de détester quelqu'un.
Objectivement et malgré l'excellent travail de Philippe Jaenada, des différents scénarios envisageables, je ne peux toujours pas trancher sur l'acte en lui-même. Mais je ne peux qu'être écoeuré par cette presse à scandales et cette Justice qui n'en a que le nom, mentant de manière éhontée, s'acharnant comme une meute de chiens fous sur un gibier terrorisé.
Le livre revient bien sûr sur le contexte historique, à savoir la seconde guerre mondiale, mais nous rappelle aussi ce qu'était la condition féminine à l'époque, le poids de l'opinion publique, de la jalousie, des conventions sociales et des médias sur la Justice. Pauline Dubuisson n'avait aucune chance d'en réchapper.
Malgré de nombreuses digressions, le style est très agréable et on ne voit pas passer les 700 pages.
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J'ai toujours fait les choses à contre-courant ou suivant mon propre courant. Au moment où s'excitent les réseaux sociaux sur les livres à venir, j'avais envie de vous parler de la petite femelle de Philippe Jaenada.
La petite femelle, c'est avant tout une histoire d'amour.
Entre un homme et une femme.
Séparés par 50 ans.
Philippe Jaenada retrace la vie de Pauline Dubuisson, auteure d'un crime passionnel dans les années 50 et lourdement condamnée.
Avec la petite voix qui le caractérise, il mène une enquête fournie et scrupuleuse. Il étire des scènes anodines de la vie sur des pages entières comme pour construire un pont entre nous et elle. Entre lui et elle.
Au travers de cette enquête digne d'une histoire passionnante de Pierre Bellemare qu'on écouterait avidement, les yeux fermés, l'oreille collée à la radio comme dans les années 80, dans le doux ennui d'un début d'après-midi dans une morne campagne, c'est non seulement sa vie à elle que l'on découvre mais aussi la France de la Guerre, la France des années post-guerre, la France des années 50. Autant vous le dire de suite, on est loin de la France des résistants et de la liesse post-guerre. Cela ressemble plutôt salement, méchamment à une France misogyne, étriquée, dont l'opinion publique tire à vue, tire la sonnette de la bienséance, tire tout vers le bas. Et cela résonne étrangement avec celle des années 10 et des réseaux sociaux.
Le procès d'une femme devient le procès de la femme ; et c'est pas joli joli.
Au fur et à mesure des découvertes et réajustements historiques rigoureux auxquels se livre l'auteur, une tendresse se dessine. Ses intrusions du présent dans les lieux qu'elle a fréquentés trace le trait d'union entre elle et lui. On sent son désir de la serrer très fort dans ses bras, l'aimer, la consoler. de la vie. de ces hommes persuadés de leur droiture. de cette négation totale des aspirations de cette jeune femme à simplement être elle-même.
L'histoire pourrait être glauque, elle l'est d'ailleurs, mais elle n'est pas que glauque. Grâce à l'humour et le sens de la dérision de Philippe, grâce aussi à cette formidable tendresse pour Pauline, Pauline Dubuisson, toutes les petites Pauline à venir.
Par amour, le récit devient féministe.
Son histoire devient un peu la nôtre. Celle d'une trajectoire contrariée. Celle que peuvent vivre toutes celles et tous ceux qui n'ont pas su se résoudre à être simplement ce que la société ou les bonnes moeurs attendaient d'eux.
A toutes celles et tous ceux qui refusent de se résigner.
A toutes celles et tous ceux qui, peut-être à sa lecture, refuseront de se résigner.
(Il se trouve que Philippe Jaenada use beaucoup de la parenthèse, comme une machine à remonter le temps ou à le suspendre, à transformer 3 mots et une sensation en 50 pages. Je me devais donc de lui rendre un hommage complet, à défaut d'être subtil. J'écris depuis ma terrasse, les pieds sur la table (je fais ce que je veux, je suis chez moi), admirant mes ongles d'orteil joliment teintés de rouge que je n'ai pour une fois pas perdus lors du marathon de Paris (j'ai failli perdre la vie, j'aurais préféré perdre les ongles, comme les années précédentes mais je n'ai pas dû cocher la bonne option), je contemple la couverture du livre en me disant qu'être aimée ainsi à distance ça lui fait une belle jambe à Pauline (je ne sais pas si elle aussi elle vernissait ses ongles mais elle n'a jamais couru de marathon), je me dis que défendre les livres écrits par des auteurs qui défendent les femmes, c'est un bon moyen pour que les Pauline d'aujourd'hui ne deviennent pas comme Pauline Dubuisson (sauf pour les ongles vernis, mais c'est pas obligé non plus). Je me dis qu'on va encore se moquer de moi (pas à cause du vernis mais parce qu'il parait que je parle beaucoup et souvent de Philippe Jaenada (il a écrit d'autres livres aussi bons que la petite femelle)(si ça se trouve il porte aussi du vernis, je n'ai jamais vu ses pieds nus (à Philippe)). Je contemple le soleil couchant sur ma terrasse et je me dis que je m'en fous de ce qu'on peut dire. Moi je l'aime, la Petite femelle. de Philippe Jaenada)
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Je ne suis pas ce qu'on peut appeler un client acharné des biographies et encore moins des affaires judiciaires. Les très bonnes critiques du livre m'ont incité à découvrir le destin tragique d'une femme hors de son temps magnifiquement retracé par la plume incisive de Philippe Jaenada.
Le travail d'investigation très minutieux de l'auteur démonte toute la procédure d'enquête et le procès à charge contre Pauline Dubuisson. Elle a tué effectivement, mais les circonstances du drame restent dans l'ombre (enquête bâclée malgré les moyens techniques de l'époque) au profit d'un portrait de femme froide, calculatrice et arrogante, mis en avant par la presse et la justice, qui ne colle absolument pas au schéma classique de la femme de la société. Un homme dans sa position n'aurait certainement pas eu le même traitement injuste et biaisé. Clouée au pilori par la presse et l'opinion publique, aucune chance ou circonstance atténuante ne lui sera offerte même lors de sa rédemption quand son passé ressurgira dans les médias pour fêter l'anniversaire glauque de cette affaire. Elle s'échappera de la tourmente par le suicide, érigé en geste de dignité par son père en cas d'échec.
Philippe Jaenada raconte l'histoire d'une femme émancipée, intelligente à la froideur héritée de son père, des événements tragiques de la seconde guerre mondiale et du manque d'affection de sa mère totalement effacée, et réhabilite sa mémoire avec ce récit extrêmement documenté qui se lit comme un roman.
Les nombreuses digressions désopilantes ou assassines de l'auteur ajoutent un caractère jubilatoire à ce livre remarquable.
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Plus de cinquante ans après sa mort, Pauline Dubuisson exerce une fascination troublante, par son destin tragique, par sa personnalité, mais aussi par les zones d'ombre qui subsistent dans son histoire et qui laissent place à la construction romanesque. Car, d'omissions en mensonges, de sources non attestées en informations de seconde main, de rumeurs en silences, les faits se sont enchevêtrés à la fiction, érigeant une sorte de fable à laquelle souscrit le plus grand nombre, faute d'enquête approfondie.

C'est le démêlage de cet écheveau que Philippe Jaenada se fixe pour but. Il mène une enquête obsessionnelle pour reprendre tous les éléments du "dossier" en remontant aux sources et en pointant les moments où le récit s'est écarté des faits. En nous donnant à voir le travail souterrain des rumeurs, il décortique le mythe et nous montre son fonctionnement. Travail de romancier ? Oui, travail de romancier ! Car si "La petite femelle" ancre l'histoire de Pauline Dubuisson dans la réalité de son époque, l'auteur écrit, dans le même temps, le roman de ses propres recherches. Dans des digressions gigognes, il se raconte, il donne son avis, il s'irrite, il raille par des images à l'humour fulgurant, complètement inattendues et particulièrement jubilatoires. Il désamorce ainsi tout pathos, tout sentiment de pitié, pour amener le lecteur à un examen des faits sans émotion parasite. Cette présence de l'auteur loin de nuire au propos, lui donne de la chair, de la vie, et instaure une proximité étonnante entre le lecteur, l'auteur et celle qui est au coeur du livre. Par là même, il nous mène vers l'émotion épurée des dernières pages.

Certes, Philippe Jaenada est en quête d'une vérité qui ne soit pas falsifiée, mais, lui aussi, interprète les faits. Il les interroge en les passant au filtre de ce qu'il est et des catégories mentales forgées par son époque et sa propre histoire. Simplement, à la différence de ceux qui ont évoqué Pauline Dubuisson avant lui, il met en évidence les possibles distorsions qu'apporte sa version. La démarche est honnête, sincère et très émouvante. Sans imposer de certitudes, Philippe Jaenada donne un reflet vraisemblable de ce qu'a pu être la personnalité de Pauline Dubuisson et de la manière dont elle a pu agir sur les évènements et y réagir. Il rend palpable l'admiration-fascination qu'il éprouve pour cette jeune femme. En outre, la narration permet de mettre en perspective deux époques : celle de l'après-guerre et le présent. Elle nous fait prendre conscience de l'évolution du sort des femmes et nous met en garde sur les possibles retours en arrière. En cela, "La petite femelle" peut aussi être un livre militant. Pauline, dans sa volonté de vivre librement et d'assumer ses choix, est, en quelque sorte, la grande soeur de celles qui brûlèrent leur soutien-gorge à la fin des années soixante. Trop tard pour Pauline, pour cette toute jeune fille qui cherchait un épanouissement ailleurs que dans le mariage et la maternité.

Mon enthousiasme pour "La petite femelle" est-il visible ? D'une page à l'autre, parfois d'une phrase ou d'un mot à l'autre, je suis passée du rire à la révolte à l'écoeurement à la colère à la tristesse... Il me semble avoir ressenti, au fil de ces 700 pages si vite lues, l'ensemble des sentiments humains, des plus beaux aux plus odieux. Je suis émerveillée par la méticulosité avec laquelle l'auteur a mené son enquête, par son écriture qui sait si bien la raconter et tracer un portrait nuancé d'une femme et d'une époque. Sans conteste un grand coup de coeur pour le livre et pour l'auteur que je n'avais jamais lu !
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Après avoir lu le Printemdes monstres , je n'ai pas voulu quitter l'univers de Philippe Jaenada et surtout aucun autre livre ne me semblait aussi captivant .
Je n'ai pas été décue : La Petite femelle est tout aussi captivant et peut-être plutôt davantage car on a à faire à une seulpersonne que l'on suit de l'enfance à....
Et on retrouve la plume précise , sensinle et engagée du dernier livre.
Je ne vais pas résumerl'histoire de la petite femelle , elle est connue mais quel destin que celui de Pauline Dubuisson .
Quand le destin s'acherne sur quelqu'un , c'est terrible et bravo à l'auteur pour cette "resucection" de cette personne .
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Voici un livre d'une qualité exceptionnelle à bien des égards.
Philippe Jaenada a effectué un remarquable travail d'enquête très précis, objectif avec un regard profondément humain.
En effet, il a littéralement "épluché" l'ensemble des documents disponibles sur cette terrible affaire pour parvenir à montrer que le procès de Pauline Dubuisson a été une véritable mascarade où tout était "joué" d'avance.

La Police, les avocats de la partie civile, la presse ont chacun -à leur niveau- déformé les faits & témoignages (voire sont même allés jusqu'à mentir), pour créer de toute pièce une Pauline Dubuisson très loin de la personne qui se trouvait dans le box des accusés.

Philippe Jaenada met ici en lumière l'incroyable pouvoir de la presse dans l'ampleur du conditionnement de l'opinion publique qui a modelé "la parfaite coupable" que tout le monde détestera si violemment.

Femme vouée a un terrible destin à qui l'on refusera le respect et le droit à l'oubli jusqu'à la fin de sa courte vie.

J'ai également beaucoup apprécié (tout en le découvrant) le célèbre style de Philippe Jaenada, pour le moins original, fait de nombreuses apartés toujours à propos, judicieuses, piquantes et parfois même savoureuses.

Je pense sincèrement que si Pauline Dubuisson avait eu Philippe Jaenada comme avocat elle aurait sûrement connu un autre destin après ce drame, moins noir assurément!

C'est un gros livre, certes, mais n'ayez pas peur de vous y plonger car chaque page passionne, et quand le livre est fini, on a le coeur serré et Pauline nous manque.
A LIRE ABSOLUMENT!
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Comme toujours avec Jaenada, on apprend. Avec bienveillance d'abord et humour aussi, ce qui mine de rien n'est pas si fréquent. Jaenada est un féministe pourrait-on dire, je dirais juste un gars honnête et plein de bon sens. Merci de nous éclairer sur ce fait divers qui éclaire les années d'occupation sous un nouvel angle et incitera je l'espère nombre de journalistes à prendre exemple. Et nombre de policiers et magistrats à ne plus céder à la facilité car j'ai quand même l'impression qu'aujourd'hui sévissent encore les mêmes manquements professionnels et erreurs de jugement qui semblent provenir d'une absence totale d'objectivité ou de conscience professionnelle. Merci à l'auteur de tenter avec toujours autant d'humilité de rétablir certaines vérités.
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Certains romans ont de l'ambition.
D'autres ne sont qu'ambition.
La Petite Femelle fait partie de la seconde catégorie.

C'est le roman d'un acharné, d'un têtu, d'un convaincu. C'est le roman d'un écrivain capable d'éplucher des décennies d'archives, de coupures de presse, de retourner des rumeurs dans tous les sens pour y trouver un fond de vérité, de reconstituer lui-même une scène de meurtre afin d'évaluer la faisabilité de telle ou telle configuration. Jaenada décortique, analyse, explique, accorde sa juste importance au moindre événement de la vie de Pauline Dubuisson, et surtout, dément.
Beaucoup.
Il revient sur des décennies de calomnies, de mensonges et autres inventions sensationnalistes passées dans le domaine public, et s'efforce de démentir tous les fantasmes que l'on a tissées autour de la figure de cette petite femelle qui a été un temps l'objet de la haine de tout un pays.

C'est le roman d'un attendri, d'un fasciné, d'un enchanté. Pauline est solaire, insaisissable, sombre, aussi hors-normes que parfaitement humaine. La comprendre, c'est faire une quasi expérience-limite, c'est découvrir la cruauté des autres, l'absolu, c'est franchir des points de non-retour successifs en sachant que le suivant sera pire encore que le précédent.

C'est aussi le roman d'une surprise constante et renouvelée, celle du lecteur, perpétuellement éberlué par la légèreté de l'enquête à l'époque, par l'intransigeance de toute une société, par la férocité d'un sexisme et d'une misogynie qui s'appliquent à tous les degrés d'une existence et s'appliquent à la détruire point par point.

C'est le roman d'une tentative désespérée de parvenir à la vérité, qui sait très bien qu'elle est condamnée à être inexacte, mais qui poursuit tout de même son lent travail de compréhension, de recueillement des savoirs, de pédagogie. C'est une leçon de patience.

C'est enfin le roman d'un homme qui s'amuse, qui joue même avec le plus sordide, qui entrecoupe ses considérations techniques de parenthèses et autres exquises digressions tout à fait personnelles. (Merci, Monsieur Jaenada, pour votre usage incomparable de la quadruple parenthèse. C'est, à n'en pas douter, un apport historique à la littérature française contemporaine. N'arrêtez jamais.)
Philippe rencontre Pauline, la dévisage sous toutes les coutures, explore avec elle son environnement, tisse sans cesse des points communs entre sa propre existence et celle de son héroïne, et embarque le lecteur dans ce qui devient une sorte de trio improbable, à cheval entre fiction, histoire, mélodrame, biographie et enquête policière. Les anecdotes valsent dans tous les sens mais avec une inexplicable sensation d'ordre, d'adéquation et de pertinence, les pages se tournent à un rythme dévorant, et une vérité, à défaut de la vérité, émerge enfin.

Et c'est une très belle vérité.
C'est une très belle façon de raconter une histoire, un parcours.

C'est un roman plus que particulier, d'une formidable liberté, d'une spontanéité à couper le souffle, et ce sans jamais se départir d'une certaine exigence historique et psychologique. Bref, un régal, une lecture réjouissante à plus d'un titre, effarante, glaçante, saisissante, une réussite sur tous les plans.





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très beau livre! L'histoire de pauline Dubuisson est decortiquée dans tous ses détails, narrée avec humour, mélangée avec l' histoire personnelle de l'auteur (aucun rapport). du coup un livre atterrant et amusant!
mélange hétéroclite et très séduisant!
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