La Drogue des étoiles

Un équipage mixte du service d'exploration terrienne est victime d'une avarie et se pose sur une planête terramorphe pour réparer son vaisseau. Les deux occupants pensaient celle-ci déserte mais ce n'était pas le cas.
Mystérieusement conditionnés, les deux équipiers regagnent la Fédération. L'homme décède quelques jours plus tard et la femme démissionne de son poste pour disparaitre.
Plusieurs semaines passent et notre docteur Alan qui s'encanaillait dans un casino-club d'une planête périphérique, rencontre le jeune et sympathique héritier d'un consortium de loisirs et de croisières.
Ce dernier avoue à Alan qu'il a violé une règle fondamentale de la Fédération en se posant brièvement sur une planête habitée par une espèce humanoïde et qu'après être revenu de cette escapade, son vaisseau s'est envolé au sens propre comme au figuré.
Alan décide alors de s'occuper de cette affaire alors même que l'IA qui dirige de façon discrète la Fédération, l'informe qu'une nouvelle drogue mortelle a fait son apparition sur les mondes fédérés et que son origine est inconnue.
Pour la première fois, Fast se décide à placer le décor de son roman au sein même de la Fédération terrienne. Si l'intrigue est développée avec la dose normale de rebondissements, il est simplement dommage que les clubs/bars/casinos de la société du 23ème siècle ressemblent étrangement à ceux du Paris des années 70.
On s'attendrait presque à voir débouler Bourvil, Montand et Delon dans un remake parallèle du Cercle Rouge.
Fast s'autorise néanmoins une vraie originalité. On savait déjà que la Fédération était une technocratie élitiste très fermée co-dirigée - voire gouvernée tout court - par une IA bienveillante. On sait désormais que c'est également une société d'abondance dont la productivité est telle qu'elle peut assurer un minimum vital décent à tous ses membres.
Délivrés du risque de la pauvreté, ses citoyens sont simplement invités, sans contrainte, à suivre un vieux mot d'ordre bien connu : "Enrichissez-vous"
Ce mix entre Marx et Guizot était assez malin, surtout dans la tonalité de l'époque (post-68), et a concouru, dans un premier temps, à lui valoir l'indulgence de la critique dont la sévérité de principe à l'égard du FNA n'était normalement pas négociable.
Fast développera ultérieurement ses idées sur un thème qui annonce, plus de dix ans avant Iain Banks, celui d'une civilisation nettement plus originale que les saoulants "fédération du bien/empire du mal" et inversement. Mais cela restera un effet d'annonce...