Piège pour Cendrillon est une des premières oeuvres de Sébastian
Japrisot.
L'histoire se déroule en 1962 : une jeune fille se réveille amnésique à l'hôpital après un incendie, méconnaissable, avec des brûlures au 3e degrés, une reconstruction faciale, et des empreintes disparues. On en déduit qu'elle est Michele, ou Mi, car c'est dans sa maison qu'elle a été retrouvé. Mais une autre jeune fille Domenica, dit Do, a été retrouvée morte dans la maison, entièrement brûlée. Alors que tout le monde lui affirme qu'elle est Mi, la jeune fille va commencer à se poser des questions sur son identité, tout en essayant de retrouver la mémoire. Et surtout, l'incendie était-il réellement accidentel ?
Mi et Do sont deux amies d'enfances, ayant plus ou moins perdu contact avec les années, et se retrouvant à l'âge adulte. Elles n'ont qu'un seul point commun, elles veulent toutes les deux assassiner l'autre. Cette dualité, et le fait qu'on ait des souvenirs des deux, fait que l'on ignore jusqu'à la toute fin (les trois dernières pages du roman) qui est réellement la narratrice, et laquelle est la victime.
On suit donc dans ce roman la reconstruction de la narratrice, et la recherche de ses souvenirs. Mais le récit est entrecoupé de souvenirs des deux personnages principaux, Mi et Do, ce qui fait qu'on ne peut savoir, tout comme elle, qui elle est vraiment. Qu'est-ce qui fait que Michele est Michele ? Elle n'a plus d'identité physique, génétique ni même de souvenirs. C'est donc une quête identitaire qui se met en place dans le roman. Les pensées de Mi et Do, leurs souvenirs s'entremêlent, en même temps que la narratrice cherche à démêler le vrai du faux, la victime de l'assassin.
L'une des choses importante dans ce roman, c'est aussi l'ambigüité des personnages. Au-delà de Mi et Do, qui passe d'une relation de dépendance totale l'une à l'autre à une relation assassine, les autres personnages important ont deux faces, tel Jeanne Murneau, à la fois fine manipulatrice mais également gouvernante aimante. L'auteur joue ainsi avec ses personnages et avec nous, car on ne sait qui est réellement méchant ou gentil, qui est l'assassin ou la victime.
En conclusion, il s'agit pour moi d'un des meilleurs
romans policiers que j'ai lu, dans la lignée des whodunit d'
Agatha Christie, car le suspense tient jusqu'au dénouement de l'intrigue, à la toute fin de l'histoire.
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