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sur 172 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ça faisait un petit moment que je passais devant les romans de Régis Jauffret, et qu'à chaque fois, au moment de l'acheter...Hop! Il se faisait griller la place par un(e) autre auteur(e).
Depuis, ça y est. J'en ai un en ma possession. Il a rejoint illico, ses compagnons d'écriture dans ma biblio. Ma mission, depuis, c'était le lire, mais au moment de le saisir...Hop!.....
Depuis, Trois jours, le cap est franchi, la rencontre à eu lieu ; et c'est avec une grande joie que je lui décerne mon prix : 4 étoiles Babelio.
Clap! Clap! Clap!...
(Mais afin de le lire, fallait-il déjà qu'il l'écrive)...
___ ___ ___
_ Salut kiki! Tu sais l'histoire dont je t'ai parlé l'autre jour, celle sur laquelle j'aurais bien écrit un truc... Bah, ça y est, enfin...c'est pratiquement fini.
*Ah ouais, t'as pas traîné ! Cool! Et alors ?
_ T'as pas ça toi, qu'est super bon...
*Attend ! attend ! Essaye pas de me flatter, t'as quoi derrière la tête ?
_ Rien, j'te jure, je le pense..
*Tu le pense ? Mouais... après tout, c'est plutôt vrai :-)) bon, vas-y...accouche.
_ T'as pas une idée de titre ?
*Aahh..ok.. voyons voir...
La femme, le mari, l'amant.
_ non... trop sobre.
La tueuse, le mari, l'amant ?
_ Trop polar.
L'élève, le mari, le maître ?
_ Trop scolaire.
L'objet, le mari, le dominateur.
_ non, c'est nul, ça sonne pas !
La putain, le cocu et le banquier.
_ Trop Dorcel.
La belle, le soumis et l'autre ordure...
_ Non, tu t'énerves là, j'vois bien. Laisse tomber...
*Tiens écoute... j'en ai un qui claque là ... : SÉVÈRE.
_ Pwouaow!! Ça c'est bon !
Ça ne dis rien, mais ça interpelle.
Ça annonce la couleur sans donner de direction.
C'est mystérieux et inquiétant.
Quoi...qui est sévère ? L'homme..la femme..la vie ???
Merci kiki, j'ai mon titre...Yes!
Faudrait une petite accroche maintenant...
*Dis que ça parle d'amour et de haine.
_ Plutôt banal, non?
*Rajoute : pouvoir et humiliation.
_ Tu crois ?
*Bien sûr, et il faut qu'il y ait le mot SEXE, écrit quelque part. Ne pas négliger ça...
_ T'a raison kiki, sexe, ça marche tout le temps... quelle bande de malades tout de même...
Je parlerais aussi d'une maîtresse et son amant, dans la quatrième de couv.
*Tu vois, tu piges vite... parle de flingue aussi. Tu grapilleras toujours deux, trois psychopathes de plus. le polar ça marche pas mal.
_ Bon, si avec tout ça
*Pop,pop,pop,pop!!!! Pas si vite mon petit Régis...
Tu veux pas un dernier tuyau ?
Attention, Il est de taille... Mais là, t'accroches direct les médias, les critiques, les vautours...
On va en parler de ton bouquin, crois-moi !
_ Je t'écoute...
*Tu lui colle un p'tit bandeau à ton bouquin, et dessus, t'inscris : "LE PUISSANT BANQUIER, ÉDOUARD STERN, RETROUVÉ MORT DANS UNE CHAMBRE D'HÔTEL, DANS UNE TENUE DE LATEX ROSE. SA MAÎTRESSE ET MEURTRIÈRE, PASSE AUX AVEUX. VOICI LEUR HISTOIRE".
_Oulala!!! T'es taré ou quoi ?
Tu veux que je finisse sur la paille à coups de procès ? Mieux... que j'me prenne une bastos en pleine tête ?
Ils sont dangereux ces mecs là... même morts.
Non, je prendrai pas ce risque.
*Dis que c'était juste ta base d'inspiration alors... que tu t'es laissé aller sur les perversions et la nature de leur relation...
_ Humm...je préfère. Ça peut m'éviter des embrouilles.
Faut que tu comprennes kiki, ce gars là, il était ce qu'il était, mais maintenant qu'il s'est fait refroidir, dans la tête des gens, il est devenu la victime. Tu comprends ?
*Je comprends surtout que tu baisses ton froc ! Tu veux faire du Musso? Ah, ah, Mr Grimaldi...
_ T'es con quand tu t'y mets !
*Écoute...je traîne souvent sur un site dédié à la lecture...Babelio...tu connais ?
_ Non.
*Ça m'étonne pas, passons...
Sur ce site, t'as moyen de laisser un avis sur une lecture qui t'a touché, ou même un livre que t'as pas aimé d'ailleurs. C'est un moyen d'échanger sur des coups de coeur, de gueule, ou des impressions, enfin bref, y'a des mordus(es) littérature qui viennent te lire. Bon, pour être honnête avec toi, je fais pas partie des plus lu, et j'échange que très peu, mais ceux qui me lisent, c'est pas des marioles, tu vois ?
Je toucherai deux mots de ton livre dans un de mes billets, avec un coup de bol, t'auras peut-être un effet bouches à oreilles...tu saisis ?
_Ok, de toute façon, ça coûte rien d'essayer...
*Voilà ! Et pour en revenir sur l' apitoiement des gens sur "ta" sois-disante "victime", je toucherai un mot également sur ces parties de chasse aux loups, oryx, hippopos et même éléphants.
Putain ! Un mec qui bousille un éléphant... Je vais pas m'apitoyer sur son sort, moi. Quoi qu'il lui arrive... Rien à foutre de sa gueule !...
Et la plus part des gens, il digère pas si tu touches à un éléphant. C'est comme ça, on en voit jamais, mais il sont dans le coeur des gens. Cherche pas... c'est bien comme ça.
J'aurais même pas besoin de parler des fox-terrier qu'il achetait dans les refuges pour tester ses mines anti-perso dans son parc du Val de Loire.
Quelle grosse merde!
Bref...et raconte l'histoire en te mettant dans la peau de son assassin..."elle".
Parle du mépris qu'il avait du monde, parle de sa maîtresse amoureuse, maso-préfabriquée, joujou qu'on écrase.
De mon côté, j'en rajouterai une couche, sur ces parasites pervers, à qui tout le monde mange dans la main, politiques de tout pays, comme lambdas. Je ferai le lien avec lui et la sympathie que m'inspire un Elon Musk, un Trump, ou un Émir du Qatar, entre autres.
Je préciserai aussi que t'as mis une part de fiction dans cette histoire, et que je n'en connais pas le pourcentage. Comme ça, tu seras dédouaner. Tu pourrais même faire une petite préface dans ce sens. On est jamais trop prudent.
Tu vois Régis, c'est pas le bouquin du siècle que t'as pondu là, mais il fait réagir, et puis, ton style est plutôt cool.
Ah! Une dernière chose... Ça te dérange si j'ajoute que t'aime bien fouiller dans la merde, comme même...
_ Pffff ! C'est une chouette image de moi, que tu vas véhiculer ! Sympa ! Bien, après-tout, c'est sûrement un peu vrai... allez, vas-y !
* Bon, je bouge. À plus Régis ! Je vais poster ça sur le site...bye!
_Bye!




*








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"Je l'ai rencontré un soir de printemps. Je suis devenue sa maîtresse. Il m'a initiée au maniement des armes. Il m'a fait cadeau d'un revolver. Je l'ai abattu d'une balle entre les deux yeux."

Cette sécheresse, pas un mot de trop, ce ton froid, définitif, m'ont donné envie d'aller voir un peu plus loin.

J'ouvre le livre de Jauffret et je tombe sur le préambule. (J'avoue, j'aime pas tellement les préambules, et autres introductions..., ils m'empêchent de rentrer dans ma lecture aussi vite que je le voudrais.) Bon, je lis le préambule... je cite :

"Je suis romancier, je mens comme un meurtrier. Je ne respecte ni vivants, ni morts, ni leur réputation, ni la morale. Surtout pas la morale. Ecrite par des bourgeois conformistes qui rêvent de médailles et de petits châteaux, la littérature est voyou. Elle avance, elle détruit."

"Je suis brave homme, vous pourriez me confier votre chat, mais l'écriture est une arme dont j'aime à me servir dans la foule. D'ailleurs quand vous lui aurez appris à lire, elle tuera tout aussi bien votre chat."

"Ne croyez pas que cette histoire est réelle, c'est moi qui l'ait inventée. Si certains s'y reconnaissent, qu'ils se fassent couler un bain. La tête sous l'eau, ils entendront leur coeur battre. Les phrases n'en ont pas. Ils seraient fous ceux qui se croiraient emprisonnés dans un livre."

Et bien, quel programme ! Alors, après ça, je suis allée vérifier, plus avant dans le livre ; voir si Jauffret était un maître de la provocation, si cette annonce n'était qu'un bel effet de manche, si l'arme dont il nous menace n'était qu'un pétard mouillé.

"Sévère", l'histoire d'un meurtre, une femme tue son amant, elle raconte, depuis la cellule où elle est emprisonnée, cette "généalogie" du crime.Elle replace les pièces du puzzle pour nous, ou pour elle ; comment elle est devenue la "secrétaire sexuelle" d'un homme riche, puissant, et malade. Malade de l'argent, de la violence, du pouvoir. Malade dans son rapport aux autres, qui n'existent que pour être achetés, vendus, humiliés, réifiés. Malade enfin dans son rapport à lui-même, à son corps, à ses peurs d'enfant.

Partant d'un fait divers réel : l'assassinat du banquier suisse Stern en 2005, Jauffret met des mots sur l'indicible de cette histoire. le fait divers ne compte pas - il a raison de le dire dans le préambule : "Ne croyez pas que cette histoire est réelle, c'est moi qui l'ai inventée" -, Jauffret tend à l'universel, l'exemplarité ; comment la société broie les êtres, comment le rouleau compresseur fonctionne si bien sur nous.

"Ne croyez pas que cette histoire est réelle"... L'écrivain ment comme un meurtrier. Il manipule aussi. C'est tout le malaise que l'on ressent à la fin du livre. Qu'a-t-il fait de nous - lecteurs - pendant ces quelques pages ? Il nous a fait voyeurs, haletants jusqu'au dénouement pour quelques détails sordides. Il nous a rendus complices de cette époque de banquiers, de négociateurs, qui transforment les corps en métal.

"Sévère", c'est elle, c'est le système dans lequel nous rampons, grave et austère, qui n'a le droit ni à la chute ni à la faiblesse, et qui pourtant nous y réduit.
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Jauffret reprend un fait divers et en fait un livre. Un genre de First Person Shooter avec une plume parfois magique ; finesse des propos et étonnantes réflexions sur un truc qui à la base n'est pas loin d'une bouse de vache. C'est ça la littérature, aussi, je crois. Pas un chef d'oeuvre mais une belle interprétation.
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Bien que je ne sache toujours pas trop quoi penser de Régis Jauffret ( ayant adoré "Clémence Picot", très moyennement apprécié les quelques nouvelles de "Microfictions" que j'avais lues et été assez rebutée par le projet de "Lacrimosa"), je dois reconnaître que "Sévère" m'a entièrement conquise. Livre lu d'une traite, en un après-midi. Il faut oublier le fait divers, l'histoire de la prostituée et du banquier suisse et se laisser porter par l'écriture au scalpel. Plus que de sexe ou de meurtre, il est ici question de pouvoir et d'amour et le bourreau (si bourreau il y a) n'est jamais là où on le croit.
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Impressions de lecture… J'ai vu le film adapté du roman et c'est ce qui m'a donné envie de le lire. Un long métrage d'Hélène Fillières, intitulé Une Histoire d'amour, avec Laetitia Casta et Benoît Poelvoorde dans les rôles titres. le talent de comédien de Poelvoorde que j'apprécie énormément, la beauté de Laetitia, l'ancrage littéraire et l'aura sulfureuse du fait divers m'avaient attirés. Déception. le film et son esthétique froide, clinique, (sans doute en résonnance avec l'écriture de Jauffret et le tempérament du personnage masculin principal) ne m'ont pas convaincue. Pas assez psychologique, on reste trop en dehors, trop loin des personnages. Pas assez vénéneux. Bref, il a eu au moins le mérite de me faire lire Jauffret. le livre est meilleur, bien meilleur. Sévère est donc un petit roman, à peine un peu plus que 150 pages dans l'édition de poche de Points. Il tire son sujet d'une affaire criminelle retentissante qui a fait la une des journaux en 2005 : à Genève, un jeune et riche banquier, Édouard Stern, est trouvé tué par balle, revêtu d'une combinaison en latex. C'est sa maîtresse, Céline Brossard, qui est l'auteur de ce meurtre et qui sera condamnée. Une relation sadomasochiste, dans laquelle se mêlent argent, pouvoir, amour et paranoïa… de quoi faire un synopsis croustillant. Une expression consacrée par l'usage dit que la réalité dépasse la fiction. En effet, la réalité accouche parfois de monstres et d'horreurs qui ont de quoi fasciner et inspirer les imaginaires.

Dès le préambule l'auteur se justifie, se disculpe, et en appelle aux grands écrivains comme Rabelais, Balzac, Flaubert ou Proust pour dire que son récit, s'il tire sa « substantifique moelle » (et là c'est bien Rabelais que je cite et non Jauffret) d'un véritable crime est bien une oeuvre de fiction et que la fiction a tous les droits (idée que par ailleurs, je partage). Mais cela se contredit, vire au plaidoyer de défense (ce qui n'a pas empêché la famille Stern de porter plainte en demandant le retrait du livre), s'enlise dans les belles images, fait passer l'auteur, pourtant amateur du glauque et de la provocation et qui, il le dit lui-même dans ce préambule, ne respecte pas la morale, pour un timoré. Mais nous voilà prévenu, le livre n'est pas un document, l'histoire est romancée, oubliez les attaches véridiques qui vous ont peut-être poussé à l'acheter… Bref autant entamer tout de suite le roman c'est lui qui devrait donner corps à ce projet littéraire et fictionnel et par là même se charger de le justifier…

La première page annonce la couleur, tant dans l'intrigue que dans l'écriture. En une dizaine de lignes, on apprend le meurtre, dans quelles conditions, que la narratrice est la coupable (tout le roman est à la première personne) et qu'elle prend la fuite. La construction est plutôt convenue et fréquente dans les polars : partir du meurtre et remonter le fil de l'histoire, par le biais de retours en arrière qui viennent s'intercaler dans le récit de la cavale puis de l'arrestation et de l'interrogatoire. le style est sec et nerveux, avec des phrases courtes, efficaces et claires comme des coups de révolver qui claquent dans l'air. Pas de langue de bois, pas de tergiversation. le tout donne un débit un peu précipité, en adéquation avec la cavale de la narratrice. Les phrases plus longues se détachent et déploient tout leur sens. le lecteur reste aux aguets. Régis Jauffret est un styliste. le titre tient en un seul mot, judicieusement choisi qui renferme tout à la fois les notions de contrôle, de soumission et de punition (le Petit Robert donne en premier sens « qui n'admet pas qu'on manque à la règle ; prompt à punir ou à blâmer), le caractère dur et impitoyable et l'idée de gravité.

du convenu, de l'attendu, de la « psychologie » facile il y en a : le triangle amoureux, le mari bon ami avec qui on ne couche pas et auquel on impose de faire chambre à part, la femme vénale, au passé de petite fille abusée et qui a appris la prostitution comme une fatalité réjouissante, le milliardaire radin, paranoïaque et collectionneur d'armes à feu. Bien sûr il y a le saupoudrage sadomasochiste : poignets attachés, pénétration avec trique, fouet, coups, combinaison en latex… On n'a pas besoin de ces ingrédients pour mettre en scène les douleurs, les humiliations et les rapports de forces des relations amoureuses, nombre de grands auteurs nous l'ont prouvé. Car c'est bien d'une histoire d'amour dont il s'agit, c'est ce que Régis Jauffret veut nous montrer. Est-ce là la force du livre ? Peindre l'amour à travers la relation sadomasochiste ? Je n'y crois pas. Pas de quoi rester scotchée. Nous livrer un portrait de femme complexe ? Betty, qui veut se croire aimée parce qu'elle se donne un prix, parce qu'elle vaut un million arraché à son amant, l'argent, mais derrière il y a toujours autre chose… qui a des rêves de midinette « un jour il ne pourrait faire autrement que m'épouser » (p.31), car tout ce qu'elle veut, désespérément, violement, c'est être désirée « il était le seul homme à m'avoir à ce point voulue » (p.81). Oui, cette perspective est intéressante et d'autant plus que se dessine en creux la personnalité de cet homme qui n'est pas nommé, lui, son amant, son bourreau, son esclave. C'est ce qui m'a intéressée. Régis Jauffret met en scène l'autodestruction jusqu'à son expression la plus aboutie : le suicide par personne interposée. Il nous montre comment cet homme puissant, qui se sent menacé et sans doute terrifié par l'idée d'être assassiné, un homme lâche que l'humiliation d'avoir été réformé a traumatisé, fait de cette femme son bras armé. L'a-t-il formée, manipulée pour qu'elle le tue ? Consciemment, inconsciemment ? « Je l'avais préservé du martyre. […] J'ai peut-être préféré le tuer pendant l'amour pour lui épargné d'être assassiné dans la haine au fond d'une cave » (p.108-109). Mais le thème n'a pas été exploré jusqu'au bout selon moi… difficile en donnant la parole à un seul des personnages et sans trahir ce postulat.

Régis Jauffret échoue, sans doute de peu, à signer un roman magistral, n'est pas Truman Capote qui veut. La brièveté et l'aridité de sa verve en sont peut-être la cause, sa sévérité… Car en réfléchissant bien, je trouve surtout qu'il ne s'éloigne pas assez des clichés et des sentiers battus… où est-elle la transgression promise ? timoré, comme je le disais… je l'ai sentie dès le préambule.

Lien : http://quelscaracteres.eklab..
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Voici un livre bien sombre que "Sévère"... Il dérange, il perturbe, met mal à l'aise. Parce qu'il plonge au plus sombre de ce que certains d'entre nous recèlent ; remue les méandres d'une femme mise à mal par la vie, malmenée par de mauvaises circonstances.
Et pourtant...
On se prend à penser qu'elle est une femme bien ; qu'elle mériterait, peut-être, une autre chance. On voudrait pouvoir le lui dire.
Alors on continue de lire ce court mais intense écrit, mené d'une main de maître par son auteur.
Un beau moment de littérature, en somme.
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« La fiction éclaire comme une torche. Un crime demeurera toujours obscur. On arrête le coupable, on découvre son mobile, on le juge, on le condamne et malgré tout demeure l'ombre, comme l'obscurité dans la cave d'une maison illuminée de soleil. » écrit Régis Jauffret dans une belle préface à ce roman inspiré d'un fait-divers qui a défrayé la chronique à l'époque : l'assassinat du financier Édouard Stern par sa maîtresse Cécile Brossard. Invité par Le Nouvel Observateur à relater, à l'époque, le procès, Régis Jauffret a trouvé dans cette histoire d'amour ( ?) mortelle le sujet de ce roman. « Dans ce livre, je m'enfonce dans un crime. Je le visite, je le photographie, je le filme, je l'enregistre, je le mixe, je le falsifie. Je suis romancier, je mens comme un meurtrier. » Il ne s'agit en effet pas ici de relater simplement la chronique d'un fait-divers mais bien d'imaginer la liaison fatale qui a uni ces deux êtres. Jauffret se met dans la peau de cette maîtresse qui répond aux fantasmes d'un homme que les relations sado-masochistes excite. Une histoire tenue par la sexualité, où la tendresse est peu présente. L'héroïne de Sévère sait et souffre de la distance de son amant et pourtant, elle se prend à rêver un amour qui ne lui sera jamais donné. Et lorsque le rêve s'effondre complètement, au détour d'une manoeuvre peu galante et d'une phrase assassine, elle signe la fin de l'histoire et de son fantasme d'amour d'un geste fatal.

Une écriture clinique pour une histoire où chacun s'enfonce dans le faux-semblant, où l'argent régit les relations, où le sentiment se rêve, où la tendresse se mendie. Une histoire vraie, de cette vérité crue qui fait froid dans le dos, et pourtant fictionnelle car cette incursion au plus près du coeur de la meurtrière est celle imaginée par Régis Jauffret à qui je laisse la conclusion : « Personne n'est jamais mort dans un roman. Car personne n'existe dedans. Les personnages sont des poupées remplies de mots, d'espaces, de virgules, à la peau de syntaxe. La mort les traverse de part en part, comme de l'air. Ils sont imaginaires, ils n'ont jamais existé. Ne croyez pas que cette histoire est réelle, c'est moi qui l'ai inventée. Si certains s'y reconnaissent, qu'ils se fassent couler un bain. La tête sous l'eau, ils entendront leur coeur battre. Les phrases n'en ont pas. Ils seraient fous ceux qui se croiraient emprisonnés dans un livre. »
Lien : http://lencreuse.over-blog.com
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