Une inexplicable impulsion m'a poussée vers la bande-dessinée « Une nuit à Rome » de Jim, un récit complet en deux volumes. A l'instar de « Une petite tentation », je ressors de cette lecture sceptique et confuse, sans parvenir à comprendre si je l'ai appréciée ou non.
Raphaël s'apprête à souffler ses quarante bougies lorsqu'une histoire d'amour complexe vieille de vingt ans resurgit du passé et vient troubler la quiétude de sa vie amoureuse. Sa stabilité s'écroule en un instant, juste le temps pour lui d'entendre à nouveau le rire de Marie et sa voix au téléphone. le temps de visionner un ancien enregistrement dans lequel ils se promettaient de passer la nuit de leurs quarante ans ensemble à Rome. Marie, cette jeune femme qu'il a profondément aimée et n'a jamais pu oublier. Ce poison qui l'a tant fait souffrir. Cette drogue à laquelle il ne peut ni ne sait résister. Très vite, la Passion prend le pas sur la Raison et met le fragile édifice de sa vie en péril.
Je crois aux premières histoires d'amour de jeunesse que l'on ne parvient jamais à oublier complètement. A ces petits recoins de nos coeurs consacrés aux anciennes et indélébiles passions. Aux traces laissées par les tendres et nostalgiques souvenirs. Mais j'ai trouvé les personnages de ce récit trop torturés, au point d'en devenir impulsifs, immatures, égoïstes, cruels et de céder à des comportements irréfléchis sans envisager leurs possibles conséquences. Ils détruisent tout autour d'eux, sèment la douleur sur leur passage et ne respectent rien, si ce n'est une promesse faite il y a vingt ans sur un coup de tête. Je comprends les doutes, les interrogations, le mal-être et les désirs des personnages, mais je pense qu'un minimum de réflexion est toujours impérativement nécessaire avant d'agir. Pour tenter de limiter certains dégâts.
Cet aspect du récit ne m'a pas empêché d'apprécier les questionnements plus subtils liés au passage des ans et au devenir des personnages. Raphaël et Marie courent après leur jeunesse perdue et leurs souvenirs, ils s'accrochent l'un à l'autre dans cet espoir, bien que rien ne puisse les ramener en arrière. le passage du temps est immuable, il est nécessaire de grandir, d'évoluer, de se construire, et l'on ne peut pas être la même personne à vingt ans qu'à quarante.
J'ai trouvé le graphisme agréable mais il ne m'a pas vraiment conquise. L'association du graphisme et du récit fonctionne, mais une douceur, une chaleur et une sensualité physique émanent du dessin et il m'a semblé qu'elles entraient en conflit avec la violence psychologique du scénario. J'aurais imaginé des traits et des couleurs plus brutaux. C'est un récit à la fois tendre et cruel, doux et douloureux.
Je dirais donc de cette lecture qu'elle est plutôt déconcertante : ni transcendante, ni désagréable. Elle pousse à s'interroger et à réfléchir sur des questions sensibles et très humaines. Ça ne fait jamais de mal.
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