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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un roman autobiographique très émouvant, comme une longue lettre d'amour adressée au père défunt.
Constance est très jeune lorsque Jacques, son père, quitte sa mère pour Ivan. Trentenaire, il fait son coming-out à une époque où être homosexuel reste difficile socialement. Mais Jacques a besoin de vivre au grand jour ses amours. Père attentif, affectueux, présent dans la vie de sa fille, il va avec elle partager sa passion des voyages, de la peinture, de l'opéra…
Puis, la maladie, celle qui touche d'abord les homosexuels, celle que l'on cache comme une honte parce que les discours de le Pen, parce que les moralisateurs. Et Constance, toute entière tournée vers les joies et menus désespoirs de l'adolescence, n'en voit pas les signes. Puis, lorsqu'elle apprend la terrible nouvelle, refuse l'idée de l'inéluctable.
C'est un très joli texte, coloré, odorant, sensuel et terriblement triste. Au-delà du sida, de l'homosexualité, du contexte des années 80-90, il reste l'extrême chagrin de la perte d'un père, les regrets. Perte insupportable à laquelle chacun(e) est confronté et qui nous laisse vide et seul. Constance Joly traduit cela magnifiquement, avec pudeur mais sans fard.

Challenge ABC 2021/2022
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Pour leur premier roman, les écrivains décident souvent de parler d'eux. le plus difficile ensuite étant de confirmer avec un deuxième opus dans lequel ils vont devoir innover et imaginer. Constance Joly a fait le chemin inverse. C'est après un premier roman réussi, qui laissait déjà apparaître son talent, qu'elle décide de nous parler de son intimité.

Elle nous raconte le destin de son père. Cet homme d'apparence « normale » a créé une famille comme tout le monde, respecter les règles « normales », avant de se laisser aller à ses véritables envies et d'obéir à sa vraie nature. L'autrice partage avec nous ces moments de jeunesse lorsque son paternel a pris cette décision courageuse. Mais en se libérant de son secret, en voulant être lui-même, il va aussi faire exploser la quiétude familiale.

Ce genre de roman est en général plus essentiel à la personne qui l'écrit qu'à celle qui le lit. L'autrice utilise sa plume comme un exutoire, une manière qu'exorciser son amour. Une fois les mots posés sur la page, elle se libère du poids qu'elle portait. Mais « Over the rainbow » va plus loin que sa propre histoire en s'intéressant à des thèmes qui ont fait notre société et qui sont encore d'actualité. Ce livre met en exergue nos modes de vie souvent dirigés par la bienpensante, qui oblige les gens à vivre contre nature afin d'être acceptés par la communauté.

Cette lecture est un appel à la liberté mais aussi un constat tragique que rien ne bouge, surtout pas les préjugés. Avec sa douceur habituelle et son écriture poétique, Constance Joly livre une ode émouvante à son père qui va plus loin qu'un simple portrait. Malgré les obstacles de notre monde, il faut se battre pour que chacun puisse être lui-même !
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Constance naît en 1970 de Jacques et Lucie, tous deux professeurs. Elle raconte sa relation avec un père qui quitte le domicile conjugal en 1986 pour vivre pleinement une homosexualité refoulée jusqu'alors et frappée par une redoutable maladie émergente. Les différentes périodes de sa vie avec lui sont évoquées en désordre, mais avec un fil conducteur incassable qui est l'amour que l'enfant, l'adolescente et la jeune adulte lui porte, malgré le regard encore frileux de la société sur les couples homosexuels. Une histoire d'amour contre vents et marées d'une grande sensibilité !
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Over the rainbow, un titre en clin d'oeil au père de l'auteure qui adorait les comédies musicales et Judy Garland.

Avec pudeur et délicatesse, Constance Joly rend un hommage bouleversant à son père, Jacques, qui s'est affranchi des conventions sociales pour assumer pleinement son homosexualité et qui est mort du sida en 1992. Mais comme l'explique l'auteure au début du livre, il serait réducteur de résumer la vie de Jacques à ça.

Dans ce très beau texte, elle va retracer le parcours de son père, avec ses difficultés et ses souffrances, elle va évoquer leur relation compliquée au moment de l'adolescence, mais aussi les moments heureux et tous les petits riens qui font une vie.

En écrivant tous ses souvenirs, il y a une volonté de garder un peu de lui, de laisser une trace de ce qu'il a été et de ce qu'il a aimé, afin qu'il ne tombe pas dans l'oubli. C'est un récit à la fois très intime et tout en retenue, où l'on ressent profondément tout l'amour qu'elle porte à son père, et la douleur de l'absence. Un texte lumineux comme un arc-en-ciel.

Merci à lecteurs.com et aux éditions Flammarion pour cette jolie découverte.
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Constance Joly a pris le temps pour faire revivre la mémoire de son père. A la naissance de sa fille, une de ses meilleures amies lui demande ironiquement des nouvelles de » ce vieil homo« . Elle avait oublié qu'il était mort depuis cinq ans. Comment oublier et insulter cet homme qui a osé affronter l'opinion publique pour être lui, qui a lutté dans le silence et la dignité contre cette maladie dont personne ne voulait dire le nom.
Un film en super-huit, des albums de photos, des tableaux ( le damné aux enfers ou le baptême de Clorinde) qui hantaient son enfance témoignent en quelques images du parcours de cet homme né à Nice. Très tôt, Jacques ressent son homosexualité mais il ne peut l'avouer suite au bannissement de son frère surpris par ses parents au lit avec un homme. Alors, il se tait, se marie avec Lucie. le couple part à Paris en 1968. Tous deux enseignants, ils mènent la vie de bohème de l'intelligentsia de gauche.
Lors d'un cours hebdomadaire à Clermont-Ferrand, il rencontre Denis. Dès lors, Jacques commence à traîner la nuit au jardin des Tuileries. Constance a sept ans, elle ne voit plus beaucoup son père. A trente-sept ans, le père de Constance accepte enfin son homosexualité et quitte le foyer. de taciturne, parfois rageur, il peut enfin rayonner. Alors que l'auteur passe rapidement sur l'effondrement de sa mère, elle donne des couleurs à la métamorphose de Jacques.
Quand et avec qui a-t-il contracté ce virus? Lors de son voyage à San Francisco avec son copain Ivan en 1979? Les premiers cas furent recensés entre octobre 80 et mai 81 à Los Angeles. Mais il faudra attendre 1996 pour espérer freiner les ravages du virus avec la trithérapie. Jacques apprend sa séropositivité en 1988. Après douze ans de vie commune, Ivan l'a quitté et il s'apprête à vivre avec Sören. seuls son amant et sa mère seront dans la confidence. Aux autres, il ne dira rien avant de s'effondrer.
Constance a vécu de merveilleux moments avec ses parents jusqu'au divorce.
Elle fut ensuite une des premières enfants à vivre au sein d'un couple d'homosexuels. Au coeur de cette histoire, l'adolescente grandit, s'ouvre à sa féminité.
Le texte est écrit avec le coeur. A chaque ligne, on sent l'admiration pour son père. Au-delà de l'évocation d'un sujet de moins en moins tabou mais toujours difficile, Constance Joly écrit pour faire vivre son père.
Difficile de passer derrière le remarquable Fairyland d'Alysia Abbott. On y retrouve d'ailleurs quelques similitudes, beaucoup moins marquées (Harvey Milk, période adolescente…). Je découvre ici une version plus courte, plus centrée sur les sentiments mais le témoignage dégage la même admiration pour un père qui a eu le courage de vivre sa différence. Si le récit est moins fouillé, moins ancré dans une culture, une époque (tout le monde ne peut pas vivre à San Francisco), j'ai aimé les intermèdes poétiques et les références qui se glissent de ci-de-là, notamment autour de ce titre évocateur, Over the rainbow.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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"(...) je sais que le moment est venu de trier mes souvenirs pour écrire ton histoire. Une histoire dont je serais la monteuse. La menteuse. Celle qui comble les vides, synchronise gestes et paroles. Celle qui rejoue le passé. Je connais la langue des absents. C'est toi qui me l'a apprise."

Ces souvenirs, ce sont ceux que Constance garde de son père, Jacques mort du sida il y a trente ans. L'un des premiers alors que l'on découvrait chaque jour un peu plus les ravages de ce virus. Un père qui avait finalement choisi d'assumer ses préférences, un père aimé, admiré mais échappé d'abord du foyer puis de l'existence alors que la jeune femme à peine sortie de l'adolescence ne mesurait pas encore combien cette liberté faisait partie de son héritage. Ce sont donc les mots qui sont chargés de le faire revivre ou en tout cas de le sortir de l'ombre. de raconter cette époque et ses drames. Les mots d'une fille, confrontée à une situation peu ordinaire mais surtout les mots d'un fantastique écrivain.

"J'écris pour ne pas tourner la page. J'écris pour inverser le cours du temps. J'écris pour ne pas te perdre pour toujours. J'écris pour rester ton enfant."

Constance écrit, et Jacques apparaît, mais surtout les liens entre eux, ceux de l'enfance et ceux plus complexes de l'adolescence lorsque l'on se cherche des modèles, des repères. Constance écrit et l'émotion gagne, la vie et la mort se croisent, les trajectoires se suivent et parfois s'évitent ou se manquent. Se laissent distraire, berner. Constance écrit, les lumières envahissent les pages, les odeurs de l'enfance et les sensations de l'adolescence deviennent perceptibles. Passé et présent se rejoignent. S'enlacent. Se réconcilient au grand jour. Les poids s'allègent. Les épaules se redressent, les respirations se font plus douces. C'est beau.

L'écriture de Constance Joly est la grâce même. Sensible, pudique, aérienne, attentive à tracer cet écrin de vérité et d'amour. Je m'y suis coulée avec plaisir, touchée par cette rencontre revisitée à trente ans d'intervalle, bercée par la musique des mots qui accompagnent ce voyage d'une femme vers la fille qu'elle était et qu'elle demeure. Enfin dans la lumière.

"La vie emporte tout, l'amour et les visages de ceux que nous avons aimés, et pourtant nous agissons sans relâche. Nous nous construisons des digues dérisoires, bientôt emportées. Encore quelques minutes au soleil. Juste quelques minutes."
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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"Over the Rainbow" c'est l'histoire d'un homme mais surtout d'une famille, une famille au départ unie, deux professeurs qui se rencontrent, font mai 68 ensemble, fondent une famille. de cette union née Constance mais Jacques, ce père investi et malgré une profonde affection pour sa femme, n'est pas épanoui dans sa vie. Les conventions de l'époque ont dans un premier temps guidé ses choix mais une rencontre va l'amener à se révéler. Ce chamboulement dans leur vie, Constance nous le rapporte avec beaucoup de pudeur et de tendresse. Dans sa nouvelle liberté son père va malheureusement contracter le sida aux prémices de l'épidémie et fera parti des premiers à en succomber en 1992 à seulement 53 ans. 

Un récit très délicat, à travers ces souvenirs partagés, l'autrice nous dépeint avec délicatesse l'absence d'un proche ET l'amour présent dans toutes les familles! Des confidences adressées à son père par l'usage du "tu" rendues très fluide grâce à de courts chapitres. "Over the Rainbow" quel très beau titre pour parler des amours aux couleurs de l'arc-en-ciel. Ce récit rend  hommage à un père parti trop tôt, à un homme mais aussi à tous ces victimes de cette terrible maladie. Maladie d'homosexuel au départ, elle touche désormais tout le  monde, je suis née après sa découverte et ma sexualité à toujours été sous le signe de la protection. La recherche a tellement évoluée depuis, la vie des malades du VIH peut être quasiment identique à celle de n'importe qui d'où l'intérêt de se faire dépister et de se protéger. 

Un récit touchant qui m'a beaucoup plu. La finalité de cette histoire bien qu'elle soit connue m'a bouleversée sûrement parce qu'elle fait écho à nos propres deuils. J'ai été embarqué par la plume délicate de l'autrice et cet hommage tout en retenu. 



Lien : https://leslecturesdemamanna..
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Très beau texte que ce livre de Constance Joly, malgré l'exercice ô combien difficile de parler d'un père parti trop tôt dans un contexte douloureux, celui du Sida et de ses premiers morts à la fin des années 80. Jamais larmoyant, jamais complaisant, le livre évoque par petites touches des moments de vie avec ce père qui assume son homosexualité quand sa fille est encore petite. L'auteure déroule ces instantanés d'enfance, d'abord au milieu de ses deux parents, puis après le divorce, et enfin quand la maladie est déclarée, mêlant ces souvenirs avec les réalités de sa vie à elle, enfant solitaire, adolescente révoltée, restant finalement assez loin de ce drame paternel tout en enregistrant inconsciemment ses stigmates. Elle l'admire, le déteste, lui en veut, mais on sent surtout beaucoup d'amour pour cet homme tendre et fantaisiste avec qui elle partage ses racines. L'écriture toute en finesse de Constance Joly coule avec grâce pour rendre compte de ce lien distendu mais jamais rompu.
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Over the rainbow est un avant tout une déclaration d'amour d'une fille à son père, d'un père qui a choisi de quitter femme et enfant pour se libérer du carcan social qui l'étouffait, pour s'épanouir sexuellement et vivre enfin son homosexualité. Ce père a osé faire ce que l'on ne faisait pas à cette époque. Nous sommes à la fin des années soixante. En ce temps-là, non seulement les divorces demeuraient exceptionnels, mais de surcroît il était rare pour un enfant de partager l'instant d'un week-end ou des vacances, la vie d'un couple d'hommes. Malgré la honte qu'elle a subie plus jeune, le jugement des autres, c'est sans parti pris que Constance Joly raconte ce père, cet homme cultivé, passionné, fantasque. Cet homme qui voulait aimer librement et s'affranchir de toute convention sociale. Cet homme qui a été l'une des premières victimes du Sida en France. Parce qu'en ce temps-là, la trithérapie n'existait pas. Parce qu'en ce temps-là, de ce virus on en crevait.

Over the rainbow est un livre à la fois très personnel et universel. Véritable exutoire pour l'auteure qui a ressenti le besoin de poser des mots pour combler le manque et pour que plus personne ne se permette de parler de son père, Jacques, comme d'un "vieil homo mort du dasse", ce livre est aussi un plaidoyer pour la différence, un hymne à la liberté d'être soi-même quoi qu'on en dise. Constance Joly ne juge personne, même pas Ivan, le compagnon de son père qui est parti dès qu'il a appris que Jacques était malade. Elle ne convoque pas la morale, juste elle raconte avec pudeur. Elle raconte les moments fantasques de ce père jusqu'à sa déchéance physique.

Over the rainbow est aussi doux et mélodieux que la chanson. Pour ma part, j'ai vraiment attrapé un coup de lune à écouter Constance Joly nous raconter ce papa pas comme les autres, mais un papa avant tout.

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Un livre très personnel et intime, un hommage de l'autrice à son père, mort du Sida dans les années 90.

J'avoue que ce n'est pas le genre de livre qui me plaît le plus, la non fiction, le court récit d'un vécu souvent traumatisant.

Le début s'est révélé un peu hésitant, voire décevant. Je ne parvenais pas à m'attacher à ce père qui décide d'assumer son homosexualité après avoir fondé un foyer, de quitter femme et enfant, de se livrer à des rencontres gay dans un parc...Il y avait ce côté "provocation" propre à ces années là...
D'ailleurs Constance Joly le décrit très bien. Face au rejet de la société, il y avait une sorte de défi à multiplier les partenaires malgré une situation en couple stade...Une revendication, un besoin d'être reconnu.

Et puis, petit à petit, j'ai été touchée par la survenue de la maladie, la lente descente vers l'inéluctable.
L'empathie est venue pour le père et surtout pour la fille.
Je me rappelle ces années où la population homosexuelle a été décimée et où nous tremblions aussi, les autres. On parle moins du Sida aujourd'hui mais il est encore là...

Un petit récit finalement émouvant, bien écrit et nécessaire. Pour ne pas oublier de profiter des siens et de la vie quand ils sont encore là.
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