A
u demeurant, je n'aime pas les nouvelles.
Je les considère comme des aquarelles à comparer avec des oeuvres à l'huile.
C'est immédiat, trop léger, urgent, un déjeuner de soleil, un jet, trop vite oublié.
L'absence de profondeur l'emporte sur les glacis de mots pénétrants auxquels m'a habitué
Serge Joncour dans les tableaux de vie de ses romans luxuriants.
Toutefois, il m'apprend qu'une nouvelle peut être plaisante comme un Beaujolais ou un Sancerre sur le fruit, vive, débordante de fraîcheur, courte mais éclatante.
J'en accepte l'augure, il a tellement écrit de bons romans sonnant comme des Bourgognes capiteux avec des accents giboyeux, aussi concentrés que puissants, qu'il doit pouvoir élaborer de bonnes nouvelles.
Au rendez-vous, 17 historiettes de quelques pages que je vais tenter de résumer en peu de mots ciblés façon petit rébus :
L'amour moderne : Un cliché, pas une photo. A peine cliqué qu'il est déjà parti.
La goutte de sang : La séduction, la morsure de l'amour, la pointe de sang sur les lèvres.
Toute une vie sur un portable : Solitude cellulaire,
de A à Z, réper-exutoire.
Son môme dans la chambre d'à côté : Prendre son corps comme un jouet et détaler.
S'aimer jusqu'à se voir : « A croire que s'aimer, c'est ne plus s'écrire. »
L'amour de loin : Loin de l'amour, Chalon-sur-Saône Net-blues.
S'aimer un jour sur trois : le manque deux jours sur trois, mode d'emploi.
N'avoir pas eu l'enfant : Des hauts et débats, vie de combats, résultat, pas papa.
Se perdre c'est déjà ça : La perte de soi comme une réussite, l'alcool comme une fuite.
L'amour est tout ce qui nous sépare : Passion dans la tourmente, tu as vingt, j'ai quarante.
Si c'est pas de l'amour : Ça peut-être de la compassion. L'un s'en sort, l'autre pas. Pas d'égo.
Demain on sera jeune : Refuser le temps qui passe comme une fusée. Opération séduction.
Joyeux Noël : Un téléphone qui vibre peut-être le plus beau des cadeaux.
Ce soir je rentre : Pour une fois, je préfère être seul à deux.
La passagère du siège en face : Rêveries du voyageur solitaire.
Dix mois après ce 10 mai là, 81 : Dis-moi, après que
fait-on ? Jeunes tranches de vies à deux.
Cette main de moi qui tremblait : C'est bon d'être entouré quand le vent tourne.
Certaines nouvelles sont délicates et sensibles, d'autres sont mordantes mais toutes ont le goût du vécu. Elles sont aiguisées de sentiments les plus purs comme les plus sombres, l'auteur manie avec précision les méandres de l'âme humaine, ses mots ne sont jamais les mêmes et peuvent clairement exprimer ce qu'est le blues de la vie. Toute la musique des nuances que j'aime.
Que ce soit des romans, que ce soit des nouvelles, j'apprécie tes prouesses.
Joncour, toujours tu m'intéresses.