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sur 1246 notes
Voici le nouveau Joncour, un de mes auteurs coqueluches !
Quel bonheur de retrouver son écriture, ses petits détails douillets qui nous remet tout de suite dans l'ambiance !
Paris.
Suite au décès de sa femme, Ludo, ex-rugbyman, ancien agriculteur reconverti en agent de recouvrement de dettes, vit à Paris depuis deux ans, fréquentant quasiment personne.
Aurore, parisienne, femme d'affaires trés occupée, mariée à un bel américain brillant, et mère de deux enfants, a de gros soucis de boulot.
Tout les deux habitent le même immeuble. Lui dans la partie dépravée, l'escalier C, elle, celle, rénovée, l'escalier A. Pour Aurore, il est le voisin qu'il n'aime pas croiser, un type qui la toise d'un sourire glaçant. Tout les sépare.
"La rencontre improbable" de ces deux , " la belle énervée" et " l'autre malade...colosse au sourire insupportable", la Belle et la Bête, se réalise grâce à deux corbeaux....eh oui, comme quoi les animaux peuvent réaliser des exploits outre celles qu'on leur attribue .....et de là Joncour avec sa fine psychologie des tréfonds de l'âme humaine nous concocte une suite moderato cantabile, y mêlant suspens et aventure en plein Paris....dans l'anonymat d'une métropole, où, même répondre à un bonjour est considéré comme une corvée.....
Le style de Joncour est toujours le même et ça me plait beaucoup, mais l'histoire tient un peu moins bien la route que d'habitude, une histoire légèrement à l'eau de rose où certaines situations passent un peu moins bien. Et un autre petit bémol.....j'ai peu apprécié l'épisode turque qui me semble surréaliste, supposée je pense à partir des derniers développements dans ce pays....mais la Turquie n'est pas encore les Etats-Unis, les civils ne se promènent pas en public avec des revolvers bien en vue..... et surtout le milieu du textile n'est pas le domaine du diable ou des gangsters. Si c'est pour pimenter le texte, il aurait dû imaginer autre chose.Mais l'épisode étant fort brève, je passe.
Bref, j'aime les bouquins de Joncour, bémol ou non, ce dernier livre aussi, au final, a été un plaisir de lecture !
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Fort souvent la rencontre fortuite de deux personnes qui, à priori, n'ont rien de commun donne un résultat intéressant. le filon a beaucoup été utilisé au cinéma, il est ici au coeur du nouveau – et formidable – roman de Serge Joncour.
«L'écrivain national» dresse tout d'abord le portrait de Ludovic aussi impressionnant par ses mensurations que posé dans son attitude, une sorte d'ours solitaire mais zen, qui vient de la vallée du Célé dans le Lot et travaille à Paris ou plus souvent en banlieue. Il est chargé de recouvrer des dettes auprès de particuliers. Un métier difficile, mais qui lui convient mieux que de rester enfermé dans un bureau.
De l'autre côté de son petit appartement vit Aurore, son mari, et ses deux enfants. Elle conçoit des modèles pour une entreprise de prêt-à-porter, jongle avec ses rendez-vous et l'emploi du temps de ses enfants et croise à peine un mari qui est plus souvent occupé à ses affaires, brasser des millions, que soucieux du bien-être de sa famille.
Quand Aurore croise Ludovic, elle prend peur. Cet homme imposant ne lui dit rien qui vaille. Il va toutefois se montrer avenant et l'aider à se débarrasser de corbeaux qui ont envahi la petite cour. En montant l'escalier pour le remercier, elle va croiser une voisine à laquelle elle n'avait pas vraiment fait attention et se rend compte combien sa vie, comme des milliers de Parisiens, se passe à courir sans vraiment s'intéresser aux autres. Et que cet homme est justement l'antithèse de ceux qu'elle côtoie au quotidien, capable d'actes désintéressés, capable d'attention. Un refuge. D'ailleurs c'est Ludovic qui sera là le jour où le chauffe-eau a brutalement lâché et qu'une inondation menaçait l'appartement puis l'immeuble tout entier.
Aussi est-ce presque malgré eux qu'ils vont aller l'un vers l'autre, attirés par une soif commune de remplir le vide de leur existence.
« En se serrant contre cet homme, en s'y plongeant avec tout ce qu'elle mobilisait de forces, elle embrassait l'amour et le diable, la peur et le désir, la mort et la gaîté, elle avait la sensation de se perdre en plein vertige dans ces bras-là, d'être embarquée dans une spirale qui n'en finirait jamais de les avaler. Désormais ils n'étaient plus neutres tous les deux, ils n'étaient plus ces deux amants fugaces que tout sépare. Â compter de ce jour, elle se sentait irrémédiablement liée à cet homme, de fait ils étaient enchaînés, ligotés, réunis…»
Chevalier servant et chevalier blanc, Ludovic va alors aussi aider Aurore lorsque cette dernière se verra confronter à une basse manoeuvre de son associé afin de l'évincer de la société qui porte son nom pour produite à bas coût à l‘étranger et étendre la gamme des produits. Avec un associé lui aussi sans scrupules, il veut faire de la marque «Aurore Dessage» une machine à cash. Des adversaires qui sont d'un autre calibre que sont que Ludovic côtoie chaque jour. Il va bien vite s'en rendre compte, mais voudra mettre un point d'honneur à faire plier les escrocs. Un jeu dangereux qui va finir par mettre en péril les deux amants.
On savait Serge Joncour excellent observateur de notre quotidien, sachant parfaitement mettre en scène les milieux qu'il décrit sans oublier les détails qui crédibilisent le récit. Avec le sens de la formule qu'on lui connaît, il ajoute encore une dimension supplémentaire à ce roman, à savoir une tension palpable dès les premières lignes et qui ne quittera pas le lecteur jusqu'au bout, si bien qu'on ne voit pas passer les 427 pages qui mènent à l'épilogue. du très grand art que j'imagine bien voir récompensé par un Prix littéraire, même si les jurés du Goncourt ne semblent pas encore l'avoir lu jusqu'ici.
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Il fait encore nuit... à plus de 6 h du mat.. je viens de passer une nuit blanche... en compagnie d'Aurore et Ludovic ! Beaucoup de mal de quitter ces deux-là !!....

Je débute ce billet... vais entre temps dormir un petit moment avant de le terminer et surtout retrouver quelque force pour me rendre à mon travail...ensuite !!!
J'ai débuté cette fiction il y a 24 h... et hier soir, exténuée... j'ai poursuivi pour quelques pages...et patatras... je n'ai pas pu laisser ce texte avant d'avoir atteint sa "chute"... que j'appréhendais, et qui heureusement a laissé une belle lumière et ouverture de possibles !.

Un grand, grand coup de coeur pour ce dernier roman de Serge Joncour qui est le premier texte que je lis de cet auteur, même si j'ai débuté quasi simultanément un deuxième roman antérieur, "l'Ecrivain national", qui est en cours....

Beaucoup de critiques des plus élogieuses sur ce roman de cette rentrée... et combien méritées...

Je ne reviens pas à l'intrigue même... ni au détail de l'histoire... Même si Serge Joncour ménage avec talent et efficacité un suspens certain, tout le long du récit... de multiples thématiques s'entrecroisent:
La solitude, l'isolement dans nos grandes villes, le monde du travail présenté dans deux corporations distinctes: La mode , les créateurs et les coulisses financières carnassières, autre domaine professionnel des plus délicats: le recouvrement des dettes, La vie d'un immeuble parisien... la cohabitation des différentes classes sociales... Et bien sûr il est question du bouleversement de deux existences aux antipodes, grâce ou à cause de la passion, de l'amour...de la magie unique qui peut survenir entre deux êtres et ceci entre entre une citadine d'un milieu très aisé et un rural , veuf, isolé dans la capitale, très nostalgique de sa campagne, de la ferme
familiale, de la nature, exerçant un métier dont il a quelque peu honte, mais qu'il exerce avec finesse et psychologie... Deux individus sans le moindre point commun, provenant de milieux sociaux quasi contraires....

Ces deux-là vont se croiser, "tomber amoureux", télescoper de façon foudroyante leurs deux chemins....Serge Joncour a l'art et la manière de parler des ambiguités amoureuses, des élans de la passion, de l'harmonie charnelle... sensuelle.

"Quand d'un coup on s'embrasse, c'est que vraiment on n'en peut plus de cette distance, même collés l'un à l'autre on a la sensation d'être encore trop loin, pas assez en osmose, de là vient l'envie de se fondre, de ne plus laisser d'espace."

L'Amour-passion, au centre, mais aussi l'amitié ou la bienveillance de Ludovic pour Mlle Mercier, sa petite voisine, âgée et solitaire, à qui il ramène quotidiennement son pain et à qui il offre aussi un brin de causette...Voisine qui lui rendre sa gentillesse, à son tour et retrouvera une énergie nouvelle au fait d'être utile à quelqu'un !!

"Elle était là à attendre qu'il lui demande quelque chose d'autre, à espérer qu'il ait besoin d'elle, ce n'était pas si courant qu'elle puisse aider quelqu'un, comme si l'idée de pouvoir lui filer un coup de main la renforçait
d'une énergie nouvelle, comme si de pouvoir l'aider la faisait revivre...Il ne la priverait pas de ce cadeau. Il ne priverait personne de ce cadeau. "(p. 427)

Un vrai suspens, des personnages attachants ou horripilants dans la galerie des personnages proposés, de la poésie,un rythme soutenu, une écriture fluide, qui nous enveloppe entièrement: Un régal de lecture et de complicité... et un art de transcrire l'indicible ....

Je termine sur ce bref extrait:
"(...) plus que jamais elle avait réalisé à quel point cet homme lui échappait complètement, qu'ils n'avaient rien en commun, rien de familier, et malgré ça, à ce moment précis, il était l'être duquel elle se sentait le plus proche, le plus intime. En plongeant sa tête dans son cou, les yeux fermés elle se dit, Je ne le connais que depuis un peu plus d'un mois, mais il est entré en moi par une porte cachée, secrète, que lui seul a su trouver..."(p. 381)

Une lecture flamboyante et combien "réchauffante" en cette période automnale !!...
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Pour ce premier jour de rentrée des classes, un focus sur ne lecture quasi indispensable qui tranche un peu avec une rentrée littéraire où le sombre et le sérieux règne en maîre : Repose-toi sur moi , le dernier roman en date de l'impeccable Serge Joncour ( L'amour sans le faire, l'écrivain idéal, l'idole) est assurément un roman qui fait du bien à l'âme et au coeur et qui donne envie de lire, sans être un feel good book trop mièvre et à l'eau de rose comme les livres d'Anna Gavalda ou Marc Levy, tant la plume de Joncour est maitrisée et subtile.

Avec le récit de cette rencontre entre deux êtres et, deux mondes amenés à cohabiter sans normalement jamais se croiser, Joncour prend tous les ingrédients de la comédie romantique ou sentimentale, mais en l'encrant dans une réalité sociale profonde et pleine d'acuité..

Repose toi sur moi- une phrase tirée du livre, quasiment à la toute fin, mais pas forcément prononcée comme on l'entendrait logiquement- c'est la rencontre inattendue entre Aurore et Ludovic ces individus qui ne vivent pas sur la même planète. Aurore est une styliste au talent connu et reconnu, qui a monté sa propre maison 8 ans plus tôt avec un associé, Fabian. Un mari qui réussit brillamment dans les affaires, deux enfants, un bel appartement, une entreprise dans les quartiers chics, Aurore affiche tous les codes de la réussite, tant personnelle que professionnelle. Ludovic, veuf, ancien agriculteur, s'est reconverti dans le recouvrement de créances.
Il habite un immeuble en face de celui d'Aurore, mais en nettement moins huppé. Ils se croisent parfois, intrigués l'un par l'autre, mais ne se trouvent pas grand-chose en commun. Quand il se rend compte qu'Aurore est terrifiée par deux corbeaux qui hantent les arbres de la cour, il décide de les "dézinguer" et de lui offrir leur trophée de plumes entouré d'un joli ruban rouge.

Serge Joncour, encore plus que d'habitude sans doute dresse un roman plein d'empathie et de tendresse sur nos petits et grands soucis du quotidien, et sur notre envie parfois de grands espaces et de sérénité, loin de cette frénésie de la vie à Paris que l'auteur décrit avec une belle acuité.

Une très belle histoire d'amour et du désordre que celui ci amène dans nos vie, mais qui aborde également pas mal d'autres grandes thématiques, souvent en utilisant une fine opposition des genres ville contre campagne, la précarité contre la richesse éhontée, les mensonges contre la réalité, famille contre isolement, la fragilité- apparente contre la force-idem.. et décrit une réalité sociale-avec des scènes de mise en recouvrement d'une belle ambivalence et qui évite toujours le manichéisme et la caricature.

« C'est elle qui prit l'initiative, il avait des lèvres tellement charnues et douces qu'elle n'eut même pas le temps de se demander ce qu'elle faisait, elle n'eut pas le moindre mouvement de recul tellement elle les voulait encore ses lèvres, elle se plaqua cotre l'arbre, elle était éperdument exaucée, cette cour qui depuis des années lui donnait de l'énergie, cette enclave de sérénité, voilà qu'elle allait jusqu'au bout de cette promesse, pour une fois elle était au coeur même de ce refuge qui la protégeait du monde, il faisait nuit maintenant, et dans l'obscurité, sous ces feuillages, tout était plus sombre encore, parfaitement caché.

.Mais ce que réussit sans doute encore mieux Joncour c'est la peinture de cette valse des sentiments, cette dichotomie entre ce qu'on pense et ce qu'on dit, et ce désir plus fort que la raison et les craintes d'être rejeté..aussi bien physiquement que moralement, pour essayer de résister dans un monde hostile, cruel et trop souvent égoïste.

.L'amour chez Joncour prend différentes formes, parfois totalement contraires, , ; l'espoir, auquel on a envie de s'ancrer sans totalement oser, la nostalgie d'un passé révolu, qui réconforte mais qui brise aussi les ailes, cette envie de s'appuyer sur l'autre alors que pourtant l'inconnu effraie parfois, tout dans ce beau roman sonne vrai et touche au coeur ..
Ce que nous dit Joncour dans ce livre, c'est qu'au fond, ce qui rapproche les êtres est finalement plus fort que ce qui les sépare.

En brossant deux personnages ceux d'Aurore et de Ludovic'une grande complexité- dommage que les personnages secondaires le soient forcément un peu moins- Repose toi sur moi comme tous les grands romans nous pousse à nous poser des questions sur nos propres vies interroge notre monde et nos choix, ainsi que la vulnérabilité des êtres et la confiance en l'autre..

Un très beau roman, d'une grande pudeur et d'une belle délicatesse à lire impérativement en cette rentrée littéraire..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un livre magnifique, porté par des personnages attachants, sensibles, une belle réflexion sur l'amour et le couple, et une écriture addictive. Tout au long de ma lecture, j'ai oscillé entre les émotions, j'ai cru comprendre où l'auteur nous emmenait, mais été surprise par le cours que prenait l'histoire.

Bonne pioche pour ma première lecture de la rentrée littéraire !

Un vrai coup-de-coeur
Lien : http://la-clef-des-mots.e-mo..
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une rencontre et une relation improbable entre deux personnes que tout oppose. Elle est riche, a une famille, des enfants et une Société qui lui permets de vendre ses créations. Lui a perdu sa femme après une longue maladie et a dû quitter la terre où il est né car elle ne peut pas nourrir plus d'une famille. Il est arrivé à Paris et sa stature imposante l'a fait se diriger vers un métier qu'il n'aime pas : le recouvrement des dettes auprès de familles pauvres. Au départ, une méfiance et un certain dédain entre ces deux personnes qui vont finalement découvrir le bonheur d'avoir quelqu'un sur qui compter....
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Ce roman – reçu en cadeau – m'a fait le coup du yoyo :

HAUT
(à l'ouverture du dit cadeau)
Chouette et youpi, un Joncour ! (son "Chien-Loup", lu tout récemment, fut pour moi un grand moment).

BAS
Diantre et sapristi, mais quel est donc ce titre à la Marc Harlequin-Levy ?

HAUT
(en cours de lecture)
Ne pas se fier au titre, il est grave bien ce bouquin. Ça se confirme, la plume de Joncour, je l'aime d'amour.

BAS
(toujours en cours de lecture mais un peu plus loin)
Ça partirait pas un peu en quenouille cette histoire ?...
Crédibilité des situations : bof-bof.
Propension de l'héroïne à me taper sur le système : niveau 3/5.
Propension du héros à me donner envie de lui botter le train : niveau 3/5 également.

HAUT
(épilogue)
Décidément, comme dans "Chien-Loup", j'aime cette façon subtile qu'il a, Sergio, de jouer crescendo avec nos nerfs sans pour autant user de violence racoleuse, c'est sympa pour mon petit coeur fragile ça.

Alors bien sûr j'ai préféré "Chien-Loup", mais ma première impression l'emportant, j'ai aimé lire ce roman et sans aucun doute je reviendrai chez Sergio, yoyo ou pas yoyo.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Lui, un grand costaud issu de la campagne, est doté d'une présence physique un peu brute. Il est veuf (sa femme est morte d'un cancer), aime sa famille, paysanne et simple, et la nature qu'il a quittées pour travailler dans une société de recouvrement à Paris. Une ville dont il abhorre la proximité forcée avec les autres.

Elle, une bourgeoise parisienne, a de moins en moins de temps à consacrer à sa famille recomposée. En conflit avec son associé et de plus en plus déphasée avec son mari américain, elle est à une période charnière de sa vie et mal dans sa peau.

Ils habitent au même endroit, elle, l'immeuble rénové côté rue, lui, la partie délabrée côté cour. Seul point de contact entre ces deux mondes qui ne se mélangent pas, la cour arborée, malheureusement occupée par deux corneilles dont elle a une trouille bleue.

Devinez ce qu'il advint du bon sauvage et de citadine fragilisée ? Vous ne voyez pas ? L'amour bien sûr - après qu'il a dégommé les deux oiseaux de malheur pour lui faire plaisir, elle a envie de se reposer sur lui, le rude (mais tendre) paysan, à moins que ce soit le contraire.

Dans cette histoire entre deux êtres que tout sépare (qui n'est pas sans rappeler celle de La tombe du mec d'à côté) qui vont connaitre un amour rédempteur, Serge Joncour oppose la supposée solidarité campagnarde au prétendu égoïsme citadin. La démonstration, à mon sens, non dénuée d'un bon nombre de clichés et un brin caricaturale, manque un peu de finesse. Jouer sur les contrastes entre ville et campagne et dire que quand rien ne va, l'amour peut tout sauver, il fallait y penser et l'écrire. Serge Joncour l'a fait dans ce roman qui, s'il ne casse pas trois pattes à une corneille, est bien sympathoche quand même.
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Parfois, ce n'est pas vous qui choisissez, c'est le livre qui vous invite à le choisir.
Vous le sentez intime, puisant, profond. En quelques lignes, j'étais au bout de l'hameçon.
« Repose-toi sur moi », une invitation ? Un besoin ? Un don de soi ?
Prenez la mesure de la solitude, de l'envie et du besoin de donner de l'amour, d'aller au delà sans en apprécier les conséquences.
Ludovic « savait qu'il n'aimerait plus, qu'il n'en serait plus capable, que plus jamais il ne prendrait ce risque. »
Et pourtant ! « C'est elle qui pris l'initiative, il avait des lèvres tellement charnues et douces qu'elle n'eut même pas le temps de se demander ce qu'elle faisait. »
Aurore en avait besoin de ce repos, de cette passion pour ne plus se sentir perdue, délaissée.
« Peut-être que ça existait ça, un homme qui donne du courage, un inconnu qui vous soutient quand les vôtres ne pensent même plus à la faire et que soi-même on ne veut pas leur demander. »
Paris, un même immeuble, deux mondes, une forêt dans une cour, des corbeaux et toute la sauvagerie urbaine et rurale que Serge Joncour relate tellement habilement.

Les longueurs pour les uns sont les besoins de profondeur pour les autres. Les personnages doivent prendre de l'épaisseur pour évaluer leur largeur de champ de conscience, la typicité de leur caractère, les raisons de leur comportement.
Pour ma part, toutes ces dimensions sont les véritables mesures du plaisir à lire les romans de cet auteur. (Voir Chien-loup)

« Seulement cet amour n'avait pas de sens, cette femme avait déjà sa vie, et dans cette vie il n'y avait pas de place, il n'avait rien à y faire dans cette vie, sinon la troubler, mais le trouble c'était peut-être ce qu'elle cherchait. »

Il est fiable et rassurant. Elle a besoin de repères et d'attentions.
C'est une styliste reconnue, c'était un agriculteur.
Elle était tout l'inverse de lui. Ils n'ont rien en commun.
Ils se connaissent au plus intime, elle aura toute la difficulté de monde à ne plus voir cet homme…

Il est brut, solitaire, passionné. « Sur l'instant, il eut envie de vivre avec elle, de ne plus la quitter, d'être lié à elle, mais ça ne se pouvait pas, ce soir elle serait de nouveau chez elle, de l'autre côté de la cour, irrémédiablement loin. »

Dans ce roman, la nature sauvage, indomptée est toujours présente, cruelle en opposition avec la vie citadine apprivoisée mais agressive et violente.
Les sentiments de malaise et de mal-être sont autant exacerbés que les sensations de bonheur et de grâce. C'est aussi une critique sur la réussite sociale et sur l'échec, avec une verve et une finesse à la maitrise parfaite.

C'était mon second Joncour, jamais deux sans toi.



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L'amour n'est pas chose si simple à raconter et il est à parier que bien des auteurs, en s'y essayant, se sont maintes fois brûler les ailes.
Dans les romans, les histoires d'amour sont tantôt trop mièvres, tantôt trop crues. L'amour en littérature se tricote parfois avec des mailles si lâches qu'il en perd toute substance ou parfois avec des mailles si serrées qu'on finit par étouffer par manque de souffle, par manque de crédibilité.

J'avoue que cette histoire de coeur entre une styliste de renom, le genre petite bourgeoise suffisante et un agriculteur reconverti dans le recouvrement, genre costaud tranquille mais un peu rustre, ça m'a fait peur...
Et pourtant...
Je m'y suis laissée prendre. Et je crois savoir pourquoi.
Tout simplement parce que Serge Joncour raconte cette histoire avec authenticité. Il ne ment pas, il n'enjolive rien, il pose les coeurs à nu avec toutes leurs contradictions, toutes leurs hésitations, toutes leurs faiblesses.
L'amour entre deux êtres ,c'est loin d'être une partie de plaisir, surtout lorsqu'il surprend, lorsqu'il amène loin des sentiers battus. Et c'est cela que raconte Serge Joncour, avec intelligence, délicatesse mais surtout avec justesse et honnêteté.
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