La vie à la ferme n'est plus possible pour faire vivre une famille entière, alors Ludovic cède sa place à son beau-frère et après le décès de sa femme s'exile à
Paris. On a une opposition entre la ville et la campagne bien mise en évidence.
Quitter la terre pour se reconvertir dans le recouvrement de dettes, qui s'adresse comme toujours aux « petites gens », les riches magouillent, font faillite de façon frauduleuse en trompant tout le monde des juges à l'État.
J'ai bien aimé sa manière de procéder, lors des confrontations avec les familles endettées, en gardant toujours son calme pour amener l'autre à l'entendre et à payer.
Opposition aussi entre leurs deux situations : ils sont aux antipodes l'un de l'autre : elle est riche, possède sa marque de vêtements mais depuis quelques temps, son associé la mène en bateau. Une commande qui se perd, une autre est défectueuse, beaucoup d'argent en jeu. Ce qui les relie, c'est la solitude: qu'on habite dans une grande ville ou dans un village à la campagne, on peut se retrouver seul, dans ce monde égoïste, auto-centré.
Elle habite dans un ensemble où un des immeubles a été refait, avec des appartements immenses, tout le luxe , certains sont même loués à la journée ou à la semaine pour des sommes faramineuses, alors que celui qui est derrière est dans un état quasi déplorable (ça va finir par faire
Zola…)
Ludovic habite dans le second, bien-sûr, ils ont en commun la cour avec les arbres, les plantes, un tout petit coin de campagne dans tout le béton et deux corbeaux règnent maîtres après avoir délogé les tourterelles : corbeaux versus tourterelles, les bons les méchants, la ville et la campagne, le charnel et l'intellectuel, c'est l'esprit du livre.
L'auteur nous livre une belle description du malaise des campagnes : on n'est plus paysan, on est exploitant agricole, on ne mange même plus les légumes qu'on vend, car on les fait pousser avec des produits toxiques. La femme de Ludovic est morte d'un cancer vraisemblablement lié à ces produits.
« Quand on est exploitant, on exploite, on ne cultive plus ». P 58
Ludovic serait-il un colosse aux pieds d'argile, posant ainsi une question: la force physique (ancien rugbyman, il mesure 1m95, tout semble couler sur lui mais qu'en est-il vraiment ?) reflète-t-elle vraiment la nature profonde ou n'est-elle qu'un signal envoyé aux autres pour se protéger? En ce sens, le choix du titre est judicieux et réserve des surprises au lecteur.
« Mais, c'est épuisant de passer pour un mec bien. Cet homme qu'il s'efforçait d'être il savait bien qu'il n'existait pas ». P 57
Ces deux-là sont tellement différents dans leur milieu social, leur mode de vie, que cela frôle parfois la caricature, mais j'ai pris du plaisir à lire ce roman, qui reflète bien le monde actuel, mis à part le style un peu trop simple, la ponctuation qui laisse parfois à désirer, mais ce n'est pas un coup de coeur. A force de fréquenter les auteurs du XIXe siècle, je deviens difficile…
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