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Encore cette fois, Thierry Joncquet décrit une haine viscérale, obsessionnelle, froide, de manière clinique, analytique, nourrissant la volonté inextinguible de vengeance de "l'héroïne" puis sa réalisation, implacable, sacrificielle, d'une précision architecturale.

Très souvent Joncquet introduit des pathologies médicales dans ses romans ; cette fois il fait encore plus fort, l'intrigue se déroulant exclusivement en établissement hospitalier privé, spécialisé en handicaps lourds et hébergeant "l'héroïne" de cette histoire poisseuse.

Aucun des personnages ne présente une quelconque sympathie ; lâcheté, cynisme, vénalité, cupidité, sans oublier les différents chantages, rythment les pages de l'oeuvre, qui se tournent rapidement pour en connaître le dénouement. Claude Chabrol en aurait fait un film à sa mesure.

Le commissaire Gabelou, enquêteur humaniste récurrent de quelques romans, n'a qu'un rôle très secondaire, n'intervenant que dans la dernière partie du roman pour démêler les fils de cette pelote machiavélique.
Il pataugera d'ailleurs, ne résolvant que partiellement cet echeveau, n'entrevoyant que l'écume et non la vague de fond, une triste et pitoyable vérité que seul le lecteur connaîtra.

Thierry Jonquet est un grand auteur du polar français, un maître de la description de la haine et la vengeance jusqu'au boutisme ("Mygale" en est son plus glacial exemple), par trop meconnu.
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Cynthia n'a pas encore seize ans et elle est bloquée dans un fauteuil roulant, la colonne vertébrale rigidifiée par une broche métallique. Cela fait deux ans qu'elle n'a plus parlé. Elle passe ses journées à se baver dessus, la tête penchée, le bras gauche parcouru de tremblements. Tout le monde la pense débile, du personnel hospitalier qui s'occupe d'elle à ses parents qui l'ont pratiquement abandonnée. Et pourtant si l'on sondait son regard vide, on y découvrirait les germes de la vengeance meurtrière qu'elle prépare.
Premier roman policier de Thierry Jonquet et déjà une histoire peu ordinaire aux conséquences que l'on ne soupçonne pas.
Editions Gallimard, Folio policier, 171 pages.
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Si je devais résumer ce Jonquet ? Fastoche : une grosse poignée de Mc Teigue : Vendetta ( le film , pas le triste gland décérébré ) saupoudré d'un zeste de Browning :Freaks et assorti , pour relever le tout , d'une petite pincette d' Hitchcock : le Crime Etait Presque Parfait !
Jonquet fait ici dans la provoc' , le malsain , le glauque mais s'en sort , une fois de plus , haut la main , avec ce Mémoire en Cage à l'éfficacité redoutable !

Fin mélange d'histoire linéaire et d'introspection , l'auteur alterne une histoire particulierement retorse quant à sa construction avec les monologues intérieurs de ses trois principaux acteurs !
A tout seigneur , tout honneur , faites entrer – non pas l'accusé , pas encore - mais Cynthia ( dit la débile ) , enfin poussez-là plutot puisque du haut de ses 15 ans , cette petite infirme moteur cérébrale ne se déplace qu'en fauteuil électrique , la main constamment plaquée sur le joystick ( same player shoot again ) ce qui lui permet , ainsi , de déambuler dans les couloirs de cet institut spécialisé le corps figé , le regard vide et la bave aux levres . Toute ressemblance avec Stallone relèverait du plus pur hasard , enfin je crois...L'avenir de Cynthia ? A part faire carriere au Musée Grévin , je vois pas vraiment...
Ses armes : une détermination de fer – non , pas de blague sur le fauteuil , c'est moche - assortie d'un esprit d'analyse et de synthese largement supérieur à la moyenne ! A noter une facilité déconcertante pour le simulacre .
Chances pour que Cynthia soit l'assassin à la matraque dans la cuisine : 33 % .

Interessons-nous désormais à ce bon Dr Morier – dit l'ordure . Gendre divorcé du Directeur de l'institut , ce dernier semble vouer une haine farouche envers roulette – dit Cynthia . Son attente , que Cynthia – dit le boulet – ait atteint l'age limite afin de la bouter elle et sa prison d'acier hors de l'établissement ! Pourquoi tant de haine me direz-vous ? Parce que...
Ses armes : une lacheté confondante combinée à un dégout notoire et un arrivisme forcené pouvant en faire un nouveau Landru ! Quelqu'un aurait du feu ?
Chances pour que Morier soit l'assassin à la clé anglaise dans le jardin : 33 % .

Le meilleur pour la fin , la creme de la creme en matiere d'équilibre intérieur : Alain Fornat – dit 0 % de matiere grise - jeune éphèbe de 25 ans embauché l'été pour surveiller et soigner les rares résidents encore présents durant les vacances estivales . En véritable gentleman à l'éducation léchée , Alain est ce que l'on appelle , dans le jargon médical , un salopophile . Il ne peut s'empécher de s'imaginer forniquer avec la moindre fille passant à moins de 5 km de son radar personnel . Penser que ce jeune galant ne puisse nourrir de tels projets à l'égard d'handicapés serait une gravissime erreur !
Ses armes , un puit de connerie abyssal assorti d'un tres leger trouble du comportement – si , un peu quand meme – pourraient en faire un dangereux outsider en matiere de criminalité !
Chances pour que Fornat – dit El Lapinos -soit l'assassin au fer à cheval dans la piscine – calme-toi Loana  : 33 % .

Paru en 1982 , ce premier roman détonne autant qu'il dérange !
Prendre le parti de mixer lourd handicap , pédophilie et thriller pour débuter , fallait oser !
Pari relevé sans conteste mais pouvant cependant choquer les ames les plus sensibles .
Une construction machiavélique sans failles qui monte crescendo jusqu'au final éblouissant !
Une fois les protagonistes et leurs sombres aspirations assimilées , le lecteur n'a plus qu'à se délecter de la toile tissée par l'araignée vengeresse . Sur fonds de manipulation , chacun devient tour à tour victime et bourreau et ce , pour notre plus grand plaisir ! Jonquet , fort de son expérience dans le milieu médical , dénonce ces instituts déshumanisants tout en nous rappelant que le handicap , aussi lourd soit-il , n'excluait pas les sentiments...

Mémoire en cage , laissez-vous dompter ! Rrrrrrrr...
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C'est original de donner le premier rôle à une adolescente en fauteuil, considérée par certains comme un légume avec un QI évalué à moins de 30 (c'est pas beaucoup!). Cynthia est dans un centre pour handicapés physiques depuis quelques années.
C'est original de donner la parole à quelqu'un qui ne parle pas.

Il en découle une histoire tordue, politiquement incorrecte comme on pouvait en faire en 1982 dont Thierry Jonquet dit : “J'écris des romans noirs. Des intrigues où la haine, le désespoir se taillent la part du lion et n'en finissent pas de broyer de pauvres personnages auxquels je n'accorde aucune chance de salut. Chacun s'amuse comme il peut”.

Évidemment, le roman date un peu ; si le centre de Saint-Maurice existe toujours, il ne serait pas concevable, aujourd'hui, de laisser une jeune fille vulnérable seule, la nuit avec un homme, salarié, remplaçant au demeurant.

Ce premier court roman permet d'entrer dans l'univers de cet auteur qui a compté dans la série noire.
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Elle s'appelle Cynthia Sartan. Elle vit, ou plutôt survit, depuis deux ans, au pavillon C de l'Institut National de Réadaptation, au service des infirmes moteurs cérébraux. Elle est infirme, a un QI de 50, suppose-t-on, bave et déambule dans les couloirs de cet établissement. Elle n'a qu'une idée en tête: se venger de «la conne», c'est à dire sa mère et «du salaud», son beau-père. de plus, pourquoi cette jeune fille surveille-t-elle de près les allées et venues du docteur Morier, «l'ordure» ?
Le docteur Morier, quant à lui, n'attend qu'une chose, que Cynthia qui va bientôt avoir 16 ans, l'âge limite pour être admise dans son établissement, s'en aille. Séparé depuis peu de sa femme, il tente par tous les moyens de la récupérer.
Les vacances vont bientôt arriver, l'établissement va déserter, mais elle, elle restera au pavillon tout l'été. Ses parents ne veulent pas la récupérer. Pourquoi ?
Il s'appelle Alain. Etudiant en lettres, il n'a pas trouvé d'autres boulots saisonniers que celui de venir faire un remplacement de nuit à l'institut. Il va veiller chaque nuit sur les 3 patients du pavillon, mais cela n'a pas l'air de le déranger. de plus, il a remarqué que l'infirmière était sexy. Il se la ferait bien, pense-t-il. D'ailleurs, Alain ne pense qu'à ça... Il se soulage en allant aux putes. Mais, malgré cela, il ira beaucoup plus loin...

Qui ? Pourquoi ? Comment ? Telles sont les questions que se posera l'inspecteur Gabelou...et qui forment les trois parties de ce polar ô combien haletant et passionnant. Thierry Jonquet se joue encore de nous et fait dans la provocation. Tout tourne autour de ces trois personnages principaux, mais exit le polar classique, puisqu'on ne saura qu'à la fin les réponses à ces trois questions. Car Jonquet ne nous dévoile les clés qu'au dernier moment et fait monter la pression.
A la fois tragique, sordide, noir, jouissif, malsain et tout en puissance, ce polar est un vrai régal, malgré la dureté de ses propos et la description scabreuse de certaines scènes.
La vengeance est bien le thème principal de ce roman, à nous de deviner au fil des pages ce qui la motive.

Mémoire en cage... sortez-moi de là !
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Cynthia est lourdement handicapée, suite à une bavure médicale. Tout son entourage la croit profondément débile, mais si le corps dysfonctionne, le cerveau est encore très agile. Cynthia rêve de se venger du Docteur Morier, responsable de son état, mais il lui faut pour cela un bras. Ce sera Alain, jeune homme immature sexuellement, qui vient assurer un intérim dans l'asile qui héberge la jeune femme. Celle-ci devient une proie facile, mais le prédateur n'est peut-être pas celui qu'on croit... Ajoutons que la famille de Cynthia fait chanter le toubib, qui vient d'être abandonné par Isabelle son épouse dont Alain est secrètement amoureux ! Quand on découvrira trois cadavres, le commissaire Gabelou aura bien du mal à démêler tous les fils...

Thierry Jonquet nous livre une histoire de vengeance très sombre. Les personnages, policiers exceptés, se comportent presque tous comme des monstres. Même la seule personne qui paraît à peu près saine dans ses relations finira par sombrer.
Le procédé narratif utilisé, l'auteur se mettant alternativement dans la peau du narrateur et des trois principaux personnages (Cynthia, Morier et Alain), donne du rythme et retient l'attention. La lecture en deviendrait presque addictive.
Hélas, quand j'ai refermé définitivement ce livre assez court (moins de 160 pages), je l'ai fait sur un sentiment d'inachevé, comme si l'auteur avait voulu en finir trop vite avec son écriture : les personnages paraissent trop basiques, réduits à une seule motivation (la volonté de vengeance pour l'une ou d'effacer une faute pour l'autre, la perversion sexuelle pour le troisième) ; la narration empreinte trop de raccourcis. Sur cette trame d'histoire plutôt intéressante, j'aurais aimé plus d'approfondissements.
Un roman très noir, mais un peu décevant, presque bâclé, inabouti.
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Un roman policier tordu et vrillé
comme le corps de Cynthia
sur son fauteuil roulant électrique.
L'intrigue vous laisse baba,
après, vous avoir bien promené...
Jonquet est un incontestable virtuose
dans ce genre d'exercice.
Pas de sujet tabou , pas d'évitement
Une langue tour à tour crue et élégante .
Le scénario est diaboliquement découpé,
Les personnages de tous les étages sociaux,
sont traités avec les égards qu'ils méritent...
Pas trop de cadeaux pour certains..
Un chef d'oeuvre du genre
qui, je pense, rentre dans la catégorie"des inoubliables ".

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Cynthia, âgée de 15 ans ½ réside au pavillon C d'un établissement spécialisé dans l'accueil de personnes handicapées. Ce pavillon est dédié aux Infirmes Moteurs Cérébraux (IMC), personnes dont l'infirmité résulte de lésions survenues pendant la période périnatale. Cynthia est lourdement handicapée : elle est équipée d'un fauteuil électrique, ne parle à personne, adopte une posture bancale, bave en permanence, et ne maîtrise pas les tremblements de son bras droit. Deux personnes seulement l'appellent par son prénom, beaucoup la désignent par le n° de sa chambre, et certains l'appellent "la débile". Derrière ces apparences, Cynthia réfléchit, a des sentiments, et de l'humour, comme le montre sa capacité à rire d'un mauvais tour joué à son beau-père et à sa mère qu'elle déteste tous deux. A 16 ans, elle devra rejoindre un autre établissement. Il ne lui reste donc que quelque mois pour régler quelques comptes ; elle se promet une vengeance terrible…, et le lecteur ne sera pas déçu !

Avant d'être écrivain, Thierry Jonquet (1954-2009) fut ergothérapeute ; il travailla notamment en gériatrie. Il connaissait très bien le milieu qu'il décrit. La cadre de cette fiction et la psychologie des personnages sont très crédibles, même si l'intrique elle-même l'est un peu moins. Comme souvent par la suite, avec ce roman publié en 1982, Jonquet nous surprend, pour notre grand plaisir.

Je vous recommande vivement, si ce n'est déjà fait, de découvrir cet auteur français, dont l'oeuvre est variée et de qualité, notamment avec : "Le bal des débris" (1984), "La Bête et le Belle" (1985), "Mon vieux" (2004), "Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte" (2006), pour citer ceux qui me semblent les meilleurs. Ce n'est pas un hasard si "Mygale" (1984) fut adapté au cinéma par Pedro Almodóvar avec "La piel que habito" (2011).
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Au début de ma lecture, j'ai eu beaucoup de difficulté à me faire au découpage du récit, et surtout à la narration. Jonquet jongle, dans un même chapitre, avec différents points de vue, chacun avec leur style narratif... Passant du médecin, avec un langage liché, de la patiente, une jeune fille ayant un quotient intellectuel limité, et le jeune garde de nuit, avec un langage très vulgaire... Tout ça en quelque page. J'ai persisté et j'ai bien fait. Parce qu'au final, les apparences sont souvent bien trompeuses. Certains passages sont très durs à lire, soyez en avertis. Mais bon, Jonquet m'a une fois de plus bien eu avec cette histoire tordue. Un auteur que j'apprends de plus en plus à apprécier.
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*** Une lecture dérangeante sur une fille TRÈS dérangée ***


Autant se le dire : Thierry Jonquet ne m'a jamais déçue. J'avais adorée La bête et la belle et Mygale.
Avec Mémoire en cage, je n'ai certes pas eu le même coup de coeur mais j'ai apprécié cette lecture qui est bien sûre hautement dérangeante car l'auteur fait dans le très glauque. de suite prise dans cette intrigue, très bien construite, je me suis assez vite doutée que la fille n'était pas aussi débile que ça ...


Elle, c'est Cynthia.
Elle a un QI de 30, elle est débile, c'est un légume qui bave tout le temps, elle est handicapée psycho - moteur et elle est là, tous les jours, tapie dans le hall de l'institut, elle attend le toubib Morier à 9h précise, elle suce du chocolat pour pouvoir lui baver dessus. Elle a une conne de mère qui a refait sa vie avec un salaud et qui l'ont abandonnée pavillon C de l'institut après le sacré bordel qu'elle avait foutu à l'auberge que tient sa mère et le salaud !
Elle ne parle pas, elle pousse des cris, elle ne comprend plus rien, enfin... c'est ce que pensent les soignants et les médecins.

Tout de suite, Thierry Jonquet nous dresse le portrait de cette pauvre fille de seize ans.

Puis il y a le médecin Morier et Isabelle, sa future ex-femme.

Puis, il y a la conne de mère de Cynthia et le Salaud qui n'est pas son père.

Puis, un autre fou fait son entrée dans l'histoire : Alain, étudiant, qui postule pour un job de nuit au pavillon C de l'institut.

Bientôt, trois cadavres !

Puis, le flic Gabelou est saisie de cette étrange affaire ...

Qui ? Pourquoi ? Comment ?
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