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3,87

sur 1085 notes
Opération Masse Critique Septembre 2014...
Merci à Babelio et aux Éditions Noir sur Blanc...

Comment choisi-t-on un livre dans la liste exubérante proposée pour les Masses Critiques ? Un auteur connu, encensé par la critique ? Une maison d'édition dont on apprécie les publications ? Une couverture attrayante ? Un titre accrocheur peut-être ? Une thématique particulièrement intéressante, sûrement... Rien de tout ça pour moi... Je ne savais pas quoi choisir, j'ai foncé tête baissée vers ce livre dont Babelio faisait la publicité quelques jours auparavant. Comment ne pas faire confiance en mon site préféré ? Bien m'en a pris, j'ai passé un très bon moment de lecture.

Premières pages... ça y est, je ne peux plus poser le livre. J'ai envie de connaître la vie de cet être singulier et solitaire, dernier habitant d'une île qui a cristallisé les espoirs de milliers de gens. L'écriture de Gaëlle Josse est fine et éclairée ; l'auteur ne tombe jamais dans l'apitoiement, dans le pathos excessif, écueil évident dans ce genre d'histoire. Pas de dénonciation outrée, non plus que l'apologie de ceux qui ont fait partie du système. C'est sobre, bien construit, réaliste.
Ajoutons à cela que les thèmes du déracinement, de l'immigration et de l'exil m'ont toujours fascinés... Il n'en fallait guère plus pour apprécier ce court roman qui fait honneur à la langue française.

Bonne lecture ;)


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9 jours ,9 nuits. C'est le temps qui reste à John Mitchell, cet officier du bureau fédéral de l'immigration, avant de quitter Ellis Island, l'île aux 29 questions . Novembre 1954, John Mitchell le directeur du centre de l'immigration d' Ellis Island s'apprête à quitter l'île et à prendre sa retraite . Mais avant il lui faut se plonger dans ses souvenirs ,des souvenirs bien encombrants" Ils s'agitent autant qu'ils peuvent, à croire que toutes les ombres de mon existence se sont réveillées dès qu'elles ont su que je partais, et qu'elles ne seront en paix qu'une fois leur histoire racontée" -p 12
45 ans passés sur cette île ....
De souvenir en souvenir, de regret en regret, la plume court sur les pages . Que d'émotion , que de compassion, que d'actualité. L'histoire, le monde, les guerres, n'arrêtent pas de mettre sur les routes des hommes, des femmes , des enfants et toujours la douleur d'un exil parfois choisi souvent subi .
Gaëlle Josse nous offre un récit émouvant mêlant petite et grande histoire , une écriture sobre et juste. A lire .
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Livre reçu dans le dernier masse critique
J'avais lu les nombreuses critiques positives sur ce livre et je désirais le lire pour me faire mon propre avis , je ne connaissais pas non plus l'écrivain française Gaëlle Josse
Mon avis : une très belle lecture
J'ai aimé découvrir l'histoire d'Ellis Island que je ne connaissais pas du tout , ce mélange historique et de fiction , j'ai appris que les bateaux arrivaient à Ellis Island , se dirigeaient vers le port de New-York pour débarquer les passagers des premières et deuxièmes classes , puis revenaient vers l'île pour le débarquement des passagers de troisième classe , qui effectuaient le voyage en laissant tout derrière eux , leur langue , leurs coutumes , leurs familles , leurs amis , pour réaliser leur rêve , venir en ' Merica ' , le pays où disait -on certaines rues sont pavées d'or .
Les personnes installées en Amérique , écrivaient à leurs proches restés au pays , mais en prenant soin de gommer tout les côtés négatifs , à peine arrivés , ils essayaient de vivre le plus possible comme dans leur pays
Les services d'immigration employaient un personnel abondant , qui devaient veiller sur cette marée humaine venue par la mer .
Le centre a été fermé en 1954 ...
Le livre raconte les mémoires imaginaires du dernier directeur le l'île , homme solitaire , qui a passé toute sa vie sur l'île , au moment de la fermeture de l'île , les souvenirs se bousculent , le passé remonte à la surface .
Le passé et toutes ces choses peu glorieuses que l'on préférerait oublier , à l'heure du bilan d'une vie .
John Mitchell n'a pas toujours agi en héros , loin s'en faut , il a commis des erreurs , des actes dont il n'est pas fier , il essaye de continuer à vivre , à continuer à faire son métier de directeur , comme il se doit
Qui pourrait deviner les remords qui l'accablent , qui peut deviner qu'il a passé des années à essayer de retrouver Nella , Nella celle qui lui a montré que tout ne se maîtrise pas .
Ce passage m'a particulièrement marqué , Nella lui fait faire des choses dont il se pensait incapable de faire , c'est terriblement poignant de voir cet homme qui a de grandes responsabilités , qui paraît froid , hautain , presque inhumain , basculer dans la passion , celle où dit il ' j'aurais tué si quelconque avait tenté de m'en empêcher ' .
Puis c'est le retour à la solitude , ou il va essayer de se racheter en étant un directeur modèle , et encore une fois , le destin lui fait une affreuse farce , en faisant preuve d'une rigueur absolue , il va faire une grave erreur d'appréciation , le refus du couple de dissidents communistes , à la grande époque où le communisme fait si peur aux États Unis
Bien des années après il va être rattrapé par l'histoire , il va lire un livre qui agira comme un boomerang , et le fera pleurer.
Gaëlle Josse m'a émue par ce portait d'homme , certes , qui a fait souffrir , qui a provoqué des drames , la première fois , touché par une passion incontrôlable , la deuxième fois en étant un employé modèle , trop zélé .
Cet homme qui peut paraître terne , sans émotions, qui n'agit jamais de façon adéquate , est un portait inoubliable d'un être humain , faillible , qui aura essayer sans succès de contrôler ses sentiments , d'être un employé modèle .
Il y a dans ce livre de nombreux passages émouvants , je ne peux tous les citer , je pense notamment au moment où sa belle soeur est confrontée au malheur , je n'en dis pas plus pour ne pas dévoiler l'intrigue , elle fait preuve alors d'une grande dignité
J'ai l'impression que je ne rends pas hommage à ce livre , je ne peux , comme les nombreux lecteurs , que vous conseiller sa lecture .
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Dans ce récit d'une étonnante beauté stylistique, Gaëlle Josse calque l'ossature de son histoire à Ellis Island. Cette caserne glacée et inhospitalière est le port où débarquent des milliers d'immigrants en transit ou en attente de régularisation.

Elle nous raconte le parcours bouleversant d'un homme d'une grande sensibilité, gardien à Ellis Island, aux prises avec des drames personnels. Il se verra submergé par les drames ramenés par ces étrangers qui ont tout quitté derrière eux dans l'espoir d'une vie meilleure en Amérique.
En arrivant ils ont comme seul bagage des souvenirs et leur dignité. Notre gardien se fera happer malgré lui dans leurs histoires tragiques et se retrouvera en conflit avec ses propres sentiments et avec son sens du devoir.

Sous une écriture légère et fluide, la romancière visite une page de l'histoire peu connue et séduit le lecteur jusqu'à l'émotion.
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Gaëlle Josse signe avec ce joli petit ouvrage un roman sur un épisode connu de l'histoire américaine mais qui n'a pas été le sujet principal, à ma connaissance, de beaucoup de romans (seulement de quelques épisodes de romans) : le passage obligé par Ellis Island des migrants espérant s'implanter définitivement sur le sol américain.

Mais ce qui est intéressant, c'est que le point de vue n'est pas placé du côté des migrants, ces êtres chargés d'espoir arrivant sur une île où « le temps n'existe plus, (où) l'attente en est la seule mesure. (…) (où) toutes montres et horloges y ont été fracassées », où les personnes stationnant ici dans le doute « rester(ont) ici quelques heures ou de longues semaines » et ne découvriront « la durée de (leur) passage qu'heure après heure, et jour après jour » (p. 150). Non, l'auteur a donné ici la parole au directeur d'Ellis Island pendant plusieurs décennies, qui a donné sa vie à ce Moloch, cet endroit de non-vie, justement.

3 novembre 1954. John Mitchell est en train de vivre les dernières heures qui lui restent sur l'île d'Ellis Island. Les politiques d'immigration, et les moyens pour y parvenir ayant changé, le gouvernement américain a décidé de fermer la station de transit avant de la transformer en musée. Plein de mélancolie, incertain de la vie qui l'attend à New York, ville avec laquelle il a peu d'attaches, hanté par les drames dont il a été le témoin, John écrit ses mémoires. Pour s'épancher, lui le taiseux qui a toujours vécu en retrait, mais également pour tenter de trouver du sens à ses actes et mettre peut-être à distance certains démons, et celui, particulièrement vivace, qu'a laissé le passage fugace de Nella Casarini dans sa vie. Cette jeune Sarde magnétique l'a immédiatement envoûté, le faisant perdre de vue la mission à laquelle il s'est consacré avec acharnement depuis la mort de sa femme Liz. Possédé par la passion, et l'envie inexplicable de sauver la jeune femme, il s'est mal conduit, ou tout du moins maladroitement, et cette histoire se terminera par un drame, le laissant tourmenté.

L'écriture de Gaëlle Josse est magnifique, vivante, imagée, et permet de s'immerger immédiatement dans la vie, laissée en suspens, de cet homme. Peut-être trop d'ailleurs, car, même si j'ai très apprécié la lecture de ce roman, j'ai été un peu déçue par la « minceur » de l'histoire de John. En lisant les premières lignes de son journal, je me suis imaginée qu'il avait vécu plein de choses très différentes, et au final, il nous parle des événements majeurs qu'ont constitué la vie avec Liz (et sa mort) et la rencontre avec Nella, et de trois-quatre migrants, pas plus. de même, je n'en saurai pas plus que ce que j'avais déjà appris à l'école sur les conditions de vie quotidienne des personnes attendant qu'on leur délivre la nationalité américaine, et les critères de choix : les lettres inscrites à la craie sur le bras de certains migrants n'est pas très détaillé, les 29 questions décisives expédiées. Enfin, j'ai trouvé l'épilogue maladroit et un peu superficiel, et je l'ai perçu comme étant posé là pour donner un peu de sens (positif) aux mémoires de John et terminer l'ouvrage, sans apporter au final quelque chose.

Malgré ces critiques, qui ne sont que mon humble avis (et marquée par les belles critiques de Nastasia-B, j'ai envie de rajouter : « c'est-à-dire pas grand-chose », j'espère qu'elle ne sera pas fâchée de cet hommage rendu), je recommande la lecture de ce roman, qui procurera à coup sûr un bon moment de lecture, car ce roman est beau.
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Un coup de coeur pour la plume qui a écrit ce livre. le récit est parsemé de moments durs et poignants que l'auteur nous raconte avec une douce écriture, un peu comme si les mots ne devaient pas nous faire de mal alors que les passages qu'elle nous livre sont cruels.
Et pourtant elle va au fond des choses, elle ne craint pas d'égratigner son héros, elle le met à nu devant nous.

Nous sommes à New-York le 3 novembre 1954, dans quelques jours le centre d'immigration d'Ellis Island va fermer. John Mitchell, son directeur, est resté seul sur place.
Lors de ses quelques jours seul en ces lieux qui ont vu défiler de nombreuses personnes et histoires, il va refaire le cours de sa carrière. Ces flashbacks sur sa vie sont une sorte d'examen de conscience avant de dire adieu à jamais à cet endroit.
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Il s'appelle John Mitchell. Il est le dernier directeur des lieux. Dans quelques jours il va quitter définitivement Ellis Island, fermer pour toujours les portes de ce centre de passage qui vit 12 millions de migrants européens passer ses portes dans l'espoir d'accéder à la terre promise du début du 20e s. A l'ombre de la Statue de la Liberté c'est l'ultime étape avant que la Porte d'Or ne s'ouvre sur Manhattan ou bien ne se referme sur un espoir inatteignable. 9 jours et 9 nuits pendant lesquelles John Mitchell va poser sur le papier son histoire et celle de ce petit bout de terre porteur de tant d'Histoire et d'histoires.

Gaëlle Josse commence par dessiner le portrait de deux familles américaines simples, modestes, des familles moyennes : celle de John et Liz et celle de Brian et Daisy, beau-frère et belle-soeur de John. Si le premier couple connaîtra un bonheur trop court, le second paiera son tribut à l'effort de guerre. Une mise en situation qui fait contraste avec le vécu et les aspirations de ceux qui arrivent sur Ellis Island.

Dans ce petit roman sous forme de journal c'est le destin de millions d'individus qui défile. Par de petites touches, par une histoire, une anecdote, Gaëlle Josse fait le portrait d'une époque, de l'environnement politique, social, culturel du début du 20e s. Elle n'est pas non plus tendre avec l'administration américaine qui gérait ce flux de migrants, peuple qui fuyait la misère d'économies exsangues accueillis par un peuple qui a lui-même oublié qu'il est issu d'une autre période migratoire. Des vies de souffrances, mais aussi de joies et d'espoir. John est la représentation de cette intégrité tiraillée entre compassion et devoir de rigueur. Une dimension qui atteint son climax lorsque Nella croise sa route, le rendant esclave d'une passion qu'il passera sa vie à expier.

Le ton est hautement nostalgique, l'écriture poétique et imagée. Si le quotidien sur l'île est à peine effleuré, le récit fait ressortir l'atmosphère étrange de cette bande de terre entre deux mondes, entres passé et futur, entre vies de misère et rêves de richesse.

En lisant Gaëlle Josse j'ai retrouvé les sensations et émotions ressenties lorsque j'ai visité Ellis Island peu de temps avant elle. J'ai revu ce hall où les migrants devaient déposer leurs valises, répondre aux vingt-neuf questions, être examinés, les yeux et la tête pleins de rêve de la Merica, cet El Dorado dont témoignent les lettres de ceux qui l'ont atteint. Je me suis à nouveau promenée au milieu de ces bâtiments devenus musée et qui continuent à témoigner comme les photos du photographe Frederik Sherman évoqué par l'auteure. J'ai rêvé d'une Amérique accueillante, loin du racisme et de la ségrégation. Mais ça, c'est une autre histoire.
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Quelques jours avant la fermeture d'Ellis Island, le point de passage obligé pour tout entrant aux Etats Unis, John Mitchell se remémore quelques personnes qui ont marqué sa vie tant personnelle que professionnelle, en tant que Directeur du centre.

Le dernier gardien d'Ellis Island est un court roman de Gaëlle Josse. En développant la vie de quelques personnages qui sont quasi des archétypes (la jeune italienne et son frère, le photographe qui immortalise les immigrés, le traducteur italien / anglais ) Gaëlle Josse donne corps et vie à ce lieu de transit, un passage obligé d'acceptation ou de rejet définitif d'entrée sur le sol américain et assurance d'acquisition de la nationalité américaine. elle décrit les petites choses en leur donnant une dimension épique............ce que je retrouve souvent dans les écrits d'auteurs anglo-saxons comme Colum Mccann,, Pete Fromm ou Craig Johnson; j'ai trouvé son écriture simple et cinématographique. Une belle découverte.
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On ne peut s'empêcher de faire un parallèle, bien que le contexte soit fort différent, entre Ellis Island, îlot situé à l'embouchure de l'Hudson en face de la statue de la Liberté et point de passage obligé au début du XX ème siècle pour les paquebots arrivant d'Europe avec son centre de l'immigration pour de nombreux passagers dont beaucoup d'Italiens aspirant à une vie nouvelle et l'arrivée à notre époque d'épaves flottantes débordant d'Africains débarquant sur les côtes italiennes espérant eux aussi un monde meilleur.

Gaëlle Josse a choisi de nous raconter les dernières heures passées sur cette île par John Mitchell , le directeur de ce centre qui va définitivement fermer à travers une confession écrite sous le coup de l'urgence, lui qui a passé la plus grande partie de sa vie là et qui au moment de revenir sur la terre ferme pour une retraite sans attrait , ressent le besoin de raconter ce qu'il y a vécu: ses moments intimes avec les jours heureux partagés avec sa femme comme ses tourments et ses remords , et sa vie professionnelle côtoyant les migrants, leurs aspirations, leur angoisse de laisser leurs pauvres bagages le temps du passage devant les agents, sésame sans recours vers la Porte d'Or, l'Amérique ...

Beaucoup d'émotion, de justesse en peu de pages , Gaëlle Josse sait aller droit au coeur .
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1954: L'automne sur l'Hudson.
Un seul homme sur Ellis Island désertée avant fermeture définitive, son vieux directeur qui se souvient...

"Je suis aujourd'hui le capitaine d'un vaisseau fantôme, livré à ses propres ombres"

Dans le décor du grand mythe américain, c'est une vie d'homme avec ses bonheurs et ses pertes qui se raconte en mode nostalgique, une vie vécue en bulle, éloignée des soubresauts de l'histoire du pays: guerres, prohibition, crise de 29, mafia...
Une vie de travail et de rigueur fracassée par la fulgurance d'une rencontre dans le tri des passagers, un souvenir coupable pesant sur la conscience, pour avoir abusé de sa position en contraignant une jeune italienne pour satisfaire une passion impérieuse de coeur et de corps.
Et, rongé de culpabilité le gardien solitaire est devenu lui même prisonnier de son grand bateau vide...

En ancrant son récit dans les cultures multiples des populations de la vieille Europe, Gaëlle Josse rend hommage au courage et à la ténacité de ces hommes et femmes qui ont frappé à la Porte d'Or, cherchant un avenir meilleur sans avoir rien à perdre.
Ellis Island est aussi l'héroïne du livre, tour à tour antichambre de l'immigration, prison, hôpital, terrain de manoeuvres militaires. Fermée en 1954, elle aura vu passer plus de 12 millions d'immigrants.

Une bien belle lecture sur le thème de l'exil, de la perte de l'identité et des racines familiales.
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