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sur 1085 notes
Il reste 9 jours avant la fermeture d'Ellis Island ; 9 jours pendant lesquels John Mitchell, dernier gardien de l'île, se retrouve seul. Sur ce rocher hanté par les visages et les voix des migrants européens, le gardien est lui aussi prisonnier de ses fantômes. de gardien détenant le pouvoir, il devient une personne, John Mitchell dont l'isolement provoque en lui un séisme intérieur dans ce qu'il est et ce qu'il sait.
Nous suivons les pensées de John Mitchell au fur et à mesure qu'il écrit son journal. le gardien raconte l'arrivée des bâteaux, la longue attente de tous ces anonymes dont le destin dépend d'une machine administrative organisée et implacable qui ouvre ou ferme les portes du territoire américain.
Le dernier gardien qui a toujours vécu sur l'île confie sa vie faite de tous ces fragments d'exils. Il dit la dure confrontation entre l'ordre et la protection de l'Amérique dont il est le garant sur l'île et ses inévitables rencontres faites d'empathie.
Au fil de ses confidences, nous voyons s'effondrer ses certitudes, se déchirer l'armure de son invulnérabilité et comment il a pu enfreindre les règles et se perdre aussi, en tant qu'homme.

"C'est par la mer que tout est arrivé. Par la mer, avec ces deux bâteaux qui ont un jour accosté ici. Pour moi, ils ne sont jamais repartis, c'est le vif de ma chair et de mon âme qu'ils ont éperonné avec leurs ancres et leurs grappins".

Dès les premières phrases j'ai aimé ce livre de Gaëlle Josse qui tout en finesse et profondeur nous fait entrer dans ce huis clos insulaire.
J'ai eu du mal à le quitter.



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Bouleversée par sa visite à Ellis Island, Gaëlle Josse est habitée par l'existence de tous les migrants qui sont passés par ce centre
Ellis Island ? Une île face à la statue de la liberté qui fut, de 1892 à 1954, le passage obligé de tous les immigrés désireux de se réfugier dans « La Mérique »
Pour faire revivre tous ces personnages réels, l'auteur a eu l'idée d'inventer celui du gardien de l'ïle. le centre va fermer définitivement dans une semaine. Dernier habitant de ce lieu, du 3 au 11 novembre 1954, il va écrire un journal sur ce que fut sa vie ici.
La désespérance de tous ces êtres contraints de quitter leur pays, anxieux d'obtenir l'aval de leur acceptation dans cette île où va se jouer leur destin.
C'est aussi le portrait d'un homme solitaire, intègre, rigoureux, effectuant son difficile métier de décideur de la destinée des autres. Un homme qui essaie d'être juste, mais a aussi ses doutes, ses failles, ses manquements.
Dès le début de la lecture, on es imprégné de cette ambiance de solitude, d'une part, d'espoir mêlé de désespérance d'autre part. On se retrouve isolé à notre tour dans cette île, avec lui, avec eux, par la justesse de l'écriture.
Un sujet tellement d'actualité ! Nous viennent les images des migrants de Calais, des bateaux bondés arrivant à Lampedusa…..
Un roman court, percutant, obsédant. Une vraie réussite.
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Entre 1892 et 1954, 12 millions d'européens espérant s'installer aux Etats-Unis sont passés par le centre d'immigration d'Ellis Island. C'est là que s'opérait la sélection, 2% de ces étrangers ont été refoulés, pour raisons de santé, suspectés de délinquance ou d'accointances douteuses - communistes, par exemple.

John Mitchell, personnage fictif de ce roman, en est le dernier directeur. Le centre ferme, il y a passé toute sa carrière de fonctionnaire, l'heure de la retraite a sonné, celle des bilans aussi. En rédigeant son journal, il se souvient avec nostalgie de son épouse infirmière morte prématurément, des immigrants qu'il a rencontrés, des coups de pouce qu'il a donnés (pas toujours volontairement) à différents destins, certains heureux, d'autres tragiques. Et du lot de tous ces exilés en transit sur cette île après trois semaines de traversée éprouvante : l'expérience « du déracinement, de l'arrachement, du découragement, de la peur de l'inconnu, de la peur de l'oubli de sa langue, de la nostalgie des musiques de son pays (…) » (p. 147)

Très beau récit doux et triste, qui émeut et laisse désemparé « Parce qu'il y a trop d'amour, trop de peine dans ces pages » (p. 161). L'élégance de la plume, la sobriété et la subtilité de l'intrigue rappellent le talent de Stefan Zweig et donnent envie de découvrir d'autres textes de Gaëlle Josse.

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Le dernier gardien d'Ellis Island écrit par une certaine Gaëlle Josse que je ne connaissais pas, fait pas mal penser au dernier grand film de James Gray, The Immigrant qui prenait également pour toile de fond Ellis Island, cette ile située à New York et qui était l'entrée principale des immigrants aux Etats Unis de 1892 à 1954 ).

Comme le film de Gray le livre de Josse sonde, à travers ce portrait des migrants en amérique du début du XX siècle, l'envers du rêve américain et la difficulté pour ne pas dire impossibilité des immigrés à s'y intégrer,

A travers les souvenirs du directeur du centre d'immigration d'Ellis Island , juste avant la fermeture définitive du site qui a vu passer tant d'hommes, de femmes et d'enfants ,porteurs de rêves et d'espoir vers cette Amérique qu'ils considéraient comme la terre promise, le livre est une belle et profonde sur l'exil et l'arrachement à son pays, sur la douleur et sur l'espoir.

Récit court ( moins de 200 pages) mais dense, et qui parvient à méler avec grande habileté petite et grande Histoire des États-Unis, le dernier gardien d' Ellis Island est un roman à la fois ample et âpre sur ce maudit rêve américain qui échappe à tant d'individus...
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Cela faisait un moment que ce livre me faisait de l'oeil, mais finalement c'est grace à l'opération Masse Critique de Babélio que j'ai entamé sa lecture ! Encore merci, car ce fut un pur moment de bonheur !
Ellis Island, un nom plein de symboles et d'images fortes en émotion. Passage obligé pendant une période de l'histoire des États Unis pour permettre à des millions de personnes de tenter leur chance et recommencer une nouvelle vie.
Gaelle Josse, va laisser la parole au denier directeur de cet endroit et ce dernier nous livre ici un récit plein de pudeur et de poésie.
John Mitchell, va quitter l'ile après avoir passé toute sa carrière dans cet endroit. Arpentant ces lieux chargés d'histoire, mais désormais déserts, il se remémore les moments forts de son existence.
Non seulement, on s'attache à cet homme , mais en plus, on ne peut s'empêcher de vouloir en savoir encore plus sur l'histoire de Ellis Island .
Gaëlle Josse a vraiment une très belle plume et je n'ai pu m'empêcher de relire certaines phrases pour les savourer, tant elles me paraissaient belles...

4.5/5 en réalité.
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Comme l'auteur, et avec la même émotion, j'ai visité le musée de l'immigration d'Ellis Island en août 2012 et c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé cette émotion dans ce livre. Tout au long de ma lecture, j'ai senti se superposer au texte les souvenirs de ce lieu, un peu mélangés, il est vrai, aux images du film "The Immigrant" vu à sa sortie fin 2013. C'est déjà beaucoup, mais j'ai en outre partagé avec beaucoup d'empathie la vie de ce dernier gardien d'Ellis Island, enfermé dans son monde, solitaire, sensible mais incapable de faire coïncider ses propres sentiments à un monde qu'il a du mal à comprendre, écartelé entre déontologie et passion. le livre est court mais j'en ai véritablement savouré toutes les pages, écrites dans un style agréable. Je ne sais pas si les trois premiers romans de Gaëlle Josse sont de la même veine, mais celui ci m'a enthousiasmé.
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Magnifique roman mêlant romanesque et histoire le tout sous la plume délicate et sensible de Gaëlle Josse, c'est un vrai bijou d'orfèvrerie.
Avant d'avoir acquis ce livre je n'avais jamais entendu ce nom d'Ellis Island et encore moins je n'en connaissais son histoire. J'ai hésité entre fouiner sur le net pour abreuver ma curiosité ou me plonger dans ce roman. Mon choix s'est porté sur la lecture de ce petit roman ô combien riche tant en émotions et intensité qu'en justesse sur ce pan de l'histoire de cette terre d'accueil tant rêvée pour tous ces migrants. Je dois dire que la lecture de ce livre n'a fait qu'attiser ma curiosité sur ce sujet et j'ai donc aussitôt la lecture achevée, survolé les articles sur Ellis Island, vu des photos etc...Alors là, l'histoire réelle et celle du roman sont venues s'imbriquer n'en faisant plus qu'une même si l'auteur explique bien qu'une belle part des personnages sont modelés à son imagination. J'ai malgré tout bien ressenti toutes les sensations qu'elle a dû connaître en visitant cette île bien particulière et je la remercie de nous avoir fait partager ce témoignage.
Il est toujours agréable et enrichissant de ressortir d'une lecture avec cette soif d'aller au fond des choses et de parfaire nos connaissances.
Si comme moi votre ignorance bien justifiée sur cette île à moins d'un km de la statue de la liberté vous titille et bien courrez vite vous procurer ce sublime roman et après seulement vous pourrez cliquer sur l'article de Wikipédia si ça vous chante.
Je ne vous vous mets pas le résumé il s'y trouve déjà ici même. Une histoire qui pourrait peut être un jour se répéter avec notre actualité des problèmes que nous connaissons avec le flux de plus en plus important de migrants. Alors ne jetons pas la pierre à l'Amérique qui par ce passage obligé d'Ellis Island a fermé parfois ses portes aux malheurs fuyants leur pays, pour des raisons souvent sanitaires ou par peur tout simplement voire l'ignorance de la souffrance humaine de l'autre côté de l'océan. Et cela m'amène à m'interroger sur les migrants actuels tout ce qu'ils peuvent endurer dans l'espoir d'une vie meilleure malgré la douleur du déracinement, leur dénuement total face à leur avenir précaire et incertain, allant au périble de leur vie tenter leur unique chance.
Cette lecture m'a ouvert l'esprit sur cette question des migrants et sensibilisée encore plus qu'auparavant.
Voilà donc un livre fort intéressant et enrichissant comme un clé qu'on ouvrirait sur un problème délicat sans réelles solutions miracles.

Je pense qu'il serait bon tout à chacun de pouvoir se mettre dans la peau de ces migrants avant de porter un jugement ou même simplement s'autoriser à penser ceci ou cela sur la question. Commencer donc par lire ce livre peut être qui vous permettra de pousser un peu cette lourde porte et d'entrevoir une lumière sur le sujet tout autre.
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La Mérica ou The Island of Tears (l'Ile des pleurs)


Un brillant roman que nous offre Gaëlle Josse en imaginant les derniers jours et les souvenirs du dernier gardien d'Ellis Island.

Cette île était l'entrée principale des immigrants qui arrivaient aux États-Unis du 1er janvier 1892 jusqu'au 12 novembre 1954.

Nous sommes en novembre 1954, et cette île où accostaient et étaient "triés" les migrants venus principalement d'Europe, va fermer ses portes.

John Mitchell, le directeur, arpente encore une fois les bâtiments, le cimetière et note sur quelques feuilles ses souvenirs, entouré de ses fantômes…
Il raconte sa vie, mais aussi celle de ces migrants qui ont tout laissé et qui arrivent plein d'espoir.

Il a presque toujours vécu ici, pendant 45 ans, rigoureux et attentif, fonctionnaire dans les services de l'immigration, dirigeant, observant tout, évitant les corruptions et autres vols, et a toujours refusé de quitter cette île qui est devenue sa maison, son refuge, sa vie…

Il a vécu les conflits mondiaux par l'intermédiaire des migrants, voyant des vagues importantes arriver dans ses services, les prisonniers de guerre ou les décès de ses proches…

Il est secondé par une équipe pour accueillir, soigner, et classer les migrants ; car La Mérica (l'Amérique selon les italiens) n'accepte ces personnes qu'après un questionnaire de 29 questions et refoule les malades, les politiques engagés, les délinquants… L'île était surnommée "l'île des pleurs".


Mais ce fonctionnaire zélé avoue sur le papier quelques écarts qui le minent...

Cet homme qui se veut une sentinelle inflexible se révèle humain. Il quitte ainsi sa maison où il a vécu si longtemps, presque un demi-siècle, à regret. Toute une vie !

J'ai vraiment aimé le style de l'auteure, à la fois simple, profond et complètement immersif.
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Dans le dernier gardien d'Ellis Island, j'ai beaucoup aimé Gaëlle Josse, son style tout en pureté et en légèreté, passionnément aimé Ellis Island, son histoire et ses histoires, mais pas du tout aimé ce dernier gardien, trop occupé de son nombril à mon goût...

C'est malheureusement pourtant lui le personnage principal, qui raconte certes dans les 9 jours précédant la fermeture définitive du centre en 1954 le fonctionnement de cette machine à trier les immigrés bien huilée, les flots de misère et d'espoir qui s'y déversent, mais égrène aussi et surtout ses propres souvenirs d'amour, d'abus, de compromission, de fermeté ou de lâcheté.

Une vie qui ne m'a pas intéressée plus que ça et qui, reflet de la personnalité de son protagoniste ou simple effet d'un style très enlevé, a manqué singulièrement de densité et de relief pour moi. C'est bien écrit et par conséquent assez beau, je le reconnais, et pour autant il ne va d'ici peu rien m'en rester...

C'est donc un bilan en demi-teinte pour moi. Dommage... mes visites à Ellis Island m'avaient nettement plus marquée !

Challenge Petits plaisirs 25/xx et challenge PAL
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Avant toute chose, je remercie Babelio et les Editions Noir sur Blanc de m'avoir permis de découvrir ce petit livre qui est un énorme coup de coeur.
Neuf jours c'est le temps qu'il reste à John Mitchell sur le centre d'immigration d'Ellis Island avant la fermeture définitive du site qui a vu passer tant d'hommes, de femmes et d'enfants porteurs de rêves et d'espoir vers cette Amérique qu'ils considéraient comme la terre promise.
Ils avaient voulu fuir la misère, la faim, la dictature, ou la guerre et s'étaient entassés sur les bateaux.
Ellis Island ouvrirait les portes de cet eldorado aux plus chanceux, aux plus « normaux », les autres refoulés repartiraient vers cette vie qui leur faisait horreur.
Sur cette île aujourd'hui désertée, John Mitchell se souvient.
Il couche sur le papier tout ce qu'il a dans le coeur, ses bonheurs, ses erreurs, ses regrets.
Deux femmes magnifiques ont bouleversé sa vie, Liz son épouse et Nella, l'immigrante Italienne dont le souvenir est pour lui une brûlure au fer rouge.
Ce livre, je me répète, est un énorme coup de coeur, un joyau de délicatesse et de sensibilité.
J'ai été émue par ces destins tragiques.
Je ne sais quel intérêt vont porter les média à ce livre dans le maelstrom de la rentrée littéraire, mais, faites-moi confiance, ne passez pas à côté de ce bijoux.
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