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3,89

sur 700 notes
Je connaissais Vivian Maier au travers de ses photographies. Une approche via son oeuvre que nous avons eu le bonheur de découvrir grâce à John Maloof, qui a acheté, par hasard, un carton appartenant à Vivian.
Au travers de ce livre et par l'écriture tellement agréable de Gaëlle Josse, on apprends à apprécier la femme qui a décidé de se battre contre l'héritage moral toxique de sa famille proche en faisant de son rêve une passion.
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Quelles belles découvertes !...

Découverte de Gaëlle Josse, dont c'est ma troisième lecture d'affilé, après "Une longue impatience" et "L'ombre de nos nuits". Et même si le style descriptif de ce récit biographique est moins émouvant que celui de ses romans, l'écriture reste magnifique.

Découverte de Vivian Maïer, dont je n'avais jamais entendu parler. Ce personnage hors du commun attire l'intérêt et la sympathie. Son parcours de femme, et à cette époque, de la naissance à la mort, est totalement atypique.

Quelques redondances sont toutefois à déplorer, ainsi que quelques lourdeurs dans la construction du récit.
Et une envie folle de voir les photos, ainsi que le reportage consacré à Vivian Maïer.
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Qu'est-ce que le rêve américain derrière l'objectif de Maier?

John Maloof, achète aux enchères un lot, dans lequel il trouve un carton de photos dont il ne sait que faire... Il va créer petit à petit un engouement pour les clichés qui s'y trouvent. Il partage, échange et finit même par vendre certaines photographies. Puis un jour, coup d'éclat, on reconnaît enfin en Vivian un véritable talent... Son oeil adroit finit par faire l'unanimité.
Elle qui sillonnait les rues pour capter un regard, à la recherche d'un instant à arrêter...

Avec une écriture agréable, fluide, Gaelle Josse s'adresse directement à nous, comme une discussion, nous échangeons. Elle nous compte à la troisième personne, cette biographie atypique. Celle d'une femme effacée, et pourtant consciente de son talent.

Elle fut vendeuse, opératrice de saisie, nurse, photographe amatrice...

En France elle photographie les moissons, la banalité, le quotidien... Aux USA, elle photographie des visages, la misère, le bancal...
Elle trouve son style dans la simplicité, comme le fait l'auteure: directe, claire, expressive.

A la fin, l'auteure fait un mea culpa, craignant de ne pas avoir été fidèle à Maier. Si je pouvais lui répondre, je lui dirais que loin de paraître subjective, elle retrace cette destinée avec brio. Elle a su me captiver, me faire aimer le travail de Maier. Sans aimer ni détester la femme qu'elle était. Juste me faire découvrir une personnalité, sans jugement, avec une sensibilité bouleversante. Un vrai partage constructif!

Une femme en contre-jour c'est...
Des photos bien conservées dans des cartons.
Un destin, une révélation posthume, née du plus grand des hasard...
Une découverte fulgurant. Vivian Maier: un talent.
Des jeux de lumières, des jeux de miroirs...
Des clichés. Un amour pour le 8ème art, la rue, les miséreux, les humains, la vérité, la réalité, les abandonnés.
Toute sa vie.
Entre la France et les États-Unis.
Une femme talentueuse, décédée avant la gloire, comme les plus grands...

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Quel destin incroyable que celui de Vivian Maier! Enfance pour le moins chahutée, talent brut mais ignoré, énigmatique chemin et gloire postume... Tous les éléments étaient là pour une biographie captivante, à laquelle la belle plume de Gaëlle Josse offre un cadrage parfait.

A partir de la découverte fortuite du trésor que recelaient les cartons de Vivian Maier, entreposés dans un box américain à la fin de sa vie, Gaëlle Josse déroule la pellicule de son histoire singulière : femme taiseuse, libre et affranchie dans une société portant bien codifiée, Vivian Maier a tracé sa vie au fil des innombrables photographies qu'elle prenait au jour le jour.

Son exceptionnelle production, ainsi que les qualités artistiques de celle-ci, dénotent pour une femme de sa condition et de son époque ; d'autant plus qu'elle ne cherchait qu'à fixer son regard sur le monde et à exercer sa créativité, sans apparente volonté de faire connaître son travail ou elle-même, comme la plupart des photographes.

Elle se plaisait à offrir aux oubliés et aux marginaux une part de visibilité et de beauté, fût-elle uniquement au travers de la subjectivité de son regard ; car elle-même n'a pas toujours eu le loisir de voir de ses yeux ses propres clichés, faute de moyens pour les faire développer.

Son oeuvre, comme son personnage, recèlent une fascinante part de mystère, et des failles que Gaëlle Josse met très habilement en lumière, avec le bon mélange de sensibilité, de sobriété et de distance.

Celle qui passa sa vie à s'effacer derrière les autres et derrière son objectif méritait amplement de se retrouver un jour au premier plan - et Gaëlle Josse lui offre le meilleur révélateur.

Dire que son oeuvre magistrale aurait pu être détruite sans même être découverte... On se console en pensant que cette femme solitaire préférait certainement qu'il en soit ainsi, sans être embarrassée d'une gloire qui l'aurait sans doute mise mal à l'aise, ou aurait peut-être même altéré son regard singulier.

Cet ouvrage concis, mais très complet, est une excellente porte d'entrée pour découvrir le travail photographique d'artiste de Vivian Maier, au delà de la femme qu'elle était.
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Quel mystère s'abrite derrière ces montagnes de rouleaux de pellicules et de photos découverts dans un garde meuble de la banlieue de Chicago et qui sont vendus aux enchères en 2007 ? C'est ce que cherche à savoir John Maloof, ce jeune agent immobilier qui vient d'acquérir l'un des lots pour quatre cent dollars. Il y a là des milliers de photos, de pellicules, de films, des milliers de planche- contact.

A force de recherche, de temps passé à présenter quelques photos sur les sites de collectionneurs, et grâce à un nom tout juste esquissé sur une enveloppe, il remonte jusqu'à Vivian Maier.
Elle était nurse, vient de décéder à quatre-vingt-trois ans, dans l'anonymat le plus complet et dans la misère. Trois des enfants dont elle s'est occupée dans sa carrière se sont chargé de ses funérailles. Un début de piste pour Maloof dans cette chasse au trésor qui va lui permettre de faire naitre aux yeux du monde cette grande photographe au talent indiscutable. Pourtant de son vivant elle a vu très peu de ses propres photos, car développer de l'argentique coûtait particulièrement cher, elle ne pouvait se le permettre.
Vivian a une enfance bien peu sereine, entre France et États-Unis, puis retour vers le nouveau monde où elle passera une vie bien solitaire et exercera le métier de nurse pour enfants. Une activité qui lui laissera toute latitude et opportunité de photographier à satiété tout ce qui l'entoure, hommes, femmes, enfants, rues, paysages, le quotidien d'une Amérique ordinaire mais qui devient passionnante sous son regard affuté.
Le roman-biographie de Gaëlle Josse est une belle réussite. S'il est parfois un peu froid car factuel, il est toujours empathique, émouvant et sincère
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/07/22/une-femme-en-contre-jour-gaelle-josse/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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intéressant
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Gaëlle Josse, munie d'une très belle écriture et d'une grande empathie pour son personnage, nous apporte ici son éclairage sur la vie d'une femme extraordinaire et incroyable, une photographe totalement inconnue à sa mort, une artiste originale, libre et courageuse, Vivian Maier.
Deux parties dans ce récit, qui ne sont pas séparées par des chapitres différents, tout est entremêlé ; une partie heureuse, c'est une vie, vécue selon des choix, une vie de création, mais c'est aussi une existence solitaire, d'une grande tristesse.

Un jeune homme achète en 2009, dans une vente aux enchères, pour 400 dollars, un lot de cartons oubliés depuis longtemps ; à la recherche de photos pour son association d'Histoire locale d'un quartier de Chicago, il est d'abord très déçu mais finira par interroger les réseaux sociaux sur la valeur de ce qu'il a acquis : de très nombreuses photos en noir et blanc, dont celles d'une femme - des auto-portraits en quantité - un ensemble qui se révelera être un vrai trésor.

Pendant que l'enquête est menée pour découvrir qui fut Vivian Maier, l'auteure raconte son départ dans la vie, difficile, petite fille née en 1926, dont la mère est une menteuse en série et le père coléreux et malhonnête ; un couple miné par l'alcoolisme et le manque d'argent, le frère ainé de Vivian est retiré à ses parents quand il a cinq ans.
Une enfance au milieu des incohérences et des dénis de la mère, un pays les États-Unis qui subit "La Grande Dépression", un retour en France dont la mère est originaire ; quelques temps de bonheur mais le frère aîné de Vivian est incontrôlable, sa mère doit retourner à New York pour s'en occuper... Une enfance et une jeunesse ballottées, compliquées, tristes.

Vivian aura le courage de s'éloigner de cette famille toxique ; pour gagner sa vie, elle devient nounou, en particulier de John, Matthew et Lane Gensburg, les trois garçons qu'elle a élevés pendant dix-sept ans, une sorte de famille d'adoption. Et elle fait de la photographie, c'est sa passion : toujours un appareil en bandoulière, c'est sans doute sa seule façon de s'exprimer, sur tout le reste de sa vie, elle restera toujours très secrète. Photos d'enfants, d'elle-même, des gens de la rue, des plus démunis... " Vivian a vingt-cinq ans, son art est là. Photographe de rue. prête à saisir l'illimité de la vie dans son objectif. Prête à capter l'insaisissable. L'éphémère. Saisir la lumière des choses avant qu'elle ne s'efface..." (p 97)

Le livre est intéressant, bien écrit, l'ensemble donne cependant une impression presque de désespoir, puisque Vivian Maier maintenant célébrée, n'a pu voir que très peu de ses photos (pas de tirages par manque d'argent...) ; mais elle a semble-t-il, eu conscience que ce qu'elle produisait était vraiment bon.

Premières phrases : " Chicago, Rogers Park, décembre 2008

Sous le ciel blanc de ces derniers jours de décembre, les goélands argentés et les canards cisaillent l'air en piaillant au-dessus du lac Michigan gelé. Une femme âgée, très âgée, les suit du regard. Elle est sortie malgré le froid, malgré la neige qui enserre la ville dans son emprise depuis de longues semaines. Elle est venue s'asseoir, comme chaque jour, sur ce banc, son banc, face au lac."

Lien : https://www.les2bouquineuses..
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Comme je connaissais déjà bien la vie de Vivian Maier, ce livre m'a un peu (beaucoup ) déçue. je conseille plutôt de voir le film "à la recherche de Vivian Maier". On a toute l'histoire, les photos, les témoignages...
Néanmoins cette vie est tellement extraordinaire et l'oeuvre si immense qu'elle méritait peut-être aussi un livre ?
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Un gros coup de coeur pour ce livre qui s'intéresse à la vie étrange et à l'oeuvre exceptionnelle de Vivian Maier, cette photographe américaine d'origine française dont les clichés seront découverts juste après la mort. Des origines compliquées, une enfance chahutée et probablement maltraitée, une immense solitude, la folie, mais en contrepartie un grand talent qui transcende ces malheurs. Ou comme le dit parfaitement l'auteur : "L'oeuvre, nourrie de la vie, plus grande que la vie". Je le recommande vivement.
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Les photographies réalisées sa vie durant par Vivian Maier, Américaine d'origine française et autrichienne née en 1926, n'ont été découvertes qu'après sa mort, tout à fait par hasard. Désormais au panthéon des plus grands photographes de son siècle, cette gouvernante d'enfants issue d'un milieu modeste, voire misérable, grandie sans amour auprès d'une mère dysfonctionnelle, mena une existence solitaire et étrangement libre pour l'époque, centrée sur l'obsession de sa collection d'images qu'elle n'a jamais cherché à faire connaître, qu'elle n'a parfois même jamais vues elle-même, faute de moyens suffisants pour développer ses plaques et pellicules. Elle a laissé la trace de son regard sur le monde et sur elle-même, au travers de scènes de rues croquées sur le vif où elle s'intéresse aux failles de ses sujets, souvent marginaux et laissés-pour-compte, et d'auto-portraits sans coquetterie où elle ne se profile que sous la forme d'ombres ou de reflets. Son personnage reste un mystère, que Gaëlle Josse tente d'approcher au travers de son histoire, étonnante à plus d'un titre, et qu'elle nous restitue fidèlement, avec sensibilité et élégance.


Ce qui frappe chez Vivian Maier est sa volonté de ne pas exister et de s'effacer, qui la fait se transformer en témoin quasi invisible, en regard qui traverse le monde sans se donner le droit d'y laisser sa marque ni d'y devenir quelqu'un : dans ses images d'êtres souvent misérables et marqués par la vie, ces invisibles anonymes qui la fascinent, on est tenté de voir une projection d'elle-même, elle qui assiste au naufrage de ses proches dans le dénuement, la violence, les addictions et la folie, et qui, privée d'amour dans une famille où chaque naissance engendre honte et rejet, ne se reconnaît aucune valeur et préfère se faire discrète pour moins souffrir.


Au fur et à mesure que l'on devine les failles de la personnalité de Vivian, que certains témoignages viennent même teinter d'une suspicion de pathologie quasi psychiatrique, l'on perçoit aussi l'importance vitale qu'a pu revêtir pour elle la prise quotidienne d'images. Loin d'un hobby, la photographie est chez elle un acte salvateur, un moyen qui lui permet sans doute, inconsciemment, d'exprimer et de mettre à distance sa souffrance, de vivre sous la protection de reflets qui la dévoilent et la masquent en même temps. L'appareil-photo de Vivian devient une sorte d'instrument de camouflage, qui en la transformant en miroir réfléchissant, lui permet d'exister au travers de ses sujets, sécurisée par son invisibilité.


L'on ne peut désormais plus que s'émouvoir de la trace fantomatique laissée par cette artiste, et frémir à l'idée que son oeuvre aurait bien pu disparaître corps et bien avec elle.


Gaëlle Josse a donné à son récit un équilibre parfait : sans ajouter aux prédispositions romanesques de cette biographie, avec fidélité, sobriété et discrétion, elle réussit à faire revivre cette femme et son histoire de façon crédible et vivante, dans un style élégant, sensible et soigné qui hypnotise de la première à la dernière ligne. Il ne reste plus ensuite qu'à courir découvrir les clichés de Vivian Maier, et à éternellement s'interroger sur la manière dont elle aurait considéré sa notoriété posthume. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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