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sur 691 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
2007 Chicago, un jeune agent immobilier, John Maloof cherche des anciennes photos pour illustrer un livre qu'il projette d'écrire sur un quartier de la ville. Au détour d'une vente aux enchères, il achète pour quatre cent dollars des cartons remplis de photos, planche-contacts, pellicules non développées négatifs et paperasses. Mais grosse déception ! Rien dans ces cartons qui puisse lui servir. Pourtant curieux, mais ignare sur la photo, il poste quelque deux cents clichés sur internet, pour avoir une idée de ce qu'il a dans les mains. Vu les réactions, il se rend compte qu'il tient quelque chose de rare......Ainsi débute la célébrité, la gloire et la reconnaissance posthume de l'oeuvre de Vivian Maier, photographe américaine d'origine française, sujet du dernier livre de Gaëlle Josse.

Viviane Maier personne ne l'a vraiment connue à part ses employeurs, chez qui elle travailla comme nounou . le reste c'est presque le néant. Un néant que Josse va combler à partir de ses photos, quelques témoignages et manuscrits et surtout avec son imagination.

Des photos en noir et blanc, surtout de l'Amérique d'après guerre, de nombreux portraits de clochards, ouvriers épuisés, ivrognes ramassés par la police, enfants, nourrices, vieilles femmes, enfants de la rue, couples, adolescents,......bref une majorité de démunis. Et surtout beaucoup d'autoportraits. Ce personnage complexe à la personnalité ambivalente, cette solitaire, vieille fille au passé familial désastreux, semble tenir par le biais de ces photos, jamais vues et exposées aux yeux d'autrui, un carnet intime d'une histoire qu'elle “tente de s'inventer, de se construire, elle qui ne possède rien, ni biens ni famille”.

Qui est la vraie Vivian Maier ? Vu les témoignages contradictoires, personne n'en saura rien, “seules ses photos parleront pour elle “. Et Josse ajoute « Peut-être sommes-nous tous condamnés, dans le regard de l'autre, à être, selon le mot pirandellien, un, personne et cent mille. »

J'ai un avis mitigé sur ce livre. Aprés la découverte de son histoire et le tapage médiatique autour, j'étais allée voir deux de ses expositions , différents lieux et dates. Personnellement j'aime beaucoup la photo comme art plastique, ca me fascine, c'est tout, aucune compétence particulière. J'ai trouvé les photos de Maier non dénuées d'intérêt, mais aprés un moment on s'en lasse. À mon avis elles n'ont rien d'exceptionnel pour mériter tout cet acharnement sur son oeuvre. Dans le livre de Josse, aussi j'ai senti comme un creux, un vide que même l'imagination et la prose de l'écrivaine que j'aime beaucoup, n'arrive pas à combler, surtout dans la première partie où on se perd dans des histoires de familles aux détails à mon avis sans intérêt. Dans la deuxième moitié du livre elle se rattrape insérant ses propres réflexions et instiguant un parallèle entre Meier et elle. Elle, écrivaine, Meier photographe, même travail, "faire passer un peu de lumière dans l'opacité des êtres, dans leur mystères, leur fragilité, dans leurs errances, et dire ce qu'on entrevoit, ce qu'on devine, ce qui se dérobe."
Bien que Josse a finalement réussi un livre intéressant sur un personnage quasi invisible, malheureusement il ne m'a pas touchée, émue pour autant. Je le conseillerais quand même, vu sa prose ( ayant un peu perdu ici de sa verve) et nos sensibilités différentes aux divers lectures.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Notabilia pour l'envoi de ce livre !
# Une Femme En Contre-Jour #NetGalleyFr

"L'oeuvre, nourrie de la vie, plus grande que la vie".
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Au départ il y a cette anecdote incroyable, poignante et véridique : en 2007, au hasard d'une vente aux enchères à Chicago, le jeune John Maloof se portait acquéreur d'un lot de photos et de centaines de négatifs, planches contact ou pellicules non développées. Déçu de ne pas y trouver ce qu'il cherchait, ce n'est que deux ans plus tard qu'il découvrira la stupéfiante valeur artistique de ces clichés anonymes.

Ses recherches le mèneront à une certaine Vivian Maier, hélas décédée juste avant qu'il l'ait identifiée comme étant l'auteure de ces oeuvres saisissantes. Quand ça veut pas, ça veut pas… l'énigmatique photographe amateure d'origine franco-américaine aura achevé ses quatre-vingt-trois ans d'existence dans une quasi indigence et l'anonymat le plus complet.

Vivian Maier sera néanmoins passée post-mortem au statut d'artiste de renommée planétaire puisque depuis 2009 Maloof s'emploie à la révéler au monde à partir des milliers de documents qu'il a pu rassembler. Jetez-y un petit noeil, la vigueur et la sensibilité de ces prises de vue sont étonnantes.
http://www.vivianmaier.com/

C'est donc le parcours de cette femme insaisissable que Gaëlle Josse a entrepris de retracer dans son roman, tentant de combler les zones d'ombre d'un destin chaotique et d'une personnalité pour le moins ambivalente. Mais son écriture que je découvre ici m'a toutefois beaucoup moins conquise que l'histoire qu'elle entend servir, l'auteure semblant en outre osciller entre données factuelles et biographie romancée sans parvenir à choisir, d'où le sentiment d'un récit un peu trop inconsistant à mon goût.

Il n’en reste pas moins qu’«Une femme en contre-jour» m’aura permis de découvrir une artiste singulière que, honte sur moi, je ne connaissais pas.

Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Sans Gaëlle Josse dont je suis une fidèle lectrice, je n'aurais peut-être jamais entendu parler de Vivian Maier.
C'est donc avec intérêt que j'ai découvert la vie de cette femme photographe de génie qui pour payer son loyer gardait des enfants.
Ces clichés ont été découverts par hasard dans un garde meuble près de Chicago ainsi que de nombreuses pellicules non développées.
Sous la plume de l'auteure nous découvrons une Américaine d'origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, son Rolleiflex autour du cou photographiant inlassablement les femmes, les enfants, les hommes travailleurs où mendiants et multipliant les autoportraits.

Une lecture agréable, grâce à la plume de Gaëlle Josse, mais je n'ai pas ressenti d'émotion face à ce destin hors du commun.
L'émotion je l'ai ressentie en allant découvrir sur Internet les visages de ces anonymes photographiés le plus souvent à leur insu par une femme qui n'avait pas la moindre notion de son immense talent.

Merci à NetGalley et aux Editions Noir sur blanc - Notabilia
#UneFemmeEnContrejour #NetGalleyFrance
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Cherche Vivian désespérément ! Tel pourrait être le titre de ce petit livre dans lequel Gaëlle Josse, avec la délicatesse et l'élégance qu'on lui connaît, donne chair à une photographe virtuose, inconnue de son vivant. Avec émotion, on suit la trajectoire insolite de cette femme à la silhouette d'épouvantail, au regard acéré, incapable de s'intégrer au monde mais si douée pour en capter l'humanité. Gaëlle Josse relie l'enfance malheureuse de Vivian Maier à celle des déshérités qu'elle immortalise dans l'objectif de son appareil photo. La souffrance et le déficit d'identité de Vivian Maier résident dans chacun de ses portraits et en cela, elle devient leur ambassadrice officieuse. Je reste un peu frustrée, cependant, car souvent, « Une femme en contre-jour » ressemble à une fiche Wikipedia, dans une version plus romanesque. le récit devient plus intéressant quand Gaëlle Josse essaye de percer les mystères de l'artiste, et notamment le plus intrigant : pourquoi n'a-t-elle jamais fait développer ses photos ? Par fierté, par amour-propre, par ces excès de paranoïa dont elle était coutumière ? L'auteure effleure le sujet. Après le merveilleux « Une longue impatience », j'attendais un récit plus long, plus dense - plus ambitieux, oserais-je dire. Je ne suis pas la seule à savourer son oeuvre et partout j'entends : « Gaëlle a tout d'une grande, il suffirait d'un roman plus imposant pour qu'elle touche le firmament ». Mais peut-être les trompettes de la renommée vous sont-elles insupportables, chère Gaëlle, et ce serait tout à votre honneur ! On vous pardonne tout, même ce péché mignon de l'écrivain(e) français(e) contemporain(e) : romancer une biographie. Vous n'avez pu résister à la personnalité et à l'oeuvre de cette femme si singulière, presqu'étrangère à son siècle et pourtant, si douée pour le représenter. Vos regards se sont croisés, et vous ne vous êtes plus quittées. Je comprends… L'intime urgence d'écrire et de décrire.
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Était-il bien nécessaire d'écrire la biographie, romancée qui plus est, d'une artiste de l'ombre sur laquelle on possède si peu d'éléments d'information ?
Pourquoi Gaëlle Josse s'est-elle lancée dans cette entreprise, sinon, peut-être parce qu'elle a retrouvé un peu d'elle-même dans la démarche supposée de Vivian Mayer.

Cette femme somme toute assez banale, dont la vie ne fut que secret, ombre, dissolution, semble avoir été fascinée par les visages et l'intensité de l'instant présent au point de souhaiter les restaurer par la photographie.

De plus, à notre époque où le "selfie" est parfois abusivement utilisé, peut-on encore s'étonner des nombreux auto-portraits en demie teinte qu'elle réalisa ?
Enfin, peut-on prétendre à une quelconque intention volontaire de l'artiste sachant qu'elle n'a jamais cherché à faire développer sa pellicule ?

Gaëlle Josse nous livre ici son approche personnelle de celle qui devint bien malgré elle "Une femme en contre-jour".
Issue d'une famille sentimentalement bancale, elle fera avec sa mère plusieurs aller-retour entre l'Amérique et la France.
Seule source sûre en ce qui concerne les témoignages, la famille Gensburg dont elle eu la charge des enfants pendant 15 ans, s'exprime maladroitement, affirmant en toute naïveté n'avoir jamais soupçonné le moindre talent caché.
Personnalité pour le moins controversée, tantôt adulée, tantôt décriée, Vivian Mayer a surgi de l'anonymat à la découverte de kilos de négatifs tapis dans des dizaines de cartons.

J'ai visité l'exposition du Bozart à Bruxelles et vu quelques-une des photos tirées de son oeuvre.
On ne peut nier un réel talent dont elle était sans doute très loin d'avoir conscience.
Ses auto-portraits sont particulièrement originaux, bien loin des poses ostentatoires que l'on adopte de nos jours.
Quand on sait en plus qu'elle ne vit aucune de ses propres photos, on est en droit de se poser des questions quant à sa véritable motivation.
Je penche personnellement pour un passe-temps tout simple hérité de sa tante et dénué de prétention.
Son oeuvre méritait d'être ainsi reconnue.

Dans ce récit, il ne faut pas chercher la plume de Gaëlle Josse, on en ressortirait déçu.e.s.
Elle parle de quelqu'un qui l'a touchée et fait part de ses émotions de bien belle façon.
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Vivian Maier… Est-ce bien utile de présenter cette nourrice qui passait son temps à photographier les gens qui se trouvaient sur son chemin tandis qu'elle marchait au hasard des rues de NewYork puis de Chicago, un oeil sur les gamins qu'elle gardait, l'autre sur le monde agité et fou de la rue ?
Plus de cent cinquante mille photos prises, la plupart non développées.
Qui était-elle ?
Je la découvre en juillet 2014 lors de la sortie du film de John Maloof et Charlie Siskel : Finding Vivian Maier. Plus exactement, je reste fascinée par l'affiche du film placée dans un panneau en verre derrière le stop à la sortie du collège où je travaille. L'affiche retient mon regard. Très vite, son histoire me fascine ; ses photos, et notamment ses autoportraits dénués d'expression, me saisissent. Je commence à rassembler tout ce que je trouve à son sujet. Pas grand-chose encore mais ce pas grand-chose me suffit. Je m'en délecte. Il est de plus en plus question d'elle dans les journaux. Ma collection s'agrandit. Lorsque je tombe sur un autoportrait, je jubile et m'en repais.
Et puis l'année dernière, avec les enfants, nous allons à New York. Je me rends compte qu'arpentant les rues, je pense à elle à chaque moment, m'amuse à me photographier « à la manière de ». Je joue à elle. Vers la fin du séjour, au pied du pont de Brooklyn, nous tombons par hasard sur une librairie. Et là, pour la première fois, je découvre des livres entiers sur elle. Je ne décolle pas. Mais ils sont chers et ne sais pas choisir. Je photographie quelques pages (oui, c'est mal) pour ajouter quelques clichés à ma collection. Et puis Paris, janvier 2019, galerie Les Douches, rue Legouvé dans le 10e, je découvre pour la première fois ses photos grandeur nature… Et là, je m'achète un premier album : ses autoportraits. A chaque page, tandis qu'elle se cache dans un reflet de miroir ou de vitre, je m'abîme dans une contemplation que peu d'oeuvres d'art ont suscitée chez moi.
Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela? Eh bien parce que lorsque j'ai su que Gaëlle Josse avait écrit un texte sur Vivian Maier, j'ai eu peur de l'effet produit par cette fusion, c'était pour moi comme si deux géantes s'étaient donné rendez-vous. J'aime beaucoup beaucoup les romans de Gaëlle Josse, Une longue impatience m'a touchée au coeur et je n'oublierai jamais certaines scènes de ce texte.
Bref, deux grandes allaient se rencontrer… Qu'est-ce que tout cela allait produire ? Comment Gaëlle Josse allait-elle « s'emparer » de cette femme tellement étrange qu'est Vivian Maier ? Par quel « bout » allait-elle la prendre, en parler, NOUS en parler ? Comment s'approcher d'une femme qui demeure un mystère et sur laquelle les témoignages sont extrêmement divergents et très lacunaires ?
L'auteure a choisi de raconter la vie de Vivian Maier, son enfance pas particulièrement heureuse, des parents plutôt défaillants, un long séjour en France puis un retour aux États-Unis, New-York puis Chicago. Il est indiqué en anglais au début du livre : « this is a work of fiction ».
J'avoue que cette précision m'a troublée. Est-ce que pour autant je lisais un roman ? le mot n'était écrit nulle part. Une biographie romancée ? Pourquoi ne pas choisir l'un ou l'autre ?
Si je connaissais certains pans de la vie de la photographe, son séjour en France demeurait pour moi un peu flou.
Certes, je comblais mes manques mais étrangement, au lieu de m'approcher de Vivian Maier, j'avais la pénible impression de m'éloigner d'elle, comme si toutes ces histoires de famille ne me parlaient pas vraiment de cette femme ; comme si elles étaient là pour remplir un vide, une incapacité fondamentale dans laquelle nous nous trouvons de dire qui Vivian Maier est vraiment.
J'avais envie de la retrouver adulte telle qu'elle est sur ses autoportraits, partir, pour aller vers elle, non de sa famille mais de son oeuvre, de ses photos. Recentrer sur l'essentiel : son obsession, son travail. Or, il m'a semblé que le texte passait peut-être trop rapidement là-dessus : « elle travaille sa technique photographique » p 100, oui mais comment ?, que fait-elle précisément ?, note-t-on un changement important, une évolution particulière concernant son travail à ce moment précis ? Et si oui, lequel ? J'aurais eu envie que l'on explore davantage son art de photographe. Cela me manque. Sa vie, on commence à la connaître ; en revanche, j'aurais préféré que le regard de Gaëlle Josse s'attarde sur les photos de Vivian Maier, sur sa façon de voir le monde, les gens, les lieux, sur ses cadrages, ses autoportraits fragmentés (Comment Gaëlle Josse comprend-elle cette femme à l'aune de ce qu'elle a produit ? Quel sens l'auteure donne-t-elle à ces incroyables autoportraits tout en tension?) J'ai finalement eu le sentiment que le texte tournait autour de Vivian Maier sans jamais l'atteindre vraiment. Peut-être aurait-il fallu l'attaquer « de face » et non la contourner : les photos sont citées parfois, trop peu souvent. C'est là que j'attendais Gaëlle Josse, dans une espèce de face à face, yeux dans les yeux : je vais dire ce que je vois quand je TE vois. Je vais dire comment je t'imagine derrière ton Rolleiflex quand tu prends telle ou telle photo. Je vais dire comment je te devine sur les trottoirs, seule ou avec les mômes que tu gardes, avec ce monde autour de toi.
Peut-être même un « je » aurait-il été envisageable, l'auteure se plaçant dans le corps et l'esprit de cette femme. Un roman ? Oui, je crois que c'est ce que j'aurais aimé dans le fond et je pense aussi que c'est de cette façon que le talent de l'auteure se serait vraiment révélé. Parce que c'est vrai, si je n'ai pas trouvé Vivian Maier, j'ai un peu perdu Gaëlle Josse. Je ne la retrouve pas dans ce texte qui m'a semblé parfois un peu « scolaire ». L'auteure est comme bridée par ce récit biographique dans lequel elle n'est pas, qui la tient en dehors de ce qu'elle écrit. Et j'aurais voulu qu'elle soit dedans, que la collusion ait lieu entre l'auteure et son « personnage ». Tant pis si on est dans la fiction, tant pis si on se plante et qu'on passe un peu à côté d'une vérité à laquelle, de toute façon, on n'accédera jamais. Gaëlle Josse redonnant vie à Vivian. La langue de Gaëlle Josse incarnant le mystère Vivian Maier. Oui, finalement c'est ce que j'attendais… et sans doute cela m'a-t-il rendue moins réceptive au projet effectif de l'auteure. Promis, la prochaine fois, j'essaierai de ne pas écrire l'oeuvre à l'avance...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Fixer des mots sur le papier pour reconstituer la vie d'une femme comme on fixe un visage sur la pellicule n'est pas chose facile. A la différence d'un clic-clac, l'écriture demande un long travail de recherches puis d'écriture et quand celle-ci n'a laissé d'elle que des milliers de photos, il faut se glisser dans la peau de cette femme photographe, avoir son regard, imaginer ce que fut sa vie et tenter de comprendre qui elle était afin de comprendre son travail.

Il ne reste de Vivian Maier que des milliers de photos et de pellicules, entassées dans des cartons dans un garde-meubles, vendues aux enchères en 2007 et acquises pour 400 $ par John Maloof, agent immobilier. Elle n'a connu de son vivant que le travail de gouvernante chez de riches américains et profitait de l'anonymat offert par les sorties avec les enfants pour photographier les visages d' inconnus dans les rues de New York ou Chicago ou son propre visage en reflet comme pour se convaincre de son existence.

Gaëlle Josse aime à partir d'un tableau dont un des personnages la touche, se glisser et  imaginer, comme dans L'ombre de nos nuitsLes heures silencieuses,  leurs vies, entrer dans leurs pensées et construire une histoire où l'imaginaire et la sensibilité de l'auteure fait merveille. Elle devient leur ombre, une sorte de témoin, confidente de leurs états d'âme, de leur vie.

Les visages. Je suis, comme Vivian Maier, fascinée, obsédée par les visages. Par ce qui s'y lit, ce qui s'y dérobe. Approcher un parcours de vie, un chemin, une histoire. Approcher le grain de peau, le battement du coeur, du sang, le souffle, la sincérité d'une expression, le surgissement d'une émotion, suivre le tracé d'une ride, d'un frémissement des lèvres, d'un battement de paupières. Saisir les conflits intérieurs qui s'y jouent, les passions qui y brûlent, les douleurs qui affleurent, entendre les mots qui ne seront pas dits. Accompagner quelques êtres qui courent vers leur destin et nous interrogent sur le nôtre. (p90)

Gaëlle Josse, comme vous et moi, à la vue d'un tableau, une photo, à l'écoute d'une musique, imagine la vie de ceux qui y figurent, qui l'ont créé.

Je la vois, passant ses journées sur le pont, curieuse de tout, soucieuse de fuir la cabine..... (page 46)

Née à New-York en 1926 mais ayant des racines maternelles dans les Hautes Alpes, Vivian Maier rejoint à 17 ans sa mère à New York puis, après quelques allers-retours entre la France et les Etats-Unis, elle s'installera à Chicago. Comme souvent, une rencontre sera déterminante dans sa vie : celle d'une amie de sa mère Jeanne Bertrand, photographe, qui lui offre son premier appareil.

Cette gouvernante/photographe possède tous les ingrédients pour construire un roman : une enfance sûrement marquée par le divorce de ses parents, son éloignement pendant son enfance puisqu'elle vivait en France et sa mère à New-York,  sa séparation avec son frère Charles (Karl), un rapport aux hommes très distant peut-être dû à son père, un américain dévoyé, un sentiment d'insécurité, une vie de femme solitaire, démunie, mettant toute son énergie à fixer ses journées à travers les photos de son quotidien dans les rues des villes américaines sans autre but, semble-t-il, que de photographier, de saisir l'instant.

Son travail photographique accorde une large place aux femmes âgées. On ne photographie rien par hasard. Un artiste poursuite ce qui le hante, l'obsède, le traverse, le déchire. Rien d'autre. Vivian Maier est avant tout une artiste, même si elle n'en revendique rien. (p68)

Pourquoi telle oeuvre plutôt qu'une autre, tel visage plutôt qu'un autre, impossible de le dire, cela se passe entre l'oeuvre et vous,  mais dans le cas de Vivian Maier, ce visage hermétique, inexpressif, laisse un champ des possibles immense.

Même si j'ai retrouvé avec plaisir l'écriture de Gaëlle Josse, sa sensibilité,  je suis restée à distance de ce récit. Est-ce dû au fait qu'il ne reste de Vivian Maier que ses photos et pratiquement aucune information sur sa vie, mais la répétition des interrogations, des questions le plus souvent sans réponse donnait à l'ensemble un goût d'inachevé. J'ai eu le sentiment que l'auteure oscillait entre réalité et suppositions sans vraiment prendre un chemin définitif.

Pourquoi ne pas en faire un roman d'imagination totale, une fiction basée sur le peu de faits connus, sur les photos et imaginer ce que fut sa vie de cette nounou ou bien s'attarder sur une photo et en construire une divagation comme c'est si bien le faire l'auteure, plutôt qu'une énumération des événements connus de sa vie et de suppositions.

Par contre les dernières pages dans lesquelles Gaëlle Josse fait le parallèle entre son travail et celui de la photographe, sont sublimes et j'y retrouve toute la sensibilité de l'auteure :

Les visages. Je suis, comme Vivian Maier, fascinée, obsédée par les visages. Par ce qui s'y lit, ce qui s'y dérobe. Approcher un parcours de vie, un chemin, une histoire. Approcher le grain de peau, le battement du coeur, du sang, le souffle, la sincérité d'une expression, le surgissement d'une émotion, suivre le tracé d'une ride, d'un frémissement des lèvres, d'un battement de paupières. Saisir les conflits intérieurs qui s'y jouent, les passions qui y brûlent, les douleurs qui affleurent, entendre les mots qui ne seront pas dits. Accompagner quelques êtres qui courent vers leur destin et nous interrogent sur le nôtre. (p90)

Avant la sortie du livre, j'avais vu un documentaire sur l'exposition se déroulant jusqu'à la fin du mois de mars 2019 à la galerie Les Douches à Paris, qui m'avait interpellée sur la personnalité de cette femme qui n'avait pas pris, le plus souvent, la peine de développer ses pellicules, une manière peut-être, de vouloir rester dans l'ombre et pour qui comptait seulement l'instant fixé...
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Livre documentaire sans image qui retrace les faits qui sont connus sur la vie de Vivian Maier (1926-2009), cette photographe révélée au grand public après sa mort, nous rappelant que le talent n'amène pas toujours au succès.

Ce petit livre n'a rien d'exceptionnel dans sa forme, relatant une vie qui se suffit à elle-même de par son caractère hors-norme. Impression peut-être due en partie au fait que les documentaires, en général, je préfère les visionner plutôt que de les lire.
En revanche, si le but de Gaëlle Josse était de mettre cette femme en contre-jour dans la lumière, c'est réussi. Je n'ai pas résisté à l'envie d'aller découvrir les photos de cette artiste aussitôt ma lecture achevée. J'y ai même passé un petit bout de temps.

Mais comment se plaindre de façon crédible quand on se permet, de façon pas très élégante, de lire un livre avant de le glisser sous le sapin...?
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Gaëlle Josse nous fait découvrir une femme et une artiste photographe dont le destin a été extraordinaire dans tous les sens du terme de part une enfance chaotique et une vie d'adulte solitaire mais illuminée par cette passion pour la photographie. J'ai été très agréablement intéressée par la prose de l'auteur qui par petites touches nous révèle une femme mystérieuse et somme toute simple. Et le plus fascinant et triste, c'est que cette artiste solitaire, effacée n'a pu "profiter" de ses photos, faute de moyen et de réseau mais en lisant ce petit livre, on prend la mesure d'une personnalité troublante et lumineuse, d'une vraie artiste, d'une femme. Et surtout, de découvrir comment, par hasard, un homme va se procurer les clichés de V.Maier et la révéler au monde entier en tant que photographe de talent. L'exposition Vivian Maier au Musée du Luxembourg jusqu'au 16 janvier 2022 permet de voir une oeuvre à la fois documentaire et artistique et de ressentir de belles émotions transmises par les modèles, les clichés et de comprendre le cheminement et l'évolution de la photographe.
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C'est une vraie énigme qui avait une passion qui l'animait : la photographie. Jamais elle ne sortait sans son appareil et il a fallu le 21ème siècle pour découvrir son travail. Comment ne pas trouver cette histoire incroyable d'autant plus que les clichés ne peuvent nous laisser insensible. L'auteure lui redonne une identité, une histoire montrant que sa vie est pleine de mystère, de silence et de calme. La plume pleine de délicatesse et de bienveillance nous permet de nous sentir aussi bien proche de l'enquêteur qui recherche à combler le puzzle que d'une femme en quête peut-être de sens. Les pages se tournent l'air de rien avec plaisir d'apprendre un peu plus sur Vivian Maier. Faut-il connaître la femme pour mieux aimer son oeuvre? 
Lien : http://22h05ruedesdames.com/..
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