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4,17

sur 1014 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je viens de finir Une longue impatience, le dernier roman de Gaëlle Josse, et mon émotion est telle que, c'est bien simple, je me sens tout à fait incapable d'en parler.
Je suis sans voix.
Tout à l'heure, alors que je déjeunais avec une amie, j'ai tenté de lui dire quel était le sujet du roman. le sujet, pas plus. Juste quelques mots. J'en fus incapable. Immédiatement, des images me sont venues à l'esprit et elles furent immédiatement accompagnées de larmes.
J'ai dû renoncer.
Je ne peux pas parler de ce livre, de cette histoire, de ces personnages sans pleurer.
Je ne sais pas si c'est le thème qui m'a touchée (une femme qui attend le retour de son fils), je ne sais pas si c'est l'écriture : des mots simples, justes, sensibles qui filent droit au coeur, je ne sais pas si ce sont les descriptions à la fois poétiques et sobres ou bien le portrait fin et nuancé des personnages ou encore cette pudeur, cette grâce, cette délicatesse qui enveloppe chaque ligne de ce récit.
Je ne sais pas pourquoi les mots de Gaëlle Josse me bouleversent tant.
Ce que je sais par contre, c'est que j'ai du mal à parler de son roman.
Peut-être aurais-je dû attendre un peu avant d'écrire ma chronique mais à mon avis, les images de ce récit sont tellement ancrées en moi que rien n'y fera, l'émotion sera toujours aussi intense.
Ce que je sais aussi, c'est que moi qui prête volontiers mes livres, celui-là, je ne le prêterai pas. Jamais. J'aurais l'impression de donner un bout de moi-même. Non, il restera près de moi, dans ma bibliothèque, à portée de main, toujours.
Je sais aussi que si un jour, je rencontre l'auteur, je ne pourrai pas aller lui parler de son roman. L'émotion m'en rendra tout simplement incapable.
Drôle de billet que celui-ci, me direz-vous.
Un peu en vrac, comme ce roman m'a laissée.
« Ne me secouez pas, je suis pleine de larmes. »
Je cite juste deux extraits, ce ne sont pas forcément les plus beaux, tout le texte est une splendeur. Deux passages pour que vous puissiez lire les mots de Gaëlle Josse.
« Je suis envahie, pénétrée, toute résistance devenue inutile, par les coups sourds, aveugles, insistants d'une souffrance qui ne me laisse aucun repos. Je vis avec une absence enfouie en moi, une absence qui me vide et me remplit à la fois. Parfois, je me dis que le chemin qui me happe chaque jour est comme une ligne de vie, un fil sinueux sur lequel je marche et tente d'avancer, de toutes les forces qui me restent. de résister au vent, aux tempêtes, au Trou du diable, aux larmes, à tout ce qui menace de céder en moi. Il me faudrait chercher des arrangements pour enjamber chaque jour sans dommage, mais je ne sais rien des arrangements. »
« J'attends un signe, un courrier, quelque chose sur lequel m'appuyer. Tout ce que je veux, c'est que Louis rentre. Je voudrais retrouver notre unité première, rompue à la naissance, l'oeuf primordial, à nouveau. Réparé, retrouvé, intact, le temps obscur et doux de l'inséparé. J'attends que mon fils me redonne vie, qu'il me fasse renaître, me réveille, me ressuscite. Alors nous serons quittes. »

Merci, Gaëlle Josse, pour ces mots...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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J'ai découvert Gaëlle Josse l'année dernière, au hasard d'une lecture (Le dernier Gardien d'Ellis Island) et depuis je lis tous ses romans avec un plaisir immense, jamais déçu et je parle beaucoup autour de moi de cette auteure si discrète.

Janvier 2018 : nouveau roman..... je me précipite dessus bien sûr : que nous a-t-elle réservé, où va-t-elle nous embarquer ? Et bien me voici sur la côte bretonne, battue par les vents, dans les années 50, le pays vient de sortir de la guerre et se remet tout doucement de ces années d'épreuve. Anne l'héroïne, la principale narratrice, après une période difficile avec la perte de son premier mari pendant le conflit, pense avoir trouvé un peu de stabilité, de confort pour elle et son fils Louis auprès d'Etienne, le pharmacien du village. Mais Louis va disparaître et une longue attente va commencer pour elle, partagée entre l'amour maternel et l'amour pour son mari.

Je ne suis qu'une déchirure. (p79)

Comme pour les fois précédentes, un court roman mais tellement riche, direct, précis, sans broderies inutiles.

Tous les jours je dois m'inventer de  nouvelles résolutions, des choses pour tenir debout, pour ne pas me noyer, pour me réchauffer, pour écarter les lianes de chagrin qui menacent de m'étrangler.(p82)

Le thème est l'attente, insoutenable, difficile, le manque de l'absent et pour le retrouver elle hante les lieux qu'ils ont partagés, eux, tous les deux, seuls avec leur misère mais heureux d'être ensemble et de leur vie simple, où le moindre objet a une histoire, est un souvenir.

 Bien sûr elle aime l'homme qui partage sa vie mais d'un autre amour et puis il y a le déchirement lorsqu'il provoque le départ de Louis. Elle évoque leur vie, son changement de statut dans le village, elle, la veuve remariée au plus beau parti, elle dont l'enfance n'a pas été douce, elle que la vie a malmenée.

Je me demande pourquoi il m'aime tant, et ce qu'il peut bien trouver à une femme comme moi, habitée d'absents, cousue d'attentes, de cauchemars et de désirs impossibles.(p106)

Anne, elle, a ses solutions pour tromper l'attente, sa petite maison, son antre,  ses lettres à Louis, là où il peut être, pour lui parler du jour de son retour et de la grande fête et du repas qu'elle prépare, car il reviendra, elle ne sait pas quand, elle espère, elle, la douce Anne mais qui guette comme une bête le retour de son petit.

De courtes phrases qui se précipitent parfois comme lorsqu'on est sur le fil du rasoir, que l'esprit galope, se perd, tente de comprendre mais surtout quand il est submergé par l'angoisse. 

Et puis toujours avec Gaëlle Josse, une pirouette, un emballement et comme dans ses précédents récits on est fauché, déstabilisé. Il ne faut s'attendre à rien avec elle car c'est elle qui décide du moment, du lieu, de la manière.

J'ai dévoré les 130 pages la gorge nouée par les sentiments maternels si bien exprimés, le décor de Bretagne, les paysages, la mer, les sentiments humains et la vie de cette femme sont si biens écrits, on respire l'iode, on sent le vent sur la peau, on voit les bateaux rentrés au port, tous les sens sont sollicités, et l'on ne peut que penser qu'il y a du vécu là-dedans ou pour le moins un gros travail d'observation.

A cette grotte où nous vivons seuls où personne ne peut entrer, à cette part obscure et inavouable que nous portons en nous.(p113)

J'ai rencontré il y a quelque temps l'auteure qui expliquait qu'elle partait d'un détail, d'un lieu pour construire ses histoires mais moi j'ai le sentiment que cette femme a eu mille vies pour pouvoir nous faire partager tant d'émotions, tant de voyages et moi c'est ce que je demande en premier en littérature. Merci Madame.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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Que d'émotions !

Après « Ce matin-là » que j'ai beaucoup aimé, je viens de dévorer de superbe roman. Et me voici encore embarrassée pour écrire mon ressenti tant la teneur de ce livre est prenante.

Bretagne - Avril 1950.

Ce soir, Louis n'est pas rentré. Louis a 16 ans il n'est pas rentré et ne rentrera pas, il a fugué.

Pourquoi a-t-il fugué, son beau-père Etienne, lui avait asséné une correction à coup de ceinture. Je ne sais pas pourquoi, mais vu l'éducation d'Etienne, il avait dû faire une bêtise (ou pas ….. quand on lit la suite).

Le sujet du roman porte plus particulièrement sur la douleur et l'attente de sa mère, Anne. Elle a eu Louis lors de son premier mariage, son mari ayant disparu en mer, elle a ensuite épousé Etienne, pharmacien, bourgeois, très amoureux d'elle, ils ont eu ensemble un garçon et une fille.

Désespérée, Anne attend jour après jour le retour du bateau sur lequel son fils s'est embarqué et pour éponger sa peine, elle lui écrit, elle lui décrit inlassablement, lettre après lettre, la fête qu'ils feront lors de son retour, les mets prestigieux qu'elle cuisinera en son honneur. En quelque sorte « on tue le veau gras pour le retour du fils prodige ».

C'est un recueil de douleur intime ce roman, le chagrin d'une mère, une attente interminable et Gaëlle Josse sait l'écrire avec une plume sûre, émouvante, elle trouve les mots justes, ça prend aux tripes ! Un amour maternel sans limite !

Une lecture que je recommande.
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Beaucoup d'émotion, une grande tristesse mais quel plaisir de lire ce roman bouleversant de Gaëlle Josse.

C'est l'histoire d'une femme mais surtout d'une mère, dans un village de Bretagne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Veuve d'un marin-pêcheur, Anne, pour le bien de son fils Louis, a accepté la demande en mariage du pharmacien, Etienne Quenameur, qu'elle connait depuis l'enfance. Une classe sociale qui lui fait peur, mais la promesse, pour Louis, d'une vie meilleure, l'espérance d'un nouveau foyer, d'une famille aimante et chaleureuse après des années difficiles.

La naissance de deux autres beaux enfants, Gabriel et Jeanne, vient combler les époux et renforcer leur lien. Mais hélas, au fur et à mesure que le temps passe les relations se dégradent entre Louis et son beau-père. Incompréhension, autorité, punitions et châtiments corporels. Une dispute trop violente, des coups de ceinture administrés brutalement... Louis va s'enfuir sans un mot, sans un geste, sans un message, laissant sa mère dans l'angoisse et le désespoir, dans une interminable attente.

L'absence de son fils adoré va dévorer la vie d'Anne, la mener à la limite de la folie. Elle espère son retour, elle l'attend inlassablement. Son amour est incommensurable, éternel, absolu. Louis s'est engagé comme marin sur un cargo, il vogue de par le monde. Reviendra-t-il un jour ? Quand ? Anne se poste tous les jours sur la falaise et guette l'approche éventuelle du navire qui lui ramènera son enfant. Elle se réfugie dans son ancienne maisonnette, son havre de paix, et elle entreprend d'écrire à Louis pour lui décrire le festin qu'elle va lui préparer pour son retour au pays, un banquet où tous seront invités pour fêter le fils prodigue. de longues lettres teintées d'amour et d'espérance ; les recevra-t-il un jour ?

Gaëlle Josse signe un roman sublime tout en sensibilité, retenue et humanité. Il m'a beaucoup touchée. Elle offre au lecteur un portrait de femme bouleversant, une femme héroïque qui se bat jusqu'au bout de ses forces, ne perd jamais espoir et parvient à distiller son amour pour le bien de ses autres enfants et l'équilibre de son couple. Et quelle écriture ! de toute beauté, sobre, limpide, élégante, recherchée ! Chaque mot a son importance, le ton est toujours juste et l'analyse psychologique fine et délicate. le personnage d'Anne emplit le lecteur d'émotion et rappelle par sa constance et son invivable attente, certaines héroïnes de la tragédie grecque : telle Pénélope qui faisait et défaisait sa tapisserie pour attendre le retour d'Ulysse, Anne brode une immense nappe retraçant toute sa vie, celle de sa famille et les événements qui l'ont jalonnée. Son ultime cadeau, son testament pour le retour de Louis.

De Gaëlle Josse j'avais déjà beaucoup aimé le dernier gardien d'Ellis Island et Les heures silencieuses. Une longue impatience confirme tout le talent de l'autrice.

#Challenge Riquiqui 2024
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Nous sommes après la guerre 39-45. Anne, vit avec son fils Louis, 16 ans, et son second mari. le premier étant décédé en mer, à la fin de la guerre.
Anne a donc refait sa vie avec le pharmacien du village Breton dans lequel ils vivent. Deux enfants naissent de cette nouvelle union.
Mais un soir, le beau-père de Louis est trop violent avec lui. L'adolescent va alors partir et ne pas revenir. S'ensuit pour sa mère une longue impatiente...
C'est une histoire envoûtante où je me suis mise tout de suite à la place de cette mère. J'ai d'ailleurs versé beaucoup de larmes dès le début.
Comment ne pas être émue face à cet amour maternel infini.
Ce roman est donc intense, on ressent toute la souffrance de cette mère pour son fils. Pour preuve, toutes les lettres qu'elle va lui écrire dans l'espoir de le revoir très vite et de fêter son retour allégrement. Mais on ressent également toute sa tristesse et son désarroi.
Mention spéciale aussi à la plume de l'autrice (que j'ai découvert avec ce titre).
L'écriture est tellement belle, délicate et poétique.

Lien : https://lecarnetdelecturesde..
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Le lien qu'Anne a tissé avec Louis est un lien puissant qui va bien au-delà de l'amour maternel parce qu'il s'enracine dans une blessure commune, une perte irremplaçable pour l'un et l'autre.
Vient alors pour cette femme l'urgence absolue de protéger son enfant orphelin, de lui épargner toute douleur supplémentaire en l'entourant de sa tendresse exacerbée.
L'aimer et le protéger, c'est aussi tenter de rendre un repère masculin à cet homme en devenir et donc de se remarier.
Si, dans un premier temps, tout se passe bien, la venue de deux autres enfants change totalement la donne.
On ne force pas l'amour et il est parfois bien difficile de considérer l'enfant d'un autre comme le sien.
Alors on s'impatiente, on s'irrite et on finit par avoir le geste malheureux, celui qui va tout bouleverser.
Et c'est la fugue, l'enrôlement dans la marine marchande et le début d'un long, très long, trop long silence.
Anne est déchirée par cet éloignement qui ne donne pas de nouvelles, qui pèse comme une condamnation, un reproche, un abandon.
Et telle Pénélope qui attend le retour d'Ulysse, elle brode le retour de l'enfant prodigue et le festin qu'elle imagine pour le célébrer.
Elle est aimée pourtant, Anne...comme toute femme rêverait de l'être, un peu trop parfaitement même pour être vraiment crédible.
Cet homme fait preuve d'une patience surnaturelle face au désarroi persistant de son épouse.
Mais c'est une mère incomplète qui s'éveille chaque matin un peu plus en lambeaux.

Il m'a fallu deux jours pour parvenir à rédiger ce billet tant j'ai eu des difficultés à trouver les mots justes.
Veuve très tôt avec deux enfants en bas âge, ce récit m'a touchée en plein coeur et a fait remonter des émotions très fortes.
A mon tour, David, de te remercier pour ce cadeau "coup de coeur" !!
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Au port, chaque pêcheur se souvient qu'elle est la veuve d'Yvon le Floch, son mari gardé au milieu des flots, son corps jamais rendu par la mer. S'habituer à un deuil sans corps, sans autre preuve que l'absence, sans rien pour déposer ses larmes. De veuve le Floch elle est devenue Madame Quémeneur, la femme du pharmacien, les regards, les convenances, pèsent si lourds ici. Les conversations cessent dès qu'elle arrive, les ragots, les rancœurs, les rumeurs. Aujourd'hui, elle cherche dans sa nouvelle maison un coin à elle, un refuge, mais elle ne le trouve pas.

Depuis la naissance des petits, Étienne, son nouveau mari ne supporte plus son fils Louis, qui lui rappelle qu'elle a été la femme d'un autre homme. Elle s'épuise à cette vaine répartition de l'amour. Étienne a annoncé à Louis son départ pour la pension, le soir Louis n'a pas reparu. Il n'a laissé aucun message, il n'a rien dit au cours des jours précédents, rien qui puisse donner une piste, son absence est sa seule certitude, c'est un vide dans lequel elle sombre.

Il est son fils, sa vie, il s'est embarqué à destination de la Réunion. Depuis, chaque jour, elle l'attend. Elle longe la falaise, sur le chemin des douaniers, elle guette, elle fixe l'horizon pour y déceler le bateau qui la rendra à la vie. Elle lui écrit de longues lettres où elle lui raconte la fête et le festin qu'ils feront à son retour.

Le portrait magnifique d'une femme et d'une mère qui ne cesse de se tourmenter pour l'enfant un jour sorti de son flanc, qui est parti en mer, depuis elle le suit sur un globe terrestre, sa raison de vivre c'est l'attente de son retour. Les dernières pages sont absolument extraordinaires, elles nous transportent littéralement. Gaëlle Josse sait trouver les mots pour nous décrire d'une façon pudique et bouleversante, l'amour d'une mère et la douleur de l'absence. Une plume d'une grâce infinie qui nous touche au plus profond de notre âme.
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"Ce soir, Louis n'est pas rentré".
Ainsi s'ouvre cette Longue impatience.
Sept mots qui sonnent comme un glas terrible, sept mots qui glacent le coeur d'une mère, sept mots pour dire que rien ne sera plus pareil. Pour Anne c'est le début de l'attente, le premier jour d'une vie à l'arrêt, suspendue ("chaque jour est comme une pierre jetée d'une falaise, qui tombe avec un bruit mat et s'immobilise dans l'oubli") et pour nous lecteurs c'est l'annonce d'un roman précieux, chargé d'émotion, de poésie et d'amour maternel.

Nous sommes quelques part sur la côte bretonne, dans l'immédiate après-guerre. À la suite d'une énième dispute avec son beau-père, Louis a pris la mer secrètement, et depuis lors Anne est au supplice. L'océan lui a déjà volé un mari, lui rendra-t-il son fils ?
Pour le savoir, prenons place à ses côtés sur ce rivage décharné qu'elle arpente sans relâche et scrutons les flots. Éprouvons sa douleur, partageons son fol espoir de mère, faisons nôtre son intime conviction : un jour Louis reviendra.
Et puis veillons, quoi qu'il arrive. Il nous faudra être là pour fêter le retour du fils prodigue.

En attendant la délivrance, Anne imagine le festin qu'elle réserve à son fils. Elle envoie des messages, comme autant de bouteilles à la mer, pour décrire le menu des réjouissances. Ces intermèdes culinaires très réussis, en plus de nous mettre l'eau à la bouche, brisent de façon splendide la désolation des jours qui s'enchainent sans nouvelle du garçon.

Anne se confie, aussi. Sa vie d'avant, dans la petite maison de pêcheur. La perte de son mari, l'occupation allemande, les années de vaches maigres. Enfin Etienne, le pharmacien prospère, le second mari, la renaissance et la nouvelle famille.
Et puis en filigrane, toujours, ses doutes de femme, de veuve, de mère.
Comment combler l'abîme du manque, comment s'accommoder du vide, de l'absence ? "Tous les jours je dois m'inventer de nouvelles résolutions, des choses pour tenir debout, pour ne pas me noyer, pour me réchauffer, pour écarter les lianes de chagrin qui menacent de m'étrangler."

La prose subtile, intimiste, fragile et tellement gracieuse de Gaëlle Josse sied à merveille à ce type de confidences : elle dresse avec retenue et émotion un portrait de femme bouleversant, et nous rappelle combien certaines séparations peuvent nous contraindre à "inventer des ancres pour rester amarré à la vie, pour ne pas être emporté par le vent mauvais".

Du haut de ton rocher, Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?
Revenons demain, peut-être...
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Sublime.
Un petit bijou à se tamponner les yeux.
Une triste embardée de la vie contée avec talent.
Une longue impatience. Une longue attente. Une lente agonie.
« Des jours d'attente et de peur, des jours de vie suspendue, de respiration suspendue, à aller et venir, à faire cent fois les mêmes pas, les mêmes gestes, à essayer de reconstituer les derniers moments de la présence de Louis à la maison, à tenter de me souvenir des derniers mots échangés, de les interpréter, d'y trouver un sens caché, d'y déceler un message, une intention. »
Livre sur l'amour impuissant et désespéré d'une mère torturée par l'absence, le silence, l'inquiétude et les remords, fixant chaque jour l'horizon pour tenter de déceler le passage du bateau qui va ramener son fils, s'abîmant dans un sommeil traversé de bateaux. « C'est l'océan et le bateau de Louis. Quelque part sur une mer du monde. L'incertitude comme seul point fixe. Sous mes gestes de chaque jour, il n'y a que du vide. de la place pour les songes apportés par le vent, pour les mots racontés par les flots. »
Jour après jour, elle lutte pour ne pas se noyer et échapper aux lames du chagrin, s'épuise dans la spirale brillante mais dévorante de l'espérance en écrivant à son fils les réjouissances qu'elle préparera pour fêter son retour. « [...] je te préparerai des galettes. Autant que tu voudras. Pour rien au monde je ne te priverais de ces disques d'or brûlants. Tu te souviens . Nous disions que nous dévorerions le soleil ! » Des mots qui se brisent dans les méandres de la souffrance, dans les courants froids et les vents contraires.
Magnifique récit !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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J'ai lu beaucoup de critiques sur se livre selon lesquelles l'histoire de cette mère qui attend son fils pendant des années était absurde.
Pour ma part, je lis davantage du Gaëlle Josse pour son écriture qui m'envoûte dès les premières lignes, peu m'importe si l'histoire ne tient pas la route.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a fait passer un bon moment poétique.
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