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4,17

sur 1014 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avril 1950 , Louis reçoit le coup , le coup fatal porté par Etienne , le second mari de sa mère, Anne ....Si , en 1950 , le coup de ceinturon était , hélas , courant et admis , il lui fallait sa légitimité . Expression exclusive de la toute puissance paternelle...Or le père de Louis , Yvon , a disparu en mer , son chalutier coulé par l'aviation anglaise. Et , pour Louis , Etienne a pris la place vacante ....fait pas forcément bien vu dans la société d'alors.
Louis s'enfuit , s'engage sur un bateau et....disparaît .
Anne sa mère ne comprend pas , ne supporte pas ,n'accepte pas et dès lors ,ne vit plus que par , pour et avec l'Absent , souffre , en silence , un silence envahissant , oppressant , dramatique....remords , culpabilisation , désespoir...
L' Absent occupe " tout l'espace " , " dévore " les pensées , l'esprit et le corps de celle qui est condamnée à une terrible attente...."Dis , quand reviendras -tu ?"
J'ai lu rapidement ce petit livre avec beaucoup d'émotion , perturbé par cette femme qui perd pied peu à peu , privée de sa vraie raison de vivre malgré l'amour d'Etienne et de leurs deux enfants , Gabriel et Jeanne . Cette femme sans doute égoïste qui n'a pu accepter l'appel de la vieille rivale qu'est la mer...refuge pour un fils délaissé ?
Analyser les caractères des personnages est bien inutile , chacun d'entre nous pouvant facilement se projeter dans cet univers pesant , ce monde clos où les rideaux ont vite fait de se soulever et de retomber bien vite , où, le dimanche , à la messe , se véhiculent les ragots d'une collectivité prompte à jeter l'anathème..Bretagne , 1950....
Par contre , un grand consensus semble se faire sur l'écriture magnifique , aérienne , poétique de Gaëlle Josse ,qui rend sublime une histoire qui aurait pu s'enliser .Je vais rejoindre la foule des amis babeliotes qui ont réservé un excellent accueil à ce roman , tout en comprenant parfaitement ceux ou celles qui ont eu un avis plus mitigé , qu'ils ont fort bien argumenté au demeurant . ( je viens de lire les critiques avec grand intérêt )
Je n'avais jamais lu cette auteure , c'est pour moi une belle découverte à travers ce roman qui joue sur l'émotion sur les sentiments , sans toutefois , à mon avis tomber dans le pathos.
Anne , une nouvelle Pénélope ? Pourquoi pas.... à moins qu'il ne s 'agisse de " soeur Anne " , mais ça , c'est une autre histoire dont je vous laisse seul(e) juge...
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« Ce soir, Louis n'est pas rentré ».
Ce long cri de désespoir d'une maman aux abois me laisse sans voix et en larmes.


Gaëlle Josse est sûrement maman elle-même pour retranscrire avec cette délicatesse, cette troublante précision de ton, cette poésie chatoyante la peine immense d'une femme dont le fils est parti de la maison familiale après avoir été battu par son beau-père, homme pourtant « civilisé » et aimant.
Jeune veuve s'occupant de son petit Louis, elle avait accepté en toute confiance la proposition de mariage du pharmacien estimé du village breton, un ancien condisciple d'enfance. Celui-ci lui promettait d'accueillir son fils comme son propre enfant. Ce dont il s'est acquitté la première année...mais dès l'arrivée de sa propre progéniture, les choses ont changé, lentement mais sûrement, jusqu'à la scène fatale aux 15 ans de Louis.
Et depuis lors, elle attend, la pauvre femme. Elle espère, elle parle à son fils, lui envoie des lettres « aux bons soins de la Compagnie générale maritime », car il s'est embarqué et sillonne les mers au gré des bateaux commerciaux.
Elle se rend sur la grève, scrute l'horizon, pleure, tousse, s'écroule, se relève, chérit ses deux autres enfants, se donne à son mari et se reprend, se tait surtout.


Souvenirs, solitude.
Souvenirs poignants d'une enfance pas gâtée.
Gêne face au cynisme et à la jalousie des gens du village lors du mariage « en-dehors de sa classe ».
Amour infini pour ses enfants.
Immense cri d'amour pour un fils bien ingrat.
Retranchement en elle-même.
Déchirure. Destruction.
Solitude. le malheur, ça ne se partage pas.


« Lorsque tu reviendras, mon fils, ce sera une fête ».
Et je me suis écroulée, sans voix et en larmes.


Merci Patricia, tu as choisi là, pour moi, un livre inoubliable.
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Anne, fragile rêve
Au bord de la falaise
Le trou du Diable te hante
Mais tu t'agrippes à l' attente
Longtemps...

Louis, l'enfant parti
Et ton coeur en charpie
Tu lui écris des mots si tendres et fous
Lui promets un festin, des baisers doux
Longtemps...

S'effiloche une vie
Écartelée, meurtrie
Les tempêtes, les marées désenchantées
Les espoirs trahis ont tout dévasté
Longtemps...

Étienne voudrait adoucir
La peine qui te chavire
En vain...

Et j'ai tremblé de cette existence broyée
Et j'ai été tant émue, bouleversée !

Encore une fois, je reste émerveillée de la délicatesse des sentiments exprimés , de l'écriture fine et poétique de Gaëlle Josse, ce livre est une vague d'émotions, de tendresse et de douleur, qui nous emporte. Coup de coeur absolu!




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Gaëlle Josse nous offre un roman magnifique et pudique sur l'absence.
L'absence d'un fils et l'attente d'une mère.

Lorsque sa mère refait sa vie avec Etienne, Louis ne se sent pas à sa place dans cette famille, il ne retrouve pas le père qu'il espérait, lui qui a si peu connu le sien.
Un soir, le garçon ne rentre pas. C'est sur un cargo que sa mère retrouve sa trace. le garçon s'est embarqué et pour Anne commence l'attente et l'espoir.
Elle s'accroche et résiste à l'incertitude et à la peur, comme accrochée à une bouée de sauvetage, mais chaque retour de bateau sans Louis la mine, le mal torture comme une destruction à petit feu.
Pour résister Anne écrit un journal où elle retrace le fil de sa vie, mais aussi des lettres qu'elle adresse à son fils, comme des bouteilles que l'on jette à la mer.
Gaëlle Josse a su trouver les mots pour décrire le chagrin d'une mère perdue dans l'attente et l'incertitude.

J'ai lu tous les romans de Gaëlle Josse. La retrouver est chaque fois une promesse de grand plaisir littéraire, tant sa plume est élégante toute en finesse, pudeur et délicatesse.
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Une longue impatience est le genre de livre qui me fait penser que ceux qui ne lisent pas ne savent pas ce qu'ils perdent, et que c'est vraiment dommage pour eux.
Ils passent à côté de tant de choses ! de tant de possibilités, de tant de découvertes et de tant d'émotions !
En lisant ce roman, j'ai changé de lieu et d'époque. Je suis partie en voyage en Bretagne au lendemain de la seconde guerre mondiale.
J'ai partagé des vies.
J'ai vibré sous le coup d'émotions fortes, intenses, puissantes, que Gaëlle Josse a su faire naître à travers les lignes de son livre.
En magicienne, elle sait, comme peu d'écrivains, exprimer beaucoup avec peu de mots et une écriture limpide, cristalline. Une écriture dépouillée qui me fait penser à ce que disait Chopin à propos de ses compositions : "Dans un dernier effort, j'efface jusqu'à la trace de l'effort."
Gaëlle Josse nous offre un texte épuré et simple. Faussement simple, parce que cette simplicité apparente cache une richesse et une puissance inouïes.
J'ai vécu avec Anne tout au long du roman, j'ai vécu ce qu'elle a vécu, j'ai ressenti au plus profond de moi ce qu'elle ressentait, la palette d'émotions qui s'enchaînent et s'entremêlent tout au long de l'histoire : la tristesse, la douleur, le déchirement, l'angoisse, la peur, l'espoir, et par-dessus-tout, l'amour.
Cette longue impatience, c'est l'attente d'une mère qui ne renoncera jamais à son enfant.
Gaëlle Josse a su exprimer l'inexprimable : l'amour maternel inconditionnel, absolu, infini. Bouleversant.
Merci, merci !
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Je viens de finir ce roman écrit avec une exquise délicatesse, une infinie justesse, des mots pudiques posés là où il faut pour faire de ce drame intime un long poème fait de soupirs, d'espoir et de renoncements.

Nous sommes en Bretagne dans les années 50. Yvon, un marin, comme tant d'autres, dont le corps n'a jamais été "rendu par la mer" laisse seule Anne sa femme, ployant sous les difficultés, et Louis leur fils . « Notre monde c'était nous deux, et la photo d'Yvon sur le buffet » disait-elle.

Fou-amoureux d'Anne depuis longtemps, Etienne le fils du pharmacien lui demande sa main, s'engage à assurer à Louis une vie aimante et confortable. Elle dit oui, l'épouse, lui donne deux petites filles. Rejetée par les uns, pas totalement admise par les autres, Anne tangue au gré des commentaires des uns et des autres. « Changer de condition » n'est pas une chose facile dans les années d'après-guerre, surtout dans une petite ville de province.

Etienne, n'accepte pas Louis, « le témoin encombrant d'une autre vie……. Il lui a juste concédé un semblant de place, comme a un animal domestique dont on n'ose se débarrasser, de crainte qu'il morde au moment où on le saisira. »

Arrive l'inacceptable. Un coup de trop, violent celui-là! Louis s'enfuit définitivement, laissant sa mère partagée « entre un mari aimant de deux adorables enfants, un amour retenu et celle de Louis l'absent que rien ne pourra combler. » « Tu n'aurais pas dû » ose t'elle en s'adressant à Etienne !
Elle écrit à son fils des lettres dans lesquelles elle énumère ses rêves de banquets organisés pour son retour. C'est la mère nourricière qui parle. Elle projette le mieux et le meilleur pour son fils.

Gaëlle Josse explore les méandres d'un passé composé, d'un futur bâti sur des sables mouvants mais pose avec assurance les sentiments d'une mère pour son enfant, sentiments aussi vieux que le monde, aussi forts quels que soient l'époque, le lieu, la situation. L'absence, la pauvreté, la solitude, la culpabilité, le courage et la peur, l'espoir qui ne faiblit jamais, mais surtout l'attachement viscéral d'une mère pour son fils, attachement que rien ni personne ne pourra amoindrir.

L'auteure suggère plus qu'elle ne dénonce et traite ces thèmes de jolie façon. La douleur née d'un drame semble se nourrir de l'intérieur en douceur, sans éclats, sans coupable dénoncé ouvertement, sans haine et sans acharnement. Et pourtant elle ronge et trace son chemin cette douleur.

J'ai trouvé ce texte magnifiquement, terriblement, merveilleusement humain, sensible, en même temps extrêmement fort et extrêmement fragile, tout comme peut l'être une maman durement éprouvée.
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Anne est une jeune femme veuve, dont le mari a disparu en mer, et elle élève seule son fils Louis. Elle est issue d'un milieu pauvre, où il faut travailler, beaucoup et toujours travailler et c'est la guerre.

Le pharmacien du village est amoureux d'elle depuis longtemps, et à la fin de la guerre, ses parents étant morts, il va lui demander de l'épouser, car il n'y a plus personne pour parler de mésalliance. Il attend la fin de son veuvage pour faire sa demande.

Ils auront deux enfants. Il pense avoir le coeur assez grand pour aimer Louis, mais ce n'est pas si simple, il lui en veut d'être là, comme un rappel de la vie précédente d'Anne et peu à peu un climat de violence se met en place.

Verbale dans un premier temps, elle va dégénérer brutalement un soir et il va frapper Louis à coups de ceinture, et ce dernier se rebiffe et s'engage sur un bateau. Alors commence une attente interminable pour Anne qui se réfugie dans son ancienne maison et imagine le repas de fête qu'elle lui offrira à son retour.

Ce récit décrit la peine d'une mère qui vit dans un milieu qui est à l'opposé de son univers d'origine, et dans lequel elle n'a jamais trouvé sa place. C'est un long poème en prose, avec un rythme particulier, des phrases souvent courtes, percutantes, qui se répètent parfois, mais s'enrichissent, martelant le récit, comme le thème musical du Boléro de Ravel…

La langue de Gaëlle Josse est magnifique et pourtant sobre et cette histoire touche le lecteur en profondeur, avec une fin que j'ai trouvée superbe, le récit se termine en apothéose…

Ce roman a un seul défaut (je plaisante bien-sûr) : il est trop court ! il est tellement beau que je n'avais pas du tout envie de le refermer.

J'aime beaucoup cette auteure qui arrive toujours à m'émouvoir. Je l'ai découverte avec « Nos vies désaccordées » et j'ai beaucoup aimé aussi « le dernier gardien d'Ellis Island ». Je vais attaquer « Une femme à contrejour » grâce à NetGalley sans oublier « Les heures silencieuses » qui m'attend dans ma PAL débordante…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Quel merveilleux roman ! Que de talent et que de poésie ! Gaëlle Josse fait naître d'un sujet banal un véritable chef-d'oeuvre. Banal. .. un peu trop ; justement.

"Peu à peu, Je crois qu' il a compris, (le "il" faisant donc référence à son enfant ), ce que j'éprouvais. Compris le poids de ma dette envers Étienne, celui qui était venu me chercher alors que j'étais à terre, ou presque ". Un peu cher payée, la "bonne action " ...

Quelle dette peut justifier qu'une maman accepte l'inacceptable ? Quelle dette peut justifier, qu'une maman se contente de ménager la chèvre et le chou ?

Je sors bouleversée de ce magnifique ouvrage. le coeur plein d'animosité envers ce "bienfaiteur" qu' est Étienne, et débordant d'empathie pour ce petit bonhomme qui voulait juste aimer, ne demandait qu'à l'être en retour, mais qui n'a eu d'autres choix que celui qu'il a fait, celui de s'en aller.
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Anne aurait pu mâcher ces mots, avant d'écrire à son fils, ses très longues missives, qui ponctuent le récit de Gaëlle Josse, en forme d'ossature à "Une Longue Impatience".


Sa bouche, son dos, ses yeux, se sont dilués dans les tempêtes d'avril,
les bourrasques de norois ont tout emporté,
ce sont les vent qui ont fermé ses livres de classe.
Louis, l'enfant, mon fils s'est tu ce 15 avril.
Il ne me reste que son absence,
et un éternel "hiver, une blessure, une plaie, un tourment",
un creux, au coeur de ma vie, un vide de coeur.
Les nuits ont avalé mes jours,
les jours flottaient en attendant la nuit.
L'angoisse me porte,
je ne trouve "rien pour m'aider à accélérer le passage des jours,
à escalader les nuits, à compter les mois".
Tu étais une absence tu es mon interminable attente,
une impatience plus douloureuse encore, les yeux fixés à l'horizon des flots.
Remonter le temps,
ma honte d'avoir permis, d'espérer sans relâche.
Il m'avait promis,
le geste de trop et tout a basculé.
Je ne sais plus que longer les murs,
suivre la crête des vagues,
ne pas savoir encore de quel côté tomber.


Gaëlle Josse, raconte Anne, sa vie, ses espoirs et ses remords, une vie rendue chaotique par un père incapable d'aimer Louis, Anne minée par son manque de lucidité, une confession qui forme l'essentiel d' Une Longue Impatience.
Gaëlle signe là un portrait à la lisière de la vie, un portrait poignant d'une femme, Anne, quand sa famille devient un brouillard quelle ne sait plus dissiper.
Louis seul, son premier fils, l'habite encore, Anne imagine une fête magnifique pour son retour, et beaucoup d'autres liesses, mais l'impatience ronge plus que l'absence, l'espoir naît et se retire chaque jour épuisant ses nuits.
Le douloureux portrait d'une mère, de celles qui attendaient le retour de leur homme pendant la grande guerre.
Ce livre et une nuit interminable, une vie s'est comme ancrée dans le noir.
Une magnifique réflexion sur la fragilité de nos vies.
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Louis est parti.
Anne, sa mère, attend son retour, amputée de son enfant, partagée en deux par l'amour pour ses deux plus jeunes enfants, ceux qu'elle a eu avec Etienne, l'homme qui a attendu la fin de son deuil pour déclarer son amour et avait promis de protéger et d'aimer Louis .

On ne peut jamais revenir en arrière et les mots blessants plus encore que les coups qu'Etienne a infligé à Louis ne pourront être oubliés , Anne en porte le poids contre son coeur, elle qui chaque jour se plante devant la mer, celle qui lui a déjà ravie un mari puis emportée son fils vers des pays inconnus .

C'est un texte magnifique , puissant comme Gaëlle Josse sait si bien le faire et qui résonne au plus profond du coeur de toute personne qui n'a plus que l'attente comme ciel d'horizon lorsqu'un être cher nous quitte .

A ne pas lire un jour de déprime ...
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