La jeune Zoë Dechaume est passée des Stups à la Crim. Fille de flic elle se confronte aux vieux de
la vieille qui acceptent avec plus ou moins de retenue l'irruption d'une jeune femme dans leur pré carré.
Elle fonce dans le tas et n'a que faire des querelles d'égo.
Mais...
"L'accueil d'
Andréani, patron de la Crim', l'avait refroidie tandis que l'ambiance au sein de l'équipe Bonnot son nouveau groupe d'affectation, semblait pour le moins malsaine."
Turnier surnommé Jeannot Lapin avait une bouille d'adolescent.
Desgranges avait le physique d'un portier de palace sans les bonnes manières.
Bonnot, enfin, était un besogneux, un flicard qui ne quittait jamais une affaire quitte à négliger la vie du groupe.
Le roman se déroule dans les couloirs du Palais de Justice et de ceux du 36 quai des Orfèvres. L'architecture des lieux, les passages entre le deux institutions, donnent tout leur sens à l'énigme et jouent le rôle d'un personnage à part entière.
Les flics sur le terrain croisent en banlieue, Saint-Denis, La-Plaine-Saint-Denis et l'autoroute A, Pantin, Vitry, Villejuif, Kremlin-Bicêtre...
Récit policier classique avec crimes en série, confusion entre les suspects, fausses pistes retardant le dénouement de l'enquête, heures passées dans les "Soum" à espionner, entêtement de la jeune Zoë entravé par ses collègues et parfois par son patron, jusqu'à ce que la situation se débloque par hasard grâce à un collègue qui retrouve la foi de sa jeunesse en la police
"Lui qui n'avait plus le feu sacré depuis dix ans, se sentait soudain revivre."
Le récit est agréable à lire et parfaitement construit, il est émaillé de références, Brel, Lino Ventura, Bernard Blier...
Georges Simenon, Émile Gboriau...
La fin laisse le lecteur sur le flanc tant elle bouscule tout ce qu'il a pu imaginer au cours de j'enquête.
Toutefois, on peut noter quelques exagérations :
"(...) dans ce quartier miséreux aux portes de Paris, univers à peine plus enviable qu'une favela de Rio de Janeiro ou un bidonville de Lagos."
Et aussi quelques imprécisions :
"(...) tandis que les COTOREP et autres assistés de la commune restaient bien au chaud devant l'écran plat de leur salon, à suivre en boucle les programmes de télé-réalité."
Le roman a été écrit en 2013 alors que avec la Loi nº 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, la COTOREP disparaît.
Autre information qui semble devoir être prise avec précaution :
"Non, pour l'heure, en France, personne n'avait eu le courage de s'attaquer aux géants du marché du sucre. La brigade financière et ses services satellites de la rue du Château des Rentiers ne connaissaient pas de scandale financier dans cette industrie."
En effet, si l'on se réfère au roman de
Georges Conchon, le Sucre, adapté au cinéma par Jacques Rouffio, le marché du sucre est le lieu idéal de la magouille financière et ce depuis des lustres.
Malgré ces quelques bémols, l'ensemble reste agréable à lire.