SILENCE DU TEMPS
extrait 5
et si l’on se demande parfois
à quoi cela sert de parler
lorsqu’innommable
la violence de l’Histoire
s’impacte dans les corps
et dans les âmes
c’est là justement
qu’il faut noter
ce qu’on n’ose prononcer
la guerre des ombres
l’exode des visages
2002 Ramallah
ce poids de ruines
sur les paupières
l’ombre arrachée
aux forêts d’oliviers
journalier l’héroïsme des lèvres
sourdes au fracas des tanks
qui rend sourd
entre les barbelés
perçant les tympans du ciel
…
SILENCE DU TEMPS
extrait 4
et si l’on se demande parfois
à quoi cela sert de parler
lorsqu’innommable
la violence de l’Histoire
s’impacte dans les corps
et dans les âmes
c’est là justement
qu’il faut noter
ce qu’on n’ose prononcer
la guerre des ombres
l’exode des visages
1991 Bagdad
une nation interrompue
par l’inintelligence des bombes
au nom du prix du pétrole
civilisation hébétée
d’un tel contresens
dunes d’adjectifs
inhumés vifs
sous l’impuissance verbale
de la puissance du feu
…
SILENCE DU TEMPS
extrait 3
et si l’on se demande parfois
à quoi cela sert de parler
lorsqu’innommable
la violence de l’Histoire
s’impacte dans les corps
et dans les âmes
c’est là justement
qu’il faut noter
ce qu’on n’ose prononcer
la guerre des ombres
l’exode des visages
1956 Budapest
les chars faisant taire
une révolution sans mots d’ordre
sauf celui pour chacun
de fourbir sa voix
milliers d’antithèses
ardentes à s’écrire
versant l’acide
de leur encre rebelle
sur l’empierrante injonction
des dogmes
…
SILENCE DU TEMPS
extrait 2
et si l’on se demande parfois
à quoi cela sert de parler
lorsqu’innommable
la violence de l’Histoire
s’impacte dans les corps
et dans les âmes
c’est là justement
qu’il faut noter
ce qu’on n’ose prononcer
la guerre des ombres
l’exode des visages
1944 Céreste
Roger Bernard gisant
dans l’ombre d’un mûrier
tournesol du maquis
fauché avant l’heure
coquelicot du Luberon
enlevé à sa terre
ses pétales jonchant la route
gouttes de sang d’un partisan
tombé pour nous
…
SILENCE DU TEMPS
extrait 1
et si l’on se demande parfois
à quoi cela sert de parler
lorsqu’innommable
la violence de l’Histoire
s’impacte dans les corps
et dans les âmes
c’est là justement
qu’il faut noter
ce qu’on n’ose prononcer
la guerre des ombres
l’exode des visages
1915 Mouch
jour après jour
ces longues files effarées
un peuple entier
cherchant dans les montagnes
une frêle dernière chance
interminable chemin
dans le désert
où se grave son épitaphe
…