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sur 278 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Silence, on tourne!
Logez dans un même bled, des américains, des français, et des arabes.
Mettez en décor les années 20, le début du cinéma hollywoodien, et le déplacement d'un barnum venu chercher l'exotisme pour pellicule, sur les sables de l'Afrique du Nord.
Entre les joyeux, libres et bruyants Yankees et les musulmans, c'est la curiosité, la suspicion des extrêmes, sous l'œil de la communauté française, coloniaux ou propriétaires terriens, "prépondérants" imbus de leur autorité supérieure et du poids moral de leur civilisation.

Dans un roman au parfum d'exotisme, Hedi Kaddour orchestre le choc des cultures, la confrontation d'individus aux valeurs différentes, notables français, élites arabes, modernisme outre -Atlantique. Dans ces temps où le nationalisme devient un sentiment puissant, où les prémices d'une décolonisation interrogent chacun en enthousiasme, inquiétude ou fatalisme, voici un roman d'aventures qui entraine le lecteur des paysages de sable et de palmiers à Paris agité de fêtes, puis Berlin, dans une Allemagne exsangue et sonnant déjà de bruits de bottes.

Histoires d'amour croisées sans sentimentalisme, conversations brillantes, propos ironiques, ragots et potins, racisme ordinaire, subtilité des arabes... L'auteur ressuscite la liberté des années Folles avec virtuosité, pour nous parler de colonialisme, de condition de la femme, de désir en dépit des préceptes de classe, de religion ou civilisation.

Ses personnages sont bien construits, femmes libres sous chapeau cloche ou voile imposé, hommes élégants des communautés coloniales, caïd retors ou "indigène" inculte. Certaines scènes sont palpitantes de vérité, portées par un souffle épique et cinématographique. L'écriture foisonnante et alerte, flirtant avec une pointe d'humour mordant et un talent certain pour la parabole.
C'est un livre passionnant, historique, au résumé difficile, qu'il faut accompagner en observateur d'un monde en pleine mutation.

Excellente lecture! (Peut-être un prix littéraire car il est sur de nombreuses listes)
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A la manière orientale, foisonnante et riche, Hédi Kaddour raconte la vie d’une ville d’Afrique du nord après la Première Guerre mondiale.

Sous protectorat français, le lieu connait peu de tensions.Tous, arabes et colons ont trouvé un équilibre que seuls les Prépondérants, des notables français qui se font un devoir de diriger énergiquement la population locale sous prétexte de leur supériorité, veulent vraiment briser en réclamant la fin du protectorat pour une colonisation à l’Algérienne. Un équilibre qui va pourtant être rompu par l’arrivée d’une équipe de tournage américaine. La liberté de son comportement et de ses rapports avec les colons et surtout avec les arabes modifiant progressivement les relations des uns et des autres.

A travers leurs histoires sentimentales entrecroisées et la lutte de femmes militant contre une société musulmane machiste en passant par l’émancipation de certains jeunes Arabes éduqués séduits par le communisme, d’une Allemagne ruinée, sous occupation française, tentée par le nazisme pour se sortir d’une situation infamante au Paris des années 20, les personnages d’Hédi Kaddour vivent sous nos yeux les prémices de la fin d’une époque. Certains se battent pour conserver leurs acquis, les plus lucides pressentent au fond d’eux-mêmes que maintenir le statu quo est déjà un combat d’arrière-garde.

Un conte intelligent et subtil sur l'éveil des consciences qui a conduit aux grands bouleversements du début du XXe siècle.
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Un roman foisonnant, au charme quelque peu désuet. Une langue vivante, enveloppante. Une narration qui emprunte son rythme aux contes orientaux, ondulant entre tradition écrite et transmission orale. On comprend tout de suite ce qui a séduit les jurés De l'Académie Française qui lui ont décerné leur prix ex-æquo cette année (avec Boualem Sensal), et les jurés du Goncourt qui l'ont fait figurer dans leur dernier carré, battu sur le fil par Mathias Enard. C'est à un voyage érudit, charnel et cocasse que nous convie Hedi Kaddour, avec style et générosité.

Nous sommes dans les années 1920, dans une ville imaginaire du Magreb, Nabhès, que l'on pourrait avoir envie de situer du côté du Maroc puisqu'on y parle du Protectorat et qu'il y est aussi question d'un souverain... Peu importe, l'auteur a sûrement pioché dans de nombreux lieux pour créer son décor et y faire évoluer ses personnages. Les stigmates de la guerre sont encore bien présents même si la vie a repris son cours. Elle a fait de nombreuses veuves dont la jeune Rania, qui n'envisage pas pour autant de tomber sous le joug d'un autre mari malgré les incitations pressantes de son frère. Elle a hérité de la ferme d'un oncle et mène son petit monde à la baguette tout en résistant aux velléités d'extension de son voisin, Ganthier, un colon qui ne la laisse pas tout à fait insensible. Lorsqu'une équipe américaine débarque tout droit d'Hollywood pour tourner un film dans la région, la petite société de Nabhès est soudain confrontée à une vague de modernité qui fait ressortir les oppositions locales. Car les germes des futures révolutions couvent déjà, les jeunes générations sont influencées par le vent communiste qui vient d'Europe, les colons français s'accrochent à leur suprématie, traditionalistes et modernistes s'affrontent. Raouf, le fils du caïd n'est pas insensible aux discours de tous ceux qui parlent de liberté et de prise de pouvoir du peuple. Mais les beaux yeux de Kathryn, l'actrice principale l'arrachent pour un temps à ses préoccupations politiques. Tout ceci sous le regard observateur et critique de Gabrielle Conti, journaliste et maîtresse femme, témoin des transformations qui se jouent dans le monde.

Sous la plume d'Hedi Kaddour, ce microcosme s'agite et grouille de vie, transportant son lecteur des ruelles du souk au Cercle des Prépondérants (les notables français, tenants de la plus grande fermeté à l'égard des "indigènes"), d'un marché de village au Grand Hôtel qui abrite les soirées les plus cosmopolites, d'une ferme à une séance de cinéma en plein air (très bon passage où les villageois commentent à haute voix les moeurs des personnages à l'écran). Ses personnages de femmes sont particulièrement intéressants, la complicité qui s'instaure entre Rania, Gabrielle et Kathryn, unies par la volonté de s'affirmer et de s'émanciper, au-delà de leurs cultures et de leurs modes de vie respectifs est un des centres d'intérêt du livre. le voyage de Raouf et Ganthier en Europe est l'occasion de retracer le climat politique qui règne alors que les conditions de l'armistice ont mis l'Allemagne à genoux et que pointent dans les rues de Berlin les premières manifestations à croix gammées sous la houlette d'un certain Adolf Hitler. Dans un Berlin qui oscille entre misère et décadence, Gabrielle observe avec une certaine lucidité les bouleversements à venir. Tandis que, de retour à Nahbès, les prémices d'autres changements sont déjà visibles. L'Histoire est en marche.

Il faut saluer la générosité avec laquelle l'auteur anime ses personnages et fait vivre tout un monde, rôles principaux et secondaires, sans oublier les figurants et les animaux. Il faut saluer également sa dextérité à les faire évoluer dans un contexte mouvant et surtout à rendre leurs histoires passionnantes. Les scandales hollywoodiens répondent aux manoeuvres des marchands jaloux, les histoires d'amour ne connaissent pas les frontières, les visions des uns et des autres viennent éclairer le climat géo-politique et compléter un foisonnant tableau d'ensemble. Et surtout, l'humour est là, au détour de chaque page. L'humour bienveillant du romancier qui voit s'agiter des personnages dont il connaît très bien les destins.

Les Prépondérants est un superbe roman, ambitieux et généreux. Il comblera les lecteurs curieux et sensibles au climat que sait installer un auteur. Un peu comme face à un conteur, il faut se laisser porter, transporter. Retrouver le bonheur de cette première phrase qui naguère nous mettait en joie : Il était une fois...
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Nous sommes à Nahbés, une petite ville de Tunisie dans les années 20.
Lorsqu'une équipe de tournage hollywoodienne y débarque pour tourner un film d' aventures exotiques : "le guerrier des sables ", elle provoque un choc. Elle bouleverse et avive les conflits traditionnels.
A Nahbes on trouve des colons comme Ganthier, le plus gros propiétaire de la région, ancien séminariste et officier de réserve.
Rania, jeune veuve tunisienne, énergique et forte tête, indépendante, à la tête d' une grande ferme est trop cultivée pour être dans la tradition. Elle pose que "trop de science c'est la science des incroyants."
Son cousin, Raouf, jeune nationaliste, fils du Caïd, vient d' avoir son bac. Il lit et cite Pascal , BAlzac et Montesquieu .
Il tombe amoureux de l' épouse du réalisateur Neil Dantree, lui aussi fervent lecteur De Balzac, la belle actrice aux yeux gris, Kathryn Bishop.
L' acteur principal du film Francis Cavarro narre à l'assistance du grand hôtel les derniers potins de Hollywood .............
Heidi Kaddour met en place avec finesse et habileté petit à petit tous les protagonistes de ce roman. L' intrusion de la clinquante, bruyante équipe hollywoodienne libre et de moeurs parfois alcoolisés heurte autant qu' elle fascine
"Les locaux".
L' intérêt et la fascination de cet ouvrage , au delà des rapports amoureux c' est la géo-politique, le choc des cultures et des continents.........les voyages dans l'après-guerre. Les acteurs aspirent à la liberté civile et politique face à la domination, l'iniquité, l' hypocrisie, et l' exploitation du colonialisme.
Les autres, les colons prépondérants se cramponnent à leurs priviléges.......
En fait le protectorat commence à se fissurer.
Heidi Kaddour plonge ses personnages dans les années folles, période où les cicatrices encore visibles de 14-18 annoncent en filigrane d'autres plaies à venir.
On partage les réflexions, les conversations, les questionnements de ces êtres de culture qui s' observent, se mesurent, s'aiment parfois.......
On sent que le monde va inexorablement changer sous nos yeux, notamment lors des voyages à Paris, en Alsace ou en Allemagne oú un certain Adolphe Hitler a organisé une manifestation......
Avec passion l' auteur concilie les dialogues politiques avec les silences amoureux.
Trés beau roman qui embrasse les tourments présents et à venir du 20°siècle , roman d' aventures où les vies et les destins se croisent , se cherchent ou se désirent .
Aprés Waltenberg en 2005, une belle re-découverte de cet auteur !
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Dans les années 20 en Tunisie, le protectorat français est épanoui. "Les indigènes" se tiennent à peu près tranquilles, jusqu'au jour où des américains débarquent pour tourner un film. Leurs liberté de moeurs et de parole vont semer le trouble dans cette petite société bien réglée. En effet, les actrices américaines se déplacent librement, sans leurs maris, et elles sont vêtues de façon bien trop courte et choquante, à la fois pour les musulmans, mais aussi pour les français, qui sont encore très conservateurs au niveau des moeurs. Par des petits actes quotidiens, et sans même sans rendre compte, les américains remettent en cause "la prépondérance" des français sur leur petit monde. Cela donne des idées aux réformateurs et aux nationalistes arabes et cela est intolérable pour les colons français.

L'un des personnages explique le mot "prépondérant" : "c'est très simple, nous sommes beaucoup plus civilisés que tous ces indigènes, nous pensons beaucoup plus, donc nous avons le devoir de les diriger, pour très longtemps, car ils sont très lents, et nous nous groupons pour le faire le mieux possible, nous sommes l'association, l'organisation la plus puissante du pays !"

Hédi Kaddour fait revivre avec brio cette époque. Dans chaque chapitre, il entrelace les voix de quatre ou cinq personnages de façon magistrale. Il y a Raouf, jeune arabe avec des sympathies communistes et nationalistes. Il est allé au lycée français et il est partagé entre son attrait pour l'occident et son rejet du colonialisme. Il y a Rania, jeune veuve qui administre seule son domaine contre l'hostilité de son frère, qui voudrait la remarier. Son mari étant mort pour la France dans les tranchées, les autorités françaises sont assez bienveillantes avec elle. Il y a Gabrielle Conti, la jeune et belle journaliste parisienne, qui mène une vie libre car elle est protégée par son carnet d'adresse et son réseau d'influence. Il y a Ganthier, archétype du colon réactionnaire mais qui a bon coeur. Il est amoureux de Gabrielle Conti, mais il ne sait pas comment s'y prendre avec une femme qui lui tient tête. Enfin il y a Catherine Bishop, starlette hollywoodienne libérée qui aspire à connaître la pays.

En nous montrant bien leurs points de vue et leurs façons de penser, Hédi Kaddour donne au livre une densité remarquable. L'écriture de l'auteur et son style sont, à eux seuls, suffisamment intéressants pour justifier la lecture de ce roman. Il arrive à rendre admirablement cette époque où la France était sortie vainqueur de la deuxième guerre mondiale. Mais le prix a payer pour cette victoire a été si élevé qu'elle porte en elle le futur déclin de la France. Sauf que les personnages du livre ne le voient pas encore et ils sont aveuglées par l'idée fausse qu'ils ont d'une France régnant sur plusieurs continents.

Un livre subtil avec lequel j'ai passé un très bon moment !
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Choc des cultures, choc des civilisations qui oppose les Français et les Arabes, les Américains et les Arabes, les Français et les Américains…
Nous sommes au Maghreb, entre Tunisie et Maroc, c'est indéterminé (en tout cas, ce n'est pas l'Algérie, le statut n'est pas le même. le roman se déroule dans un protectorat et non dans une colonie). Nous sommes quelques années après la première guerre mondiale, en 1922, cette guerre qui rythme aussi l'arrière plan du roman.
Une équipe de cinéma américaine vient tourner un film. Mais ce n'est qu'un prétexte pour que les cultures se rencontrent et se heurtent, et surtout les populations. La place que doit occuper la femme, l'autochtone vis-à-vis des colons, la place de la religion…Raouf est notre principal passeur de culture et de modernité. Étudiant arabe, au contact direct des américains, il découvre aussi l'Europe (France et Allemagne) pour mieux revenir au pays conforté dans ses idées nouvelles.
Un très beau pavé qui me fait découvrir un auteur que je ne connaissais pas, que je n'aurais peut-être pas lu s'il n'avait pas reçu le prix de l'Académie Française.
J'ai toutefois été moins transporté que par le par le livre de Boualem Sansal (prix ex æquo). Il est très bien écrit, mais parfois un peu lourd et j'ai eu du mal à me concentrer dans la durée.
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C'est un roman où des univers se rencontrent et s'affrontent :
Les colons et les "indigènes" d'un protectorat français en Afrique du Nord et les américains qui viennent tourner un film dans cette petite vile de Nahbès, l'irruption de la modernité dans cette société très hiérarchisée.
En ce début des années 20, les choses auraient pu changer, mais l'Assemblée Nationale n'a pas voté en faveur de cette Constitution porteuses de libertés fondamentales. Pas de grands changements, si ce n'est au sein des personnages principaux, traversés par les courants du nationalisme, de la révolution ou de l'émancipation féminine.
Un très bon roman qui restitue avec finesse le climat de cette époque et où le cinéma joue un rôle très important (on ne dira pas lequel).
A lire absolument.
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Voilà un roman qui a tout du Goncourt », me suis-je dit plusieurs fois pendant ma lecture. Car, en effet ce dernier roman de Kaddour est tout à fait le genre de roman que l'on imagine recevoir un prix littéraire. Il est passé de peu à côté du Goncourt, mais il a reçu il y a quelques jours, en binôme avec Boualem Sansal, le Grand Prix de l'Académie Française.

Dans ce roman, Hédi Kaddour confronte Américains, Français et Tunisiens dans le microcosme d'une petite ville tunisienne au début des années 20. Dans cette époque de bouleversements faisant suite à la Grande Guerre, le désir de modernité et d'émancipation des uns se heurte à la peur et au traditionalisme des autres. L'arrivée d'une équipe de tournage américaine

Les personnages d'Hédi Kaddour sont forts. Toute une galerie de personnages principaux autour desquels gravitent de nombreux personnages secondaires. Rania, jeune veuve tunisienne cultivée et indépendante, bénéficiant de la tendre complicité de son père mais sous la menace de la tutelle d'un frère ne supportant la forte personnalité de sa soeur, si peu conforme à ce que l'on attend d'une femme, Raouf, incarnation d'une jeunesse cultivée et moderne, éprise de liberté et d'émancipation. Kathryn, jeune actrice séduisante et son époux Neil, le réalisateur. Gabrielle, journaliste parisienne, femme moderne et libre. Ganthier, colon attaché au protectorat. Tous ces personnages se croisent et évoluent.

Hédi Kaddour reconstitue avec minutie une époque, les interrogations politiques et sociales des personnages qui se situent à la croisée des chemins. Tout au long de ce roman, j'ai ressenti cette dualité entre immobilisme et portée vers l'avant. Et cela se ressent également dans le destin des personnages. L'écriture de Hédi Kaddour est dense, il y a une certaine monotonie, mais sans ennui, les mots coulent avec fluidité.

Un tout petit détail m'a dérangée à la fin : j'ai trouvé les deux derniers paragraphes superflus. Dans ces paragraphes, l'auteur présente en quelques phrases ce que les personnages ont fait après et je n'en ai pas vu l'intérêt. Je trouvais que la dernière phrase du paragraphe précédant ceux-là faisait une excellente phrase de fin. Mais ce n'est là qu'un détail !
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Un très bon roman, très bien écrit, et présentant le sujet de fond (la colonisation française et sa pérennisation, ou non) sous trois vues différentes.

Tout d'abord, celle des "locaux", des maghrébins sous colonisation française, attachés à leur culture plus qu'à leur sol, et regardant "l'étranger" tout en le jugeant. J'ai beaucoup aimé la première partie du livre, riche en "couleur locale" qui m'a appris en fait pas mal de choses. Leur mode de vie, le mépris naturel de la femme, cette créature de la Lune et perverse, leurs us ancestraux tellement anachroniques dans un monde qui changeait déjà en 1920, en plein des années folles de l'Occident. Un langage très imagé avec l'usage permanent d'adages à tout propos, fort savoureux.
Puis le point de vue des colons français qui ne veulent rien changer mais qui ne voient pas venir les changements non plus. Ils se croient le centre du monde et de la civilisation, mais celle-ci a commencé à changer. Ils fréquentent un club très fermé connu comme les prépondérants, un club réel et un lobby très puissant qui aurait fait échouer le projet Taittinger de 1922, signé par Barrès.
Le troisième pôle est constitué par une équipe de nord-américains arrivés au Maghreb pour réaliser un film. Ces gens délurés, transgresseurs, peu éduqués car n'ayant pas de passé culturel, vont perturber tout cet écho-système car ils vont traiter les indigènes en égaux, ce qui conduit les maghrébins à faire des comparaisons...
Les personnages du roman sont très intéressants et emblématiques comme le brillant lycéen Raouf, fils d'un notable, éduqué entre la culture française et arabe; le colon Ganthier, ancien officier, amateur de littérature, Rania la veuve éclairée, dangereuse car subversive, amoureuse de Ganthier mais avec lequel elle ne peut avoir le moindre contact direct alors que ces deux-là auraient pu avoir une love story mémorable.
Un livre excellent qui ne prend pas trop parti ce qui dénote une grande tolérance de la part de l'auteur et qui laisse au lecteur le soin de se forger une opinion.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Algérie, 1920 : ses colons français, ses algériens d'origine avec leurs us et coutumes encore très ancrées. Et puis au milieu, le jeune Raouf à l'esprit communiste, voulant changer les esprits et les façons de penser la gouvernance du pays.

Mais entrer dans ce roman, c'est aussi plonger dans une langue et un rythme : celui du récit à la limite de l'oralité du conte.

Les chapitres alternent les histoires, celle de Raouf ou celle de sa cousine Rania ; celle du procès à Hollywood ou celle du pauvre commerçant qui a voulu se jouer du fils de Si Ahmed.

Un roman qui nous plonge dans une Algérie entre deux guerres, et dont certains de ses enfants commencent à s'éveiller politiquement. Mais les Prépondérants sont encore trop puissants dans le pays.

J'aurais aimé toutefois suivre plus longtemps le personnage de Rania, veuve qui n'en fait qu'à sa tête en se retirant dans une des propriété de son père pour vivre sa vie comme elle l'entend ; mais qui respecte toutefois les coutumes et le quand-dira-t-on.

L'image que je retiendrai :

Celle du combat de deux chameaux pour la saillie d'une chamelle, et qui donne lieu à des paris.
Lien : http://alexmotamots.wordpres..
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