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EAN : 9782070773961
711 pages
Gallimard (22/08/2005)
3.56/5   89 notes
Résumé :
Un homme rêve de retrouver une femme qu'il a aimée. Un maître espion cherche à recruter une taupe. Leurs chemins se croisent. Cela s'est passé au XXe siècle. Des tranchées à la chute du mur de Berlin, Hédi Kaddour croise les destins d'un journaliste français, d'un écrivain allemand, d'une cantatrice américaine, d'un maître espion berlinois, d'une certaine taupe française... et entremêle avec maestria politique, vie intellectuelle et artistique, guerres et manoeuvres... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Evoquer le XX siècle (de 1914 à 1991) en sept cent pages, au long d'une intrigue focalisée sur « l'intelligence » au sens anglo-saxon du terme et sur « l'influence » (le soft power), est le défi relevé par Hédi Kaddour, qui s'attarde sur six périodes :
⁃ 1914 début de la guerre, avec une charge de cavalerie dantesque et la mort d'Alain Fournier
⁃ 1928 à « Waltenberg » (traduire Davos) rencontre de personnalités influentes dans un contexte marqué par la SDN, Aristide Briand, la montée du nazisme, les soviets
⁃ 1956 insurrection hongroise, rapport Khrouchtchev, décolonisation, montée en puissance de la Chine
⁃ 1969 départ du Général de Gaulle, le Vietnam, la révolution culturelle
⁃ 1978 fissures dans le bloc soviétique
⁃ 1991 l'après communisme

Le romancier suit quelques personnages, un écrivain allemand Hans Kappler, un journaliste français Max Goffard, une artiste Lena Hellstom, le responsable des services est allemands Michael Lilstein, et un compagnon de la libération Henri de Vèze qui croisent Caillaux, Poincaré, Liautey, Malraux, Toukhatchevski, Béria, Staline, Kohl et Gorbatchev et révèlent les « dessous » de la petite et de la grande histoire et dévoilent des anecdotes culturelles.

C'est passionnant pour qui aime les fresques historiques comme « Le cheval rouge » ou « Rapsodie italienne » et j'ai pris beaucoup de plaisir à cette découverte mais la lecture est complexe.

L'auteur aime les phrases longues, voire interminables, (sans égaler Mathias Enard et « Zone »), et passe d'une époque à l'autre dans le désordre, avec des flashbacks, en pratiquant le monologue,parfois déroutant, et il m'est arrivé de me demander qui était le « je » en train de s'exprimer…

Enfin c'est un roman à clés, et s'il est aisé de reconnaitre Keynes derrière John Maynes ou Condoleezza Rice en Maisie, je m'interroge pour identifier Henri de Vèze (Léon Bouvier, Geoffroy de Courcel, Auguste Jordan ou Claude Mantel ?)

En conclusion, cet ouvrage paru en 2005, n'est pas un roman d'espionnage, (c'est la série blanche de Gallimard et non la série noire), c'est une oeuvre atypique comme Zone publié en 2008, qui demande de l'attention, de la concentration, mais qui enseigne beaucoup à qui sait lui consacrer le temps requis.
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Où l'on apprend les subtilités de la fabrication de la bombe dans les secrets de beauté des dames ;

Où les espions mangent des Linzertorte dans des hôtels suisses ;

Où la taupe et les traîtres ne sont – évidemment – jamais ceux que l'on soupçonne ;

Où l'on joue au croquet à Singapour comme au Maroc ;

Où l'on découvre le kangourou caché dans La Condition humaine ;

Où l'on apprend qu'il est difficile de rédiger une dissertation de philosophie en surveillant deux messieurs d'âge mûr en imperméable dans une librairie.


Comment en suis-je arrivée là ?


Dans la perspective d'un long voyage en train cet été, j'étais lors de mes visites (fréquentes) en librairie en mode « pavé » : Waltenberg me saute aux yeux, la 4e de couverture m'emballe (ce qui est rarement le cas) ; et me voilà embarquée (oui, je n'ai pas tenu le coup jusqu'à cet été !)

De quoi s'agit-il ?

Difficile à résumer en quelques lignes, pour ne pas dire carrément impossible ! On a là affaire à un roman qui embrasse le siècle, de 1914 à 1991, et qui prend sa cohérence comme a posteriori, dans le dernier chapitre. Les personnages sont très nombreux – mais l'on s'y retrouve assez vite, quand bien même quelques doutes persistent – les temps du récit mutiples avec des projections ou des retours dans le temps multipliés à l'envi. Il y a quand même un fil directeur dans tout ça, bien retranscrit par le bandeau de Gallimard, « une taupe dans le siècle », c'est tout à fait ça.

La citation

« La locomotive et le kangourou. Où l'on voit que la guerre du Rif reste une obsession pour Max Goffard. Où Lilstein vous raconte l'histoire du cocher Selifane et vous demande de toujours penser librement. Où il est question de cyanure et de caramels mous. Où Lilstein essaie de vous traduire ce qu'il entend par Menscheit. Où la conversation entre Max Goffard et son auteur tourne très mal. Où de Vèze décide de faire du pied à sa voisine de table » [en-tête du chapitre 8], p. 439.

Ce que j'en ai pensé :

Pour autant il ne faut pas vraiment lire Waltenberg comme un « vrai » roman d'espionnage. On lit ici une fresque impressionnante, qui naît d'un projet ambitieux, et donne lieu à une oeuvre foisonnante, d'une densité incroyable. C'est une oeuvre d'une érudition incroyable – mais c'est un roman rythmé, entraînant, où l'on passe en quelques paragraphes des charges de cavalerie en 1914 aux réceptions de Lyautey au Maroc ou à la répression de l'insurrection de Budapest, où l'on croise aussi bien Malraux que Staline, et où l'on apprend même que la marine britannique a continué à fonctionner à contre-courant de toutes les autres marines du monde pendant quelques années, ayant maintenu les anciens ordres où bâbord et tribord étaient inversés, ce qui n'a pas manqué d'entraîner quelques incidents … Les têtes de chapitre, à l' « ancienne », sont délicieuses, et je me permets d'ailleurs très modestement d'en reprendre le principe pour commencer mes billets, tant je le trouve séduisant. Bref, un roman foisonnant, très dense voir même touffu (parfois trop … ce n'est pas le livre qu'il faut prendre en se couchant à une heure avancée …). Au total, Kaddour finit part composer un tableau subtil et complexe qui fait ressurgir toute la culture européenne, dans sa richesse et ses ambiguïtés : la fin de la Belle-Epoque, l'entre-deux-guerres, la guerre froide, la décolonisation … au travers d'un enchevêtrement extrême, d'un travail en plusieurs «couches» avec un métier constamment remis sur l'ouvrage. Un roman vertigineux et fascinant.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Chers tous,

Sauf erreur de ma part, ce premier roman d'Hedi Kaddour n'a fait l'objet d'aucune critique sur ce site. C'est une injustice dont je vous rends responsable et à laquelle je refuse d'être associé.

Waltenberg a été élu meilleur roman français de l'année 2005 par la revue Lire. Il a obtenu la bourse Goncourt du premier roman 2006. Et vous ? Vous l'avez lu ? Non ? Vous étiez où ? Vous faisiez quoi ? Répondez.

Que je vous raconte l'histoire ? Et puis quoi ? Peu importe l'histoire ! Vous êtes punis. Vous vous êtes punis, privés de Lena, privés de Hans, de Max, ou du jeune Lilstein. Ah ! Ah !

Vous avez raté un auteur, je vous dis ! Un vrai ! Un qui ose ! Un qui intitule ses chapitres :

"""
Chapitre 1 -
1914 -
LA CHARGE -
Où l'on voit la cavalerie française se lancer à l'assaut des rêves allemands.
Où Jans Kappler se souvient de Lena Hotspur et de l'époque où elle prenait des leçons de chant chez madame Nietnagel.
Où Max Goffard diffère son entrée en scène et condamne les mitrailleuses pour enfants.
Où un commandant français se met à parler de l'Afrique et d'un duel.
Où meurt Alain Fournier
"""
Un auteur qui utilise parfois la virgule comme Céline utilisait les points de suspension. Avec la même audace. ("""C'est le chant d'un jeune meunier, il va vers la vie, il va rencontrer une belle meunière, marcher c'est une joie, une ronde, un départ, le bruit de l'eau, même les pierres entrent dans la ronde, le piano pousse en avant, en recommençant à chaque fois, à chaque fois une force nouvelle, bon, j'arrête.""")

Un auteur qui commence son livre ainsi :

"""
Le geai a cessé de crier. Hans a une pointe de sabre sur le ventre, un sabre à courbe légère. L'homme qui tient le sabre a un visage très pâle, jeune.
La lame tremble. Il y a d'autres hommes derrière, à cheval, jeunes eux aussi, culotte rouge, tunique bleu foncé, casque à cimier, des dragons français.
Dans ce bois ?
"""

Vous avez raté Waltenberg en 2005 ou en 2006. C'est que vous étiez trop petits et que vous ne saviez pas lire. Je comprends. Maintenant, rattrapez vous : Waltenberg, Hedi Kaddour. 800 pages. Chez Folio. Foncez, y en a presque plus.
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Une fois n'est pas coutume, je commencerai par la forme plutôt que par le fond. Et par le format proposé par l'éditeur avant le style de l'auteur. Ce livre publié pour la première fois par Gallimard en 2005 a été réédité en poche (dans la collection Folio) en 2007. Considérant sans doute que le report en numérique ne serait pas rentable, Gallimard n'a pas jugé bon d'en faire un epub qui vraisemblablement aurait pourtant été vendu plus cher (en dépit des affirmations initiales des éditeurs, toutes maisons confondues, qui avaient juré la main sur le coeur que les versions numériques des livres seraient toujours meilleur marché que les versions papier existantes). J'ai donc dû me résoudre à tourner l'une après l'autre les quelque 800 pages du Folio mais bon, j'avais envie de le lire puisque je l'ai commandé (soit dit en passant, dernière digression, à un libraire en ligne français qui a mis un mois à honorer la commande : ça ne donne pas envie de se passer d'une certaine multinationale américaine).
Hédi Kaddour, l'auteur, a quant à lui commandé à un grossiste une énorme quantité de virgules : c'est quasiment la seule ponctuation qu'il emploie. Si l'on ajoute à cela le fait que son récit est plutôt déstructuré, débutant en 1914 et se terminant en 1991, mais avec des flashbacks, il y a de quoi s'y perdre. Malgré tous ces handicaps à mes yeux, c'est un excellent roman qui narre les destins croisés d'une demi-douzaine de personnages (un écrivain, une cantatrice, un journaliste, un homme politique, un professeur...) s'inscrivant tous dans une certaine réalité historique de l'Europe du vingtième siècle ; Malraux, par exemple, est la "vedette" d'un chapitre. Il y est beaucoup question d'espionnage mais pas seulement : l'auteur fait montre d'une culture éblouissante qui rachète amplement son style auquel, somme toute, on s'habitue.
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1914, quelque part sur le front, au bord de la Marne, deux soldats, l'un allemand, Hans Kappler, l'autre français, Max Goffard, ignorent encore que leurs destins vont être inextricablement liés. Tous deux ont aimé, ou vont aimer, la même femme, la très belle Lena Hellström, chanteuse lyrique à l'incomparable voix d'alto. Tel est le point de départ de cette incroyable saga, aux multiples personnages, qui va nous emmener aux quatre coins d'une Europe déchirée, sur une période embrassant la quasi-totalité du siècle passé. Tous ces personnages, Max, Hans, Lena, et les plus jeunes qui vont les rejoindre plus tard, sont ou vont devenir des espions, au service des grandes puissances du moment, mais tous sont animés d'une foi commune en la paix : échanger du renseignement, c'est aussi déjouer les calculs égoïstes de tyrans fous avides de puissance et de gloire. Une vision originale de l'espionnage, aux antipodes des James Bond et autres OSS 117, beaucoup plus proche des héros fatigués d'un John le Carré. Pourtant, Hédi Kaddour n'a pas voulu écrire un énième roman d'espionnage. La déconstruction du récit, sautant allègrement du présent au passé proche ou lointain, la multiplication des angles de vue, parfois même au milieu d'une même phrase, s'accordent bien au sujet, et à l'interrogation profonde de l'auteur sur le réel et l'imaginaire, l'identité de l'être humain, et tous les petits faits anodins qui font (ou défont) les grandes catastrophes planétaires. À sa manière, "Waltenberg" renoue avec les thèmes pacifistes chers à Thomas Mann ("La montagne magique"), qu'il serait bon de remettre à l'honneur en ces temps d'affrontements sanguinaires entre ethnies et entre religions. Un message humaniste d'une grande portée, une oeuvre rare, qui alimentera le plaisir et la réflexion du lecteur peu pressé et amoureux des belles lettres...
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
De Vèze a sauté trois fois sur les mines de Bir Hakeim. il fallait ouvrir le passage, de Vèze, vous prenez un des brens, vous y allez, et quand on sautait et qu'on était encore vivant on revenait prendre un autre bren, on repartait jusqu'à ce que ça passe.

De Vèze n'a jamais donné de détails, pas par modestie, mais parce qu'il n'aimait pas les brens, ce qu'il aurait voulu c'était un avion, et ailleurs qu'à Bir Hakeim, il aurait aimé commencer plus tôt, en pleine chevalerie, pilote de chasse au-dessus de Londres, un spitfire, comme Mouchotte, quand quelques centaines de types entre dix-huit et vingt ans ont réussi à bloquer Hitler, la bataille d'Angleterre, un rêve, ou alors chez les Américains, l'aéronavale, la bataille de Midway, au même moment qu'à Bir Hakeim, vers dix heures du matin, en un instant quelques dizaines de pilotes coulent les porteavions japonais et c'est fini, le Japon a perdu et il sait que ce n'est plus qu'une question d'années. À chaque fois une poignée de types dont tout dépend.

En Afrique c'était différent, un tout petit machin dans un corps d'armée de deux cent mille hommes, ça pouvait être héroïque, mais pas décisif, pourtant Bir Hakeim, ça n'était pas si mal, même si c'était une retraite, c'était aussi une aventure, ça préparait El-Alamein, le vrai tournant, des rochers, deux armées.
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La chair beaucoup plus claire, Hans regarde le dos nu de Lena, le tissu blanc rabattu jusqu'à mi-fesses, le massif de cheveux roux remonté haut au-dessus de la nuque, le grain de peau si fin sous la langue. Elle n'est pas morte. Une nuit, à Waltenberg, elle avait eu la chair de poule sur les fesses, ils avaient ri, elle avait eu un rire plus rauque qu'à l'ordinaire, plus profond, Hans, la joue posée contre sa hanche avait senti la puissance des muscles qu'il l’agitait dans le rire, sa voix d'alto. Il voit la femme assise dans le contre-jour de la fenêtre, dos nu de trois quarts, le profil du sein gauche un peu lourd, qui jaillit comme un tremplin à la verticale du buste puis s'arrondit pour rejoindre le corps, il va se lever, se mettre à genoux auprès du fauteuil, dire ne bouge pas et embrasser le sein à petits coups, ce n'est pas la dernière image qu'il ait eu de cette femme mais c'est celle qui doit le protéger de l'enfer.

Le soldat allemand s'acharne sur le dragon de Monfaubert, il n'a qu'une baïonnette en main, il essaye d'enfoncer la lame dans la poitrine du Dragon que son camarade cravate par derrière, le dragon se débat, crie à l'aide, lance ses jambes en avant comme une danseuse de french-cancan ou de tango qui aurait trop bu, la baïonnette l'atteint à la cuisine, aux mains, il saigne, le soldat allemand vise le cœur, la baïonnette glisse simplement sur les côtes, ça saigne de plus en plus, tout arrêter, Poincaré-la-guerre, l'élection de 1913, les républicains avaient désigné un autre candidat à la candidature, oui, mais l'outrage fait à Poincaré, quel outrage ? l'outrage lui avait donné la liberté d'aller chercher ses voix chez l'adversaire, à droite, les va-t-en-guerre, et ceux pour qui Dreyfus était encore un traître, Poincaré, la guerre, et prêt à tout pour être président de la République, traître, non, la veille d'obligation par l'outrage fait à sa femme par des ragots républicains, venus de son propre camp.
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Et parfois c'est trop d’eau, Neuville-Saint-Vaast, en une seule nuit les tranchées inondées à ras bord dans les deux camps, les hommes sont tous sortis, face à face à 100 m et pendant des heures et des heures personne n'a tiré, ni tué, quelqu'un a dit ça continue on va construire une arche.
D'autre fois, plus tard encore, il y en a qui ne veulent plus ni tuer ni mourir, et ils meurent en suppliant, leurs camarades les traînent, pantalon humide, jusqu'au poteau, d'autres puent encore plus, se débattent, il faut les attacher sur une chaise pendant qu'ils crient, comme des femmes a dit le colonel.
Salaud, crie un condamné, c'est parce que vous tuez que vous resterez esclaves, la chaise tombe, attachez-moi cette chaise au poteau dit le colonel, les officiers doivent multiplier les coups de grâce, certains mutins n'ont reçu que trois balles et pas si bien placées, un officier engueule son peloton, ceux qui tirent à côté sont des lâches, vous devriez avoir honte, regardez comme il bouge encore.
D'autres mutins meurent debout en crachant.
Deux types à part de tous les autres : face au peloton ils chantent La Marseillaise et Le Chant du départ ; ils ont embrassé l'officier qui commande le tir, oui, refus de monter à l'assaut, condamnation rapide, la nuit durant un prêtre et un député socialiste leur avaient parlé, une mort honorable, tu dois le faire, tu dis que tu regrettes et tu chantes devant le peloton pour que les camarades aient encore la force d'arracher la victoire aux ténèbres, la croix du prêtre et les mains du député, tu nous laisses un exemple, nous voulons tous la paix, dans la victoire.
Une femme aussi, qui vient parler dans la cellule, il y a nos deux filles, des filles de héros ou de traître, on m'a dit que si tu regrettes, si tu chantes La Marseillaise, ils ne mettront dans le livre que mort au combat, l'officier m'a dit :
« Combien de chances une fille de lâche a-t-elle de se marier ? »
La fille à deux ans, c'est seulement onze ans plus tard qu'un camarade dira la vérité, quand Poincaré sera devenu l'homme qui rit dans les cimetières, oui, l'un des deux condamnés étaie l'instituteur Robert, le type de la maison de vacances et du mois de loyer, la marseillaise et le chant du départ, tout le monde pouvait croire à nouveau, on s'embrassait, on pleurait devant le poteau.
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À Moscou, il a repris ses rendez-vous avec Vassilissa, sans se cacher, de Vèze n'a jamais rien caché de sa vie privée, ça évite d'avoir à répondre à des questions de sous-fifres ou de croupes-de-coq, il inscrit tout sur l'agenda de son bureau, sans se gêner, des choses comme visite de mademoiselle Vassilissa Soloviev, ou sortie, mademoiselle, Soloviev, souvent il écrit en deux mots, ma demoiselle, sur un agenda qui est quand même une pièce officielle, exprès, ne rien cacher, avoir la paix, Vassilissa est grande, blonde, mathématicienne, spécialiste des algèbres non commutatives et nièce d'un maréchal, oui, membre du Comité central, c'est surtout pour ça qu'on leur fout la paix, Vassilissa a les gestes nets et la fesse musclée.
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La fille aurait levé un simple attaché culturel, elle serait déjà en résidence à Magadan, au moins à lakoutsk, ou alors on aurait seulement rappelé l'attaché culturel, mais là elle toise tout le monde, on peut toujours essayer de lui faire des ennuis pour avoir couché avec un héros de la Seconde Guerre mondiale, et les Russes savent que s'ils demandent le rappel de De Vèze il ne sera pas remplacé par un gaulliste, c'est une espèce en voie de disparition, ils préfèrent le garder, de Gaulle aurait pu le convoquer, lui dire :

« Alors, de Vèze, on couche ! »

Mais de Gaulle n’est plus là, et qui sait ? il se serait peut-être contenté de marmonner :

« De Vèze ? Il fait son métier d'homme. »
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• Femmes puissantes : Anne Roumanoff nous confie qu'elle se sent de plus en plus féministe, Florence Foresti qui compare la cinquantaine à l'adolescence « mais avec une carte bleue », la championne Estelle Mossely qui veut mettre KO les clichés de la boxe féminine, l'hommage de Géraldine Nakache à Gisèle Halimi ou encore le combat d'Andréa Bescond contre les violences faites aux enfants. • Histoires de famille : Les parents sont souvent ceux que les artistes n'oublient jamais de remercier, ce fut le cas de Rachida Brakni en 2002 lorsqu'elle a été sacrée meilleur espoir féminin aux César. Dans son premier roman intitulé « Kaddour », elle s'adresse à son père disparu en 2020 et elle dresse son portrait, celui d'un déraciné.
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