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3,86

sur 309 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je parlerai ici exclusivement de la nouvelle principale, à savoir La colonie pénitentiaire.

On ne peut parler d'une oeuvre de Kafka sans parler plus de Kafka que de cette oeuvre. Les livres de Kafka sont comme des rêves: ils sont ouverts à mille interprétations et leurs personnages n'ont pas de passé clair, ils se trouvent dès le début dans une situation étrange et doivent la vivre.

Il s'agit cette fois d'un visiteur d'une colonie pénitentiaire qui découvre la pratique singulière de l'exécution de condamnés par une machine au résultat atrocement accompli. Or, on a besoin de l'avis favorable de ce visiteur pour que cette merveilleuse machine demeure. L'officier chargé des exécutions est le seul qui reste un fervent zélé de cette invention...
Il y a un proverbe qui décrit vraiment toute l'oeuvre de Kafka : " le malheur est parfois hilarant".

Rien n'égal l'atrocité de certains faits décrits et l'extravagance des idées nostalgiques de l'officier, ainsi que l'indécision du visiteur à faire face à cette pratique inhumaine, que la finesse et la précision avec lesquelles Kafka raconte des faits oniriques (avec beaucoup d'humour; surtout le condamné à mort naïf et gauche, et d'exactitude dans la description en détail de la machine...).

Je sais que ce qui nuit le plus à Kafka, c'est le mauvais goût des interprétations stéréotypées. On cherche à mettre le texte (malgré lui) dans le contexte qui nous plaît. Et si Franz ne voulait rien dénoncer, rien ironiser, juste nous produire une nouvelle magnifique comme lui-même aime les lire. Sans autre motif. En bref, cette nouvelle parle d'un système imposé, qui s'avère violent , les gens savent qu'il est inhumain et ne peuvent le changer car il y a toujours des zélateurs qui peuvent le défendre et qu'il est là depuis toujours..

Mais peut-on interpréter un rêve? On est charmé par cette vision et c'est tout.
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Conte philosophique, plaidoyer contre la cruauté de l'homme, chef-d'oeuvre de l'art, sont autant de noms qu'on pourrait donner à ce livre. J'y retrouve tout ce qui m'a plu dans le Meilleur des Mondes, d'Aldous Huxley : une réflexion puissante sur ce dont est capable l'homme, des idées, des pensées… Une nouvelle d'une rare efficacité, qui pousse à réfléchir sur l'homme et la tyrannie.
Ecrit avant même les grandes dictatures du XXème siècle, un texte visionnaire qui ne laisse pas indifférent.
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Huit récits. L'univers Kafkaïen se déploie. Les corps sous emprise. Sous l'emprise de systèmes, de disciplines, de lois, de rôles, de regards, sous l‘emprise de soi, des autres. Enfer-mement.
La nouvelle la plus emblématique de ce recueil : La colonie pénitentiaire ; Cette nouvelle écrite en 1914, est à la fois la fin d'un règne et l'annonce d'un nouvel ordre. La description de la « machine » à punir, à tuer, est à la limite du soutenable.
« La machine » marque, tatoue, écrit, sa sentence inique sur la peau et dans la peau et à travers la peau des condamnés une sentence moralisatrice prêt-établie, prêt à porter, dictée par un système arbitraire, fou, totalitaire. Inventée par un fou, construit par des fous, entretenue par des fous, adulée par des fous.
Mais son grand horloger, le vieux commandant fou est mort….Le système est condamné. La machine se détraque.. Oui, mais …. dans la ville une taverne protège son tombeau…
Et l'on comprend le caractère prophétique que l'auteur dresse à travers ce récit : Prenons garde à la résurrection possibles des démons à qui nous confions notre commandement. Les dieux comme les diables ne meurent jamais.
Autre nouvelle que je retiendrai : le terrier . Enfer-mement du dedans et du dehors. Observant, observé...et à jamais terré, jusqu'au tombeau. L' univers Kafkaïen est une machine à penser.
Astrid Shriqui Garain
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Dans la vallée de l'ombre de la mort, un voyageur se rend sur le lieu d'une exécution, imminente. Un officier, partisan de la peine de mort, lui explique le fonctionnement de la machine qui n'est pas une guillotine - la mort serait trop rapide - mais un instrument de torture, qui inscrit la sentence, la loi qu'il faut respecter, sur le corps, à l'aide d'un système d'aiguilles fixées sur une herse. On ne se contente pas de tatouer le condamné, la mort étant programmée, la douleur étant recherchée. Le condamné, installé sur la machine, ne peut pas lire l'inscription mais il la ressent, aussi la lecture de la sentence se fait-elle au niveau du corps, parce qu'il la sent dans sa chair qu'on déchiquète morceau par morceau, aussi l'assimile-t-il, corps et esprit.

Le regard extérieur du voyageur est essentiel étant donné qu'il est le spectateur sans lequel la peine de mort n'aurait pas lieu d'être parce qu'elle est conçue pour être une représentation de la mort, un spectacle ; il est aussi comme le lecteur celui qui doit émettre un jugement non pas quant à la culpabilité du condamné mais quant à la justice elle-même, sur ses procédures. Le voyageur a comme mission de mettre à mort la peine de mort ; Kafka la fait revivre, en l'inscrivant dans la chair de son lecteur.
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Écrite aux prémices de la première guerre mondiale et publiée en 1919 cette nouvelle de Franz Kafka intitulée "La colonie pénitentiaire" est plus surréaliste que cauchemardesque. Pourtant la situation laisse le lecteur assez désemparé face à l'énormité de ce qui se passe.
Dans la colonie pénitentiaire un voyageur dont on ne connaît pas grand-chose rencontre un officier à la naïveté sincère qui lui fait une démonstration du fonctionnement d'une machine qui le fascine. Cette machine est un instrument d'exécution donc là perfection n'a d'égal que la barbarie absolue de son objectif, la mort lente.
C'est un texte complètement décalé, kafkaïen quoi. A côté de l'atrocité des tortures que doit endurer le condamné, il y a la légèreté et la béatitude de l'officier. le voyageur reste spectateur de ce qui se passe et on y voit une mise en scène absurde des rapports entre faute et châtiment.
Kafka a un regard très aiguisé et j'y vois une critique de l'obstination de l'homme à mettre son inventivité au service de la destruction de l'autre mais aussi de la fascination face à la douleur de plus en plus banalisée.
« La colonie pénitentiaire » est écrite avec cet humour au scalpel qui a fait hurler d'indignation et au sadisme au moment de sa publication, il y a un siècle. Kafka était en avance sur son temps car il montre encore une fois que son oeuvre est intemporel.

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L'actualité de la nouvelle de Kafka, la colonie pénitentiaire n'est plus à démontrer.
Le sujet, la visite d'un voyageur dans un pays imaginaire, une île, où le dispositif judiciaire est particulièrement sophistiqué, et conduit à des condamnations particulièrement recherchées, pouvant entraîner ou non la mort du condamné.
La machine, outil d'exécution des peines, inventée et mise au point par l'ancien commandant de la colonie, consiste en un dispositif qui grave sur le corps des condamnés les textes de loi auquel ils ont contrevenu.
l'intérêt de la nouvelle réside dans le zèle avec lequel l'officier chargé des exécutions expose, défend, promeut, le dispositif dont il a hérité de la charge, et dont il assure, contre vents et marées, le bon fonctionnement.
Cet officier, sincère, fidèle, légitimiste, sûr de son bon droit, se confronte aux questions du voyageur, qui peu à peu remettent en cause, sans faire douter l'officier, le bien-fondé du dispositif judiciaire et pénal qui a cours dans l'île.
Il n'y a pas de dialogues véritables, mais des vérités différentes qui s'affrontent.
L'officier cherche à convaincre en décrivant la subtilité et l'ingéniosité du mécanisme de la machine, se refusant à juger de son opportunité et de sa pertinence.
Le voyageur, lui, considère le rapport entre la faute commise et la sanction, un chemin sur lequel, bien entendu, l'officier ne peut s'engager.
Des dialogues de sourds qui n'ont pas disparus de notre monde.

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Ce livre, c'est mon premier Kafka. Une véritable découverte pour l'adolescente que j'étais alors. Il m'avait été présenté comme une piste de réflexion sur moi-même, à un moment où ça n'allait pas. C'est certainement pour cela que j'ai prêté une attention toute particulière à la machine et non au fonctionnement de la colonie ou à la psychologie des personnages.

Le résumé est assez simple : un voyageur découvre le fonctionnement d'une colonie pénitentiaire où chaque prisonnier est soumis à un instrument de torture très particulier, provoquant inéluctablement la mort. L'officier chargé de ces séances de punition, voyant qu'il ne parvient pas à convaincre le nouveau venu de l'utilité d'une telle machine, finit par s'y soumettre lui aussi.

La machine, à l'aide d'aiguilles, imprime sur le corps du supplicié les fautes qu'il a commises. La durée dépend de la gravité de l'acte, afin que le prisonnier puisse se rendre compte de l'importance de son crime avant que ne vienne son dernier souffle. En imprimant si profondément dans la chair des hommes ce qui leur est reproché, c'est leur âme que l'on cherche à atteindre. Comme la machine aboutie à la mort, comment savoir si le but recherché est réellement atteint ?

Voilà ce qui devait me faire réfléchir : peut-on comme l'officier s'infliger à soi-même un tel supplice ? Quel lien y a t-il entre la marque physique de nos erreurs et leur absolution ?
Si je n'ai pas forcément trouvé de réponse, c'est un livre qui m'aura marqué et qui continue à me faire réfléchir.
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Comme tout lecteur, j'ai des auteur.es fétiche. Je les lis, je les relis et je les relis encore une fois de nouveau, ne découvrant jamais le même texte, même si les mots, les phrases sont les mêmes, aux mêmes emplacements, m'inventant toujours une autre histoire, même si l'histoire est la même. Vous ne comprenez pas ? A quoi bon lire et relire le même ouvrage, le début et la fin seront identiques.... Détrompez vous!
Kafka fait partie de ces auteur.es que j'affectionne particulièrement et qui me permet de poser un regard peut-être différent sur le monde qui m'entoure.
De plus, cet homme, et ils sont rares, a quand même laissé son nom a la postérité avec l'adjectif qualificatif de Kafkaïen (Google est votre ami 😉).
La Colonie pénitentiaire et autres textes est un recueil surprenant, d'une part par ses textes inachevés, avec ce petit goût de trop peu, de manque, mais surtout par ses sujets et ses descriptions, ses questionnements et ses visions des autres, ses relations à la société et à la gouvernance. Avec ce sentiment de solitude et d'impuissance du narrateur.
Bref, si vous vous invitez dans cet univers kafkaïen, voyez la, avant tout jugement, l'écriture d'un précurseur, d'un visionnaire.
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Glané pendant mes longues flâneries dans les brocantes normandes, ce recueil de nouvelles de Franz Kafka, publié par Gallimard en 1948, qui regroupe « La colonie pénitentiaire » (1919), quatre nouvelles parues en 1924 sous le titre de « le champion de jeûne », ainsi que deux récits inachevés, « le terrier » et « La taupe géante », portait en lui une odeur de bibliothèque poussiéreuse, mais le siècle écoulé depuis son écriture n'a pas imprimé la moindre ride sur la nouvelle éponyme « La colonie pénitentiaire ».

Texte visionnaire, cette nouvelle est un récit comme on en rencontre très peu, qui porte en lui une nouvelle interprétation à chaque relecture.

De passage dans une colonie militaire, sous les Tropiques, un voyageur, dont visiblement l'avis compte, est convié à assister à une exécution, la condamnation à mort d'un soldat prononcée dans des conditions de justice iniques. Cette exécution doit se faire au moyen d'une machine barbare, faisant subir un long supplice au condamné en inscrivant le motif de sa condamnation dans son dos, qu'il va déchiffrer avec ses plaies, juste avant de mourir. On découvre le déroulement du supplice par la description détaillée qui en est faite par l'officier exécuteur de la sentence, gardien de la machine et dernier partisan de cette barbarie dans la colonie. L'officier cherche ainsi à obtenir le soutien du voyageur pour que la machine soit maintenue en fonctionnement.

Métaphore de l'humanité, de la littérature ou du destin de Kafka lui-même -qui était à cette époque fiancé depuis deux ans à Felice Bauer et prisonnier de son obsession pour elle, des lettres quotidiennes qu'il lui adressait- ce texte ne cessera jamais de déployer ses sens.

« le voyageur se proposait de poser diverses questions, mais, à l'aspect de l'homme, il demanda simplement :
"Connaît-il la sentence ?
-Non", dit l'officier
Et il allait poursuivre immédiatement ses explications quand le voyageur l'interrompit :
"Il ne connaît pas sa propre sentence ?
-Non", répéta l'officier en s'arrêtant un instant comme pour permettre au voyageur de motiver plus précisément sa question.
Puis il dit :
"Il serait inutile de la lui faire savoir puisqu'il va l'apprendre sur son corps." »
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Franz Kafka. Dans la colonie pénitentiaire. 1915. 5 étoiles.
Un récit qui démarre en douceur...une prairie, entourée par la nature, une machine inconnue,…histoire d'installer le lecteur dans une atmosphère d' appartenance au genre « humain ».
Les personnages sont attentionnés, polis, à l'écoute les uns des autres.
Enfin, ceux qui sont reconnus comme faisant partie de l'élite. le prisonnier, le sous-fifre soldat sont transparents,… sans intérêt,.Ils existent, voilà. Ils sont là, point.
Mais petit à petit, Kafka, l'un des plus grands virtuoses dans ce genre (littérature de l'absurde, et de l'horreur d'une certaine « réalité ») installe les conditions de l'éveil de notre conscience et joue avec nos sentiment (de révolte par rapport à l'inhumanité qui guette les « services publics » de nos pays dit démocratiques.
On sourit, … au début de l'histoire. On sourit encore à la fin. Mais entre les 2…Un ouragan d'émotions. Je ne reviens jamais indemne d'un récit kafkaïen. Sauf quand je n'accroche pas ( babelio.com/livres/Kafka-La-metamorphose/721946/critiques/3830345 )
Nous vivons aujourd'hui dans une société qui a évolué en un demi-siècle vers un monde « kafkaien ». Ouvrez les yeux et observez ce qui se passe dans la rue, les parcs, les réunions. 80 % des gens sont des personnes « désincarnées. Juste des consommateurs.trices de smartphoen et d' adresse IP…
Une perte d'humanité. Et kafka nous rappelle ce qui peut arriver si nous ne réagissons pas en CONSCIENCE / CONNAISSANCE de cause. Il ne s'agit pas de démocratie mais d'humanité !
Kafka a rendu un immense service à l'humanité, celui de pouvoir rire … jaune … à ses récits (100 ans déjà), et de prendre du recul. Et de réfléchir à quels personnages de ses « fables » nous aurons aujourd'hui la volonté de nous incarner…
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