Serais-je en train de me transformer en vieux fossile ?
J'ai l'impression qu'il me faut plus de temps qu'avant pour adhérer au style d'un nouvel auteur. Ça me l'a fait pour City Hall et ça recommence ici. Je m'attends à trouver quelque chose, je ne trouve pas l'attendu et je me braque un peu. Et mon billet s'en ressent.
En revanche l'adaptation est à peu près réalisée au tome 2. Il y a encore de l'espoir pour les fossiles…
Donc maintenant je sais à quoi m'attendre de la part de
Mihachi Kagano. Je suis prêt à le prendre tel quel et du coup je focalise plus sur le plaisir de lecture que sur les pseudo-défauts (et comme dit Alfaric, le style évoluera au fil des tomes donc je dois garder l'esprit ouvert).
Et si on rentrait dans le vif du sujet hein ?
Ce tome raconte la bataille de la Trébie, qui constitue une nouvelle défaite pour les Romains face aux Carthaginois d'Hannibal. Kagano s'est documenté ; d'après ce que j'ai lu sur le net, il suit attentivement
Tite-Live et
Polybe. Hannibal déploie sa tactique dans laquelle les Romains plongent comme un seul homme. Mais il se permet de broder un peu. Il donne au consul romain Sempronius
Longus un caractère assuré, méprisant par trop l'ennemi et donc peu préparé à deviner ses pièges, fier de ses origines plébéiennes et plutôt dur avec les patriciens de ses troupes, mais également meneur d'hommes.
L'auteur offre aussi au jeune Scipion un rôle plus important que ce qu'il a dû être en réalité, celui du génie tacticien qui devine la stratégie adverse et parvient à en limiter les effets. La fiction prend sa part de l'
histoire, s'insérant dans les manques des récits historiques, et c'est plutôt bienvenu.
On a aussi droit à un exemple machiavélique de coup fourré politique au Sénat romain. Celui-ci commence à sérieusement s'inquiéter et certains sénateurs peuvent sacrifier sans problème des milliers de soldats s'ils voient au-delà une issue à la crise punique.
Petit défaut à mon goût : je trouve que Kagano abuse un peu trop de la « goutte sur la joue » des personnages pour signifier leur inquiétude. On la voit partout, cette goutte. J'ai peur qu'elle finisse par perdre son sens.
Me voilà donc ferré. Je vais poursuivre l'aventure avec plaisir en espérant voir grandir l'aspect humain des personnages, quitte à le romancer un peu.