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EAN : 9782313006214
234 pages
Chemins de tr@verse (22/05/2020)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Comment l'interprète du XXIe siècle peut-il résister à la logique économique et à la technologie qui se sont emparées de l'art musical ? Le chemin de la transcendance apporte-t-il une réponse ? Ce livre s'adresse à tous les musiciens professionnels et amateurs, aux mélomanes avertis ou non, et à tous ceux qui cherchent à comprendre l'essence de la musique.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai choisi ce livre parce que le titre me plaisait, lors de la dernière opération « masse critique » de Babelio, un peu par défaut, mais comme je suis d'un naturel curieux et mélomane…

A la deuxième page de l'introduction, j'ai sauté au plafond en lisant cette phrase :

« le monde nouveau qui se profile est celui des machines, des cyborgs. Il ne sera plus nécessaire de faire un long et fastidieux apprentissage pour devenir musicien. Des pianos connectés, tel le Spirio de Steinway & Sons sont programmés pour reproduire les moindres subtilités les interprétations des plus grands pianistes… »

Inutile de dire que j'ai fait alors un énorme blocage et laissé le livre en plan, allant y jeter un coup d'oeil de temps en temps et maudissant le monde de l'intelligence artificielle ! et pourtant, le sous-titre était prometteur: « à la recherche de la transcendance chez le pianiste ».

De surcroît, l'auteure insiste sur le côté technique, la dextérité en gros, de l'exécution d'une partition, encore un blocage à l'horizon. Mais, je déteste ne pas aller au bout du livre même s'il me prend à rebrousse-poil, j'ai repensé aux compositeurs et aux interprètes que j'aime et j'ai continué et je ne le regrette pas du tout.

Fabienne Kandala nous présente vingt pianistes qu'elle a tous rencontrée, douze hommes et huit femmes, de toute nationalité. Après un topo sur leur parcours, elle nous propose un entretien, en leur posant la question de la transcendance dans leur art.

Chacun raconte sa manière de concevoir le ressenti lors de l'interprétation d'une oeuvre et les moments de pur bonheur qu'ils ont pu ressentir, certains parlent d'expérience mystique, du divin ou simplement de spiritualité. Tous dénoncent l'enseignement actuel, qui est axé uniquement sur la pratique, la virtuosité, le côté technique ce qui se traduit pour certains jeunes musiciens préparant les concours, par des heures de travail, mais l'émotion n'est pas là. Et certains finissent par renoncer à l'exercice du métier qu'ils ont choisi, car ils ont perdu l'essentiel en route.

L'auteure nous livre ainsi une belle réflexion sur le « faire » et « l'être », pour certains, jouer n'est pas exécuter la sonate ou le concerto du compositeur, mais être le compositeur, ou être en osmose avec lui. Certains expliquent avoir joué en union avec lui, notamment dans les moments de stress, ou encore l'importance des bis car il se produit un lâcher-prise total, l'oeuvre ayant été bien exécutée pendant le programme…

On retrouve au passage des pianistes de génie, cité notamment par Aquiles Delle Vigne, italo-argentin : Rubinstein, Claudio Arrau, Sviatoslav Richter, Wilhelm Kempff, qui « vivaient leur musique », pour lesquels la virtuosité n'occupait pas la première place. (Nostalgique du grand échiquier de Jacques Chancel, je garde des souvenirs éblouis de certains d'entre d'eux !)

Certains sont durs dans leur propos, telle Elizabeth Leonskaja pour qui

« s'ils (les musiciens) ne peuvent transmettre le message nécessaire aux auditeurs, leur perfection technique est vide de sens »

Il y a aussi des phrases très fortes, telle celle de Neuhauss :

« ne cherchez pas vous-mêmes dans la musique, mais trouvez la musique en vous-même. »

ou encore celle d'Elizabeth Sombart, pianiste française contemporaine :

« le concert est réussi lorsque l'homme et le divin auront joué à quatre mains, lorsque « ça » écoute, « ça » joue avec moi. On vit alors ainsi : l'esprit agenouillé devenant serviteur. »

Ma préférence va à Miguel Angel Estrella, pianiste argentin, à Maria Joao Pires, Lisboète, et j'ai eu un coup de coeur pour le pianiste sud-coréen, Kun Woo Paik…

A la fin des entretiens, Fabienne Kandala nous propose une synthèse extrêmement intéressante. Tout au long de cette lecture, j'ai eu envie de ressortir mes vieux vinyles, notamment une interprétation du premier concerto de Tchaïkovski par Richter, et mon ami Chopin…

Il est inutile de préciser que je planche sur cette chronique depuis plusieurs jours et j'espère ne pas avoir été trop technique ou du moins trop rébarbative dans mon approche. Je l'ai écrite avec mes tripes, car j'aime énormément la musique classique, mélomane, mais pas musicienne pro...
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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J'ai reçu ce livre à l'occasion de la masse critique non fiction du 17 juin.
J'étais très excitée de le recevoir, en temps que musicienne amateur en orchestre et depuis peu avec une petite expérience où je me suis retrouvée sur le devant de la scène avec tous les questionnements que cela engendre et que l'on a pas forcement lorsqu'on est entouré au milieu de l'orchestre.
Comment interpréter ? Est-ce que je vais vraiment arriver à transmettre des émotions au public ? Et si je me trompe dans un passage ?….
Mais lorsque j'ai ouvert le paquet et commencer par observer la couverture, j'ai commencé par être déçue.
Pourquoi ? A cause du sous-titre « A la recherche de la transcendance chez le pianiste ».
Je pensais que quand en 4ème de couverture il est écrit « Comment l'interprète du XXIe siècle peut-il résister à la logique économique et à la technologie qui se sont emparées de l'art musical ?  […] Ce livre s'adresse à tous les musiciens professionnels et amateurs, aux mélomanes avertis ou non, et à tous ceux qui cherchent à comprendre l'essence de la musique classique occidentale », je pensais qu'un peu tous les cas de figures de musiques et musiciens allaient être évoqués.

Que né ni, il semblerait que cela soit finalement un livre d'entretiens avec des pianistes….
Déjà que j'avais peur d'avoir du mal à le lire, car je préfère les romans aux essais, je me suis dis que c'était bien mal engagé et qu'il me faudrait un temps fou pour le lire.
Quand a en faire une critique construite…

J'y suis donc allée un peu à reculons.

Mais en fait, j'ai adoré !
Je regrette même que certains entretiens soient si court.
On a tout de suite envie de discuter nous aussi avec ces grands pianistes, de mieux les connaître, mieux comprendre ce qu'ils peuvent ressentir lorsqu'ils jouent.
Et d'autant plus que certaines des situations de transcendance qu'ils ont réussi à vivre (parce que pour aucun des pianistes, ces sensations de plénitudes, dépassement, élévation – tellement de possibilité de décrire ces instants) ne sont jamais prévues à l'avance. Ce n'est pas un état que l'on atteint parce qu'on le souhait, au contraire, c'est plutôt lorsqu'on pense que tout s'oppose à toucher un état de grâce pendant l'interprétation que le lâcher prise à l'air arrive.
Il est également « amusant » de voir que ces pianistes sont de diverses origines, ont des parcours diverses, d'âges variés également, et même s'ils n'usent pas forcement des mêmes mots, ils ont tous une fois ou l'autre vécu des expériences de transcendance.

Un livre qui ouvrent donc d'autres pistes de réflexions pour qui le souhaite….
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Je remercie @Babelio et les éditions @Chemins de tr@verse de m'avoir permis de découvrir @L'âme du musicien de @Fabienne Kandala à l'occasion de la masse critique non fiction du 17 juin 2020.
Le titre de l'oeuvre m'a de suite attirée, d'autant que j'ai joué du piano enfant et ai eu la chance de découvrir la "grande musique" en famille. Je m'applique d'ailleurs à éveiller mes enfants à la musique depuis leur plus jeune âge, ce qui leur a donné le goût de la pratique d'un instrument. La transmission a donc du sens pour moi.
L'idée de réunir le témoignage de 20 grands pianistes, hommes et femmes, âgés de 61 ans à 105 ans, pour chercher à comprendre "l'essence de la musique classique occidentale" est particulièrement enrichissante.
Alors que les pianos connectés et la recherche de la performance semblent prendre le pas sur la perception de l'oeuvre et la volonté de comprendre ce qu'a voulu exprimer le compositeur, ce recueil, précieux, de l'expérience des "anciens" permet de comprendre le travail intense que représente l'interprétation d'une oeuvre.
C'est en effet ce travail de longue haleine qui permet aux interprètes de vivre des instants de grâce dans lesquels ils ont le sentiment d'entrer en communion avec le compositeur.
Ce livre, passionnant mais pointu, nécessite une lecture concentrée et s'adresse, comme précisé sur la 4ème de couverture, plus spécifiquement aux musiciens et mélomanes.
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Livre très, très bien fait. D'un grand intérêt, sujet très nouveau, jamais fait jusqu'ici, fondamental et passionnant.
Il mérite d'être diffusé et d'être reconnu.
Jean-Marc Aymon, pianiste et historien suisse
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
C’est ça être interprète. C’est être tout le temps à l’écoute des sensations du compositeur, mais pas de soi. Surtout, pas de « moi, j’ai ressenti cela. On peut tout de même puiser dans ce qu’on a vécu pour nous aider à interpréter. Pour cela il me faut une dimension spirituelle sous-jacente en tant qu’être humain. Colette Maze
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A l'heure actuelle, le monde n'a pas besoin de musiciens, d'artistes, de rêves, mais de gens pragmatiques, de techniciens. Actuellement, un ingénieur est plus important qu'un musicien. Cela durera encore dix ans ou plus, mais pas éternellement. En ce qui concerne les musiciens, il y aura une remise à jour des valeurs pour vivre une renaissance. Avant tout, ils ont d'abord besoin de s'affranchir des nombreuses distractions comme les IPhone, le IPad, l'internet, le 3D, etc.
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Il y a la croyance populaire qu'on joue pour le public, pour lui donner un message d'amour. Cela est tout à fait le contraire. Vous êtes la seule personne en contact avec Beethoven, donc responsable de ses messages. Par votre intermédiaire, mille personnes entrent en contact avec Beethoven. Je joue pour le compositeur et son œuvre et non pour faire plaisir à l'assistance.
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Juluis Katchen m'a dit alors : "Tu as trop de technique."[...] Il m'a demandé de quitter le piano, de me promener, de réfléchir, de regarder des tableaux. J'ai mis du temps à comprendre qu'il fallait oublier la technique et faire ressortir la substance de l’œuvre.
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Je jouais Des pas sur la neige de Debussy ; elle m'arrêta à la deuxième mesure et me dit : " Ce n'est pas assez froid."
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