Dans ce roman Hermann, né en Allemagne, “brown baby” ballotté par l'après-guerre, atterrissant dans une famille de “mauvais” accueil aux États-Unis connaît déjà un démarrage bien difficile dans sa vie. Pourtant il s'accroche, joueur de jazz prodige il croit en ses rêves, se bat. En vain.
Un pas de travers, légitime défense ? Un homme est mort, mais la responsabilité lui en incombe-t-elle totalement ? N'y aurait-il pas une certaine responsabilité collective ? le deuxième amendement qui autorise le port d'armes a largement contribué au drame. de plus, la vie d'Hermann est déjà bien chargée du “poids des hommes” par son adoption forcée dans un pays où règne la ségrégation raciale. Dans ces conditions, sa peine de quarante ans de réclusion à Angola, le pénitencier de haute sécurité d'État de Louisiane, est-elle vraiment juste ? C'est la question que nous pose l'auteur via l'avocat d'Hermann.
Ce roman m'est apparu avant tout comme une réflexion sur l'humain, un outil pour montrer que loin d'être égaux en droits, les hommes sont le produit complexe de leur propre histoire et du poids de la société.
Victor Kathémo nous offre une histoire agréable et bien écrite avec en prime un très beau voyage à travers la Nouvelle-Orléans.
Deux petits bémols m'ont fait baisser la note : l'impression d'une écriture un peu dilettante et un manque de rigueur sur le plan historique. Par exemple ici, la Seconde Guerre Mondiale sert surtout à étayer son propos, il ne faut pas y chercher les paroles d'un historien.
Ce roman a le mérite, ce qui a mon sens en justifie la lecture, de nous faire réfléchir sur notre façon de rendre la justice - rien n'est tout blanc ni tout noir - et de nous pousser à faire des recherches plus précises sur les thèmes abordés.
N.B. : Concernant les “brown babies” : https://fr.wikipedia.org/wiki/Afro-Allemands