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Yoko Lacour (Traducteur)
EAN : 9782916940465
136 pages
Inculte éditions (01/01/2011)
4.16/5   25 notes
Résumé :
Le monologue halluciné d’un shérif violent aux idées noires, doublée d’une plongée dans la folie de l’Amérique souillée des grandes prairies de « King County », à travers l’exploration violente et raciste de l’inconscient d’un homme épris de toute-puissance
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King county, c'est le trou de balle du West Texas.
"King County,
c'est 900 miles carrés
où résident 407 citoyens légaux
(seuls 52 sont pas blancs);
en comptant les clandos mexicains,
on peut en rajouter 100"

Le shérif, c'est A.C.Branches. Schizophrène. Qui monologue devant un puits. Lequel puits recèle deux cadavres de mexicains et le beau-fils, Dany, agonisant. Lequel l'a bien cherché d'être jeté ainsi.

Couvrant les plaintes de l'adolescent auquel il a appris la pêche, l'homme de loi-criminel est époux aimant, beau-père attentif (jusqu'alors), citoyen modèle aspirant à des soirées de beauf avec TV, bière et burritos. L'homme simple (faut-il se fier aux apparences?) se distingue par un sens de la justice fort singulier.

Dany n'aurait jamais crevé au fond d'un puits s'il ne s'était rasé le crâne, n'avait fricoté avec les néo-nazis, ne s'était mis à haïr juifs, noirs et homos; s'il ne s'était mis à aduler la croix gammée et son 9 mm. Branches, lui, abhorre les crânes rasés. Ca l'insupporte. Il a le sens du bon.
D'abord, il y a arme et arme. le colt, lui, symbolise l'Amérique, la vraie, l'estimable. Dans son canon se nichent ses valeurs. Et oui! Nous sommes dans l'Amérique profonde. le PKK de Dany, lui, n'est que la foutue "arme d'honneur des dirigeants politiques" autrement dit des nazis.
Branches n'est pas raciste. Il n'y a que les mexicains qu'il ne peut pas sentir (cf les cadavres qui pourrissent dans le puits). A raison. Il aime passionnément les chiens (même si…)
"Et c'est comme ça
que c'est rentré dans mon crâne.
Pour chaque chien mort,
un Mexicain mourra."

D'une logique glaciale, la folie raisonneuse de Branches se condense en 136 pages d'une perfection absolue. L'oxymore en roman. L'Amérique texane en vers libres. le langage cru en poème. La noirceur rehaussée par la muse délicate.
Il y a du McCarthy chez Mitch Cullin. Je ne pouvais trouver plus beau compliment.
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Un long poème erratique de 100 pages, dans la chaleur et la poussière du Texas.
On est dans la tête du sheriff Branches, qui vient de commettre un énième forfait qu'il justifie selon une logique qui lui est propre. Des bribes d'enfance traversent son esprit malade, se mêlent à des fragments du présent. Et c'est toujours la même histoire de violence, de bêtise et de haine, qui hante toujours l'Amérique white trash. Bien qu'écrit en 2000, ce texte semble dépeindre les Etats-Unis de Trump, mais j'ai également souvent pensé à Jim Thompson, l'humour en moins.
C'est très bien écrit, Mitch Cullin nous offre un texte ciselé comme un diamant, dont il est impossible de s'extraire, tant il nous emporte dans un remous de beauté, de cruauté, de moments suspendus par la grâce -et de crudité. Ca laisse un peu knock-out.
Mais je suis un peu frustrée par la brièveté de ce texte. Et comme dirait M_a_r_c : une lecture qui dure moins d'une heure, "ça fait un peu plus cher de l'heure qu'à l'accoutumée". Mais comme lui, je ne le regrette pas.
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Un flic très protecteur, un mari aimant, un beau-père attentionné, un ami des animaux, une icône municipale faisant de la prévention dans les écoles… et surtout un mec qui a sombré dans la folie.

Une novella d'une petite centaine de pages écrite en vers libres, une histoire de 30 minutes et un bouquin qui vous saute à la tronche dès les premières lignes, les premiers vers. Branches se raconte à un personnage que vous découvrirez bien assez tôt puisqu'il est la cause de la colère, de la haine froide du shériff dans un décor lunaire de l'Ouest du Texas. Branches exerce sa propre justice, juge, condamne et exécute la sentence car les justices de l'état et divine n'ont pas cours sur ses terres.

“Dieu n'a rien à voir

avec les express à deux voies

et les routes de campagne

sous ma juridiction.

Dieu n'a jamais mis les pieds au Texas,

que je sache…”

“Et si Dieu venait se précipiter

sur la ville,

je jetterais le bâtard en prison.

S'Il s' avisait de mettre un pied dans ma cour,

je lui trouerais le bide…”

Alors, bien sûr on peut faire de « King County Sheriff », un nouveau portrait d'une Amérique cauchemardesque à l'image de « le démon dans ma peau » de Jim Thompson mais c'est avant tout et peut-être seulement qu'un terrible périple de quelques heures dans la vie d'un monstre.

Un choc, un chaos, un minimum de mots pour un maximum de maux… Époustouflant.
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Une oeuvre aussi courte qu'elle est puissante d'émotions, mais également vibrante d'atrocités sans nom. Un choix esthétique comme un long poème de 100 pages autour d'un homme de loi qui ne se comprend pas et cherche très peu à se remettre en question, malgré toutes les explications qu'il donne. Mais aussi un homme qui prend le temps de se raconter ses fautes, sans jamais les regretter. Un grand livre, une belle découverte, un auteur à suivre.
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«King County Sheriff » est le monologue tranquille du sheriff Branches, couvrant les cris et supplications de son beau-fils qu'il vient de pousser dans un puits pour le tuer.

Visitant les écoles pour expliquer la loi, époux aimant sa femme et adorant ses chiens et ses armes à feu, justicier violeur aux pulsions meurtrières, il organisera plus tard les recherches pour retrouver ce beau-fils qu'il vient de supprimer, toujours au nom des valeurs, de cette identité de l'Amérique profonde.

Après avoir commis l'horreur, Branches, sheriff et meurtrier, rêve d'une soirée devant Vidéo Gag, avec quelques bières et trois ou quatre burritos préparés par sa femme.

Choc d'une litanie poétique et de son contenu d'une violence sanglante, ce monologue en vers libre d'un sheriff psychopathe rend palpable la folie du bonhomme, l'hallucination de l'Amérique redneck, à la manière d'un Jim Thompson ou d'un Fargo des Frères Coen.

« J'ai connu le garçon
qui faisait rire sa mère
aux éclats.
Il faisait des cabrioles
dans le salon.
J'ai connu le garçon
au sourire comme une truite arc-en-ciel.
Il m'appelait papa
parce que j'étais le seul père
qu'il ait jamais connu.
J'ai connu le garçon
qui faisait des bisous
à maman
et beau-papa.
Il portait un pyjama bleu Snoopy
et chouinait
quand il était fatigué.
J'ai connu ce garçon.
Je l'aimais,
je crois.
J'aurais jamais dû lui acheter
ce 9mm.
J'aurais dû lui acheter un chien
plutôt. »
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
J'ai connu le garçon qui faisait rire sa mère aux éclats.
Il faisait des cabrioles dans le salon.
J'ai connu le garçon au sourire comme une truite-arc-en-ciel.
Il m'appelait papa parce que j'étais le seul père qu'il ait jamais connu.
J'ai connu le garçon qui faisait des bisous
à maman et beau-papa.
Il portait un pyjama bleu Snoopy et chouinait quand il était fatigué.
J'ai connu ce garçon.
Je l'aimais, je crois.
J'aurais jamais dû lui acheter ce 9 mm.
J'aurais dû lui acheter un chien plutôt.
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A 14 ans, je me suis choisi une baguette
pour la toute dernière fois.
Après ça j'ai été traité
comme un homme.
Les garçons se prennent des coups de trique
sur le dos
et le derrière.
Les hommes se prennent
des coups de poing
dans l'estomac,
des tartes sur les oreilles
et on plonge leur tête
dans des seaux d'eau froide.
C'est plus facile d'être un garçon,
je crois.
Mais si tu vas battre ce garçon,
corbeau,
t'as intérêt à t'assurer
que tu le fais à mort,
parce que l'homme qu'il deviendra
pourrait bien te crever la peau.
Bats-le suffisamment de fois
et t'en feras un vrai fantôme.
Il te hantera
chaque fois qu'il le pourra.
(p. 72-73)
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Parfois je m'étendais avec m'man dans leur grand lit,
à elle et son bonhomme.
Et souvent elle disait,
Quand tu te sentiras un homme mon fils, je veux que tu tues cet homme.
Je veux que t'aies un bon boulot.
que tu m'emmènes loin d'ici et que tu tues cet homme.
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Je sais moi
ce que c'est d'être vivant
et présent ;
mais parfois tout ça
est tellement dénué de sens
que ma cervelle ne peut s'empêcher
de régurgiter par mes oreilles.
(p. 91)
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Les nègres.
Les youpies.
Les pédales.

Ça ne tue pas les chiens.
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